Question:
si c'était toujours en franc tu l'aurai acheté ?
mich le motard
2007-08-14 09:04:01 UTC
lors d'une visite dans un magasin de bricolage je tombe sur une promo de tondeuse thermique, 249 € ,c'etait pas cher, la mienne etait vieille, donc j'achète, je rentre à la maison, ma femme dans la discution me dit " si on était toujours en franc, tu l'aurai prise, après dix seconde de calcul je lui repond non ! on se serait pas fait un peu fait bais.. avec l'euro ? est ce qu'on ne depense pas plus facilement ? on ne depense pas un billet de 5 la ou on aurait hésité à depenser un billet de 20 fr ?
Six réponses:
anonymous
2007-08-14 09:21:18 UTC
Le probléme est bien là ! on dépense beaucoup plus depuis qu'on est passé à l'euro, pourquoi ? car quand on fait le calcul comme toi avec ta tondeuse c'est toujours pour des sommes assez importantes ou pour des achats non courants, jamais pour 5 E et accumulés les 5E çà fait des sous.... en francs !! un petit truc à 15E, une chose à 20..... ce qui me parait le plus dérisoire dans cette monnaie c'est les quelques centimes d'augmentation de salaire, je préférais et de beaucoup l'entendre en francs même si le résultat est pareil, çà fait plus gros en francs lol
Marinella
2007-08-14 16:15:36 UTC
Oui, vous avez raison. L'effet des petits chiffres, sur nos budgets, est indéniable. Continuons à multiplier par 7 avant d'acheter !
Azriel
2014-11-17 11:12:01 UTC
Il ya des cours de formation de chiens plusieurs en ligne, mais seulement quelques-uns sont bons ... Je je l'ai cherché un peu et à la fin je suivais ce me semblait le meilleur http://formation.infaillible.info

Je suis très heureux et je le recommande à tout le monde!
zamale du 974
2007-08-14 16:23:35 UTC
tu as tout a fais raison nous dépensons plus facilement avec l'€ car nous avons encore en tête que1 francs ce n'est pas grand chose!! mais finalement 1€ c'est 6,55 francs et nous nous faisons avoir. Je me rappel encore de cette homme tout heureux d'avoir eu un pastèque pour 20€ c'est vrai elle était énorme, mais sa femme lui a réplique "tu te rend compte que tu viens de dépenser 131 francs pour une pastèque et la il a compris l'erreur
anonymous
2007-08-14 16:32:37 UTC
{{voir homonymie}}

{{Élément/Argent}}

L''''argent''' (ou '''argent-métal''') est un [[élément chimique]], de symbole Ag et de [[numéro atomique]] 47.



==Introduction==



L'argent est un [[métal]] précieux, dont le nom désigne aussi les billets et pièces de monnaies. L’origine du mot viendrait d’un étymon indo-européen ''arg-'' signifiant « brillant » et serait l'équivalent en [[sanskrit]] de ''ar-jun'' signifiant « brillant ».



C’est un métal relativement [[ductile]] et très [[malléable]], apprécié pour son éclat blanc particulier. Son principal défaut provient de son [[oxydation]] spontanée à l’air libre et surtout de sa [[sulfuration]], qui forme une couche sombre à la surface du métal : il suffit par exemple de manger un œuf avec une cuiller en argenterie pour la faire noircir. L’argent est utilisé en joaillerie, en orfèvrerie, comme métal précieux ; en électronique, car il présente la conductivité la plus forte de tous les métaux ; ainsi qu’en photographie, les sels d’argent étant photosensibles. Cette dernière activité était la plus grande consommatrice de ce métal, avant que les procédés modernes permettent de récupérer l’argent dans les bains de développement et ainsi de le recycler en bonne partie ; la diminution du nombre de pellicules argentiques commercialisées en raison de l’avènement du [[numérique]] a également contribué à réduire considérablement le besoin de l’industrie de la photographie en argent.



Son absorption dans la circulation du sang de l’organisme humain n’a pas d’effet direct mais un excès appelé [[argyrisme]] donne un teint gris.



Les économistes distinguent, à la différence du langage courant, l’''argent'' (métal) de la ''[[monnaie]]'' (outil de régulation des échanges économiques).



==Histoire==



La découverte de l’Amérique permit aux Européens d'extraire d’énormes quantités d’argent, surtout à [[Potosí]] – presque une tonne par jour à l’apogée. L’[[Argentine]] tire son nom de ce métal, et ''plata'' y désigne, comme en français, le métal et les billets. On retrouve ainsi le mot ''plata'' dans [[Río de la Plata]], fleuve d’[[Argentine]] et de l'[[Uruguay]].



===Historique===

Les premiers usages de l’argent étaient surtout les [[wikt:bijou|bijou]]x, l'argenterie ([[vaisselle]] et autres objets en argent massif ou plaqué), et les pièces de [[monnaie]] – le terme ''argent'' pouvant être employé comme synonyme de ''monnaie''.



Il a une action germicide ''in vitro''. L'argent a une action bactéricide. Il était employé dans des ustensiles destinés aux enfants afin de les protéger contre des maladies dont l'origine n'était pas connue à ces époques. L'expression ''naître avec une petite cuillère en argent dans la bouche'' vient de ce phénomène, son utilisation récente comme indication de richesse n'est qu'une conséquence. Les Vénitiens transportaient eau, vin et vinaigre dans des réservoirs en argent pour les conserver ; lors de la conquête de l'ouest américain, les pionniers protégeaient leur réserve d'eau en plaçant des pièces de monnaie en argent dans leurs outres ou leurs barriques.



===Usages actuels===

La consommation d'argent en 2004 a été de l'ordre de {{formatnum:26000}} tonnes.

On peut distinguer quatre domaines principaux d'utilisation de l'argent :

* le plus important, avec une consommation de {{formatnum:11400}} tonnes, est le secteur industriel. En raison de son excellente conductivité électrique, l'argent est utilisé dans de nombreuses applications électriques (en particulier pour fabriquer des conducteurs, des interrupteurs, des contacts) et électroniques : pâtes et encres conductrices. Il est également présent dans des formules de [[brasure]] et de [[Soudage|soudure]] employées dans les industries automobiles, aéronautiques et de la réfrigération. On l'utilise aussi pour des traitements de surface, par électro-déposition de certains sels (cyanure d'argent, cyanure d'argent et de potassium). Il entre dans la composition de piles, est utilisé pour la fabrication de miroirs, en tant que catalyseur dans de nombreux procédés chimiques, comme [[bactéricide]] ou [[algicide]]. Les chimistes utilisent le [[nitrate d'argent]] AgNO{{ind|3}} afin d'identifier dans une solution les ions chlorure, bromure et iodure ;

* le deuxième domaine avec {{formatnum:7700}} tonnes est la bijouterie et l'argenterie. Le marché indien est le plus gros marché pour la bijouterie. L'argent est souvent allié à de faibles quantités de cuivre pour renforcer ses caractéristiques mécaniques. On l'utilise aussi allié à l'or, ou en plaquage (de 3 à 5 microns d'épaisseur pour la bijouterie, de 20 à 30 microns pour l'argenterie) ;

* Le troisième domaine est la [[Photographie argentique|photographie]], avec {{formatnum:5600}} tonnes. Des cristaux d'halogénures d'argent sensibles à la lumière sont l'élément essentiel des films et papiers photographiques. Ce secteur est en décroissance constante depuis plusieurs années en raison du développement de la photographie numérique. Le marché de la radiographie est devenu plus important que le marché de la consommation de masse ;

* L'argent également utilisé en [[Vark|confiserie]] principalement en Extrême-Orient.

* Enfin, le dernier secteur consommateur est celui des pièces et médailles avec {{formatnum:1300}} tonnes.



On peut signaler par ailleurs, bien que ce ne soit pas réellement une utilisation de l'argent, qu'une partie de l'argent est stockée ou déstockée par les états et les investisseurs (en 2004, vente de {{formatnum:1920}} t par les états et stockage d'environ {{formatnum:1300}} tonnes par les investisseurs).



==Production==



L’argent provient de mines ou du recyclage. En 2004 :

*la production minière a été de l'ordre de {{formatnum:19700}} tonnes ;

*la quantité d’argent recyclé a été de l'ordre de {{formatnum:5600}} tonnes.



L’argent est extrait soit de mines dont il est le principal métal, soit de mines d’autres métaux dont l’argent est en quelque sorte un sous-produit ; c’est ainsi que :

*30 % de la production minière d’argent vient de mines d’argent ;

*32 % vient de mines de plomb et/ou de zinc ;

*26 % vient de mines de cuivre ;

*12 % vient de mines d’or.



Globalement, les Amériques ont produit un peu plus de la moitié de l’argent extrait dans le monde.



Six pays ont produit les deux-tiers de l'argent extrait dans le monde en 2004 :



{|class="wikitable" border="1"

! Pays !! Tonnes !! % du total

|-

|align="center" |[[Mexique]]

|align="center" |{{formatnum:3085}}

|align="center" |15,6

|-

|align="center" |[[Pérou]]

|align="center" |{{formatnum:3060}}

|align="center" |15,5

|-

|align="center" |[[Australie]]

|align="center" |{{formatnum:2236}}

|align="center" |11,3

|-

|align="center" |[[République populaire de Chine]]

|align="center" |{{formatnum:1984}}

|align="center" |10,1

|-

|align="center" |[[Pologne]]

|align="center" |{{formatnum:1362}}

|align="center" |6,9

|-

|align="center" |[[Chili]]

|align="center" |{{formatnum:1331}}

|align="center" |6,7

|-

|align="center" |''Total six pays''

|align="center" |''{{formatnum:13058}}''

|align="center" |''66,2''

|-

|align="center" |'''Total monde'''

|align="center" |'''{{formatnum:19732}}'''

|align="center" |'''100,0'''

|}

''Chiffres de [[2004]], source : Silver Institute, 2005''



== Métallurgie et chimie ==



L'argent est également utilisé comme élément d'addition pour certains alliages. Il accroit les caractéristiques mécaniques des alliages d'aluminium, par exemple.



===[[Corructation]]===



Il s’agit d’une lumière vive, ponctuelle, émise par ce métal au moment de son refroidissement après fusion lorsque le voile composé d’oxydes et de fondant en surface se déchire emportés par le [[borax]]. Cette solidification appelée ''rochage'' par absorption de l’oxygène fait gonfler le métal.



==Voir aussi==

*[[Composés de l'ion argent]]

*[[Vermeil]], un alliage contenant de l'argent.



{{Wiktionnaire}}

{{Pierres et métaux de joaillerie}}

{{Multi bandeau|portail chimie|Portail photographie}}



[[Catégorie:Élément chimique]]

[[Catégorie:Métal de transition]]

[[Catégorie:Couleur héraldique]]

[[Catégorie:Photographie argentique]]



[[ar:فضة]]

[[ast:Plata]]

[[az:Gümüş]]

[[bg:Сребро]]

[[bs:Srebro]]

[[ca:Plata]]

[[co:Argentu]]

[[cs:Stříbro]]

[[cy:Arian (elfen)]]

[[da:Sølv]]

[[de:Silber]]

[[el:Άργυρος]]

[[en:Silver]]

[[eo:Arĝento]]

[[es:Plata]]

[[et:Hõbe]]

[[fa:نقره]]

[[fi:Hopea]]

[[fur:Arint]]

[[ga:Airgead (dúil)]]

[[gd:Airgead (meatailt)]]

[[gl:Prata (elemento)]]

[[gu:ચાંદી]]

[[he:כסף (יסוד)]]

[[hi:रूप्यम्]]

[[hr:Srebro]]

[[ht:Ajan]]

[[hu:Ezüst]]

[[hy:Արծաթ]]

[[id:Perak]]

[[io:Arjento]]

[[is:Silfur]]

[[it:Argento]]

[[ja:銀]]

[[jbo:rijno]]

[[ka:ვერცხლი]]

[[ko:은]]

[[ksh:Silber]]

[[ku:Zîv]]

[[la:Argentum]]

[[lb:Sëlwer]]

[[li:Zèlver]]

[[lt:Sidabras]]

[[lv:Sudrabs]]

[[mi:Kawata]]

[[ml:വെള്ളി]]

[[ms:Logam perak]]

[[nah:Iztac teōcuitlatl]]

[[nds:Sülver]]

[[nl:Zilver]]

[[nn:Sølv]]

[[no:Sølv]]

[[oc:Argent (metal)]]

[[pam:Pilak]]

[[pl:Srebro]]

[[pt:Prata]]

[[qu:Qullqi q'illay]]

[[ro:Argint]]

[[ru:Серебро]]

[[scn:Argentu]]

[[sh:Srebro]]

[[simple:Silver]]

[[sk:Striebro]]

[[sl:Srebro]]

[[sq:Argjendi]]

[[sr:Сребро]]

[[sv:Silver]]

[[ta:வெள்ளி]]

[[tg:Нуқра]]

[[th:เงิน (ธาตุ)]]

[[tr:Gümüş]]

[[tt:Kömeş]]

[[uk:Срібло]]

[[ur:چاندی]]

[[uz:Kumush]]

[[vec:Arxento]]

[[vi:Bạc]]

[[yi:זילבער]]

[[zh:銀]]

[[zh-min-nan:Ag (goân-sò͘)]]

[[zh-yue:銀]]

{{Infobox Identité

| nom =Louis XV de France

| dynastie =[[Bourbons_(dynastie_française)|Bourbons]]

| nomdebaptême =

| image =LouisXV-Rigaud1.jpg

| légende =''Louis XV''
par [[Hyacinthe Rigaud]]

| tailleimage(en px) =250

| datedenaissance =[[15 février]] [[1710]]

| lieudenaissance =[[Château de Versailles]]

| datededécès =[[10 mai]] [[1774]]

| lieudedécès =

| paysdorigine =

| titre1 =[[liste des rois de France|Roi de France]]

| débutderègne =[[1715]]

| finderègne =[[1774]]

| titre2 =

| grademilitaire =

| arme =

| débutdecarrière =

| findecarrière =

| couronnement =[[25 octobre]] [[1722]]
en la [[cathédrale de Reims]]

| investiture =

| prédécesseur =[[Louis XIV de France|Louis XIV]]

| successeur =[[Louis XVI de France|Louis XVI]]

| conflit =

| commandement =

| faitsdarmes =

| distinctions =

| hommage =

| autresfonctions =

| père =[[Louis de France (1682-1712)|Louis, duc de Bourgogne]]

| mère =[[Marie-Adélaïde de Savoie (1685-1712)|Marie-Adélaïde de Savoie]]

| conjoint =[[Marie Leszczyńska]]

| enfants =[[Élisabeth de France (1727-1759)|Louise Élisabeth]] (1727-1759)
[[Henriette de France (1727-1752)|Anne Henriette]] (1727-1752)
Marie Louise (1728-1733)
[[Louis de France (1729-1765)|Louis]] (1729-1765)
Philippe Louis (1730-1733)
Marie [[Adélaïde de France (1732-1800)|Adélaïde]] (1732-1800)
[[Victoire de France (1733-1799)|Victoire]] (1733-1799)
[[Sophie de France (1734-1782)|Sophie]] (1734-1782)
[[Thérèse de France|Thérèse]] (1736-1744)
[[Louise de France|Louise]] (1737-1787)
De ses très nombreuses maîtresses
Louis XV eut de nombreux enfants


}}

'''Louis XV dit le Bien-Aimé''', né le [[15 février]] [[1710]] et mort le [[10 mai]] [[1774]], fut [[Monarques de France|Roi de France]] de [[1715]] à [[1774]].



== Enfance ==

===Fils de France===

[[Image:LouisXVchild.jpg|thumb|left|150px|Louis XV en 1712, habillé en fille (coutume pour les très jeunes garçons de l'aristocratie)]]

'''Louis XV''' naquit le [[15 février]] [[1710]] à [[château de Versailles|Versailles]]. Fils de [[Louis de France (1682-1712)|Louis, duc de Bourgogne]] et de [[Marie-Adélaïde de Savoie (1685-1712)|Marie-Adélaïde de Savoie]], petit-fils du [[Louis de France (1661-1711)|Grand Dauphin]], arrière-petit-fils de [[Louis XIV]], il fut titré à sa naissance ''duc d'Anjou''. Conformément à la coutume, il fut élevé jusqu'à ses 7 ans par une femme, la gouvernante des Enfants de France, depuis [[1704]] la [[Charlotte de La Mothe-Houdancourt |duchesse de Ventadour]], secondée par [[Madame de La Lande]], sous-gouvernante.



Le [[14 avril]] [[1711]], il perdit son grand-père, puis en février [[1712]], ses deux parents. En mars de la même année, les deux enfants du couple défunt contractèrent la même maladie, une forme de [[rougeole]]. Les médecins s'acharnèrent sur le frère aîné, anciennement duc de Bretagne, qui mourut le [[8 mars]]. Le duc d'Anjou fut sauvé par sa gouvernante qui l'arracha aux médecins et refusa énergiquement qu'on le [[saignée (médecine)|saignât]]. À 2 ans, le duc d'Anjou devint le nouveau [[dauphin (titre)|dauphin]].



En [[1714]], il reçut un instituteur, l'abbé Perot. Celui-ci lui apprit à lire et à écrire, ainsi que des rudiments d'histoire et de géographie et, bien sûr, un enseignement religieux empreint de [[sulpicien|sulpicisme]]. En [[1715]], le jeune prince reçut également un maître à danser, puis un maître à écrire. C'est [[Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon|M{{me}} de Maintenon]] qui se trouvait derrière toutes ces nominations. Elle surveilla dans l'ombre l'éducation du prince. En février [[1715]], il participa à sa première cérémonie, la réception d'un [[ambassadeur]] de [[Perse]] à [[château de Versailles|Versailles]]. À 5 ans, on le jugeait bel enfant, doué d'une intelligence vive et d'une bonne mémoire, gai et farceur. Il était particulièrement attiré par l'[[histoire]] et la [[géographie]]. Rescapé d'une famille décimée, il trouva en [[Charlotte de La Mothe-Houdancourt |Madame de Ventadour]] sa seule source d'affection, l'appelant « Maman Ventadour », voire « maman » tout court.



Le [[1er septembre|1{{er}} septembre]] [[1715]], [[Louis XIV]] mourut, non sans lui avoir donné ses derniers avis, principalement contre la guerre, « la ruine des peuples ». Le duc d'Anjou se retrouva roi à cinq ans, sous le nom de Louis XV. Le lendemain, [[Philippe, duc d'Orléans (1674-1724)|le duc d'Orléans]], neveu du feu roi, fut nommé régent.



===La régence du duc d'Orléans===

[[Image:Koning Lodewijk XV- Child.jpg|thumb|left|240px|Louis XV en costume de sacre]]

Les [[3 septembre|3]] et [[4 septembre]] [[1715]], Louis XV accomplit ses premiers actes de roi d'abord en se rendant à la messe de requiem célébrée pour le feu roi, à la chapelle de Versailles, ensuite en recevant l'assemblée du clergé venue célébrer son avènement. Le [[12 septembre|12]], il enchaîna sur un [[lit de justice]], l'une des cérémonies les plus solennelles de la monarchie, le [[14 septembre|14]], sur les harangues du Grand Conseil, de l'Université de Paris et de l'[[Académie française]], les jours suivants, sur les réceptions d'ambassadeurs venus présenter leurs condoléances, etc. Malgré son jeune âge, il dut se plier à la mécanique du gouvernement et de la cour et jouer son rôle de représentation.



Il continua d'être élevé par [[Charlotte de La Mothe-Houdancourt |Madame de Ventadour]], qui lui donna comme compagnons de jeux le fils d'un savetier parisien, et un jeune [[Iroquois]]. En [[1717]], ayant atteint l'âge de raison, il quitta ses lisères (sorte de laisse utilisée pour guider les enfants en bas âge) et les mains des femmes. Son éducation fut désormais confiée à un gouverneur, le [[François de Neufville de Villeroy|duc de Villeroy]], et un précepteur, [[André Hercule de Fleury]], [[évêque]] de [[Fréjus]]. On lui apprit désormais le [[latin]], les [[mathématiques]], la [[cartographie]], le [[dessin]], des rudiments d'[[astronomie]], mais aussi à [[chasse]]r. L'éducation manuelle ne fut pas non plus négligée : en [[1717]], il apprit un peu de [[typographie]], et en [[1721]], il s'initia à tourner le bois. Depuis [[1719]], il avait des maîtres de musique. Contrairement à [[Louis XIV]], il n'avait que peu d'affinités pour la musique, et chantait faux.



[[Image:Philippe d'Orleans, regent, et Marie Madeleine de la Vieuville, Comtesse de Parabere (Jean-Baptiste Santerre).jpg|thumb|right|180px|[[Philippe d'Orléans (1674-1723)|Le Régent]] par Jean-Baptiste Santerre]]



Dès [[1721]], on songea à le marier. [[Philippe V d'Espagne|Philippe V]], son oncle, roi d'[[Espagne]], propose sa fille, l'infante [[Marie-Anne-Victoire de Bourbon (1718-1781)|Marie Anne Victoire]], à peine âgée de 3 ans — Louis XV lui-même n'en ayant que 11. Néanmoins, le [[Philippe, duc d'Orléans (1674-1723)|Régent]] accepta, et le [[9 janvier]] [[1722]], les deux fiancés se rencontrèrent sur la [[Bidassoa]], comme l'avaient fait [[Louis XIV]] et [[Marie-Thérèse d'Autriche (1638-1683)|Marie-Thérèse d'Autriche]] en [[1660]]. Celle qu'on appelait désormais l'« Infante-Reine » s'installa au [[château de Versailles]]. En août [[1722]], Louis XV reçut la [[confirmation]]. [[François de Neufville de Villeroy|Villeroy]], qui tentait de protéger le roi du Régent, fut congédié peu après et remplacé par le [[Armand de Béthune, duc de Charost|duc de Charost]]. Ce fut désormais à lui qu'il incomba de donner au roi des notions de [[finance]] et de [[stratégie]] militaire.



== Le règne ==



===Le ministère du duc de Bourbon===

Le [[25 octobre]] [[1722]], le roi entrant dans sa treizième année, âge de la majorité (depuis une ordonnance de [[1374]] de [[Charles V de France|Charles V]]), il fut couronné et [[sacre (France)|sacré]] à [[Reims]]. C'est la fin de la [[Régence]], mais [[Philippe d'Orléans (1674-1723)|le duc d'Orléans]] resta le plus important personnage du royaume après le roi. Le [[Guillaume Dubois|cardinal Dubois]] fut confirmé dans sa fonction de [[premier ministre]], mais il mourut en août [[1723]]. Le duc d'Orléans le suivit peu de temps après. C'est alors le [[Louis Henri de Bourbon, prince de Condé|duc de Bourbon]] qui le remplaça auprès du jeune roi. Pour se distraire, comme l'avaient fait presque tous les membres de sa famille, Louis XV se jeta à corps perdu dans la [[chasse à courre|chasse]]. Le [[3 novembre]] [[1724]], la chasse royale de la Saint-Hubert rassembla ainsi une centaine de sonneurs de [[trompe de chasse|trompe]], plus de 900 chiens et un millier de chevaux.



