Je suis partagée.
Sur le papier, ça me paraît très bien, et je suis la première à en avoir ras le bol de voir ma fille submergée de devoirs le soir... j'y passe un temps fou avec elle et je me demande en effet souvent comment s'en sortent les enfants dont les parents ne sont pas là pour les aider, n'ont pas de documentation ou d'accès à internet, ou ne parlent pas français etc.
En même temps, il y a des choses qu'on ne peut intégrer réellement qu'en les pratiquant encore et encore, et vu que l'enseignement a changé ces dernières décennies et que celui qui est dispensé en classe est beaucoup plus théorique et s'attaque plus aux notions fondamentales qu'avant, il n'y a pas 36 solutions pour que l'enfant apprenne à appliquer les règles qu'il connaît par cœur : il faut faire des exercices.
Et je n'adhère pas non plus à l'idée qu'il faille tirer tout le monde vers le bas. Le niveau scolaire des enfants ne cesse de baisser !
Il y a d'autres solutions : organiser par exemple plus d'études dirigées (et non pas seulement "surveillées") pour aider ceux qui en ont besoin, adapter les devoirs en fonction de la classe qu'on a (donner des choses à lire seul plutôt que des exercices qu'il faut être "coaché" pour pouvoir faire) etc.
Mais l'argument selon lequel ça améliorerait la qualité des rapports parents/enfants me semble ahurissant.
Le moment des devoirs n'est pas obligé d'être un enfer... ça peut l'être parfois, mais ça n'a rien de systématique. Et c'est aussi tout à fait rassurant pour les enfants de voir que leurs parents s'intéressent à ce qui constitue leur quotidien. C'est un truc qu'on partage. Ma fille est ravie quand elle peut m'apprendre un truc qu'elle a vu le jour-même et que j'ignorais ou avais oublié.
Ça permet de "faire le pont" entre sa journée à l'école et ce qui se vit à la maison, comme un travail d'équipe ou un relais entre parents et enseignants.
Et même si c'est conflictuel, les moments de conflit font partie de l'éducation et sont inévitables... il faut les assumer !
Je trouverais plus intelligent de relâcher la pression que représentent les notes en les supprimant ou en les remplaçant par une autre forme d'évaluation, par exemple ; mais les devoirs sont aussi l'occasion pour les enfants "d'apprendre à apprendre", d'apprendre à travailler, de découvrir le sens de l'effort, le plaisir du travail bien fait... toutes ces choses sont importantes pour la suite et c'est à l'école primaire qu'on a l'occasion de transmettre ça à nos enfants au moment des devoirs.