De toute façon, la libération d’Alep, ce drame épouvantable aux yeux de Fabius, est tout aussi épouvantable pour son successeur émérite, M. Ayrault, qui demande ce même jour une réunion immédiate du Conseil de sécurité de l’ONU pour examiner la situation de la « ville martyre », reçoit au Quai d’Orsay un certain Brita Hagi Hasan bombardé président du conseil local des terroristes d’Alep « démocratiquement élu » par on ne sait qui -conseil auquel le Gouvernement syrien devrait accorder le privilège d’une « administration autonome » pour faciliter la paix, selon l’idée sortie de la seule imagination de l’envoyé spécial onusien, Staffan de Mistura - puis, annonce qu’une réunion des pays européens, arabes et des USA qui « refusent la logique de guerre totale » en Syrie, se tiendrait le 10 décembre à Paris .
Des pays qui refusent la « logique de la guerre totale » contre qui ? Contre les terroristes évidemment, puisque l’épouvante est motivée par la libération de plus de 80 000 civils qu’ils avaient pris en otage dans les quartiers est d’Alep, sous la pression militaire de l’Armée arabe syrienne et de ses alliés.
Preuve supplémentaire, s’il en fallait, que ladite Coalition internationale menée par les USA n’a pas pour objectif d’éradiquer le terrorisme, mais de le contenir, afin de l’exploiter à la table des négociations, sans cesse desservie, dans le but d’obtenir par une prétendue solution politique ce qu’elle n’a pu obtenir sur le terrain militaire au bout de plus de cinq années d’une agression internationale, sans précédent, sur un petit pays comme la Syrie et particulièrement à Alep, devenue l’arène de combats, par procuration, des grandes, moyennes et petites puissances de ce monde.
Pourquoi et comment ? Ce n’est pas le sujet. Il suffit de répéter que la « ligne rouge » imaginée par Obama est une réalité : des armes chimiques ont bien été utilisées « contre la Syrie » alors que Daech, fille d’Al-Qaïda, sœur jumelle d’Al-Nosra et mère adoptive de l’ASL sous le parrainage de Erdogan et les bons auspices des alliés régionaux de la France [à l’époque, c’était essentiellement, le Qatar qui avait fait mains basse sur la Ligue arabe, la Turquie, la Jordanie et la Turquie ; l’Arabie Saoudite a pris la main plus tard], ne faisait pas encore partie du paysage, comme le précise Mme Elkrief. Il ne faut quand même pas tout mélanger : les terroristes, c’est Daech, tous les autres sont des « rebelles armés démocrates », même s’ils ont décapité, violé, rôti, torturé leurs victimes syriennes avant ou après sa naissance !
Mais ici, M. Fabius ne réitère pas ses accusations contre « Bachar qui ne mériterait pas de vivre ». Ce serait trop gros. Désormais, nombreux sont ceux qui ont entendu dire que ce sont les terroristes qui ont utilisé les armes chimiques contre des soldats et des civils syriens et qui continuent. Et puis, des bruits ont couru à propos d’une note falsifiée du gouvernement français de l’époque. Peut-être vaut-il mieux ne pas insister.
Quant au fameux communiqué de Genève accepté par « tout le monde en 2012 », le seul hic est que la Syrie n’était même pas présente. « Tout le monde » pour M. Fabius, ce sont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et les représentants de l’Union Européenne, de la Turquie, du Qatar et de la Ligue arabe. C’est dire, vu tout ce que le monde ne peut plus ignorer aujourd’hui ! D’autant plus que Erdogan, profitant de l’escalade médiatique menée par la France, vient d’annoncer que la Turquie a envahi la Syrie pour mettre fin au mandat de Bachar al-Assad , précédé par le Qatar qui a déclaré qu’il maintiendra son soutien aux rebelles syriens même si les Etats-Unis cessent le leur. Pure coïncidence !