Le roi devenant adulte, et apte à procréer, se posa la question de l'héritier du trône. L'[[Marie-Anne-Victoire de Bourbon (1718-1781)|Infante-reine]] n'avait alors que six ans. En [[1725]], on prit la décision de la renvoyer en [[Espagne]], et de chercher une nouvelle fiancée. Cent noms de Princesses européennes furent présentés et l'on en retint que huit. Ce fut, faute de mieux, et à la grande déception de la cour, [[Marie Leszczyńska]], la fille du roi détrôné de [[Pologne]] [[Stanislas Leszczyński]]. Le mariage fut célébré le [[5 septembre]] [[1725]] à [[Fontainebleau]]. Les deux jeunes mariés paraissaient alors très attachés l'un à l'autre, et le mariage fut consommé la nuit même.



Dès la rentrée de la cour à [[château de Versailles|Versailles]], Louis XV décida de se débarrasser du [[Louis Henri de Bourbon, prince de Condé|duc de Bourbon]], qui était extrêmement impopulaire. [[André Hercule de Fleury|M{{gr}} de Fleury]] partit alors de la cour, bien décidé à être rappelé. En effet, quelques jours plus tard, Louis XV le fit rappeler, et exila le [[Louis Henri de Bourbon, prince de Condé|duc de Bourbon]] sur ses terres, à [[Chantilly]]. Le [[16 juin]] [[1726]], Louis XV prit Fleury comme Premier ministre.



===Le ministère du cardinal de Fleury===

[[Image:Hyacinthe Rigaud;Cardinal de Fleury .jpg|thumb|left|200px|Le cardinal de Fleury]]

De [[1726]] jusqu'à sa mort en [[1743]], le cardinal dirigea la France avec l'accord du roi. C'est la période la plus pacifique et prospère du règne de Louis XV, malgré quelques troubles avec le [[parlement de Paris]] et les [[jansénisme|jansénistes]]. Après les pertes humaines et financières subies à la fin du règne de Louis XIV, le gouvernement de [[André Hercule de Fleury|Fleury]] a souvent été qualifié de « réparateur ». Il est difficile de déterminer avec exactitude le degré d'intervention du roi dans les décisions de [[André Hercule de Fleury|Fleury]], mais il est certain que Louis XV a soutenu son ancien précepteur contre les intrigues de la cour et les conspirations de ses ministres.



Avec l'aide des contrôleurs généraux des finances [[Michel Robert Le Peletier des Forts]] ([[1726]]-[[1730]]) et surtout [[Philibert Orry]] ([[1730]]-[[1745]]), [[André Hercule de Fleury|Fleury]] parvint à stabiliser la monnaie française ([[1726]]) et finit par équilibrer le budget du royaume en [[1738]]. L'expansion économique était au cœur des préoccupations du gouvernement. Les voies de communications furent améliorées, avec l'achèvement en [[1738]] du [[canal de Saint-Quentin]], reliant l'[[Oise (rivière)|Oise]] à la [[Somme (fleuve)|Somme]], étendu ultérieurement vers l'[[Escaut]] et les [[Pays-Bas]], et principalement la construction systématique d'un réseau routier sur l'ensemble du territoire national. Le corps des ingénieurs des [[Ponts et Chaussées]] construisit un ensemble de routes modernes, partant de Paris selon le schéma en étoile qui forme encore l'ossature des routes nationales actuelles. Au milieu du {{XVIIIe siècle}}, la France s'était dotée de l'infrastructure routière la plus moderne et la plus étendue du monde. Le commerce fut également stimulé par le Bureau et le Conseil du Commerce. Le commerce maritime extérieur de la France grimpa de 80 à 308 millions de livres entre [[1716]] et [[1748]]. Cependant, les lois rigides édictées auparavant par [[Jean-Baptiste Colbert|Colbert]] ne permirent pas à l'industrie de profiter pleinement de ce progrès économique.



Le pouvoir de la monarchie absolue s'exerça lors de la répression des oppositions [[Jansénisme|jansénistes]] et [[Gallicanisme|gallicanes]]. L'agitation causée par des illuminés du cimetière [[Église Saint-Médard (Paris)|Saint-Médard]] à Paris (les [[Convulsionnaires de Saint-Médard]] un groupe de jansénistes qui prétendait que des miracles survenaient dans le cimetière) cessa en [[1732]]. Sur un autre front, après l'exil de 139 parlementaires en province, le [[parlement de Paris]] dut enregistrer la bulle papale Unigenitus et fut dorénavant interdit de s'occuper des affaires religieuses.



En ce qui concerne les affaires étrangères, [[André Hercule de Fleury|Fleury]] a recherché la paix à tout prix, en pratiquant une politique d'alliance avec la [[Grande-Bretagne]] tout en se réconciliant avec l'[[Espagne]]. En septembre [[1729]], après sa troisième grossesse, la reine donna finalement naissance à un garçon, [[Louis de France (1729-1765)|Louis de France]], qui devint aussitôt [[Dauphin (titre)|dauphin]]. Cette arrivée d'un héritier mâle, qui assurait la pérennité de la dynastie, fut accueillie avec une immense joie et célébrée dans toutes les sphères de la société française, et également dans la plupart des cours européennes. Le couple royal était à l'époque très uni, se manifestait un amour réciproque et le jeune roi était extrêmement populaire. La naissance d'un garçon écartait également le risque d'une crise de succession et le probable affrontement avec l'Espagne qui en aurait résulté.



En [[1733]], malgré la politique pacifiste de [[André Hercule de Fleury|Fleury]], le roi, convaincu par son [[secrétaire d'État aux Affaires étrangères]] [[Germain Louis Chauvelin]] ([[1727]]-[[1737]]), intervint finalement dans la [[guerre de Succession de Pologne]], pour tenter de ramener son beau-père [[Stanislas Leszczynski]] sur le trône de Pologne. L'intervention sans conviction de la France ne permit pas de renverser le cours de la guerre, et [[Stanislas Leszczynski|Stanislas]] ne retrouva pas son trône. Parallèlement, la France décidait de récupérer le [[duché de Lorraine]], le duc [[François Ier du Saint-Empire|François III]] étant pressenti pour épouser la fille de l'[[Empereur romain germanique|Empereur]] du [[Saint Empire romain germanique|Saint-Empire]] : [[Charles VI du Saint-Empire|Charles VI]], ce qui aurait amené la puissance autrichienne aux portes du royaume de France. Les troupes françaises occupèrent rapidement la [[Lorraine]] et la paix revint dès [[1735]]. Par le [[traité de Vienne (1738)|traité de Vienne]] (novembre [[1738]]), [[Stanislas Leszczynski|Stanislas]] obtint le [[duché de Lorraine]] en compensation de la perte de son trône polonais (avec l'objectif que le duché soit intégré au royaume de France à sa mort par le biais de sa fille), tandis que l'ancien duc Francois III devenait héritier du grand duché de [[Toscane]]. Cette guerre peu coûteuse, comparativement aux ponctions humaines et financières exorbitantes des campagnes de [[Louis XIV de France|Louis XIV]], fut un franc succès pour la diplomatie française. L'annexion de la [[Lorraine]], effective en [[1766]] à la mort de [[Stanislas Leszczynski|Stanislas]], constitue la dernière expansion territoriale du royaume de France sur le continent avant la [[Révolution française|Révolution]].



Peu après ce résultat, la médiation française dans le conflit entre le [[Saint Empire romain germanique|Saint-Empire]] et l'[[Empire ottoman]] aboutit au [[traité de Belgrade]] (septembre [[1739]]), qui mit fin à la guerre avec un avantage pour les Ottomans, alliés traditionnels des Français contre les [[Habsbourg]]s depuis le début du {{XVIe siècle}}. En conséquence, l'Empire ottoman renouvela les [[capitulations]] françaises, qui affirmèrent la suprématie commerciale du royaume au [[Moyen-Orient]]. Après tous ces succès, le prestige de Louis XV, arbitre de l'Europe, atteignit son sommet.



En [[1740]], la mort de l'empereur [[Charles VI du Saint-Empire|Charles VI]] et l'avènement de sa fille [[Marie-Thérèse Ire de Hongrie|Marie Thérèse]] déclencha la [[guerre de Succession d'Autriche]]. Le vieux cardinal de [[André Hercule de Fleury|Fleury]] n'avait plus la force de s'y opposer et le roi succomba à la pression du parti anti-autrichien de la cour : il entra en guerre en [[1741]] en s'alliant à la [[Prusse]]. Ce conflit devait durer sept longues années. La France était de nouveau entrée dans un cycle guerrier typique du règne de [[Louis XIV de France|Louis XIV]]. [[André Hercule de Fleury|Fleury]] mourut avant la fin de la guerre, en janvier [[1743]]. Le roi, suivant finalement l'exemple de son prédécesseur, décida alors de gouverner sans [[premier ministre]].



===Premiers signes d'impopularité===

[[Image:Louis15-1.jpg|thumb|Louis XV, par [[Quentin de La Tour]]]]

À la mort du cardinal de [[André Hercule de Fleury|Fleury]] en [[1743]], le roi avait 33 ans. Il avait connu des années heureuses avec sa reine polonaise, qui l'adulait et lui était entièrement dévouée. Un enfant était né presque chaque année. Cependant, la reine finit par se fatiguer de ces grossesses à répétition, autant que le roi se lassait de l'amour inconditionnel de son épouse. De plus, la plupart de leurs enfants étaient de sexe féminin, ce qui finit par indisposer le roi. Sur leurs dix enfants, il n'eurent que deux garçons, et un seul survécut, le dauphin. En 1734, pour la première fois, la reine se plaignit à son père des infidélités du roi. Le roi tomba amoureux de [[Louise Julie de Mailly-Nesle|Madame de Mailly]], puis de sa jeune sœur [[Madame de Vintimille]], puis à sa mort d'une autre de leurs sœurs, [[Marie-Anne de Mailly-Nesle|Madame de Châteauroux]]. La reine se réfugia alors dans la religion et les œuvres de charité.



Un an après la mort de [[André Hercule de Fleury|Fleury]] se produisit un événement qui allait marquer la personnalité du roi et la suite de la vie politique française. Louis XV était parti diriger ses armées engagées sur le front de l'est dans la guerre de succession autrichienne. En août [[1744]], à [[Metz]], il tomba gravement malade et ses médecins pronostiquèrent une mort imminente. Le peuple, qui adorait son roi, lui donna le surnom de « Bien-Aimé », et les prières se multiplièrent à travers le pays pour son salut. Sa maîtresse, [[Madame de Châteauroux]], qui l'avait accompagné, dut le quitter tandis que la reine arrivait en hâte.



Sous la pression du parti dévot, [[François de Fitz-James|Monseigneur de Fitz-James]], premier aumônier du roi, refusa de lui donner l'[[absolution]] sans une confession publique de ses pêchés, dans laquelle le roi apparaissait comme une personne immorale, indigne de porter le titre de Roi Très Chrétien. Colporté dans tous le pays par le clergé, la confession royale ternit le prestige de la monarchie. Le roi échappa à la mort, mais sa culpabilité le poussa encore davantage vers l'adultère.



====La marquise de Pompadour====

[[Image:François Boucher 019.jpg|thumb|right|300px|[[Madame de Pompadour]]]]

[[Madame de Pompadour]], rencontrée en [[1745]] dans un [[bal masqué]] donné à l'occasion du mariage du dauphin, devint la maîtresse la plus célèbre de son règne, et la plus honorable. Fille d'un agent financier, elle était assez belle, cultivée, intelligente et sincèrement attachée au roi, mais présentait l'inconvénient d'être roturière, d'origine bourgeoise, ce que la cour et le peuple ne pardonna pas à Louis XV. Les maîtresses de Louis XIV, choisies dans les hautes sphères de l'aristocratie, avaient été généralement bien acceptées, d'autant qu'elles n'exerçaient aucune influence sur le gouvernement, à l'exception de [[Madame de Maintenon]]. Le fait que le roi se compromette avec une roturière fit scandale. On vit bientôt apparaître des chansons et des pamphlets injurieux appelés « poissonades » (le nom de famille de la marquise de Pompadour étant Poisson), qui la brocardaient comme dans l'exemple suivant :




« Fille de sangsue et sangsue elle même


Poisson d'une arrogance extrême


Etale en ce château sans crainte et sans effroi


La substance du peuple et la honte du Roi »Ce quatrain est l'œuvre d'un futur procureur général au Parlement de Toulouse, le bailli de Rességuier, qui fut emprisonné à [[Pierre-Encise]] pour l'avoir écrit.



[[Image:Pompadour6.jpg|thumb|left|200px|[[Madame de Pompadour|Marquise de Pompadour]]]]

Malgré ces critiques, la [[marquise de Pompadour]] eut une influence indéniable sur l'épanouissement artistique français durant le règne de Louis XV. Véritable mécène, la Marquise amassa une imposante collection de meubles et d'objets d'art dans ses diverses propriétés. Elle fut responsable du développement de la [[Manufacture nationale de Sèvres|manufacture de porcelaine de Sèvres]], et ses commandes assurèrent leur subsistance à de nombreux artistes et artisans. Elle joua également un rôle important en architecture, étant à l'origine de la construction de la place Louis XV (aujourd'hui [[place de la Concorde]]), et de l'[[École militaire (France)|École militaire]] de Paris, réalisées par [[Ange-Jacques Gabriel]], un de ses protégés. La Marquise défendit également le projet de l'[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie]] contre les attaques de l'Église. À sa manière, elle fut représentative de l'évolution des mentalités lors de ce [[siècle des Lumières]], bien qu'elle ne parvienne pas complètement à convertir le roi à ses vues. L'étalage de tout ce luxe dans ses propriétés lui valut bien des reproches, bien que sa famille, très riche, fournît également une aide financière au gouvernement et sauvât la monarchie de la banqueroute.



La marquise de Pompadour était officiellement logée au troisième niveau du [[château de Versailles]], au dessus des appartements du roi. Elle y organisait des soupers intimes avec des invités choisis, où le roi oubliait les obligations de la cour qui l'ennuyaient. De santé fragile, et supposée frigide, la Marquise devint à partir de [[1750]] une simple amie et confidente, après avoir été amante. Elle parvint cependant à conserver ses relations privilégiées avec le roi, jusqu'à sa mort, ce qui est exceptionnel dans les annales des maîtresses royales.



Après 1750, Louis XV s'engagea dans une série d'histoires sentimentales et sexuelles de courte durée, la plus connue étant celle avec [[Marie-Louise de Beaufranchet d'Ayat|Marie-Louise O'Murphy]]. Un pavillon dans le [[parc aux cerfs]] de Versailles servait à abriter ces amours éphémères. La légende populaire a exagéré les événements qui s'y sont passés, contribuant à assombrir la réputation du souverain. Cette image de roi accaparé par ses conquêtes féminines ne le quittera plus et entachera sa mémoire, bien qu'il n'ait été guère différent de {{François Ier}} ou de [[Henri IV de France|Henri IV]] de ce point de vue.



===Première tentative de réforme===



Toutes ces histoires amoureuses n'empêchaient pas Louis XV de travailler, mais il lui manquait l'inépuisable énergie de son arrière grand-père. Pendant les 17 années du gouvernement de [[André Hercule de Fleury|Fleury]], il avait formé son jugement mais n'avait pu forger sa volonté. Décidé à diriger seul le royaume, il s'évertuait à suivre les instructions de son aïeul : « Écoutez, consultez votre Conseil, mais décidez ». Cependant, il n'avait pas assez confiance en lui pour appliquer efficacement ce précepte. Sa correspondance politique révèle sa profonde connaissance des affaires publiques et la justesse de son raisonnement. Il éprouvait en revanche des difficultés à décider, et quand il y était obligé, se montrait alors brutal.

[[Image:LouisXVFrance.jpg|thumb|left|200px|Louis XV en habit de sacre]]

Amical et compréhensif avec ses ministres, du moins en apparence, sa disgrâce tombait soudainement, sans prévenir, sur ceux qu'il estimait l'avoir desservi. Sa direction était souple, les ministres ayant une grande indépendance, mais il leur était difficile de savoir si leurs actions convenaient au souverain. La plupart du travail gouvernemental s'effectuait dans des comités auxquels le roi ne participait pas, ce dernier siégeant dans le [[Conseil d'en haut]], créé par Louis XIV, chargé des secrets d'État concernant la religion , la diplomatie et la guerre. Divers partis s'affrontaient, celui des dévôts, dirigé par le [[Marc-Pierre de Voyer de Paulmy d'Argenson|comte d'Argenson]], secrétaire d'État à la guerre, opposé à celui du parti philosophique emmené par [[Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville]], contrôleur général des finances, et soutenu par la marquise de Pompadour, qui agissait comme un ministre sans portefeuille. Appuyée par de puissants financiers (Pâris-Duverney, Montmartel…) elle obtint du roi la nomination de certains ministres ([[François-Joachim de Pierre de Bernis|Bernis]], secrétaire d'État aux affaires étrangères en 1757) autant que leur révocation (Orry, contrôleur général des finances en 1745 ; [[Jean Frédéric Phelypeaux|Maurepas]], secrétaire d'État à la marine en 1749). Sur son conseil, le roi approuva la politique de justice fiscale de Machault d'Arnouville. Afin de combler le déficit du royaume, qui s'élevait à 100 millions de livres en [[1745]], Machault d'Arnouville créa un impôt prélevant un [[vingtième]] des revenus, qui concernait également les priviligiés (édit de Marly, [[1749]]). Cette brèche dans le statut privilégié de la [[noblesse]] et du [[clergé]], normalement dispensé d'impôt, était une première dans l'histoire de France, bien qu'elle ait été déjà envisagée par des esprits visionnaires comme [[Sébastien Le Prestre de Vauban|Vauban]] au temps de Louis XIV. Cette nouvelle taxe fut accueillie avec hostilité par les états provinciaux qui avaient encore le pouvoir de décider de leur politique fiscale. Le clergé et le [[parlement de Paris|parlement]] s'opposèrent également violemment au nouvel impôt. Pressé par son entourage et par la cour, Louis XV abandonna la partie et en exempta le clergé en [[1751]]. Finalement, le « vingtième » finit par se fondre dans une augmentation de la [[taille (impôt)|taille]], qui ne touchait pas les classes privilégiées. Ce fut la première défaite de la « guerre de l'impôt » engagée contre les privilégiés.



À la suite de cette tentative de réforme, le parlement de Paris, s'emparant du prétexte de la querelle entre le clergé et les jansénistes, adressa des remontrances au roi (avril [[1753]]). Le parlement, constitué d'aristocrates privilégiés et de roturiers anoblis, s'y proclamait le « défenseur naturel des lois fondamentales du royaume » contre l'arbitraire de la monarchie.



===Politique extérieure===

[[Image:Lodewijk XV-Harnas.jpg|thumb|Louis XV en armure]]

À l'étranger, la politique du roi devenait incohérente. Cette période était dominée par la [[Guerre de succession d'Autriche]] (1740-1748) qui avait débuté sous le gouvernement de [[André Hercule de Fleury|Fleury]]. Cette guerre opposait les Français et les [[Prusse|Prussiens]] contre les [[Autriche|Autrichiens]], les [[Grande-Bretagne|Britanniques]] et les [[Pays-Bas|Hollandais]]. La dernière partie de la guerre fut marquée par une série de victoires françaises : [[bataille de Fontenoy]] ([[1745]]), bataille de Rocourt ([[1746]]), bataille de Lawfeld ([[1747]]). En particulier, la bataille de Fontenoy, remportée par le [[Maurice de Saxe (1696-1750)|maréchal de Saxe]], est considérée comme une des plus éclatantes victoires des Français contre les Britanniques. À la suite de cet épisode, la France occupait tout le territoire de l'actuelle [[Belgique]] (à cette époque la région la plus prospère d'Europe), et Louis XV n'était pas loin de réaliser le vieux rêve français d'établir la frontière septentrionale du pays le long du [[Rhin]].



Cependant, avec le [[traité d'Aix-la-Chapelle]] en [[1748]], la France rendit toutes ses conquêtes à l'Autriche, à la stupéfaction du peuple et à la surprise des puissances européennes. Louis XV, qui n'avait pas le tempérament belliqueux de son prédecesseur, se satisfaisait d'un royaume hexagonal, qu'il appelait son ''pré carré''. Il préférait cultiver son pré carré plutôt que de chercher à l'étendre. Louis déclara qu'il avait conclu la paix « en roi et non en marchand ». Son geste fut salué en Europe, dont il devint l'arbitre. Cependant, en France sa popularité en pâtit largement. Le peuple avait pardonné à Louis XIV ses impôts, ses maîtresses et ses dépenses somptuaires, tant qu'il était victorieux à la guerre. De la même façon, pour Louis XV, l'incident de Metz (1744) comptait peu aux yeux de la population en regard des victoires de la guerre de succession autrichienne. Mais la nouvelle de l'abandon du sud des Pays-Bas à l'Autriche fut accueillie avec incrédulité et amertume. Les Parisiens utilisèrent alors l'expression « bête comme la paix ». On peut à ce titre considérer que 1748 fut marquée par la première manifestation d'une opinion publique française, portée par un [[nationalisme]] émergent que le monarque n'avait pas compris. Après cette année, sa popularité ne cessa de décroître.



====Retournement d'alliances====



De plus, en [[1756]], le roi opéra un retournement d'alliance impromptu en rupture avec l'alliance franco-prussienne traditionnelle. Un nouveau conflit européen était en préparation, la paix d'Aix-la-Chapelle ne constituant qu'une sorte de trêve. Les Britanniques et les Français se battaient déjà en [[Amérique du Nord]], sans déclaration de guerre. En [[1755]], les Britanniques s'emparèrent de 300 navires marchands français violant des traités internationaux. Quelques mois plus tard, le [[16 janvier]] [[1756]], le Royaume-Uni et la Prusse signèrent un traité de « neutralité ». À Paris et Versailles, le parti philosophique et la marquise de Pompadour furent déçus de cette trahison du roi [[Frédéric II de Prusse]], qui était auparavant considéré comme un souverain éclairé, ami des [[philosophe]]s. Frédéric II avait même accueilli [[Voltaire]] à [[Potsdam]] quand ce dernier s'était retrouvé en disgrâce suite aux manœuvres du parti dévôt. Mais il semble que Frédéric II était animé par des motifs politiques dans le but de consolider la puissance prussienne. Il avait déjà abandonné ses alliés français en signant un traité séparé avec l'Autriche en [[1745]]. La marquise de Pompadour n'appréciait pas Frédéric II, qui la tenait dans le plus grand mépris, allant jusqu'à appeler un de ses chiens « Pompadour ». Pendant la même période, les responsables français commencèrent à percevoir le déclin relatif de l'Empire autrichien, qui ne représentait plus le même danger qu'au début de la dynastie Habsbourg, aux {{XVIe}} et {{XVIIe siècle}}s, alors qu'ils contrôlaient l'Espagne et la plus grande partie de l'Europe. La Prusse apparaissait maintenant comme la puissance émergente la plus menaçante. C'est dans ce contexte que la marquise de Pompadour et le parti philosophique convainquirent le roi de l'intérêt de ce retournement d'alliances. Par le traité de Versailles signé le {{1er avril}} [[1756]], le roi, contre l'avis de ses ministres, s'allia avec l'Autriche en mettant fin à deux siècles de conflit avec les Habsbourgs.



À la fin du mois d'août 1756, Frédéric II envahit la [[Duché de Saxe|Saxe]] sans déclaration de guerre et vainquit facilement les armées saxonnes et autrichiennes, mal préparées. Le sort réservé à la famille électrice de [[Duché de Saxe|Saxe]] fut particulièrement brutal, l'électrice Marie Joseph succombant à des mauvais traitements. Ces exactions choquèrent l'Europe et particulièrement la France. La femme du [[Dauphin (titre)|dauphin]], fille de l'[[Prince-Électeur|électeur]] et de l'[[Prince-Électeur|électrice de Saxe]], fit une fausse couche en apprenant la nouvelle. Louis XV se trouva contraint d'entrer en guerre. Entre-temps, la Grande-Bretagne avait déjà déclaré la guerre à la France le [[18 mai]] [[1756]]. Ce sera la [[guerre de Sept Ans]] (1756-1763), qui aura des conséquences importantes en Grande-Bretagne et en France.



===Tentative d'assassinat===

[[Image:Louis XV; Buste.jpg|thumb|Louis XV]]

A l'intérieur du royaume, le mécontentement s'amplifiait, alimenté par le train de vie de la cour et ce qui était perçu comme une incompétence du roi à gouverner. En se replaçant dans une perspective historique, il apparaît que Louis XV n'était pas incompétent, bien qu'il manquât certainement de volonté. D'autre part, les dépenses de la cour n'étaient pas spécialement élevées, comparées à celles des précédents monarques français, ou encore d'autres cours européennes, comme celle de [[Russie]] qui dépensait des sommes astronomiques pour construire les palais de [[Saint-Pétersbourg]]. Pourtant, telle était la perception qu'en avait le peuple de France, également influencé par la campagne violente à l'encontre de la marquise de Pompadour.



Peut-être est-ce ce contexte qui poussa [[Robert François Damiens]] à essayer de tuer le roi. Le [[5 janvier]] [[1757]], Damiens entra au palais de Versailles, parmi les milliers de personnes qui essayaient d'obtenir des audiences royales. Vers 18 heures, le roi revenait de visiter sa fille et s'apprêtait à entrer dans son carrosse pour retourner au Trianon, quand Damiens franchit la haie de gardes et le frappa avec un canif. Louis XV portait d'épais vêtements d'hiver et la lame ne pénétra que d'un centimètre, entre les 4{{e}} et 5{{e}} côtes. Cependant, on craignait un éventuel empoisonnement. On tortura à plusieurs reprises Damiens, pour savoir s'il avait des complices, mais il apparaît que cet homme, serviteur de membres du [[parlement de Paris]], était un déséquilibré qui avait surtout entendu beaucoup de discours critiques à l'encontre du roi.



Louis XV était plutôt enclin à pardonner, mais il s'agissait de la première tentative de meurtre d'un monarque français depuis l'assassinat d'[[Henri IV de France|Henri IV]] par [[Ravaillac]] en [[1610]], et il dut accepter un procès pour [[régicide]]. Jugé par le parlement de Paris, Damiens fut exécuté le [[28 mars]] [[1757]] sur la [[place de Grève]], dans des conditions effroyables. La main qui avait tenu le canif fut brûlée avec du soufre, on lui entailla ensuite les membres et la poitrine avant d'y introduire du plomb fondu, ses quatre membres furent arrachés par des chevaux ([[écartèlement]]) et son tronc finalement jeté aux flammes. Une foule immense assista à ce spectacle, les balcons des maisons de la place de Grève furent loués jusqu'à 100 livres (plus de 500 euros actuels) aux femmes de l'aristocratie.



Le roi était déjà si impopulaire que l'élan de sympathie provoqué par cette tentative de meurtre disparut rapidement avec l'exécution de Damiens, dont l'inhumanité fut durement condamnée par le parti philosophique. Louis XV lui-même n'y était pas pour grand-chose, les détails de cette horrible mise à mort ayant été élaborés par le parlement de Paris, peut-être avec le souci de se réconcilier avec le monarque. Mais plus que tout, le peuple ne pardonnait pas au roi de ne pas s'être séparé de la Pompadour. L'ambassadeur d'Autriche écrivait à Vienne : « le mécontentement public est général. Toutes les conversations tournent autour du poison et de la mort. Le long de la galerie des glaces apparaissent des affiches menaçant la vie du roi ».



Louis XV, qui avait conservé un calme royal le jour de la tentative d'assassinat, parut profondément affecté et déprimé dans les semaines qui suivirent. Toutes les tentatives de réformes furent abandonnées. Sur la proposition de la marquise de Pompadour, il renvoya deux de ses ministres les plus décriés, le comte d'Argenson (secrétaire d'État à la guerre) et Machault d'Arnouville (Garde des Sceaux et précédemment contrôleur général des finances), et introduisit [[Étienne François de Choiseul|Choiseul]] dans le gouvernement.



===La fin de la guerre===



L'ascension de Choiseul, sous l'influence de la marquise de Pompadour, marque une certaine victoire du parti philosophique. Fait [[pair de France]], le nouvel homme fort du gouvernement autorise la publication de l'Encyclopédie et contribue à la dissolution des [[Compagnie de Jésus|jésuites]]. Il réforme la structure de la marine et de l'armée et essaye d'étendre les colonies françaises dans les antilles.



Avec le désastre de [[bataille de Rossbach|Rossbach]] et les nombreuses défaites dans les colonies, Choiseul, successivement à la tête de la diplomatie et du ministère de la guerre et de la marine, cherche à arrêter rapidement la guerre. Le [[traité de Paris (1763)]], reconnaît une importante défaite française, avec la perte de la [[Nouvelle-France]] et de l'[[Inde]] au profit des Britanniques.



===Dissolution des jésuites===



L'opposition aux [[Compagnie de Jésus|jésuites]] était autant alimentée par les jansénistes, les gallicans que les philosophes et encylopédistes. Après la faillite de l'établissement jésuite de la [[Martinique]], dirigée par le père Antoine La Valette, le parlement, saisi par les créanciers, confirma en appel le[[ 8 mai]] [[1761]] un jugement ordonnant le paiement des dettes sous peine de saisie des biens des jésuites.



Il s'ensuivit toute une série d'actions qui allaient aboutir à leur disparition. Sous la direction de l'abbé Chauvin, le [[17 avril]] [[1762]], la constitution de l'ordre fut épluchée par le parlement, on mit en exergue des écrits de théologiens jésuites, afin de les accuser d'enseigner toutes sortes d'erreurs et de considérations immorales. Le 6 août, un arrêt ordonnait la dissolution de l'ordre, mais un délai de huit mois leur fut accordé par Louis XV. Après avoir refusé un compromis, ils furent contraint de fermer leurs collèges le [[1er avril]] [[1763]], puis, le [[9 mars]] [[1764]], ils durent renoncer à leurs vœux sous peine de bannissement. À la fin novembre [[1764]], Louis XV signa un acte de dissolution de l'ordre dans tout le royaume.



===Fin de règne===



La fin du règne de Louis XV fut marquée par l'arrivée de [[Madame du Barry]], sa nouvelle favorite, officiellement présentée à la cour en [[1769]]. Le ministre Choiseul montra ouvertement son hostilité pour la maîtresse royale. Le roi, convaincu de l'incapacité de Choiseul à faire face à la fronde du parlement, finit par le renvoyer en [[1770]]. Il fut remplacé de fait par [[René Nicolas de Maupeou]], devenu [[Garde des Sceaux de France]] en [[1768]], qui s'appliqua à restaurer l'autorité royale. Les membres du parlement s'étant mis en grève, Maupeou les fit arrêter par des mousquetaires en exigeant qu'ils reprennent leur service. Devant leur refus ils furent exilés. Il entreprit alors une réforme structurelle fondamentale. La [[justice]], jusqu'alors administrée par des magistrats dont la charge était héréditaire, devint une institution publique, avec des fonctionnaires payés par l'État.



Le [[26 avril]] [[1774]] se déclarèrent les symptômes de la [[petite vérole]], alors que Louis XV était au Petit [[Trianon]].



Le parlement de Paris envoya le dimanche {{1er mai}} 1774, [[Nicolas Félix Vandive]], conseiller notaire secrétaire Maison et Couronne de France, greffier au [[Grand Conseil (France)|Grand Conseil]], pour s'enquérir de la santé du roi, comme nous l'apprend en son fameux journal le libraire parisien [[Siméon-Prosper Hardy]] : « la nouvelle cour du Parlement n'avait pas manqué, suivant l'usage ordinaire, de députer le nommé Vandive, l'un des premiers principaux commis au greffe de la Grand Chambre et de ses notaires secrétaires, pour aller à [[Versailles]] savoir des nouvelles de la santé du Roi. Mais ce secrétaire ne pouvoit rendre compte de sa mission à l'inamovible compagnie que le mardi suivant, attendue la vacance accoutumée du lundi 2 mai ».



Il mourut de ces suites ([[septicémie]] aggravée de complications pulmonaires) le [[10 mai]] [[1774]], à 15 heures 30, à [[château de Versailles|Versailles]], dans l'indifférence du peuple et la réjouissance d'une partie de la cour. Il laissa le trône à son petit-fils, le futur [[Louis XVI]].



==Postérité==



====Enfants légitimes====



[[Marie Leszczyńska]] donna à Louis XV dix enfants, dont trois moururent en bas-âge :

# [[14 août]] [[1727]] : Louise [[Élisabeth de France (1727-1759)|''Élisabeth'']] ([[1727]]-[[1759]]) et Anne [[Henriette de France (1727-1752)|''Henriette'']] ([[1727]]-[[1752]]), jumelles, surnommées respectivement Madame (en tant que fille aînée du roi) ou Madame Première (puis Madame Infante) et Madame Seconde (puis Madame Henriette)

# [[28 juillet]] [[1728]] : Marie ''Louise'', Madame Troisième (puis Madame Louise) (†[[19 février]] [[1733]])

# [[4 septembre]] [[1729]] : [[Louis de France (1729-1765)|Louis]], [[dauphin (titre)|dauphin]] († [[20 décembre]] [[1765]])

# [[30 août]] [[1730]] : ''Philippe'' Louis, duc d'Anjou (†[[7 avril]] [[1733]])

# [[23 mars]] [[1732]] : Marie [[Adélaïde de France (1732-1800)|''Adélaïde'']], Madame Quatrième (puis Madame Troisième, puis Madame Adélaïde) (†[[27 février]] [[1800]])

# [[11 mai]] [[1733]] : ''[[Victoire de France (1733-1799)|Victoire]]'' Louise Marie Thérèse, Madame Quatrième (puis Madame Victoire) (†[[7 juin]] [[1799]])

# [[27 juillet]] [[1734]] : [[Sophie de France (1734-1782)|''Sophie'']] Philippe Élisabeth Justine, Madame Cinquième (puis Madame Sophie) (†[[3 mars]] [[1782]])

# [[16 mai]] [[1736]] : [[Thérèse de France|''Thérèse'']] Félicité, Madame Sixième (puis Madame Thérèse) (†[[28 septembre]] [[1744]])

# [[15 juillet]] [[1737]] : [[Louise de France|''Louise'']] Marie, Madame Septième (puis Madame Louise), en religion sœur Marie-Thérèse de Saint-Augustin († [[23 décembre]] [[1787]]).



====Favorites, maîtresses et enfants adultérins====



Louis XV, comme [[Louis XIV]], eut également un certain nombre d'enfants adultérins de nombreuses maîtresses. Ses quatre premières maîtresses furent quatre sœurs, quatre des cinq filles de [[Louis III de Mailly-Nesle|Louis III de Mailly]], Marquis de Nesle et de Mailly, Prince d'Orange.



Tous ses enfants adultérins, autres que Louis de Vintimille, naquirent de jeunes filles non mariées, appelées les « petites maîtresses ». Hanté par les mauvais souvenirs liés aux bâtards de son arrière-grand-père, Louis XV se refusa toujours à les légitimer. Il subvint à leur éducation et s'arrangea pour leur donner une place honorable dans la société, mais ne les rencontra jamais à la cour.



Seuls furent légitimés Louis de Vintimille et l'Abbé de Bourbon.



Ses [[maîtresse]]s et [[favori]]tes furent :



*'''[[Louise-Julie de Mailly, comtesse de Mailly|Louise-Julie de Mailly-Nesle]]''', comtesse de Mailly (1710-1751), épouse en [[1726]] son cousin Louis-Alexandre, comte de Mailly. Elle devient maîtresse en 1733, favorite en 1736, et est supplantée en 1739 par sa sœur Pauline. Elle rentre en grâce en 1741, mais est renvoyée de la cour en 1742 à la demande de sa sœur Marie-Anne ;

*'''[[Pauline Félicité de Mailly-Nesle]]''', comtesse de Vintimille (1712-1741), maîtresse de Louis XV elle épouse en 1739 Jean-Baptiste, Comte de Vintimille (1720-1777). Elle est mère de :

**''Charles de Vintimille'' (1741-1814) dit le ''Demi-Louis'' car il ressemblait beaucoup à Louis XV, Marquis du Luc, , Madame de Pompadour tenait assuré qu'il était de naissance royale que souffrant de n'avoir pas d'enfants avec le roi et désirer de porter des petits enfants en commun, elle nourrit en 1751 de le marier à sa fille Alexandrine; Il épousera (1764) Adélaïde de Castellane (1747-1770), dont postérité ;

*'''[[Diane-Adélaïde de Mailly, duchesse de Lauraguais|Diane Adélaïde de Mailly-Nesle]]''', duchesse de Lauraguais (1713-1760) ;

*'''[[Marie-Anne de Mailly-Nesle]]''', marquise de La Tournelle, duchesse de Châteauroux (1717-1744).

* [[Hortense de Mailly-Nesle]], marquise de Flavacourt, fut aussi pendant un temps soupsonnée de liaison intime avec le roi, mais cette hypothèse fut rapidement écartée au profit de ses quatre sœurs.

*'''Marquise de Pompadour''' de son vrai nom [[Jeanne Antoinette Poisson]], (1721-1764), fille d'un financier véreux exilé en 1725. Elle épouse en 1741 [[Charles-Guillaume Le Normant d'Étiolles]] et a deux enfants dont [[Alexandrine Le Normant d'Étiolles]] (1744-1754) qui est élevée en princesse et anoblie M{{lle}} de Crécy. Elle devient de 1745 à 1751 la maîtresse du roi, et est honorée en 1752 du tabouret et des prérogatives de duchesse. Elle est dame du palais de la reine en 1756, mais doit quitter Versailles quelque temps en 1757 suite à une cabale ;

*'''[[Madame du Barry|Comtesse du Barry]]''' (Jeanne Bécu 1743-guillotinée en 1793) : fille naturelle d'Anne Bécu, couturière, et de Jean-Baptiste Gomard de Vaubernier. Elle mène une vie modeste à Paris et se livre à la prostitution sous le nom de M{{lle}} Lange. Elle devient en 1768 la maîtresse du roi auquel Jean, comte du Barry (dont elle a été la maîtresse) l'a présentée. Louis XV lui fait épouser la même année Guillaume du Barry (frère de Jean), puis la présente à la Cour en 1769. Elle avait dit un jour à Louis XV : « La France, ton café fout le camp ! » - car tel était le surnom qu'elle donnait à son royal amant -. Elle se retire en 1774 de la Cour, puis émigre en Grande-Bretagne en 1792 pour y cacher ses diamants : elle est arrêtée au retour et condamnée à mort pour avoir dissipé les trésors de l'État, conspiré contre la [[République]] et porté le deuil de [[Louis XVI]]. Avant d'être guillotinée à Paris, elle supplia : « Encore un moment, messieurs les bourreaux. » ;

[[Image:Marie-Louise O'Murphy (1737-1818) painted by Francois Boucher (1703–1770).jpg|thumb|right|250px|[[Marie-Louise de Beaufranchet d'Ayat|Marie-Louise O'Murphy]]]]

*'''[[Marie-Louise de Beaufranchet d'Ayat|Marie-Louise O'Murphy]]''' (1737-1815) dite M{{lle}} de Morphise, fille de Daniel O'Murphy d'origine irlandaise elle épouse : ''1°)'' Jacques Pelet de Beaufranchet en 1755, ''2°)'' François Nicolas Le Normand en 1759, et ''3°)'' Louis-Philippe Dumont en 1798, député du Calvados à la [[Convention nationale|Convention]], dont elle divorcera la même année. Elle est la mère de :

**''Agathe Louise de Saint-Antoine de Saint-André'' (née le 20 juin 1754 à Paris-1774) qui épousera en 1773 René-Jean-Mans de La Tour du Pin (1750-1781), Marquis de la Charce.

*'''[[Françoise de Châlus, duchesse de Narbonne-Lara|Françoise de Châlus]]''' (1734-1821), duchesse de Narbonne-Lara, fille de Gabriel de Châlus, seigneur de Sansac, elle épousera en 1749 Jean-François, duc de Narbonne-Lara. Elle est la mère de :

**''Philippe, duc de Narbonne-Lara'' (1750-1834) qui épouse en 1771 Antoinette Françoise Claudine de La Roche-Aymon, et de

**''Louis, Comte de Narbonne-Lara'' (1755-1813) qui épousera en 1782 Marie Adélaïde de Montholon, dont postérité.

*'''[[Marguerite-Catherine Haynault]]''' (1736-1823), fille de Jean-Baptiste Haynault, entrepreneur de tabac elle épouse en 1766 Blaise d'Arod, Marquis de Montmélas. Elle est la mère de :

**''Agnès Louise de Montreuil'' (1760-1837), qui épousera en 1788 Gaspar d'Arod (1747-1815), Comte de Montmélas, dont postérité, et de

**''Anne Louise de La Réale'' (1763-1831) qui épousera en 1780 le Comte de Geslin (1753-96).

*'''[[Lucie-Madeleine d'Estaing]]''' (1743-1826), sœur naturelle de l'[[Charles Henri d'Estaing|amiral d'Estaing]], elle épousera en 1768 François, Comte de Boysseulh. Elle est la mère de :

**''Agnès Lucie Auguste'' (1761-1822) qui épousera en 1777 Charles, Vicomte de Boysseulh (1753-1808), et de

**''Aphrodite Lucie Auguste'' (1763-1819) qui épousera en 1784 Louis Jules, Comte de Boysseulh (1758-1792).

*'''[[Anne Couffier de Romans, baronne de Meilly-Coulonge|Anne Couffier de Romans]]''' (1737-1808) Baronne de Meilly-Coulonge, elle est la fille d'un bourgeois, Jean Joseph Roman Coppier. Elle entretient une liaison avec le roi de 1754 à 1765, et épousera en 1772 Gabriel Guillaume de Siran, Marquis de Cavanac. Elles est la mère de :

**''Louis Aimé de Bourbon'' (1762-1787), dit l'abbé de [[Maison de Bourbon|Bourbon]] le seul enfant bâtard que Louis XV légitimera en 1762.

*'''[[Louise-Jeanne Tiercelin de La Colleterie]]''' (1746-1779) dite M{{me}} de Bonneval. Elle est la mère de :

**''Benoît Louis Le Duc'' (1764-1837), abbé.

*'''[[Irène du Buisson de Longpré]]''' ( décédée en 1767), fille de Jacques du Buisson, seigneur de Longpré, elle épousera en 1747 Charles François Filleul, conseiller du roi. Elle est la mère de :

**''Julie Filleul'' (1751-1822), qui épousera ''1°)'' Abel François Poisson en 1767, Marquis de Vandières, de Marigny, de Ménars, etc., frère de [[Madame de Pompadour]] ; ''2°)'' François de La Cropte Marquis de Bourzac en 1783 dont elle divorcera en 1793.

*'''[[Catherine Éléonore Bénard]]''' (1740-1769), fille de Pierre Bénard, écuyer de la bouche du roi. Elle épouse en 1768 Joseph Starot de Saint-Germain, fermier général qui sera guillotiné en 1794. Elle est la mère de :

**''Adélaïde de Saint-Germain'', Comtesse de [[Montalivet]] (1769-1850) qui épousera en 1797 [[Jean-Pierre de Montalivet|Jean-Pierre Bachasson, Comte de Montalivet]] (1766-1823), dont postérité.

*'''[[Marie Thérèse Françoise Boisselet]]''' (1731-1800), qui épouse en 1771 Louis-Claude Cadet de Gassicourt. Elle est la mère de :

**''[[Charles Louis Cadet de Gassicourt]]'' (1769-1821), qui épouse en 1789 Madeleine Félicité Baudet (1775-1830), dont postérité.



Louis XV ne compta donc en tout que treize enfants adultérins (c'est sans doute plus que 13 enfants illégitimes) car le nombre de liaisons de Louis XV est la première des difficultés auxquelles on se heurte. la naissance royale n'est certaine que pour 8 enfants (3 garçons et 5 filles). Il faut noter que [[Madame de Pompadour]] fit toujours des fausses couches, et que les naissances d'enfants naturels cessèrent après la mort de celle-ci.



==Bibliographie==

{{Commons|Louis XV of France|Louis XV de France}}

* [[Michel Antoine]],

** ''Louis XV'', Fayard, 1985

** ''Le gouvernement et l'administration sous Louis XV'', CNRS, 1978

* [[Pierre Gaxotte]]

** ''Le siècle de Louis XV'', Fayard, 1972

** ''Louis XV'', Fayard, 1980

* [[Bernard Hours]], ''Louis XV et sa cour'', PUF, 2002



{{France_Roi}}



== Notes ==







{{Début dynastie|nom=Louis {{Rom|XV}}}}

{{Insérer dynastie|couleur1=skyblue|couleur2=white|couleur3=skyblue|iconeG=Blason France moderne.svg

|nom=roi de France et de Navarre

|avant=[[Louis XIV de France|Louis {{Rom|XIV}}]]

|après=[[Louis XVI de France|Louis {{Rom|XVI}}]]

|période=[[1715]]-[[1774]]}}

{{Fin dynastie}}



==Voir aussi ==

*[[Style Louis XV]]

{{Multi bandeau|Portail La France des Lumières|Portail Cliopédia|Portail Nouvelle-France}}

{{DEFAULTSORT:Louis France 15}}



[[Catégorie:Naissance en 1710]]

[[Catégorie:Décès en 1774]]

[[Catégorie:Histoire moderne]]

[[Catégorie:Dynastie des Bourbons]]

[[Catégorie:Roi de France]]

[[Catégorie:Dauphin de France]]

[[Catégorie:Personnalité de la Nouvelle-France]]



[[bg:Луи XV (Франция)]]

[[br:Loeiz XV (Bro-C’hall)]]

[[bs:Luj XV, kralj Francuske]]

[[ca:Lluís XV de França]]

[[cs:Ludvík XV.]]

[[cy:Louis XV o Ffrainc]]

[[da:Ludvig 15. af Frankrig]]

[[de:Ludwig XV. (Frankreich)]]

[[el:Λουδοβίκος ΙΕ΄ της Γαλλίας]]

[[en:Louis XV of France]]

[[eo:Ludoviko la 15-a (Francio)]]

[[es:Luis XV de Francia]]

[[et:Louis XV]]

[[fa:لوئی پانزدهم]]

[[fi:Ludvig XV (Ranska)]]

[[he:לואי החמישה עשר, מלך צרפת]]

[[hr:Luj XV., kralj Francuske]]

[[io:Louis 15ma]]

[[it:Luigi XV di Francia]]

[[ja:ルイ15世 (フランス王)]]

[[ka:ლუი XV (საფრანგეთი)]]

[[ko:프랑스의 루이 15세]]

[[la:Ludovicus XV]]

[[lb:Louis XV. vu Frankräich]]

[[nl:Lodewijk XV van Frankrijk]]

[[nn:Ludvig XV av Frankrike]]

[[no:Ludvig XV av Frankrike]]

[[pl:Ludwik XV Burbon]]

[[pt:Luís XV de França]]

[[ro:Ludovic al XV-lea al Franţei]]

[[ru:Людовик XV (король Франции)]]

[[sk:Ľudovít XV.]]

[[sr:Луј XV]]

[[sv:Ludvig XV av Frankrike]]

[[th:พระเจ้าหลุยส์ที่ 15 แห่งฝรั่งเศส]]

[[zh:路易十五]]{{voir homonymes|FIFA (homonymie)}}

[[Image:FIFA logo.gif|right|Logo de la FIFA]]



La '''Fédération internationale de [[football]] association''' (ou '''FIFA''') est une association de fédérations nationales fondée en [[1904]] ayant pour vocation de gérer et de développer le [[football dans le monde]]. Son siège est situé depuis [[1932]] à [[Zurich (ville)|Zurich]], en [[Suisse]], et son président actuel est [[Sepp Blatter]]. La FIFA est une association à buts non lucratifs.

== Histoire ==



La FIFA est fondée le [[21 mai]] [[1904 en football|1904]] à [[Paris]] au 229 [[rue Saint-Honoré]]. sous l'impulsion de l'[[USFSA]] française et dans ses locaux. Les membres fondateurs sont : les [[Fédération des Pays-Bas de football|Pays-Bas]], la [[Fédération de Belgique de football|Belgique]], la [[Fédération de Suède de football|Suède]], le [[Fédération du Danemark de football|Danemark]], la [[Association suisse de football|Suisse]], l'[[Fédération d'Espagne de football|Espagne]] et la [[Fédération française de football|France]]. Un an plus tard, l'[[Fédération d'Allemagne de football|Allemagne]], l'[[Fédération d'Italie de football|Italie]], l'[[Fédération d'Autriche de football|Autriche]] et la [[Fédération de Hongrie de football|Hongrie]] rejoignent la FIFA. Les Britanniques refusent d'abord d'être membres mais rejoignent finalement la FIFA quelques mois plus tard. S'engage alors un bras de fer entre l'USFSA française et la FA anglaise. La première est fondatrice de la FIFA et violemment hostile au professionnalisme. La seconde a donné son feu vert aux pros dès [[1885]]... Le débat ne se fait pas sur cette question, mais sur l'interprétation des textes fondateurs de la FIFA n'acceptant qu'une fédération, et une seule, par nation. C'était la stratégie voulue par l'USFSA afin de tuer les ligues concurrentes françaises. N'étant pas reconnues par la FIFA, ces fédérations sont notamment interdites de matches internationaux. Ainsi, l'USFSA demanda à la FA de ne présenter qu'une seule fédération à la candidature à la FIFA pour représenter tout le Royaume-Uni, et pas les quatre fédérations ([[Fédération d'Angleterre de football|Angleterre]], [[Fédération d'Écosse de football|Écosse]], [[Fédération du Pays de Galles de football|Pays de Galles]] et [[Fédération d'Irlande du Nord de football|Irlande du Nord]]) qui demandaient leur adhésion à la FIFA ensemble. Un vote des membres fondateurs trancha la question, et la France fut mise en minorité. Vexés, les Français claquent alors la porte et l'USFSA quitte la FIFA. Nous sommes en [[1905]]. La France ne reste pas longtemps hors du giron de la FIFA et c'est le CFI, principal concurrent de l'USFSA qui rejoint la Fédération internationale. L'USFSA se retrouve alors dans la position de l'arroseur arrosé, car sa position hors de la FIFA le marginalise.



La Coupe du monde, trophée majeur de la FIFA, est l'enfant de [[Jules Rimet]], alors président de la fédération internationale. Enchanté par le spectacle donné par l'équipe d'Uruguay aux [[Jeux Olympiques]] de [[1924]] et [[1928]], Rimet lance la machine Coupe du monde en [[1930]]. L'[[Uruguay]] qui fête alors son centenaire en [[1930]] est un candidat idéal pour l'organisation du premier rendez-vous mondial. Le trophée de la [[Coupe du monde de football|Coupe du monde]] est baptisé du nom de [[Jules Rimet]]. La Coupe Rimet prend définitivement la route du [[Brésil]] après son troisième succès dans l'épreuve en [[1970]], comme le prévoyait le règlement. Un nouveau trophée fut donc forgé pour l'édition 1974. Le terme de « FIFA World Cup » est plus récent. Jusqu'en 1990, la Coupe du Monde s'intitula ''Weltmeisterschaft'' en [[Allemagne]] ([[1974]]), ''Mundial'' en [[Argentine]] (1978), [[Espagne]] (1982) et [[Mexique]] (1986) puis ''Mondiale'' en [[Italie]] en [[1990]]. Le crochet par les [[États-Unis]] est fatal à cette sympathique tradition linguistique, et la Coupe est désormais baptisée « FIFA World Cup », copyright oblige... Le français étant langue officielle de la FIFA au même rang que l'anglais, la terminologie « Coupe du Monde FIFA » est également acceptée.



Créée à Paris, la FIFA déménage à Zurich en [[1932]] en raison du statut de la Suisse et des graves soucis financiers de la Fédération depuis le krach boursier d'octobre [[1929]][http://www.fifa.com/fr/news/feature/0,1451,101527,00.html?articleid=101527 FIFA - De Paris à Zurich, 30 ans de tribulations]. Avec l'augmentation importante des sources de revenus (droits TV, publicités et produits sous licence principalement), la situation financière est aujourd'hui excellente. Ainsi, FIFA a annoncé en avril [[2004]] qu'elle prévoyait un bénéfice de 144 millions de dollars sur 1,64 milliards de dollars de revenus sur la période [[2003]]-[[2006]] (cycle de quatre ans incluant la Coupe du monde 2006).



== Organisation ==

[[Image:World Map FIFA2.png|thumb|400px|La carte mondiale des six confédérations de la FIFA en juin 2006 (suite à l’adhésion de l’Australie à l’AFC et à l’indépendance du Monténégro).]]

La FIFA rassemble 208 fédérations (nationales ou pas : cas du Royaume-Uni, par exemple). Un certain flottement fut notable durant les vingt dernières années au niveau des adhésions de nouveaux membres. Les [[Îles Féroé|Féroé]] [[Danemark|danoises]] ou certains [[DOM-TOM]] français reçurent l'autorisation de leur fédération d'origine (danoise, française) pour adhérer. Conscient des dangers d'une telle politique ([[Catalogne]], [[Pays basque]]...), la FIFA a décidé de mettre fin à ces pratiques. Elle n'acceptera désormais plus de nouveaux membres sans indépendance politique claire au préalable. Cette décision n'est évidemment pas rétroactive et les [[Îles Féroé|Féroé]], [[Tahiti]] ou la [[Nouvelle-Calédonie]] conserveront leur statut actuel.



Afin de gérer au mieux le football au niveau continental, des confédérations ont vu le jour. On pourrait croire à une hiérarchie, mais ce n'est pas le cas. Les confédérations ont rang sur la FIFA quand il s'agit de problèmes internes au continent. Ainsi, la FIFA qui organise pourtant la Coupe du Monde, n'est pas décisionnaire pour fixer les calendriers des préliminaires ni leur formule. La confédération sud-américaine est particulièrement sensible à ces problèmes, mais l'UEFA s'est également déjà illustrée dans le passé sur ce terrain. De même, elle n'a aucune emprise sur l'organisation de chaque fédération nationale. On évoquera ici l'éternel problème des calendriers que la FIFA n'est toujours pas parvenu à régler, faute de pouvoir forcer la main aux fédérations et autres confédérations, seules souveraines dans ce domaine.



*l'[[Confédération asiatique de football|AFC]] pour l'Asie

*l'[[Union des associations européennes de football|UEFA]] pour l'Europe

*la [[Confédération africaine de football|CAF]] pour l'Afrique

*la [[CONMEBOL]] pour l'Amérique du Sud

*l'[[Oceania Football Confederation|OFC]] pour l'Océanie

*la [[CONCACAF]] pour l'Amérique du Nord, l'Amérique centrale et les Caraïbes



En revanche, la situation est toute différente à propos des règles du jeu. Ici, pas de discussions, et le monde entier adopte le même jour les mêmes modifications du règlement. Sur ce point, la FIFA est inflexible. Les règles du football ne sont pas édictées par la seule FIFA, mais sont discutées et votées par une vieille institution britannique nommée [[International Board]] (IFAB). La FIFA y dispose de quatre voix tandis que les fédérations d'Angleterre, d'Écosse, du pays de Galles et d'Irlande du Nord y comptent une voix chacune.



==Distinctions==

La FIFA désigne chaque année le [[Meilleur footballeur de l'année FIFA]] depuis [[1991]] pour les hommes et depuis [[2001]] pour les femmes.



Un [[Classement mondial de la FIFA|classement des équipes]] nationales est perpétuellement effectué.



A l'occasion de son centenaire en 2004, la FIFA a fait jouer un match de prestige opposant la [[équipe de France de football|France]] au [[équipe du Brésil de football|Brésil]]. Ces deux formations étaient les meilleures sur la dernière décennie. En outre, le Brésil, avec ces cinq Coupes du monde gagnées, symbolise la réussite sportive tandis que la France fut la terre de naissance de la FIFA.



Toujours à l'occasion de son centenaire en 2004, la FIFA a demandé à [[Pelé]] de dresser une liste des 100 meilleurs joueurs vivants. Pelé en a donné 125 : [[FIFA 100]].



== Les présidents de la FIFA ==

* [[23 mai]] [[1904]] - [[1906]] : '''[[Robert Guérin]]''' ({{France}})

* [[1906]] - [[24 octobre]] [[1918]] : '''[[Daniel Burley Woolfall]]''' ({{Angleterre}})

* [[24 octobre]] [[1918]] - [[1920]] : intérim assuré par [[Carl Anton Wilhelm Hirschmann]] ({{Pays-Bas}})

* [[1920]] - {{1er mars}} [[1921]] : [[Jules Rimet]] ({{France}}) (à titre provisoire)

* {{1er mars}} [[1921]] - [[21 juin]] [[1954]] : '''[[Jules Rimet]]''' ({{France}})

* [[21 juin]] [[1954]] - [[7 octobre]] [[1955]] : '''[[Rodolphe William Seeldrayers]]''' ({{Belgique}})

* [[7 octobre]] [[1955]] - [[9 juin]] [[1956]] : intérim assuré par [[Arthur Drewry]] ({{Angleterre}})

* [[9 juin]] [[1956]] - [[25 mars]] [[1961]] : '''[[Arthur Drewry]]''' ({{Angleterre}})

* [[25 mars]] [[1961]] - [[28 septembre]] [[1961]] : intérim assuré par [[Ernst Thommen]] ({{Suisse}})

* [[28 septembre]] [[1961]] - [[11 juin]] [[1974]] : '''[[Stanley Rous]]''' ({{Angleterre}})

* [[11 juin]] [[1974]] - [[8 juin]] [[1998]] : '''[[João Havelange]]''' ({{Brésil}})

* depuis le [[8 juin]] [[1998]] : '''[[Joseph Blatter]]''' ({{Suisse}})



== FIFA et éthique ==

Lors de son 56{{e}} congrès ([[2006]]), la FIFA a fait de l'éthique l'une de ses priorités. Le thème général de cette campagne est de proposer une meilleure gouvernance et une meilleure transparence dans le monde du football afin de le protéger des dérives qui le menacent : relations entre fédérations et autorités publiques, propriété, influence et contrôle des clubs, transferts de joueurs, agents de joueurs, paris et harmonisation du calendrier, notamment''[[France Football]]'', n° 3140 du [[13 juin]] [[2006]], p. 60-61 : « L'éthique, invitée d'honneur du congrès »..



En parallèle à cette action, la FIFA s'associe en [[2006]] à l'opération [[Unitaid]], visant à taxer les billets d'avion afin de financer l'achat de médicaments pour les pays défavorisés. Les ballons de la Coupe du monde de 2006 sont ainsi floqués au nom de cette opération.



La FIFA n'a toutefois pas découvert la notion d'éthique en [[2006]], et elle mène notamment une campagne sur le [[fair play]] depuis [[1978]]. Autre thème sur lequel la FIFA travaille depuis 1997 : le travail des enfants.[http://www.fifa.com/fr/fairplay/humanitariansection/0,1422,5,00.html FIFA - Carton rouge au travail des enfants].



L’[[Organisation internationale du travail]] a lancé en [[1997]] une campagne contre le travail des enfants. L’UNICEF et la FIFA sont notamment également associés à cette campagne. En matière de football, c’est surtout la fabrication des ballons par les enfants qui est visée. Un accord fut signé par la FIFA sur ce point en 1997 concernant le district de [[Sialkot]] ([[Pakistan]]), particulièrement touché par ce phénomène. Entre 1997 et [[2000]], le programme a notamment permis de couvrir 95% des fabricants de ballons de ce district en proposant une éducation à plus de 10 000 enfants. Comme le note les conclusions de l’OIT : « La population du district de Sialkot est désormais bien consciente que le travail des enfants est un fléau social qui doit être éradiqué par tous les moyens dont dispose chaque individu, famille ou communauté. » Depuis 1999, aucun cas de travail d’enfants n’a été signalé dans les ateliers de couture contrôlés. Fort de ce succès, cette opération sur le district de Sialkot fut intensifiée de 2000 à [[2003]] afin de couvrir 100% des fabricants de ballons. La FIFA a investi plus d’un million de dollars dans cette opération entre 1997 et 2003. 540 000 dollars supplémentaires y sont investis depuis 2004 afin de mettre en place, notamment, des organismes locaux aptes à donner des soins médicaux.



Depuis le [[13 février]] [[2003]], la FIFA et l’Organisation internationale du travail mènent une campagne intitulée « Carton rouge au travail des enfants ». Cette campagne de niveau mondial implique notamment d’anciens joueurs tel Roger Milla et se décline sous des formes très variées : marche de protestation ici, concours artistique là, et matches de football ailleurs. En [[2006]], date de mise en place d’une « journée contre le travail des enfants » ([[12 juin]]), le slogan de cette opération est : « La fin du travail des enfants : ensemble nous pouvons le faire ! ».



== FIFA et polémiques ==

Les journalistes anglais excellent dans la dénonciation des dessous de la FIFA. On citera ainsi [[David Yallop]] qui publie en [[1999]] ''How they stole the game'' (comment ils ont volé le jeu). Il y dénonce la gestion de [[João Havelange]]. Dans la même veine, [[Andrew Jennings]] publie en [[2006]] ''Carton rouge !'' [http://www.playthegame.org/News/Up%20To%20Date/FIFA_gets_partial_ban_on_new_book_by_Jennings.aspx ''Play the Game'' - FIFA gets partial ban on sale of new book by Jennings] où il dénonce la gestion de [[Sepp Blatter]] en reprenant nombre de données déjà publiées par Yallop (élections "truquées" en [[1996]] et [[1998]], par exempe). La FIFA tenta, en vain dans les deux cas, de faire interdire la publication de ces ouvrages. Le premier n'eut aucune conséquence majeure à la FIFA tandis que le second, sorti de fraîche date, sert actuellement au juge d'instruction du [[canton de Zoug]] Thomas Hildbrand, spécialisé dans les crimes et délits économiques, pour son enquête sur la société désormais en faillite ISL et la FIFA en raison de forts soupçons de détournements de fonds et de corruption.



==Notes==









==Lien interne==

[[Liste des sélectionneurs des équipes nationales de football]]



== Liens externes ==

*{{fr}} [http://www.fifa.com/fr/index.html Site officiel de la FIFA]



{{Football international}}

{{Liste des présidents de la FIFA}}

{{Portail football}}



[[Catégorie:FIFA|*]]



{{Lien BA|en}}



[[ar:الاتحاد الدولي لكرة القدم]]

[[az:FÄ°FA]]

[[bg:ФИФА]]

[[bn:ফিফা]]

[[bs:FIFA]]

[[ca:FIFA]]

[[cs:FIFA]]

[[da:FIFA]]

[[de:FIFA]]

[[el:ΦΙΦΑ]]

[[en:FIFA]]

[[eo:FIFA]]

[[es:FIFA]]

[[et:FIFA]]

[[eu:FIFA]]

[[fa:فیفا]]

[[fi:FIFA]]

[[ga:FIFA]]

[[gl:FIFA]]

[[he:פיפ"א]]

[[hr:FIFA]]

[[hu:Fédération Internationale de Football Association]]

[[hy:ՖԻՖԱ]]

[[ia:FIFA]]

[[id:Fédération Internationale de Football Association]]

[[it:FIFA]]

[[ja:国際サッカー連盟]]

[[ka:ფიფა]]

[[ko:국제 축구 연맹]]

[[lb:Fédération Internationale de Football Association]]

[[lt:FIFA]]

[[lv:FIFA]]

[[ml:à´«à´¿à´«]]

[[ms:FIFA]]

[[nap:FIFA]]

[[nl:FIFA]]

[[nn:FIFA]]

[[no:FIFA]]

[[om:FIFA]]

[[pl:FIFA]]

[[pt:FIFA]]

[[ro:FIFA]]

[[ru:ФИФА]]

[[scn:FIFA]]

[[sco:FIFA]]

[[sh:FIFA]]

[[simple:FIFA]]

[[sk:Medzinárodná futbalová federácia]]

[[sl:FIFA]]

[[sq:FIFA]]

[[sr:ФИФА]]

[[sv:FIFA]]

[[th:ฟีฟ่า]]

[[tr:FIFA]]

[[uk:FIFA]]

[[vi:FIFA]]

[[zh:国际足球联合会]]

[[zh-min-nan:FIFA]]

[[zh-yue:國際足球協會]]L'histoire de la Bible - Survol d'une grande épopée

D.Taillifet



Introduction : pourquoi ?

1) Repères bibliographiques

2) Les temps bibliques

A. Formation de l’Ancien Testament

B. Formation du Nouveau Testament

C. « Aiguillages »

3) Les temps obscurs

A. Transmission de la Bible juive (Ancien Testament hébraïque)

B. Transmission de la Bible chrétienne (AT et NT)

4) Vers notre Bible

A. Retour vers l’original : 15ème et 16ème siècles

B. De nouvelles attaques: 19ème et 20ème siècles

C. Tous ces travaux, vers quelles conclusions ?

Conclusion : et alors ?

ANNEXE 1 : Bibliographie pour l’Histoire de la Bible

ANNEXE 2 : Les moyens techniques de transmission de l’écrit







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Dans l’ensemble de ce document, BC signifie avant Jésus-Christ (before Christ), et AD signifie après Jésus-Christ(Anno Domini). Par exemple :

750 BC : époque d’Ésaïe, au 8ème siècle avant Jésus Christ

1517 AD : début de la réforme luthérienne, 16ème siècle après Jésus-Christ





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Introduction : pourquoi ?

Nous savons bien que la Bible que nous avons en main est un livre unique, le Livre de Dieu, et cela nous suffit. Pourquoi donc s’intéresser à son Histoire ?



pour mieux apprécier l’action miraculeuse de Dieu qui a gardé son Livre ;

pour mieux comprendre parfois les allusions et recoupements d’un livre de la Bible à l’autre ;

pour mieux comprendre des arguments parfois fallacieux auxquels nous aurions à répondre dans le témoignage ou l'exhortation,

pour apprécier mieux encore la Bible comme cadeau de Dieu et de d’hommes qui, au fil du temps, ont consacré leur vie, au sens propre, pour que ce Livre nous parvienne.

Notre Bible est venue du fond des âges et a traversé bien des épreuves pour nous parvenir. Dieu a pourvu à chaque époque des moyens techniques et humains pour que cela soit possible. C’est en fait une longue suite de miracles.



Il s’agit bien sûr ici d’une approche, et non d’une étude approfondie d’ordre archéologique, linguistique, littéraire ou autre. Un survol en somme, mais le survol d’un paysage magnifique !



1) Repères bibliographiques

Une bibliographie est jointe en annexe. Elle donne un échantillonnage de livres qui, à mon avis, méritent tous d'être lus.



J'ai toutefois coché avec trois étoiles ceux qui me semblent les plus importants pour une première approche.



2) Les temps bibliques

A. Formation de l’Ancien Testament

1. Formation du texte lui-même

Il y eut sans doute très tôt des textes en partie écrits, en partie transmis oralement, on ne peut trancher précisément. Nous savons en effet que l’écriture existait bien longtemps avant Moïse, sous des formes diverses : pictogrammes en Mésopotamie, à Sumer (le pays d’Ur, d’où sortit Abraham) dès 3000 BC , hiéroglyphes en Égypte dès les débuts de la civilisation égyptienne. L’écriture alphabétique quant à elle est apparue sans doute en Phénicie ou dans la région du Sinaï... juste avant l’époque de Moïse (vers 1500 BC).



Peut-être déjà Abraham, par exemple, a-t-il fourni et transmis de premiers matériaux décrivant son expérience et sa vie. Les textes d’alors pouvaient être gravés sur la pierre, ou écrits sur des tablettes d’argile. Voir Annexe 2.



Mais quoi qu’il en soit, le texte biblique proprement dit commence avec Moïse. Il fut inspiré par le Seigneur pour transcrire ces premiers matériaux éventuels, et les nouvelles révélations qu’il recevait. Le texte biblique, celui qui est inspiré de Dieu et qui fait autorité est en effet à distinguer des moyens utilisés, de l’état d’esprit ou même du fait que l’auteur comprend ou non la profondeur de ce qu’il écrit. Ainsi Balaam, qui pourtant n’aurait sans doute pas voulu que la bénédiction de Dieu soit sur Israël, a-t-il lui aussi, très indirectement, fournit des matériaux à Moïse, qui, lui, a reçu de Dieu la pleine inspiration pour les utiliser (Nb 23).



Moïse donc écrit le Pentateuque, et le peuple prend tout de suite, conduit par Dieu, le sens de l’importance de ces textes, paroles de Dieu. A chaque époque, le peuple d’Israël a de même reconnu que certains écrits prophétiques, historiques ou poétiques font partie en fait du même livre : le livre de Dieu.



2. De quoi était composé la Bible des juifs (l’Ancien Testament) ?

Le tableau suivant fournit une chronologie de tous les livres de l’Ancien Testament avec leurs auteurs, connus ou présumés.



Chronologie de la formation de l’Ancien Testament



groupe de livres selon la classification

Livre

Auteur



(entre parenthèse s'il s'agit d'une supposition historique)

Date (environ)

Observations



TORAH (Pentateuque)

Genèse

Moïse

1450 à 1400

Les livres ultérieurs de l’AT font allusion à ce groupe de livres comme existant déjà et formant un tout cohérent (Jos 1/5-8 ; IICh 34/14 ; IR 14/16 ; IIR 23/2 ; Ne 8/1 , 3,18) attestant ainsi sa plus grande ancienneté.



Exode

Moïse

1450 à 1400



Lévitique

Moïse

1450 à 1400



Nombre

Moïse

1450 à 1400



Deutéronome

Moïse

1450 à 1400



NEBIIM (Prophètes)

Premiers prophètes

Josué

Josué

1370(env.)

Ces livres étaient connus pendant l’exil.

Juges

(Samuel ?)

1050 (env.)



1 et 2 Samuel (un seul livre)

(Samuel, Saül, David )

1030 à 950 (env.)



1 et 2 Rois (un seul livre)

(Jérémie ?)

vers 600



Derniers prophètes

Esaïe

Esaïe

740 à 680

Ezéchiel, Aggée, Zacharie et Malachie ont été ajoutés au Canon dès le retour des juifs de Babylone



Jérémie

Jérémie

625 à 580



Ézechiel

Ézechiel

vers 590



Osée

Osée

760 à 710



Joël

Joël

entre 850 et 700 ?



Amos

Amos

780 à 755



Abdias

Abdias

585



Jonas

Jonas

800



Michée

Michée

740



Nahum

Nahum

700 à 615



Habakuk

Habakuk

627 à 586



Sophonie

Sophonie

630 à 620



Aggée

Aggée

520



Zacharie

Zacharie

520 à 518



Malachie

Malachie

450 à 400



KETUBIM (Écritures ou Hagiographes)

Livres poétiques

Psaumes

(rassemblés par Esdras ?)

David et autres auteurs

1050 et après

Ces livres ont été inclus au canon plus tard, après le retour. Ils en faisaient clairement partie au moment de la traduction par les Septantes.



Proverbes

Salomon, Agur, Lemuel

950 à 900



Job

Inconnu

Incertain



MEGUILLOTH (Les Cinq Rouleaux)

Cantique des Cantiques

(Salomon)

950



Ruth

(Samuel ?)

1050 (env.)



Lamentations de Jérémie

Jérémie

586



Écclésiaste

Salomon

950



Esther

(Mardochée ?)

460



Livres historiques

Daniel

Daniel

590 à 535



Esdras et Néhémie (un seul livre)

Esdras

538 à 480



1 et 2 Chroniques

(Esdras< ?)

vers 500









Ainsi, tous les livres de l’AT sont déjà écrits au 5éme siècle BC.



Le canon constitué à partir de ces livres comprend, selon la classification juive :



La loi ou TORAH,

Les prophètes ou NEBIIM

Les Écritures ou KETUBIM

Dans les bibles juives, on retrouve cet ordre, caractérisé par l’appellation TANACH où l’on reprend les premières lettres de chacune des parties : T(orah)N(ebiim)K(etubim).



Remarque :



Ce fait si simple que le livre de Dieu s’est constitué au fil des siècles depuis des temps très reculés a été très contesté au 19ème siècle (Voir § 4 -B).



Contesté parce qu’il suppose l’action et la préservation miraculeuse de Dieu ; contesté parce qu’il implique que Dieu a effectivement inspiré des prophéties qui se sont réalisées bien longtemps après.



Aucun argument archéologique, historique ou linguistique ne démontre formellement que cela est impossible. Chacun en convient. Mais pour dire que cela s’est fait, il faut admettre que Dieu est Dieu, et qu’il a pu et voulu le faire : difficulté insurmontable au coeur incrédule ! Pourtant ils ont bien essayé, savamment essayé même! Mais leur échec même contribue à consolider notre position. Une fois de plus.



On peut, par exemple, souligner que les écrits de la Bible ne contredisent jamais les données historiques fournies par l’archéologie :



pas de fer au temps d’Abraham qui vivait à l’âge du bronze,

pratiques différentes et bien retracées des divers empires : Égypte, Assyrie, Babylone.

conservation très précise des noms, par exemple de lieu ou de rois, comparativement aux témoignages archéologiques retrouvés gravés dans la pierre. Ce fait apparaît dans toute son importance quand on sait que d’autres textes, grecs ou arabes ne donnent que très approximativement la transcription de ces noms.

Comment ces choses auraient-elles pu être réinventées des siècles après sans erreurs ? Mais elles ont été authentiquement écrites aux époques qu’elles indiquent.



Au bout du compte, l’Ancien Testament complet existait dans son intégralité au retour de l’exil, du temps d’Esdras, vers 480 BC.



Cette division en trois grandes parties de l’AT se retrouve par exemple dans la citation de Jésus (Luc 24/13 ).



Les juifs qui se réunissaient dans les synagogues au retour de l’exil, donnaient une grande importance à la lecture des textes bibliques, qui est devenu l’élément essentiel de leur culte. Ils ont donc apporté un grand soin à leur conservation.



Ainsi, JH.Guitton (voir bibliographie) cite ce passage de l’historien Josèphe (fin du 1er siècle AD) :



« Depuis Artaxerxés jusqu’à nos jours, plusieurs livres ont été écrits ; mais on n’a pas estimé qu’ils fussent dignes d’une confiance semblable à celle qu’on accordait aux livres qui les ont précédés, parce que la succession des prophètes a été interrompue. Telle est la preuve du respect que nous avons pour nos « Écritures ». Bien qu’un long intervalle de temps nous sépare du temps où elles ont été closes, personne n’a osé y ajouter, ou en enlever ou en transformer une syllabe ; tous les juifs, dès le jour de leur naissance, sont poussés comme par instinct à considérer les Écritures comme l’enseignement même de Dieu, à leur rester fidèles et, s’il le faut, à donner joyeusement leur vie pour elles. »



B. Formation du Nouveau Testament

Dès les débuts de l’Église primitive, à mesure que les apôtres et les témoins oculaires de l’oeuvre de Jésus disparaissaient, il est apparu important de conserver les écrits qui portaient le message exact de Jésus.



Pour ce qui concerne les évangiles synoptiques, il y eut sans doute une courte phase de transmission orale des récits, sous forme de « péricopes », c’est à dire petits passages destinés à être appris par coeur. De nouveau, des hommes ont été inspirés. Ils ont parfois utilisé des sources, comme Luc le revendique ( Luc 1/1 et suivants), mais c’est le texte tel qu’il a été écrit par ces auteurs qui a bénéficié de l’inspiration infaillible de Dieu.



Mais il y eu aussi, dès le début d’autres écrits intéressants mais non inspirés, puis dans les siècles suivants toutes sortes de récits prétendant relater la vie de Jésus ou les recommandations de tel ou tel de ses apôtres. Il a donc fallu du temps pour que les textes inspirés, pourtant tous écrits et reconnus dans une partie de l’Église avant la fin du premier siècle s’imposent et soient reconnus par toute l’Église comme faisant partie de la Bible, c’est à dire du « Canon ».



Pour reconnaître un livre du Canon, l’Église primitive a utilisé essentiellement deux critères :



l’autorité apostolique, c’est à dire le fait que l’un des apôtres de Jésus associe son autorité à celle du livre,

la valeur déjà reconnue au livre dans les églises locales qui en avaient été les premières destinatrices. Ces livres ensuite, copiés avec grand soin, s’échangeaient pour être lus plus loin. Voir par exemple Col 4/16 et 1Th 5/27.

Il est tout à fait remarquable, et c’est là un grand miracle de Dieu, qu’alors que des tendances divergentes de toutes natures ont perturbé les premiers siècles de l’Église, l’Écriture a pu faire son chemin et s’imposer aux yeux de tous. Nous en voyons encore le fruit aujourd’hui. Dans toutes les branches, si diverses par ailleurs, du christianisme, la Bible, elle, est unique (hormis les apocryphes de l’AT, ajoutés par les catholiques et dont nous parlerons plus loin).



On peut résumer cette reconnaissance progressive des livres par les étapes suivantes, d’où nous excluons les listes utilisées par des mouvements hérétiques (gnostiques dont Marcion et autres) :



AD 100 : tous les livres du NT sont écrits et reconnus par une partie ou une autre de l’Église.

AD 200 : le « Canon de Muratori » est en usage à Rome : Les quatre évangiles, Actes, toutes les épîtres de Paul, Jacques, 1 et 2 Jean, Jude, Apocalypse de Jean. Il nomme aussi des livres, sans les accepter au même titre dans le canon : l’Apocalypse de Pierre et le «Pasteur d’Hermas » sont utilisés, mais déjà considérés comme non canoniques.

AD 230 : Origène dresse une liste des livres reconnus dans les églises d’Orient : Les quatre évangiles, Actes, toutes les épîtres de Paul, Jacques, 1 Pierre, 1 Jean, Apocalypse de Jean. Il mentionne que quelques-uns de ces livres, qui pour lui sont canoniques, sont cependant encore en discussion : Hébreux, Jacques, 2 Pierre, 2 et 3 Jean, Jude. Ainsi la liste est de fait complète. Il en écarte d’autres : le Pasteur d’Hermas, l’épître de Barnabas, l’enseignement des douze apôtres (Didachê), l’évangile des Hébreux.

Ainsi, déjà à cette époque très précoce, le Canon était en grande partie le même en Occident (Rome) et en Orient.



AD 340 : Eusèbe de Césarée (le fameux historien) donne la même liste qu’Origène, en distinguant dans la partie en discussion les livres à exclure, dans laquelle il cite l’épître aux Hébreux. Le Codex Sinaïticus (voir §4B) date de cette époque.

AD 367 : le canon du Nouveau Testament est cité intégralement par Athanase. Il sera confirmé par les conciles d’Hippone (393 AD) et de Carthage (397 et 419), mais il ne s’agit plus là que d’une confirmation.

Le fait que ces livres aient déjà depuis longtemps été reconnus, c’est ce qu’attestent les écrits des Pères (c’est à dire les écrivains chrétiens qui ont marqués les premiers siècles). En effet, on y trouve sous forme de citations la quasi intégralité du NT !



C. « Aiguillages »

A partir du texte sacré, le Seigneur a permis que des voies parallèles, des copies et traductions indépendantes, fassent leur chemin au cours des siècles pour aboutir au bout du compte à une confirmation du texte lui-même. Citons par exemple :



1. Le Pentateuque Samaritain

Nous connaissons bien par le livre des Rois (2R 17/24 à 41) et les évangiles (par exemple Jn 4 et Luc 9/51 à 56), l’histoire des Samaritains. Il s’agit d’un peuple issu d’unions mixtes entre israélites et assyriens déportés en Israël. Après le retour des juifs de l’exil, les Samaritains s’en séparèrent complètement, et ne reconnaissaient comme autorité que le Pentateuque (la Torah), qu’ils ont gardé jalousement sans contact avec les juifs. Ce texte a été recopié indépendamment pendant 1500 ans au mont Garizim, et concorde de manière remarquable avec le texte conservé par les juifs. Il est encore en usage dans une petite communauté de Samaritains. On l’appelle le « Pentateuque samaritain ».



2. Version des Septante

Il s’agit d’une traduction en grec de l’AT complet, demandée vers 250 BC par Ptolémée Philadelphe, qui régnait à Alexandrie en Égypte, où la communauté juive pourtant nombreuse ne comprenait plus vraiment l’Hébreux. Elle a été faite par 70 (septante) savants juifs. Elle jouera un très grand rôle dans la diffusion de la Bible dans le monde d’alors, où le grec était la langue de la culture et du commerce. C’est cette version qui est souvent citée par les auteurs du Nouveau Testament, qui écrivent en grec.



3. Vulgate

Il s’agit d’une version en latin de l’AT et du NT, d’après les textes originaux en hébreu et en grec. Elle a été faite par Jérôme de 382 à 420 AD. Cette version en latin jouera un rôle considérable pendant tout le Moyen Age et jusqu’à nos temps. Elle est assez fiable, quoique présentant des choix de mots parfois orientés par les connaissances limitées ou même certaines options d’ordre théologique. Deux exemples parmi beaucoup d’autres :



le Moyen-âge avait une conception erronée de l’espace et du cosmos, et il croyait cette conception conforme à la révélation biblique. En effet la Vulgate appelle l’étendue de Gen 1 « firmament », alors que le texte original ne suppose pas cette étendue ferme et fixe.

la Vulgate prend souvent l’équivalent latin de « faire pénitence » alors que le sens est « se repentir ». Toute la question du salut par les oeuvres est donc en jeu.

Force est cependant de constater que cette traduction a été pendant de nombreux siècles la seule lue par les érudits, au moins en occident, et qu’elle a permis, malgré ses altérations, de donner accès à la Bible.



3) Les temps obscurs

A. Transmission de la Bible juive (Ancien Testament hébraïque)

Le canon complet de l’AT, tel que nous l’avons vu précédemment constitué définitivement au temps d’Esdras, nous a été transmis par le soin d’hommes qui ont consacré leur vie à ce travail.



1. Les scribes

Dans une première époque, du retour de l’exil jusqu’en 500 AD, c’est à dire pendant presque mille ans, ce fut le travail des scribes ou sophérim. La Bible parle de ces hommes, tant dans l’AT que dans les évangiles. Ils sont aussi appelés docteurs de la loi. En plus du TANACH, mais jamais considéré sur le même plan, ils recopiaient aussi d’autres livres, concernant les traditions et interprétations de loi, et qui seront finalement rassemblés dans le Talmud. Ces textes, en particulier, donnent les règles très strictes qui devaient être appliquées dans la recopie des textes bibliques : en fait, on y mettait un soin inouï. Aucun autre travail de ce type n’a jamais été entrepris sur une telle durée.



2. Les Massorètes

Vers 500 AD, il devient évident que l’hébreu en tant que langue n’étant plus depuis longtemps parlé couramment, était de moins en moins connu des érudits eux-mêmes. En particulier, la prononciation se perdait, d’autant que le cette langue n’avait pas de voyelles.



De 500 AD à 1000 environ, deux grands centres d’érudition et de transmission bibliques ont pris leur essor : l’un à Jérusalem et Tibériade, l’autre à Babylone. Ces nouveaux scribes ont inventé les points voyelles, et fait un travail remarquable pour éviter toute déviation du texte : notes en marges précisant la prononciation, repères sur le nombre de mots, de lettres, etc. Ils ont pu ainsi éviter et donner l’assurance de l’absence de toute évolution du texte sacré. Mais ils ont pris grand soin de ne pas altérer le texte consonantique (les consonnes) lui-même. Ce texte massorétique, ainsi figé, a pu traverser les siècles sans faille, comme l’attestent les découvertes récentes (voir § 4B).



B. Transmission de la Bible chrétienne (AT et NT)

Pendant cette période du Moyen-Âge, et pour ce qui concerne nos pays occidentaux, le principal support de la connaissance biblique a été la Vulgate, tant pour l’AT que pour le NT.



Elle a été recopiée par les moines dans les monastères, avec une grande attention, sans toutefois atteindre la précision du travail des Massorètes pour l’AT hébreu.



Elle n’était lue que dans certains milieux privilégiés, nobles ou élites religieuses, mais l’église catholique en décourageait l’accès au peuple.



Certains rois de France, par exemple, en faisaient un usage personnel assidu. Certains de ces rois ont même demandé que la traduction en « langue vulgaire » (c’est à dire dans le français parlé de l’époque), soit faite. Ainsi Louis IX, dit « Saint-Louis », emmenait avec lui en campagne une petite Bible latine qu’il expliquait à ses officiers. C’est sous son règne que prit naissance la première traduction française, vers 1250 : c’est la « Bible de l’Université de Paris ». C’est dans cette Bible qu’est introduite pour la première fois la division en chapitres par Etienne Langton de Cantorbery, chanoine qui enseignait à Paris.



Le roi Jean le Bon quant à lui avait emporté sa Bible (en latin) à la bataille de Poitiers en 1356, où elle fut prise par les anglais.



Charles V, son fils, avait lui aussi sa Bible, qui se transmit ensuite de roi de France en roi de France jusqu’à Louis XIV !



Mais ne nous y trompons pas. La présence de quelques Bibles pour les érudits des monastères, et dans les mains des familles royales ne suffisent pas à nourrir un peuple : l’ignorance était donc grande.



Il aurait fallu, pour que le peuple soit vraiment nourri, des traductions en langue vulgaire et que celles-ci soit répandues. Mais le concept même de traduction n’était pas à l’époque très clair. Certains livres dans le français de l’époque, mélangeant traduction biblique, avis, commentaires, légendes, etc., dits « bibles historiales » ont pris cette place. Le plus connu de ce type de livres est la « Bible » de Pierre Comestor (vers 1180).



Ainsi les érudits et les nobles avaient accès à la Vulgate, quelques privilégiés aux bibles historiales, et l’église catholique décourageait de toutes façons la diffusion large de vraies Bibles.



Dans ce contexte, à la suite de Pierre Valdo dans la région de Lyon vers 1190, les vaudois ont entrepris de répandre des portions de l’Écriture en langue populaire (provençal). Ils l’ont souvent payé de leur vie. Ces portions d’Écriture avaient la forme de petits livres d’un format moitié environ d’un livre de poche. Mais nous reparlerons des vaudois un peu plus tard (voir § 4.A.4).



4) Vers notre Bible

A. Retour vers l’original : 15ème et 16ème siècles

La sortie du Moyen-âge a été marquée par un retour à la Parole de Dieu. Nous allons le résumer en retraçant la participation d’hommes que Dieu a particulièrement utilisés pour ce faire.



1. Gutenberg : l’imprimerie

L’imprimerie est l’une des découvertes fondamentales qui ont fait faire des bonds en avant à l’Histoire. Mais, bien sûr, elle a d’abord permis de faire faire un bond en avant à la Bible. Il fallait des mois d’un travail précis et fastidieux pour recopier la Bible en entier à la main.



Gutenberg, entre 1452 et 1455 fait sortir de presse le premier livre imprimé de l’ère moderne : une magnifique Bible Vulgate. Elle est tirée en 30 exemplaires sur parchemin et une centaine sur papier : elle est en deux tomes et comporte 1282 pages. Dans les 50 ans qui suivirent, des dizaines de milliers de portions de la Bible ont été imprimés, en plus de six langues différentes, portant tout à coup à un niveau jamais atteint le nombre de Bibles disponibles. La Bible, livre de Dieu, va pouvoir réveiller le monde !



2. Lefèvre d’Étaples : une vraie traduction

Après une première tentative menée par Jean de Rely en 1496, la première traduction qui ait eu un réel impact par le sérieux et le souci de l’exactitude est due à Lefèvre d’Étaples.



Il publie une traduction en français, d’après la Vulgate de tout le NT en 1523. Il indique dans cette édition diverses erreurs du texte latin par rapport au grec. Il a ainsi ouvert la voie au concept de traduction d’après le grec, bien qu’il n’ait pas franchi le pas jusqu’au bout. Remettre en cause la Vulgate! Une vraie révolution! En 1528, c’est toute la Bible qui est ainsi traduite.



Lefèvre était un homme courageux, hors du commun, un homme de contrastes. Il fut tour à tour persécuté jusqu’à être condamné au bûcher à cause de son action en faveur de la Bible, (il sera épargné de justesse), et promu précepteur (professeur) du fils du roi François 1er à cause de son érudition reconnue par toute l’Europe. Mais il enseignait aussi la Parole de Dieu, et il eut parmi ses élèves de futurs grands noms de notre récit comme Robert Estienne et Olivétan.



Lui-même, cependant, quoiqu’ayant eu une influence et un impact considérables pour promouvoir la Bible, n’est pas pleinement entré dans la Réforme.



3. Érasme : le grand retour vers le texte grec

Pour vraiment retrouver la parole de Dieu, il faut retourner au texte original. Cela fut un long cheminement.



Erasme était un grand érudit de Rotterdam en Hollande dont la réputation couvrait toute l’Europe pour avoir remis à l’honneur le grec ancien, méconnu au Moyen-âge Ayant retrouvé un manuscrit grec du 10ème siècle dans une bibliothèque de Bâle, il le remet en forme, malheureusement à la hâte, et publie en 1516 une édition bilingue grecque-latine. Ce texte grec fut corrigé et réédité de nombreuses fois ensuite, par Erasme lui?même, et par d’autres aussi, pour finalement aboutir en 1550 au texte grec imprimé par Robert Estienne, qui sera utilisé comme référence jusqu’au début du 19ème siècle, et appelé « textus receptus », le texte reçu.



4. Robert Estienne : imprimer et rendre accessible

Rendre le texte biblique accessible. C’est le grand enjeu que comprit Robert Estienne (1503 - 1559). On le connaît surtout comme imprimeur. Il est vrai qu’il a imprimé de multiples éditions de la Bible, tant à Paris qu’à Genève où il a dû fuir. En 37 ans de travail, il a publié 41 éditions des Écritures : 11 Bibles (8 latines, 2 hébraïques, 1 française) et huit Nouveaux Testaments (4 grecs, deux latins, 1 latin-français, 1 grec-français), sans compter ses autres publications chrétiennes. Il s’est distingué par son souci de faire comprendre le texte sans l’altérer. C’est ainsi qu’on lui doit la division de la Bible en versets (1551). On lui doit aussi un index des citations de l’AT dans le NT ainsi qu’une harmonie des évangiles.



Il eut beaucoup à lutter pour défendre tout son travail. Lui qui n’était ni prêtre ni théologien a dû comparaître devant les plus hautes autorités religieuses et politiques et défendre pied à pied la valeur de ses livres. Ce fut au péril de sa vie, et le bûcher n’était jamais loin, mais le Seigneur l’a préservé.



5. Olivétan

Les Vaudois, oui, ceux-là mêmes qui depuis le Moyen Age vivaient une sorte de Réforme avant l’heure, se réunissent en synode (sorte de grande Assemblée Générale) en 1532 à Chamforan dans le Piémont. Ils ont invités des délégués réformés. Dans leur soif de la Parole, eux si pauvres, proposent de financer pour tous les francophones une vraie traduction, complète, d’après les originaux, et ils demandent à leurs invités de se charger de ce travail. Quelle noblesse !



Olivétan était homme d’une douceur légendaire et d’une grande culture. Il avait amené à l’évangile son cousin, un certain... Calvin. Sollicité pour ce travail, il hésite devant un tel honneur et une telle responsabilité, mais finit par accepter et cette Bible fut éditée en 1535.



Elle a été ensuite revue plusieurs fois pour devenir la « Bible de Genève ». Puis, elle a été reprise par Ostervald en 1744, alors qu’il avait 80 ans. Elle fut ensuite révisée en 1910 pour donner la Bible synodale.



Ainsi la Bible d’Olivétan, et ses diverses révisions auront nourri le peuple de Dieu pendant plus de trois siècles! Elle ne sera vraiment remplacée par de nouvelles traductions qu’à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème :



Version Darby 1885 traduction littérale cherchant à reproduire la forme du texte original.

Version Second 1873, 1880, 1910. Cette dernière version bénéficie également de toutes les recherches et découvertes du 19ème siècle pour retrouver le texte original, et se distingue par la clarté et la qualité de son style.

Remarque : La Bible chez les catholiques :



Nous l’avons déjà dit, l’église catholique, par principe, s’est toujours vigoureusement opposée à la diffusion de la Bible, jusqu’à une époque récente. Elle y voit la remise en cause de son « magistère », c’est à dire de l’autorité qu’elle aurait, elle seule, pour donner la juste interprétation et la vraie doctrine.



Mais devant la pression de la Réforme, il a fallu se déterminer clairement. C’est ainsi qu’au concile de Trente, en 1565, une soixantaine de cardinaux réunis ont pris une décision qui, avec le recul, paraît tout à fait étonnante. Ils ont réaffirmé que la seule Bible inspirée de Dieu est la Vulgate, et que les livres « apocryphes » font pleinement partie du canon. Rappelons qu’il s’agit d’anciens livres juifs, authentiques certes, mais dont ni les juifs ni l’Église primitive n’avait reconnu l’autorité. Ils ne se sont en fait introduits que par l’intermédiaire des Septante et de la Vulgate (encore que Jérôme ne les considérait pas comme inspirés). Ils véhiculent toute une confusion : quelques fausses doctrines comme la prière pour les morts, mais surtout, ils « brouillent les pistes » pour le lecteur sincère qui cherche la voie claire et sûre de Dieu. Y mêler des livres non inspirés, si intéressants qu’ils soient au plan historique ou littéraire, c’est en fait minimiser l’autorité biblique et ramener le livre de Dieu à un recueil de traditions à interpréter.



5. Les colporteurs : diffuser la Bible

Revenons à notre 16èmesiècle en France. La Bible sortie de l’oubli, maintenant accessible, doit être diffusée. Tâche difficile et périlleuse !. Elle fut entreprise par de nombreux colporteurs qui parcouraient les routes de France en portant des Bibles, souvent en provenance de Genève, les vendaient et expliquait le salut en Jésus et la vraie foi à ceux qu’ils rencontraient. Ils furent souvent torturés, brûlés même, partageant le même bûcher que leurs Bibles. Mais la Parole de Dieu répandue a fait son travail et un peuple nombreux s’est levé pour le Seigneur.



6. La Bible en Europe

Nous avons surtout suivi la progression de la Bible en français. Quelques mots maintenant de son Histoire en Angleterre et en Allemagne. Dans ces deux pays, la Bible a été traduite, et a eu une telle influence qu’on peut dire qu’elle a façonné la langue elle-même !



En Angleterre

Il y eut deux premières tentatives : celle de Bède le Vénérable, qui a traduit l’évangile de Jean en 735 AD, et plus tard celle du précurseur de la Réforme, John Wycliffe (ou Wiclif), qui traduit la Bible entière, d’après la Vulgate, en 1388.



Mais la première traduction d’après les originaux (textus receptus) est due à Tyndale : 3000 exemplaires du NT en 1525, puis portions par portions, la presque totalité de la Bible. Il fut brûlé vif en 1536, et cria sur le bûcher : « Seigneur, ouvre les yeux du roi d’Angleterre ! Sa Bible, achevée par ses proches, fut offerte à Henri VIII deux ans plus tard, et on connaît les évènements qui s’en sont suivis !



Cette version Tyndale a été à la base de la version autorisée (Authorised Version ou King James’Version), adoptée en Angleterre pendant des siècles, puis de la version révisée (Revised standard version).



En Allemagne

Ici, bien sûr, l’honneur de traduire la Bible est revenu à Luther en 1521-1522, au château de Wartbourg, où il avait dû se réfugier pour un temps. Cette traduction a eu ceci de particulier qu’elle a contribué de façon marquante à figer la langue allemande, et à lui donner ses lettres de noblesse.



B. De nouvelles attaques: 19ème et 20ème siècles

La Bible va traverser des combats d’une nouvelle nature : non plus le bûcher pour un texte jugé dangereux, mais le dénigrement d’un texte qui interpelle.



Satan a voulu s’opposer à sa mise en forme dès l’origine, et il a échoué.



Il a contribué à déformer le texte en multipliant les erreurs et les ajouts dans les versions parallèles : il a échoué. Les temps modernes des 19ème et 20ème siècles voient s’ouvrir des combats d’une autre nature, plus difficiles encore peut-être, mais Dieu va déjouer l’ennemi par la fidélité de ses serviteurs et par de grands miracles.



1. La Haute critique

La Bible est le message de Dieu. Elle parle de son essence (sa nature), de sa souveraineté, de sa volonté, de son amour. Les grandes mutations au plan des idées et de la politique (18ème siècle, siècle « des lumières » ; Révolution ), sont sans doutes la source des idées nouvelles en théologie aussi, de la Haute critique. La Bible apparaît comme un bastion solide qu’il faut combattre si l’on veut pleinement glorifier l’homme en quête d’autonomie. Il ne s’agit plus de la critique textuelle, saine recherche, constamment plus précise, de l’original. Il s’agit maintenant de contester l’authenticité du texte lui-même, ses auteurs, puis son message. Derrière la Bible, c’est l’autorité même de Dieu que l’on remet en cause.



Alors on va dire qu’en fait Moïse n’a rien écrit, que les prophètes n’ont rien prophétisé, et que finalement les apôtres n’ont pas vraiment vu le Christ ressuscité.



Prenons l’exemple du Pentateuque. On affirme à partir de toutes sortes d’hypothèses, très mal fondées, qu’il y a plusieurs auteurs, porteurs en fait de plusieurs traditions. Tout cela aurait été arrangé et compilé bien plus tard, par exemple du temps de Josias, ou par Esdras, qui aurait inventé la loi pour donner sa pleine identité au peuple rentrant de l’exil ! Jésus lui-même se serait alors trompé en parlant des livres de Moïse !



Cette façon de voir s’est développée progressivement, et a commencé à faire son chemin en fait dès le 18ème siècle (Witter 1711, Astruc 1753). Dans les années 1780, le terme de Haute critique est introduit, sous l’impulsion de J.G Eichhorn. Disons pour simplifier qu’il y eut trois grandes théories :



la théorie « documentaire » : Eichhorn introduit l’idée qu’il y aurait eu deux auteurs, dont on peut retrouver la trace à cause de l’emploi de noms de Dieu différents. L’un utilise Jaweh (auteur J), l’autre Elohim (auteur E). Devant les difficultés apparues avec une telle hypothèse, d’autres théologiens ont ensuite surenchéri et ont inventé non pas deux auteurs, mais trois (E,J,P), puis quatre ou cinq (E1, E2, J, P, D). Ces théologiens se sont beaucoup contredits, pour ne pas dire embourbés, sans jamais arriver à une théorie unique. Certains versets même ont été répartis entre plusieurs auteurs !

la théorie « du développement » : Wellhausen (1876), prolongeant en fait des idées de Reuss (1834), défend l’idée que le Pentateuque s’est développé et a évolué progressivement en fonction de l’Histoire du peuple d’Israël, depuis la vie patriarcale jusqu’au culte unique. Cette théorie eut un grand impact, mais l’archéologie lui a donné tort et elle est maintenant abandonnée.

la théorie « des formes » Gunkel (1911) avance un découpage du Pentateuque en fonction des formes littéraires, en comparant le texte biblique à d’autres textes et d’autres traditions ou religions anciennes. Mais il n’aboutit à rien.

Toutes ces théories diverses se contredisent et alimentent le débat des théologiens. Elle n’ont en fait qu’un point commun : contester la rédaction par un seul homme, Moïse, sous l’inspiration de Dieu. Ces théories s’accordaient admirablement avec d’autres grands courants de pensée du 19ème siècle : marxisme, darwinisme, etc. : plus de Dieu, et bien sûr plus de Bible ! L’impact de ces théologiens auprès du grand public s’explique par le fait qu’ils permettent de faire l’économie de la vraie foi.



2. La réponse de Dieu

Dans ce contexte troublé, Dieu a magnifiquement répondu pour défendre sa Parole. De deux façons :



a. Dieu suscite des hommes fidèles

Alors que la majorité des théologiens, malheureusement, s’embourbaient dans la Haute critique, d’autres, moins nombreux il est vrai, mais tout aussi savants pour le moins, se sont levés. Ils ont défendu la Bible, authentique Parole de Dieu. Leurs écrits sont encore aujourd’hui une source de rafraîchissement et de bénédiction. Citons par exemple, parmi de nombreux autres :



Constantin Tischendorf

Dès la fin de ses études de théologie, à 26 ans, ce passionné du texte biblique entreprend une vaste recherche de tous les manuscrits anciens. A 29 ans, en 1844, il part pour les pays bibliques. La suite de ses découvertes et de son travail est décrite plus loin à propos du Codex Sinaïticus.



Gaussen (1790 - 1863)

Ce remarquable érudit fut destitué de son ministère pastoral parce qu’il voulait instruire seulement d’après la Bible reconnue comme littéralement inspirée, et non selon les méthodes et doctrines de la Haute critique et de la Théologie libérale. Il fonda la faculté de l’Oratoire à Genève, et écrivit un livre encore aujourd’hui considéré comme un classique, « Théopneustie », où il a su défendre pied à pied, avec beaucoup de talent, la Bible, Parole de Dieu. Notons au passage que ce livre est encore très lu, alors que ceux de ses adversaires sont tombés très vite en désuétude, et sont oubliés depuis longtemps.



Godet

e théolgien nous a laissé des commentaires imprégnés du respect de l’Écriture, qui eux aussi ont contribué à maintenir et défendre efficacement les positions évangéliques sur la Bible.



Robert D Wilson

Américain, érudit hors pair né en 1860, il a étudié de très nombreuses langues de l’Antiquité, atteignant un niveau d’approfondissement rarement atteint. Il a consacré tout son talent à la démonstration de l’authenticité des textes bibliques, et a lui aussi contribué à défendre ces positions si essentielles pour l’Église.



b. des découvertes nouvelles

La remise en cause de principe de l’authenticité de la Bible avait pour elle la tendance naturelle à l’incrédulité. Mais qu’allaient dire les faits ?



Les grands codex (parchemins en onciales)

Outre les milliers de manuscrits anciens disponibles, trois grands codex (voir annexe 1) datant de l’Église primitive, pratiquement complets ont été retrouvés:



Le Codex Alexandrinus : En 1627, le patriarche de Constantinople (en Orient, le texte grec a toujours été bien plus présent qu’en occident) offre à Charles 1er, roi d’Angleterre, un très ancien manuscrit qui avait été écrit à Alexandrie au 4ème siècle. C’est une Bible grecque, comprenant l’AT selon les Septante et le NT. Ce texte fut publié au 18ème siècle.



Le Codex Vaticanus : Ce codex du 4ème siècle était gardé plus ou moins secrètement par l’église catholique au Vatican. Il ne fut publié qu’en 1889-1890. Ce codex avait pourtant été transporté, un peu comme un trophée, par Napoléon au début du siècle, puis il avait « sagement » repris le chemin de Rome, avec interdiction absolue à quiconque de l’étudier. Tischendorf lui-même ne put que le consulter rapidement.



Le Codex Sinaïticus : La découverte de ce codex, presque complet lui aussi, apparaît comme une légende, et cependant c’est une histoire vraie. En 1844, Tischendorf part pour le Proche Orient à la recherche de manuscrits bibliques. Après bien des pérégrinations infructueuses, il arrive (par hasard ?) au couvent Sainte Catherine, sur le Sinaï (construit en 565 AD par l’empereur Justinien). Il remarque dans une corbeille de vieux manuscrits, des feuillets de parchemin, qu’on s’apprête à brûler, étant jugés trop vieux pour continuer à être utilisés. Il les examine et se rend compte qu’il s’agit de manuscrits parmi les plus anciens que l’on connaissait alors. Il peut en emporter quelques pages mais pas la totalité. Revenu dans le même monastère dix ans plus tard, il ne parvient pas à retrouver les feuillets manquants. La veille de son départ, discutant à bâtons rompus avec l’économe, celui-ci lui montre des manuscrits bibliques qu’il utilise lui-même : c’étaient les feuillets manquants du précieux Codex. Il y eut de nombreuses tractations et il a fallu l’intervention du tsar de Russie pour que Tischendorf puisse acheter ces documents. Ils composent aujourd’hui le Codex Sinaïticus, qui a été publié en 1868. L’URSS l’a revendu au British Museum de Londres à Noël 1933 pour £ 100 000. Il est souvent souligné que ce codex pourrait être l’une des 50 Bibles commandées en 331 AD par l’empereur Constantin à Eusèbe de Césarée.



C’est ainsi, à l’aide en particulier de ces trois codex et de nombreux autres manuscrits et citations que le texte très sûr du Nouveau Testament grec a pu être brillamment confirmé, et les révisions nécessaires du Textus receptus apportées.



les papyrus (papyri)

Avoir des Bibles complètes (ou presque) du 4eme siècle, voilà un cadeau de Dieu extraordinaire. Mais d’autres découvertes allaient venir.



C’est ainsi qu’une Bible grecque presque complète, sur papyrus, dont le Deutéronome date du 2ème siècle, le NT du 3 ème, et le reste de l’AT des 3 ème et 4 ème siècles fut découvert en 1931 en Égypte. On recule ainsi encore de presque un siècle le plus ancien manuscrit du NT ! On l’appelle papyrus Chester Beatty, du nom de la personne qui l’a finalement acheté aux bédouins arabes qui l’avaient découvert. Il n’y a de nouveau pas de divergence significative avec le texte connu.



Mais le plus ancien papyrus du NT date de ...120 ou 130 AD. Il a été découvert en 1935, et contient quelques versets de l’évangile de Jean. C’est la preuve indiscutable que celui-ci existait bien avant les dates qu’affirmaient les tenants de la Haute critique : leurs théories extrêmes sur le NT s’effondrent !



les manuscrits de la Mer Morte

Mais ce n’était pas encore tout. En 1947, près de la Mer Morte, dans les grottes de Qmram, un berger découvre dans des jarres de vieux parchemins cachés là. L’examen a montré qu’il s’agissait d’écrits datant du 2ème siècle BC ou un peu plus récents. Chose merveilleuse : ils contiennent des portions nombreuses de la Bible, et en particulier un rouleau presque complet du prophète Esaïe. On compare fiévreusement : miracle de Dieu ! Le texte confirme avec une étonnante précision le texte hébraïque transmis fidèlement depuis plus de 2000 ans par les scribes et les massorètes. Echec et mat aux détracteurs de la Bible !



C. Tous ces travaux, vers quelles conclusions ?

Après ces remises en cause, ces questions et ces réponses quelle confiance avons nous dans notre Bible ?



Laissons parler des érudits. Tout d’abord Gaussen (Théopneustie p248) qui nous dit, vers 1850 :



« Or, quoique toutes les bibliothèques où l’on peut trouver d’anciens exemplaires des livres saints aient été appelées en témoignage ; quoique les éclaircissements donnés par les Pères de tous les siècles aient été étudiés ; quoique les versions arabe, syriaque, latine, arménienne et éthiopienne aient été collationnées, quoique tous les manuscrits de tous les pays et de tous les siècles, depuis le 3 ème jusqu’au 16 ème, aient été recueillis et mille fois examinés, par d’innombrables critiques qui cherchaient avec ardeur, et comme la récompense et la gloire de leurs fatigantes veilles, quelque texte nouveau ; quoique les savants, non contents des bibliothèques de l’Occident, aient visité celles de la Russie, et porté leurs recherches jusque aux couvents du mont Athos, de l’Asie turque et de l’Égypte pour y chercher de nouveaux instruments du texte sacré, on n’a rien découvert, dit un savant déjà cité, non pas même une seule leçon (une seule variante) qui ait pu jeter doute sur un passage considéré auparavant comme certain. Toutes les variantes, presque sans aucune exception, laissent intactes les pensées essentielles de chaque phrase et n’ont rapport qu’à des points d’une importance secondaire, tels que l’insertion ou l’omission d’un article ou d’une conjonction, la position d’un adjectif avant ou après son substantif, l’exactitude plus ou moins grande d’un construction grammaticale. »



Un savant plus récent, FF.Bruce, nous dit maintenant (1970) que l’on connaît encore plus de manuscrits anciens (Les documents du NT, peut-on s’y fier ? p21) :



« Quand nous avons à faire à des documents tels que ceux du Nouveau Testament qui ont été copiés et recopiés des milliers de fois, la marge d’erreur de la part des copistes est si grande qu’il est étonnant de ne pas trouver plus d’erreurs qu’il n’y en a en réalité. En fait, le grand nombre de manuscrits, en même temps qu’il accroît la possibilité d’erreurs de copie, accroît aussi, fort heureusement, la possibilité de corriger ces erreurs, si bien que la marge d’erreur dans le rétablissement des mots originaux est moins grande qu’on ne pourrait le craindre. Elle est en réalité infime, et les quelques points au sujet desquels le doute subsiste entre plusieurs lectures ne portent sur aucune question matérielle de faits historique, ou d’éthique et de foi chrétienne. Citons ici, pour conclure, le verdict de Sir F.Kenyon qui fut l’une des personnes les plus qualifiées à se prononcer sur la valeur des manuscrits anciens : « L’intervalle entre la date de composition des originaux et celle du plus ancien texte existant devient donc si minime qu’on peut le considérer comme négligeable, et nous savons maintenant en toute certitude que les Écritures que nous possédons aujourd’hui n’ont subi aucune altération essentielle par rapport aux textes originaux. Nous pouvons considérer l’authenticité ainsi que l’intégrité générale des livres du Nouveau Testament comme définitivement établies. »



En clair, toutes les recherches menées ont permis de préciser le texte, mais sans rien changer de vraiment significatif : La Parole de Dieu a été préservée.







Conclusion : et alors ?

Voilà. Notre rapide survol atterrit sur cette certitude : le Livre que nous chérissons tant est bien le livre unique, le Livre pour lequel Dieu a déployé les richesses de sa Providence.



C’est seulement grâce à cette Providence qu’il nous est parvenu comme il est, si beau, si riche, si sûr, si puissant.











ANNEXE 1 : Bibliographie pour l’Histoire de la Bible

Cette bibliographie est purement indicative. Bien entendu, il ne s'agit pas d'une liste complète des nombreux livres écrits sur ce sujet. Il s'agit d'une sélection très limitée, avec ses arbitraires et le parti pris d’indiquer des livres qui aideront le lecteur intéressé en lui donnant des regards complémentaires.



On trouvera d’ailleurs quelques indications sur l’intérêt et les difficultés de chaque ouvrage cité. Les ouvrages marqués de trois étoiles sont ceux par lesquels il faudrait commencer.



A. Ouvrages sur l’inspiration et l’autorité de la Bible

Ce thème n’est pas à proprement parler le sujet étudié. Mais les livres indiqués, dans leur argumentaire, donnent des éléments importants pour notre sujet.



*** René PACHE : l’Inspiration et l’Autorité de la Bible

ditions Emmaüs, 280 pages



Ce livre, écrit en terme assez simple pour être lu facilement, est d’une grande richesse. Il aborde divers thèmes...



Louis GAUSSEN : Théopneustie ou la pleine inspiration des Écritures

Editions Emmaüs, 542 pages



Voilà un livre magnifique qui ne manquera pas de récompenser ceux qui feront l’effort de le lire. Très bien écrit, dans le style un peu vieilli du siècle dernier, il développe un argumentaire systématique sur l’inspiration. Par rapport à l’Histoire de la Bible, il nous montre « grandeur nature » quelle a été l’ampleur du combat pour le livre de Dieu au 19ème siècle, et toute l’érudition de ceux qui on su la défendre.



FF. Bruce : Les documents du Nouveau Testament, peut-on s’y fier ?

Editions TELOS, 157 pages



Un livre un peu difficile parfois. Mais il offre des éléments très approfondis sur l’authenticité du texte du Nouveau Testament.



B. l’Histoire de la Bible à proprement parler

*** Willem J.J. Glashouwer : Sur les traces de la Bible

La Maison de la Bible, 175 pages



Un livre clair, résumé assez complet. D’une lecture agréable. Bien informé et bien illustré.



D.Lortsch, mis à jour par J.M Nicole : Histoire de la Bible française

Editions Emmaüs (PERLE), 285 pages



Notre Bible en français à son histoire propre : ses héros, ses défenseurs, ses martyrs. Ce Livre retrace tous ces événements et donne une analyse des diverses versions disponibles.



Louise A. VERNON : Le Livre traqué

Le Phare, 156 pages



Un petit livre. En fait un roman qui retrace l’histoire de Tyndale, le célèbre traducteur de la Bible anglaise. Écrit pour les adolescents, il peut être lu par tous.



JH. Alexander : l’Histoire de la Bible

La Maison de la Bible



Livre intéressant pour une première information. Se lit facilement.



C. Autres ouvrages

W.H Guiton : Introduction à la Bible

Le Phare, 320 pages



Livre intéressant et synthétique pour une approche de chaque livre de la Bible. Par rapport à notre sujet, les 44 premières pages apportent des informations claires et utiles.



F.Godet : Commentaire de l’Évangile selon Jean

Éditions de l’imprimerie nouvelle, 2 tomes,1100 pages



Ce livre donne un aperçu de l’approfondissement biblique qu’ont eu ceux qui luttaient contre la Haute critique. On peut puiser dans ce livre bien des précisions pour comprendre mieux le texte de l’Évangile. La lecture est un peu difficile. Les 40 premières pages sont très intéressantes en ce qui concerne l’authenticité de l’Évangile









ANNEXE 2 : Les moyens techniques de transmission de l’écrit

A. Pierres et tablettes

Dès la plus haute Antiquité (Sumer, env. 3000 BC), l’écriture apparaît sous forme de symboles dessinés : les pictogrammes.



Le support de cette écriture est la pierre, par exemple sur les parois des monuments, ou les tablettes d’argile, plus facilement transportables, devenues d’usage très courant en Mésopotamie. On en a retrouvé un grand nombre, contenant de très nombreux détails de la vie courante : lettres, comptabilité, devoirs d’école.



Cependant la pierre est restée le support d’écritures que l’on voulait solennelles et pérennes (ainsi, par exemple, les tables de pierre dont parle Esaïe Es 8/1).



B. Papyrus

Un progrès important est fait lors de l’apparition du papyrus. Il s’agit de fibres d’une plante particulière, genre de roseau, que l’on faisait sécher au soleil après les avoir croisés et pressés. Il fallait ensuite coller avec de la mie de pain et aplanir au maillet. On obtenait ainsi une sorte de feuille sur laquelle on pouvait écrire.



Ces papyrus sont apparus en Égypte également vers 3000 BC.



Ils pouvaient être conservés très longtemps dans des conditions particulières d’absence d’humidité (comme par exemple au voisinage de la mer Morte) mais le plus souvent n’étaient utilisables que quelques siècles.



Les feuilles de papyrus, une fois écrites, pouvaient être rassemblées autour d’un bâton, constituant ainsi un rouleau. Ils étaient le plus souvent écrits sur une seule face, mais pouvaient l’être sur les deux (cf. Ap 5/1). Ils pouvaient avoir de 5 à 40 mètres de long.



C. Parchemins

Les parchemins sont apparus plus tard, aux alentours de la ville de Pergame, d’où ils tirent leur nom, vers le 4ème siècle BC.



Il s’agit de peaux de mouton, de chèvre ou de veau (vélin), soigneusement nettoyées, amincies, polies, et parfois peintes. Il est beaucoup plus souple et solide que le papyrus



D. Papier

Le papier est apparu beaucoup plus tard, vers le 10ème siècle AD en Orient, et en Occident trois siècles plus tard.



Il est fabriqué à partir d’une pâte, elle même faite de coton, chanvre lin ou bois finement réduits en poudre.



E. Codex

Ce terme a plusieurs sens.



Au sens propre, il fait référence à une sorte de brochage de feuilles de parchemin (plus rarement de papyrus) pour les présenter non sous forme de rouleau, mais sous forme d’une sorte de livre.



Compte tenu de l’importance prise par certains codex anciens, on emploie quelquefois le mot Codex pour désigner un texte de référence, quel que soit son support. Ainsi le Codex est la liste des médicaments reconnus en France.



Mais dans le contexte de ce document, on parle souvent de codex particuliers (Sinaïticus, Alexandrinus, etc.), bien qu’ils ne se présentent plus sous la forme de codex. On en a que les feuilles séparées, portant parfois les traces du brochage en marge.



F. L’imprimerie

Bien que connue en Chine depuis bien plus longtemps, elle fait son apparition en Occident au 15 ème siècle (Gutenberg). Elle se caractérise par le fait que l’on assemble des caractères en reliefs sur un support qui, revêtu d’encre, sera pressé sur une feuille de parchemin ou de papier, pour reproduire le texte beaucoup plus rapidement qu’en le recopiant à la main.



G. Disquettes et CD Rom

Surprenant ? Pourtant il me semble que les supports informatiques qui ont fait leur apparition ces dernières années donnent de nouvelles possibilités d’utilisation de l’écrit, dont l’avenir seul nous dira si leur importance sera de même ampleur que l’invention de l’alphabet qui a permis à Moïse d’écrire son texte ou de l’imprimerie qui Testez vos connaissances des versets bibliques



Le Deutéronome

- chapitre 1 -



Comparer avec Darby

Comparer avec David Martin

Comparer avec Ostervald

Comparer avec Abbé Crampon

Comparer avec King James





Version Louis Segond

1 Voici les paroles que Moïse adressa à tout Israël, de l'autre côté du Jourdain, dans le désert, dans la plaine, vis-à-vis de Suph, entre Paran, Tophel, Laban, Hatséroth et Di Zahab.

2 Il y a onze journées depuis Horeb, par le chemin de la montagne de Séir, jusqu'à Kadès Barnéa.

3 Dans la quarantième année, au onzième mois, le premier du mois, Moïse parla aux enfants d'Israël selon tout ce que l'Éternel lui avait ordonné de leur dire.

4 C'était après qu'il eut battu Sihon, roi des Amoréens, qui habitait à Hesbon, et Og, roi de Basan, qui habitait à Aschtaroth et à Édréi.

5 De l'autre côté du Jourdain, dans le pays de Moab, Moïse commença à expliquer cette loi, et dit :

6 L'Éternel, notre Dieu, nous a parlé à Horeb, en disant : Vous avez assez demeuré dans cette montagne.

7 Tournez-vous, et partez ; allez à la montagne des Amoréens et dans tout le voisinage, dans la plaine, sur la montagne, dans la vallée, dans le midi, sur la côte de la mer, au pays des Cananéens et au Liban, jusqu'au grand fleuve, au fleuve d'Euphrate.

8 Voyez, j'ai mis le pays devant vous ; allez, et prenez possession du pays que l'Éternel a juré à vos pères, Abraham, Isaac et Jacob, de donner à eux et à leur postérité après eux.

9 Dans ce temps-là, je vous dis : Je ne puis pas, à moi seul, vous porter.

10 L'Éternel, votre Dieu, vous a multipliés, et vous êtes aujourd'hui aussi nombreux que les étoiles du ciel.

11 Que l'Éternel, le Dieu de vos pères, vous augmente mille fois autant, et qu'il vous bénisse comme il vous l'a promis !

12 Comment porterais-je, à moi seul, votre charge, votre fardeau et vos contestations ?

13 Prenez dans vos tribus des hommes sages, intelligents et connus, et je les mettrai à votre tête.

14 Vous me répondîtes, en disant : Ce que tu proposes de faire est une bonne chose.

15 Je pris alors les chefs de vos tribus, des hommes sages et connus, et je les mis à votre tête comme chefs de mille, chefs de cent, chefs de cinquante, et chefs de dix, et comme ayant autorité dans vos tribus.

16 Je donnai, dans le même temps, cet ordre à vos juges : Écoutez vos frères, et jugez selon la justice les différends de chacun avec son frère ou avec l'étranger.

17 Vous n'aurez point égard à l'apparence des personnes dans vos jugements ; vous écouterez le petit comme le grand ; vous ne craindrez aucun homme, car c'est Dieu qui rend la justice. Et lorsque vous trouverez une cause trop difficile, vous la porterez devant moi, pour que je l'entende.

18 C'est ainsi que je vous prescrivis, dans ce temps-là, tout ce que vous aviez à faire.

19 Nous partîmes d'Horeb, et nous parcourûmes en entier ce grand et affreux désert que vous avez vu ; nous prîmes le chemin de la montagne des Amoréens, comme l'Éternel, notre Dieu, nous l'avait ordonné, et nous arrivâmes à Kadès Barnéa.

20 Je vous dis : Vous êtes arrivés à la montagne des Amoréens, que l'Éternel, notre Dieu, nous donne.

21 Vois, l'Éternel, ton Dieu, met le pays devant toi ; monte, prends-en possession, comme te l'a dit l'Éternel, le Dieu de tes pères ; ne crains point, et ne t'effraie point.

22 Vous vous approchâtes tous de moi, et vous dîtes : Envoyons des hommes devant nous, pour explorer le pays, et pour nous faire un rapport sur le chemin par lequel nous y monterons et sur les villes où nous arriverons.

23 Cet avis me parut bon ; et je pris douze hommes parmi vous, un homme par tribu.

24 Ils partirent, traversèrent la montagne, et arrivèrent jusqu'à la vallée d'Eschcol, qu'ils explorèrent.

25 Ils prirent dans leurs mains des fruits du pays, et nous les présentèrent ; ils nous firent un rapport, et dirent : C'est un bon pays, que l'Éternel, notre Dieu, nous donne.

26 Mais vous ne voulûtes point y monter, et vous fûtes rebelles à l'ordre de l'Éternel, votre Dieu.

27 Vous murmurâtes dans vos tentes, et vous dîtes : C'est parce que l'Éternel nous hait, qu'il nous a fait sortir du pays d'Égypte, afin de nous livrer entre les mains des Amoréens et de nous détruire.

28 Où monterions-nous ? Nos frères nous ont fait perdre courage, en disant : C'est un peuple plus grand et de plus haute taille que nous ; ce sont des villes grandes et fortifiées jusqu'au ciel ; nous y avons même vu des enfants d'Anak.

29 Je vous dis : Ne vous épouvantez pas, et n'ayez pas peur d'eux.

30 L'Éternel, votre Dieu, qui marche devant vous, combattra lui-même pour vous, selon tout ce qu'il a fait pour vous sous vos yeux en Égypte,

31 puis au désert, où tu as vu que l'Éternel, ton Dieu, t'a porté comme un homme porte son fils, pendant toute la route que vous avez faite jusqu'à votre arrivée en ce lieu.

32 Malgré cela, vous n'eûtes point confiance en l'Éternel, votre Dieu,

33 qui allait devant vous sur la route pour vous chercher un lieu de campement, la nuit dans un feu afin de vous montrer le chemin où vous deviez marcher, et le jour dans une nuée.

34 L'Éternel entendit le bruit de vos paroles. Il s'irrita, et jura, en disant :

35 Aucun des hommes de cette génération méchante ne verra le bon pays que j'ai juré de donner à vos pères,

36 excepté Caleb, fils de Jephunné ; il le verra, lui, et je donnerai à lui et à ses enfants le pays sur lequel il a marché, parce qu'il a pleinement suivi la voie de l'Éternel.

37 L'Éternel s'irrita aussi contre moi, à cause de vous, et il dit : Toi non plus, tu n'y entreras point.

38 Josué, fils de Nun, ton serviteur, y entrera ; fortifie-le, car c'est lui qui mettra Israël en possession de ce pays.

39 Et vos petits enfants, dont vous avez dit : Ils deviendront une proie ! et vos fils, qui ne connaissent aujourd'hui ni le bien ni le mal, ce sont eux qui y entreront, c'est à eux que je le donnerai, et ce sont eux qui le posséderont.

40 Mais vous, tournez-vous, et partez pour le désert, dans la direction de la mer Rouge.

41 Vous répondîtes, en me disant : Nous avons péché contre l'Éternel ; nous monterons et nous combattrons, comme l'Éternel, notre Dieu, nous l'a ordonné. Et vous ceignîtes chacun vos armes, et vous fîtes le projet téméraire de monter à la montagne.

42 L'Éternel me dit : Dis-leur : Ne montez pas et ne combattez pas, car je ne suis pas au milieu de vous ; ne vous faites pas battre par vos ennemis.

43 Je vous parlai, mais vous n'écoutâtes point ; vous fûtes rebelles à l'ordre de l'Éternel, et vous montâtes audacieusement à la montagne.

44 Alors les Amoréens, qui habitent cette montagne, sortirent à votre rencontre, et vous poursuivirent comme font les abeilles ; ils vous battirent en Séir, jusqu'à Horma.

45 A votre retour, vous pleurâtes devant l'Éternel ; mais l'Éternel n'écouta point votre voix, et ne vous prêta point l'oreille.

46 Vous restâtes à Kadès, où le temps que vous y avez passé fut de longue durée. Première observation :Wikipedia

Le 15 janvier 2001, Larry Sanger, Ben Kovitz et Jimbo Welsh lancèrent un projet qui visait à créer une encyclopédie à laquelle chacun pourrait accéder librement et gratuitement, dont chacun pourrait réutiliser et modifier les articles pourvu que les articles modifiés restent eux-mêmes librement accessibles, utilisables et modifiables. L’outil de production de cette encyclopédie était un Wiki, c’est-à-dire un logiciel permettant à n’importe qui d’éditer n’importe laquelle de ses pages (articles) avec un simple navigateur Web.Vous avez bien lu : n’importe qui ayant accès à la Toile peut à n’importe quel moment changer le contenu de n’importe lequel des articles de cette encyclopédie. Un observateur terrien de cette activité, Clay Shirky, a reconnu dans son article « Les logiciels sociaux et la politique des groupes » que, même parmi les promoteurs de la coopération informationnelle, bien peu croyaient qu’une approche ouverte à tous, sans aucun contrôle éditorial a priori, pouvait aboutir à autre chose qu’à un chaos destructif.Trois ans et demi plus tard, la version anglaise de l’encyclopédie comporte 370 140 articles, et Wikipedia [2] existe dans plus de 80 langues, dont 18 comportent plus de 10 000 articles, le total dépassant aujourd’hui le million d’articles. La version française en comporte près de 60 000, en augmentation rapide. La vision dynamique du progrès du projet est encore plus impressionnante : passé une certaine masse critique d’articles et d’usagers dans une langue donnée, la qualité des articles augmente rapidement. Pour un exemple d’article abouti, on pourra consulter notamment l’article « Clavecin [3] » de la version française.



Comment Wikipedia peut-il fonctionner et aboutir à un tel succès ? En libérant la capacité créative de dizaines de milliers de contributeurs, et en permettant à cette capacité de s’exercer à petites doses, incrémentalement. Et aussi en s’assurant, ce qui est tout le génie de la conception technique des Wikis et de la mise en œuvre qu’en fait Wikipedia, que cela prenne au moins autant de temps de détruire que de créer, et que les destructions soient réversibles. Wikipedia met en action des dispositifs de sécurité, mais ils ne s’exercent que contre ceux qui voudraient modifier de très nombreuses pages à la fois, ce qui ne saurait être le cas d’un contributeur bien intentionné. C’est seulement pour quelques endroits « critiques », telle la page d’accueil du projet, qu’il a été nécessaire d’introduire des principes de modération (soumission de la demande de changement à l’équipe éditoriale). Comme la plupart des projets de coopération informationnelle libre,Wikipedia possède de nombreux dispositifs pour alimenter la coopération, lui permettre de progresser vers des buts partagés : listes de discussions entre contributeurs, historiques, métaprojets de coordination linguistique, projets satellites sur les synonymes, les citations, et surtout ce que Clay Shirky appelle la « Constitution commune » du projet, l’énoncé de ses buts et de ses règles.



Voilà notre observateur intergalactique fort étonné. En général, on ne l’envoie pas aussi loin pour constater que tout va bien. Il poursuit donc ses observations, et en voici bientôt une seconde, qui paraît difficile à concilier avec la première.



Deuxième observation : les multinationales de l’information en guerre contre leurs clients

Sous le titre « Le patron de Vivendi va prendre la tête de la guerre contre le piratage », le Financial Times rapporte que, le 12 octobre 2004, Jean- René Fourtou, PDG de Vivendi-Universal et président de l’International Chamber of Commerce, s’est adressé, aux Nations unies, à un parterre de dirigeants de multinationales pharmaceutiques, pétrochimiques, du logiciel et des biens de consommation. Il a annoncé une offensive industrielle mondiale contre le piratage intellectuel, appelant les dirigeants d’entreprise à s’unir dans cette guerre. Le même jour, selon une dépêche de l’Associated Press, un groupe de travail fédéral américain a recommandé de donner de nouveaux pouvoirs d’enquête et de police à ceux qui combattent le « vol de propriété intellectuelle », allant de la contrefaçon de médicaments à l’échange de musique sur Internet. Par exemple, le rapport de ce groupe de travail suggère d’autoriser les écoutes téléphoniques et la surveillance d’Internet, ainsi que d’instituer une obligation pour les fournisseurs d’accès à Internet de donner les noms des usagers accusés d’échanges de contenus soumis à copyright. Rien là de spécifique aux États-Unis : un renforcement similaire des procédures, incluant des mesures de saisie préventive des biens et avoirs des personnes accusées, est prévu dans la directive européenne « Respect des droits de propriété intellectuelle » adoptée le 29 avril 2004.



Les Terriens semblent ne pas s’étonner que l’on traite avec les mêmes instruments juridiques et de police la copie industrielle de produits physiques et l’échange d’information sans but lucratif par les individus. Ils ne paraissent pas s’étonner non plus d’une coalition mondiale de grands patrons s’organisant pour mener un lobbying conjoint auprès des gouvernements de 80 pays et cédant à la frénésie de la guerre préventive au point d’en lancer une contre leurs propres clients.



Les deux mondes

Redevenons simples Terriens. Cette coexistence de phénomènes apparemment si disparates qui touchent la production et les échanges d’information est-elle anecdotique ? Résulte-t-elle d’une sélection un peu aléatoire effectuée par notre observateur intergalactique ? Il n’en est rien. On trouvera plus bas deux tableaux. Le premier liste quelques coopérations informationnelles qui nous donnent de nouveaux outils techniques, de nouveaux médias, de nouvelles connaissances partagées et réalisations scientifiques, de nouvelles coordinations entre promoteurs d’une vision de l’intérêt général. Le second n’est qu’un extrait de la longue liste de tensions résultant de l’appropriation forcenée de l’information et des connaissances par des acteurs économiques.



Tout se passe comme si deux mondes habitaient une seule planète, y traçant des routes complètement différentes.



Dans le premier, des programmeurs [4] de logiciels libres distribués dans le monde entier créent, sans recours aux transactions monétaires, des réalisations techniques plus complexes que ce dont l’humanité a pu rêver jusqu’à il y a peu. Le partage des goûts et des créations réinvente la diversité culturelle autant qu’il la brasse. L’usage des technologies de l’information et de la communication, du courrier électronique aux listes de discussion, des sites Web coopératifs à la mise en réseaux d’informations mutualisées, favorise l’apparition de nouvelles solidarités mondiales et locales.L’émergence de ressources et d’outils partagés pour l’information, par la preuve qu’elle apporte des bénéfices de la coopération et de la solidarité, renforce l’idée qu’il existe des biens communs porteurs d’avenir. Les acteurs de ces domaines s’allient à ceux qui combattent pour préserver les biens publics mondiaux fragiles de la sphère physique (eau, air, climat, environnement). Les solidarités sociales s’enhardissent et se donnent les moyens du contrôle qualitatif des formes d’échange et de production, valorisant dans un même mouvement le commerce équitable, les économies d’énergie et le partage des connaissances. Elles explorent de nouveaux moyens de doter de ressources suffisantes les biens publics sociaux (éducation, santé, revenus pour tous). Une nouvelle ère du politique s’ouvre, qui s’appuie sur l’État à toutes ses échelles et sur les institutions internationales sans avoir besoin qu’ils contrôlent la vie sociale dans le détail.



Dans le second monde, des multinationales produisent des contenus standardisés (films, produits de marque, formats d’émissions télévisées) qu’elles déclinent en versions « localisées ». Elles consacrent des sommes gigantesques à les promouvoir auprès de ceux qui sont assez riches pour se les payer, ou pour que leur attention soit vendue aux annonceurs publicitaires. Elles défendent leurs monopoles par de multiples murs de propriété : brevets, droits d’auteur patrimoniaux dont la mise en œuvre est maintenant assurée par la technique et la surveillance, à un moindre degré, marques. Les mécanismes complexes des transactions liées aux licences de brevets et de copyright leur permettent d’échapper aux prélèvements fiscaux. Dans ce monde, nous devenons les terminaux de la musique que nous écoutons, de médias qui ne nous permettent plus de distinguer mise en scène et réalité. Des campagnes d’information gouvernementales nous invitent à adopter une alimentation saine, alors que pour l’immense majorité de la population ni l’offre du supermarché du coin, ni les messages publicitaires généraux, ni les contraintes de temps ne permettent d’adopter ces comportements. Dans ce monde, nous sommes les cibles de médicaments -bientôt personnalisés génétiquement- que nous consommons, les logiciels nous utilisent plus que nous ne les utilisons, et nous éprouvons leurs mises à jour comme autant d’épreuves non choisies. Les marges de profit inimaginables des industries qui possèdent des monopoles sur l’information transforment l’économie physique en une dépendance subissant en permanence la pression de la maximisation des revenus financiers. Les territoires, les travailleurs, y sont jetables, ou reconfigurables à merci. Dans les marges de ce monde, ceux qui ne réunissent pas les conditions de revenu ou de socialisation pour être des terminaux rentables survivent de débrouilles aux franges de la légalité et des miettes de systèmes de solidarité privés de leurs ressources. La criminalité organisée prospère sur la déconnexion entre prix et coûts de production [5], qui lui permet de transformer la contrefaçon en industrie utilisant les mêmes circuits que les multinationales. Ceux qui disposent du confort nécessaire tentent d’échapper à la perte de sens qui résulte de tous ces mécanismes par le repli sur soi et la reconstruction d’un environnement protégé dans une sphère privée.



Aperçu

Notre présent est gros de ces deux mondes. Ils l’habitent l’un comme l’autre, mais leur cohabitation est si tendue, si explosive, que l’heure des bifurcations arrive. Dans les quelques années qui viennent, nous allons prendre des décisions qui détermineront de façon irréversible lequel de ces deux mondes va dominer notre avenir. Mais d’où viennent ces deux mondes ? Une cause commune les a mis en mouvement. La naissance de techniques permettant d’extraire l’information, de la créer, de la transformer, de lui donner forme, de l’échanger, de reconnaître des éléments d’information dans ce qui paraissait autrefois simple agencement de matière ou mystérieux phénomènes du vivant, constitue cette cause commune. On a tant parlé d’information, d’économie de l’information, des techniques d’information et de communication, que plus d’un lecteur doit les avoir rangées parmi ces concepts vagues qui vivent ce que vivent les modes intellectuelles. Pourtant, il est aujourd’hui possible de quitter le terrain des invocations pour vraiment comprendre en quoi l’information et ses techniques sont une transformation majeure des civilisations humaines, et comment la collision entre leur naissance et les mécanismes antérieurs de l’économie monétaire et des régimes de propriété nous précipite dans ces mondes contradictoires.



Le chapitre 2 fait vivre les révolutions techniques, sociales et intellectuelles qui ont permis l’émergence de l’information et de ses techniques. Plus encore, il explicite en quoi leurs propriétés fondamentales peuvent rendre possibles à la fois de nouvelles formes de coopération et de développement humain, et une immense concentration de la puissance chez ceux qui parviennent à s’approprier l’information ou à contrôler son usage. Les commentateurs se sont pour l’instant centrés sur des propriétés de l’information qui n’expliquent qu’une petite part de ses effets. Ils insistent sur la possibilité de réplication parfaite et tendanciellement gratuite de l’information, et, par là, de ce qu’elle représente. Ces phénomènes, plus anciens qu’on ne le pense, sont bien sûr importants, mais ils ne prennent tout leur sens que si on y ajoute la capacité humaine de créer, échanger, partager, représenter, qui est la vraie spécificité de l’ère de l’informatique et des réseaux. L’informatique autorise de nouvelles façons de penser, de percevoir, de présenter ce que nous élaborons. Les réseaux, lorsqu’ils sont construits pour que chacun puisse y être acteur, rendent possibles de nouvelles façons de coopérer, de partager et de produire tout ce qui relève de l’immatériel, de la culture aux savoirs.



Le chapitre 3 fait le récit d’une tragédie clandestine qui a bouleversé en trente ans l’équilibre de nos sociétés, de l’économie et de notre planète : la montée d’une folie de l’appropriation de l’information, et le fait que cette folie a longtemps masqué les promesses des nouveaux modes de coopération et de création technique, artistique ou simplement sociale. Avant que les bénéfices des nouvelles formes de coopération ne s’imposent, nous vivons une période dans laquelle ce sont des mécanismes de propriété (brevets, droits d’auteur patrimoniaux) et de contrôle centralisé par de grandes firmes qui s’emparent des techniques informationnelles. Ces industries de la propriété informationnelle paraissent très différentes les unes des autres, puisqu’elles peuvent produire des semences agricoles tout comme des logiciels, des films ou des émissions télévisées tout comme des médicaments biotechnologiques, ou même distribuer des biens physiques comme les vêtements, auxquels s’ajoute un « surplus informationnel » à travers les marques. Mais elles ont en commun de s’être fait décerner des monopoles pour une activité très peu coûteuse bien qu’étant essentielle : la reproduction de l’information contenue dans leurs produits. Comme ces monopoles sont fragiles, puisqu’il est souvent difficile de contrôler leur application, elles les complètent par le contrôle des canaux de production et de distribution, par des mesures de police et de surveillance. Ces mêmes acteurs industriels tentent d’imposer des modèles de consommation synchronisée de leurs produits par une promotion effrénée, toujours plus envahissante dans l’espace public et la vie privée.



Tout cela ne serait qu’anecdote si ces acteurs pouvaient espérer imposer leur modèle sans détruire le précieux potentiel de la révolution informationnelle. Car, en parallèle avec la folie de la propriété, un nouveau continent apparaît : celui des biens communs informationnels, des créations qui appartiennent à tous parce qu’elles n’appartiennent à personne. Ce continent est celui des logiciels libres, de la science ouverte, des encyclopédies libres, de nouvelles formes artistiques, des médias coopératifs où chacun contribue à créer l’information et à la commenter. C’est le continent du partage et de la démultiplication des connaissances, mais aussi celui de la coopération politique mondiale des acteurs sociétaux préoccupés d’intérêt général. Comme lors de tout changement aussi radical, les nouvelles capacités sont immatures, fragiles, susceptibles d’être perverties ou détournées de leur potentiel. Elles réclament toute notre attention, et ne montreront leur plein potentiel que dans la durée. Mais dès à présent leurs réalisations esquissent de nouvelles sociétés de l’abondance, économes de leurs ressources physiques, mais riches de toute la créativité des êtres humains. Que peut alors le commerce de la rareté au milieu de la création de l’abondance ? Que peut la promotion à un instant donné de 40 titres musicaux au milieu de l’accessibilité de centaines de milliers de créations ? Que peut la propriété au milieu de biens communs qui prennent plus de valeur chaque fois qu’un nouvel être humain se les approprie ? Les colosses aux pieds d’argile qui vivent de la capitalisation de la propriété intellectuelle ne peuvent tolérer cette concurrence des biens communs. Ils ont entrepris de tout assécher autour d’eux. Alors qu’ils ne représentent qu’une petite part de l’économie, et une bien plus petite encore de l’univers social et humain, ils entendent qu’on transforme le reste en désert, ou tout au moins en ghetto toujours rétréci, en exception que leurs idéologues décrivent comme anomalie.



La définition de ce que nous partageons et de ce que nous faisons objet de propriété devient alors un enjeu essentiel. Le chapitre 4 s’efforce de construire les fondations solides d’une philosophie en la matière. Il s’inspire largement des penseurs américains des biens communs, en situant leur apport dans un projet social et politique plus global. On y propose de revenir aux sources des droits positifs, de ces droits de chacun d’entre nous qui sont constitutifs de la possibilité d’exister socialement, de notre relation aux autres et de notre capacité collective à ressaisir les fils de notre destin.



Le chapitre 5 parcourt la dimension planétaire des tensions entre propriété et biens communs. Il démonte la stratégie qui a participé à la mondialisation de la propriété, et rappelle ses désastreux effets sur les systèmes de santé publique, d’éducation, et plus généralement de développement des pays du tiers-monde. Surtout, il montre comment la promotion mondiale des biens communs est le fil d’une nouvelle coalition entre associations d’intérêt général, intellectuels, scientifiques et acteurs des pays du Sud. Cette coalition remporte ses premières victoires, mais elle se heurte toujours à une résistance obtuse des gouvernements du Nord, qui s’identifient aux groupes d’intérêts de la propriété en proportion de leur puissance, même lorsque cette puissance mine chaque jour davantage les ressources de l’action publique. Cette coalition mondiale pour les biens communs, aussi fragile soitelle, est la plus précieuse. Bien loin des mirages du tiers-mondisme à l’ère des décolonisations, c’est une coalition qui reconnaît et travaille la complexité, qui esquisse la naissance d’un « public » mondial, vigilant acteur du destin de notre petite planète.



Au cœur de la difficulté à ressaisir notre destin à l’ère de l’information se trouve la question de l’articulation des activités informationnelles avec l’économie physique et monétaire. Le chapitre 6 est tout entier consacré à cette question. On y propose d’évaluer la faillite des instruments de mesure que nous ont légués cent cinquante ans d’économisme. On y montre que la création informationnelle mérite d’être pensée comme un nouveau mode de production, irréductible aux marchés, à la propriété et aux contrats. On y esquisse les articulations possibles entre l’économie, la gestion des ressources physiques et ce nouveau mode de production, qui implique de laisser vivre la sphère informationnelle comme un écosystème humain, affranchi de l’économique, financé par lui à un niveau global, et contribuant à son renouveau.



Enfin, le lecteur trouvera dans ce livre et dans sa conclusion quelques propositions concrètes. Une coalition comme celle que je propose vaut ce que valent ses priorités. En voici quelques-unes : redéfinir les arbitrages fondamentaux entre biens communs et propriété. Soutenir les coopérations informationnelles, mûrir les techniques qui les permettent... et notre rapport à ces techniques. Reconquérir le temps humain, victime d’une immense prédation par la télévision, et reconstruire l’équilibre de notre usage de ce temps, notamment entre activités informationnelles et activités physiques. Réformer la fiscalité, en commençant par celle qui s’applique aux titres de propriété intellectuelle. Aider les industries de l’économie physique à retrouver un développement respectueux de la planète et des droits sociaux en les affranchissant de la concurrence absurde des taux de profit des industries de la propriété. Construire de nouvelles alliances entre acteurs sociétaux et États.



Ces choix sont rendus plus urgents par un contexte international qui voit l’exercice de la puissance politique et militaire prendre des formes inédites. Notre temps semble laisser peu d’espace pour que de nouvelles constructions fleurissent entre une domination sauvage et mensongère, agitant des menaces réelles qu’elle renforce sans cesse, et la barbarie régressive des fondamentalismes qui lui sert de justification et lui répond inévitablement. Des commentateurs comme Emmanuel Todd ont proposé une vision « optimiste » de l’évolution future des fondamentalismes. Leur irruption s’expliquerait notamment par le désarroi créé chez certains par le progrès indiscutable de l’alphabétisation, du contrôle des naissances, bref, de libertés dont nous ne pouvons que nous réjouir, et qui participent du premier monde, celui des échanges informationnels et de la coopération. Que l’on soit d’accord ou non avec cette explication, l’optimisme qui l’accompagne ne peut être justifié que si le chemin vers ce premier monde est maintenu ouvert, travaillé et construit pour tous.



L’irruption de la violence est liée aux mutations informationnelles d’un autre point de vue : qu’auraient été Bush et Blair sans Murdoch ? Que seraient les fondamentalismes sans la caisse de résonance d’Al-Jazira [6] ou l’amplificateur de Clear Channel ? À l’opposé, l’apparition des acteurs du capitalisme informationnel n’est pas plus indépendante du politique : que seraient Microsoft, Sanofi-Aventis, Monsanto, Pfizer, Vivendi-Universal ou Bayer Crop sans la complaisance avec laquelle les politiques se croient obligés de défendre et d’étendre leurs intérêts ? Cependant, bien que liés, les deux phénomènes ne doivent pas être confondus. Parmi ceux qui entendent refermer les portes de la propriété sur l’émergence des biens communs, on trouve certes des néoconservateurs cyniques qui entendent construire un nouvel instrument de domination. Mais on y compte aussi des sociaux-démocrates déboussolés qui minent chaque jour un peu plus la base de la justice qu’ils aimeraient construire en offrant aux industriels supposés produire la richesse à distribuer de nouveaux moyens d’échapper aux pesanteurs du social et de l’humain.



Progressivement, les acteurs mondiaux des biens communs deviennent conscients d’eux-mêmes et créent les médiations de nouvelles solidarités humaines. Ils se coalisent pour affirmer la légitimité de leur projet, et pour résister à ce qui veut le détruire. Ils esquissent des figures novatrices de l’État, garant de leur existence et organisateur de ses conditions, et proposent de nouvelles formes de l’économie, bénéficiant de l’existence des biens communs et se développant de façon compatible avec leur nature. Il est temps d’y prêter l’oreille et d’y donner un sérieux coup de main. La floraison viendra, et lorsqu’elle viendra elle aura, comme la victoire, beaucoup de parents et beaucoup d’amis, mais il vaudrait mieux qu’elle vienne avant que la barbarie - même si elle n’est qu’un hoquet momentané - ne se soit encore étendue.



La tension résultant des symptômes contradictoires décrits dans ce chapitre explique la grande confusion qui entoure ces sujets. Cette tension s’exprime en chacun d’entre nous. Ainsi les individus sont-ils à la fois soumis aux effets d’extériorité à eux-mêmes, de mise en scène déréalisante, liés aux médias centralisés, et rendus plus capables de construire des représentations, de les faire circuler. Selon que le contexte social et technique sera favorable à une appropriation constructive et éthique ou au contraire perverse et compensatoire, il en résultera des comportements qui nous apparaissent comme radicalement opposés. Pourtant, c’est bien un même univers qui nous donne l’horreur devant les photographies de tortures dans les prisons en Irak ou, reflet monstrueux, la mise en scène de l’exécution d’un otage américain, et l’émerveillement devant les nouvelles formes de coopération et d’expression.



Démêler un tel écheveau et cerner les voies de l’action possible afin d’influer sur son avenir mérite bien un petit voyage pour explorer ses racines.Discours Université d'été des Jeunes Populaires - Marseille 1,2 et 3 septembre 2006



Nicolas Sarkozy,

Président de l’Union pour un Mouvement Populaire



A vous voir si nombreux, je n'ai qu'un mot à la bouche pour exprimer mon émotion ce matin mais, chacun doit le comprendre, c'est vraiment du fond du cœur que je veux vous le dire : merci !



Longtemps j'ai réfléchi à ce que la politique avait à dire à la jeunesse.

Longtemps je me suis demandé comment il fallait parler en tant qu’homme politique à une jeunesse qui a cessé d’écouter les hommes politiques et surtout de leur faire confiance.



Si elle ne les écoute pas c'est parce qu’elle ne les comprend pas.

Si elle ne leur fait plus confiance c'est parce qu’elle a le sentiment qu'elle a souvent été trahie.

C'est conscient de cette réalité que j'ai appelé à une rupture dans nos comportements, dans nos méthodes, dans notre façon d'appréhender le débat d'idées. Aujourd'hui je persiste et je signe : la rupture est nécessaire.



Toute jeunesse a quelque chose à prouver. Elle a besoin de croire qu’elle peut transformer le monde. Elle a besoin d’imaginer que tout est possible.

Elle rejettera la classe politique si celle-ci continue à répéter : « je n’y peux rien ».

Elle condamnera une politique qui prétendra construire le monde de demain avec les idées d’hier.



Je veux une politique qui rende possible ce qui est nécessaire. Je veux tourner le dos à une politique qui explique que ce qui est nécessaire est impossible.



Cette fascination pour la fatalité coupe les ailes de la jeunesse.

Mais en coupant les ailes de la jeunesse, chacun doit être conscient que l’on coupe les ailes à la société tout entière. Car dans un monde où les rêves de la jeunesse ne se réalisent jamais, les portes de l’avenir se ferment pour tous, quel que soit leur âge.

C’est quand la jeunesse commence à devenir une espérance que l’histoire cesse d’être un recommencement pour devenir une invention. C’est quand les hommes de la Renaissance se sont mis à croire que tout était possible que tout a pu changer. La Renaissance s’est laissée alors porter par les rêves de la jeunesse.



Jeune, j'ai été ému par la prière de Michel-Ange : « Seigneur accordez-moi la grâce de toujours désirer plus que je ne peux accomplir ». C'est ce que je veux souhaiter à chacun de vous, que dans vos vies vous gardiez toujours l'envie de vous surpasser, le désir de réaliser, la volonté de faire de votre existence quelque chose de grand et de fort. L’histoire nous enseigne que c’est de l'imagination fiévreuse de la jeunesse que sont sorties toutes les grandes révolutions des temps modernes.



La Révolution Française a été accomplie par des jeunes gens. Les fédérés marseillais qui montaient à Paris en 1792 n’avaient pas 20 ans pour la majorité d’entre eux. Les soldats de l’An II n'étaient pas plus vieux et ils étaient commandés par des généraux de 25 ans. Après avoir été les héros de Valmy, de Jemmapes et de Fleurus, ils eurent l'énergie d'être encore les acteurs d’Austerlitz, d’Iéna et d’Eylau…

Quand la Révolution fut terminée, quand Napoléon eut cessé « de faire ses plans de bataille avec les songes de ses soldats endormis », leurs enfants s’éveillèrent de leurs rêves de gloire et de conquête. « Alors s’assit sur un monde en ruines une jeunesse soucieuse ». Elle se releva pour inventer le romantisme, la peinture moderne, la révolution industrielle.

Quand le XXe siècle s’ouvrit ce furent encore des poètes et des peintres de 20 ans et des savants de 26 ans qui refirent le monde.



En 14-18 la jeunesse française fut héroïque. Sur 1,3 million de morts un tiers avaient moins de 30 ans. En 18 on mobilisa les jeunes Français à 18 ans.

Après l’armistice, une fois de plus assise sur un monde en ruines, cette jeunesse meurtrie, à peine sortie du massacre était convaincue que le monde était absurde et que l’homme était seul. Et pourtant elle aussi sut se relever. Elle fit jaillir de sa souffrance et de son doute le surréalisme, le cubisme. Elle échoua hélas à faire mettre la guerre hors-la-loi.



En 40 les premiers résistants avaient à peine 16 ans. Les cinq martyrs du lycée Buffon avaient entre 15 et 18 ans quand ils furent assassinés par l’occupant. Guy Môquet 17 ans et demi quand il fut fusillé. Il écrivit à ses parents avant de mourir : « J’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c’est que ma mort serve à quelque chose. 17 ans et demi… Ma vie a été courte ! Je n’ai aucun regret si ce n’est de vous quitter tous ». On peut être grand quand on a 17 ans…

Ses camarades gravèrent sur les murs de leur cellule « nous vaincrons quand même ».

La jeunesse ne doit jamais s'avouer vaincue…



Cette génération de la Résistance, rescapée des camps et des maquis, dont l’épreuve avait décuplé l’ardeur, voulut réussir là où ses pères et ses grands-pères avaient échoué.

De l’âme blessée de cette jeunesse, de son innocence perdue d’avoir vu de si près la mort et la barbarie, de ses mains encore tremblantes d’avoir tenu les armes, jaillit la reconstruction, les Trente Glorieuses, la décolonisation, l’Europe, et la sécurité sociale. La jeunesse peut être invincible…



Après le drame algérien, sur fond de guerre du Vietnam et de guerre froide une génération nouvelle se leva à son tour. Elle proclama vouloir vivre sans contrainte et jouir sans entrave.

En mai 68, au plus fort de la révolte étudiante, Georges Pompidou avait dit : « je ne vois de précédent dans notre histoire qu’en cette période désespérée que fut le XVe siècle, où s’effondraient les structures du Moyen-Age et où, déjà, les étudiants se révoltaient en Sorbonne… ».



En juin 1969, alors qu’il venait d’être élu Président de la République, il déclarait : « Le monde a besoin d’une Renaissance et aucun de ceux qui détiennent des responsabilités – qu’elles soient politiques, économiques, sociales, intellectuelles ou proprement spirituelles – n’a le droit de penser qu’il n’est pas concerné ».



Le progrès matériel ne suffisait plus à la génération de mai 68. Elle aspirait à l’idéal. Elle y aspirait d’autant plus qu’elle était l'enfant du plein emploi et de la croissance. Elle dilapida l’héritage sans apporter ce supplément d’âme dont elle dénonçait le manque. Elle installa partout, dans la politique, dans l’éducation, dans la société, une inversion des valeurs et une pensée unique dont les jeunes d’aujourd’hui sont les principales victimes.

Au cœur de cette pensée unique qu'ici je veux dénoncer, il y a le jeunisme, cette idéologie qui dit à la jeunesse qu’elle n’a que des droits et que tout lui est dû. C'est faux.



Il y a, dans le même temps, la dévalorisation du travail et le mépris pour les travailleurs. J'ose le mot car il ne m'écorche pas la bouche. J'ai toujours fait du travail une valeur cardinale de ma vie.



Une partie de la gauche a fait sienne cette idéologie du jeunisme et des 35 h forcées. Elle a trahi la gauche de Jaurès et de Blum. Quand Jaurès disait aux lycéens : « Il faut que, par un surcroît d’efforts et par l’exaltation de toutes vos passions nobles, vous amassiez en votre âme des trésors inviolables » c'était le contraire du nivellement prôné par la gauche d’aujourd’hui.



Quand Blum leur disait : « l’émulation scolaire est une forme de l’égalité vraie, qui n’est pas l’uniformité, mais le développement entièrement libre des puissances individuelles » c'était le contraire de l'égalitarisme vanté par la gauche d’aujourd’hui.



La gauche qui a trahi c'est celle, héritière de mai 68, qui demande aux enfants ce qu’ils ont envie d’apprendre, qui dit à l’élève qu’il est l’égal du maître, qui part en guerre contre l’élitisme républicain qui traumatiserait les mauvais élèves, qui explique aux professeurs que pour enseigner les mathématiques à Paul il faut d’abord connaître Paul plutôt que les mathématiques, et qui promet qu’on donnera le bac à tout le monde. Cette gauche là, au final, accepte la pauvreté pour peu qu'il n'y ait que des pauvres, tolère les retards pour peu que personne ne soit à l'heure, s'accommode des injustices si chacun en est également la victime.

Cette société là, je veux le dire clairement, je n'en veux pas.



Je refuse d'expliquer que le niveau de l'enseignement monte alors qu'il n'y a jamais eu autant d'enfants qui ne savent ni lire ni écrire, que la méthode globale est une réussite, que la démocratisation de l’enseignement est un succès. La vérité c'est que les étudiants qui se sont révoltés en mai 68 étaient des enfants gâtés par les 30 glorieuses. Vous êtes les enfants de la crise.

Ils ont vécu sans contraintes. Vous payez aujourd’hui la facture.



Vous voyez le chômage, la précarité, l’exclusion et vous vous posez tant de questions sur votre avenir.

Vous voyez la discrimination, le racisme, l'antisémitisme et vous enragez de voir la patrie des droits de l'homme mettre au 2ème tour d'une présidentielle Jean-Marie Le Pen.

Vous voyez des gens qui dorment sur le trottoir et l’enfant du tiers monde qui meurt de faim. Vous voyez des malheureux qui sur leur pirogue affrontent l'océan pour gagner ce qu'ils croient être la terre promise et qui perdent la vie avant de toucher le rivage. Et vous n'acceptez pas que le monde qui n'a jamais été aussi riche laisse autant de pauvres sans perspective.

Vous voyez la planète saccagée et vous êtes révoltés de voir l'humanité danser sur un volcan.



Au milieu de tant d’espoirs, de rêves et de promesses que vous offre le monde, au milieu de tous les obstacles que la société dresse devant vous et qui vous empêchent de prendre votre élan j'ai conscience que la jeunesse hésite sans cesse entre la joie de vivre et la peur de vivre.

Le jeune internaute qui s’enferme dans son monde virtuel a peur du monde réel comme le jeune qui s’enferme dans son quartier a peur du monde extérieur. Le jeune qui allonge indéfiniment ses études a peur du monde du travail, comme le jeune qui se drogue a peur de lui-même.

Mais on ne peut pas vivre en s’enfermant ou en fuyant.



Je vous demande de m'aider à agir si vous ne voulez pas subir.

Dans la vie il y a les spectateurs et il y a les acteurs. Il y a ceux qui regardent et il y a ceux qui agissent, ceux qui ont des désirs et ceux qui les réalisent.

La France a besoin des rêves et des désirs de sa jeunesse. Mais à quoi servent les rêves inaccomplis ? Désirer une France nouvelle sans être capable de la construire ou bien chercher à la construire sur des utopies comme les trente cinq heures c’est se condamner à l'échec. La France sera réveillée par ceux qui se lèvent tôt, par ceux qui retroussent leurs manches pour réaliser leurs rêves. Oui, il est possible de construire la France dont vous rêvez et je veux la construire avec vous. Nous la construirons ensemble.



Je ne suis pas venu pour proposer le nième plan quinquennal pour la jeunesse.

Je suis venu vous demander d'être l'âme du changement, d'être les acteurs d'une rupture dont je suis certain, qu'au fond de vous-même, vous l'appelez de vos vœux. Je vous demande par dessus tout de recommencer à espérer parce que si nous sommes ensemble, unis, déterminés, tout sera possible.





Vous voulez la vérité ! Cela tombe bien : je refuse le mensonge !



La vérité c’est qu’à vous maintenir indéfiniment dans un état de dépendance et d’assistance, on risque de vous faire perdre l’estime de vous-mêmes.

La vérité c’est qu’on ne rend pas service à la jeunesse en dépréciant l’effort.

On ne rend pas service à la jeunesse en disqualifiant le mérite.

Pourquoi travailler à l’école si la société ne reconnaît pas la valeur du travail ?

Comment croire à la valeur de l’effort si l’école ne l’a pas inculqué ?



On ne rend pas service à la jeunesse en détruisant l’autorité du professeur et la légitimité du savoir.

On ne rend pas service à la jeunesse en l’enfermant dans la « culture jeune » et en lui enseignant qu’il est inutile qu’elle perde son temps avec tout le reste.

On ne rend pas service à l’élève de 4e auquel on demande d’écrire une autre fin au « Cid » comme s’il était le rival de Corneille.

On ne rend pas service à la jeunesse en lui enseignant que tout se vaut.

On ne rend pas service à la jeunesse en lui faisant croire que tout est gratuit.



La vérité c’est que la jeunesse n’excuse pas tout.

La vérité c’est que si la société a des devoirs envers la jeunesse, la jeunesse a aussi des devoirs envers la société, que si la famille a des devoirs vis-à-vis de ses enfants, les enfants ont des devoirs vis-à-vis de leur famille.

La vérité c’est qu’on ment à la jeunesse en l’infantilisant.

Je ne suis pas venu vous proposer de vous aider à rester des enfants. Je suis venu vous proposer de vous donner les moyens de devenir des adultes à part entière.

Je ne suis pas venu vous proposer de construire votre avenir à votre place. Je suis venu vous proposer de construire ensemble une société où chacun recevra selon son mérite et où chacun aura sa chance.

Je ne veux pas briser vos rêves.

Je veux vous donner les moyens de les vivre.

Je veux vous rendre non la certitude d’un avenir tout tracé, mais l’espoir que vous pourrez vivre la vie que vous aurez choisie.

Je veux vous rendre l’espoir que vous pourrez vous construire une vie meilleure, que l'avenir peut cesser d'être une menace pour redevenir une promesse.

Je veux vous redonner ce qu’on vous a fait perdre de plus précieux : l’envie d’avoir envie.

A ceux qui veulent partir, je veux redonner l’envie de rester. A ceux qui sont découragés, je veux redonner l’envie de réussir.

A ceux qui ne veulent plus rien, je veux redonner l’envie de vouloir.

Je veux redonner à chacun l'envie de relever tous les défis.



Aux enseignants je veux dire comme Jules Ferry : « formez des hommes, non de grands enfants ». Je veux leur dire : vous faites un métier formidable, le plus beau, celui qui transmet le savoir -ce métier, vous le faites dans votre immense majorité en vous donnant pleinement à ce qui pour vous est une vocation- vous avez une autorité à reconquérir. L’Etat peut vous y aider mais vous avez le devoir de le vouloir, parce que le rapport du maître à l’élève ne peut pas être un rapport d’égalité, même si l’élève a vocation, un jour, à dépasser le maître.

L’école, dans le primaire et dans le secondaire, ce n’est pas la délibération, ce n’est pas le colloque permanent. L'école c’est la transmission des savoirs, des normes et des valeurs et au premier rang d'entre elles, de celle du respect.



Je veux une école du respect où les élèves se lèvent quand le professeur arrive, où l'élève différent n'est pas victime de la vindicte des autres, où celui qui a eu le moins de chance en aura autant de réussir que celui que la vie a ménagé.

Je veux leur dire aussi que leur mission n’est pas l’intégration à une société qui est de toute façon la leur, mais la préparation à la vie dans cette société, que la partie de la jeunesse qui souffre le plus ne vit pas une crise de l’intégration mais une crise du rapport à soi et du rapport aux autres, une difficulté croissante à vivre en société, à vivre avec soi, même parmi les autres.

Je veux dire aux pédagogues que s’il ne faut pas écraser la personnalité de l’enfant, ni étouffer sa spontanéité, qu’il faut l’encourager à développer toutes ses potentialités, il ne faut pas pour autant renoncer à l’instruire.



Je veux leur dire aussi que si la jeunesse sait d’instinct qu’elle conquiert sa liberté en apprenant à dire non, ce n’est pas une raison pour lui dire toujours oui.

Aux parents, je veux dire qu’ils ont une responsabilité primordiale dans l’éducation de leurs enfants et qu’ils ne peuvent s’en exonérer. Je veux leur dire que la société peut et doit les aider à assumer cette responsabilité. Mais je veux leur dire aussi qu’ils seront tenus pour responsables de ne pas avoir voulu l’assumer.

A ceux qui sont encore à l’école, et qui ont à apprendre.

A ceux qui sont sur le point d’achever leurs études mais qui seront demain les éducateurs de leurs enfants, je veux dire que la vie est un combat. Je veux dire qu’il n’y a d’appropriation d’un héritage culturel que si celui-ci est conquis et pas seulement hérité.

Je veux dire par-dessus tout que tout se mérite, que rien n'est acquis, que rien n'est donné. C'est bien tout cela qui, au final, confère à l'homme sa dignité et sa liberté.



Vous voulez l’égalité ! Je la veux avec vous.



Je veux que la société vous permette de devenir des adultes, des adultes comme les autres, avec les mêmes devoirs mais aussi les mêmes droits, et la même considération, pas des adultes qu’on traite comme des enfants, pas des adultes qu’on met deux ans à l’essai, qu’on peut licencier sans explication, qu’on peut payer avec un demi-SMIC, pas des adultes au rabais mais des adultes à part entière qu’on respecte, dont on reconnaît le talent, la compétence, le travail, à leur juste valeur. Des adultes auxquels leur travail procure de quoi se loger, de quoi vivre, de quoi fonder une famille.

Je veux pour vous les mêmes opportunités quand vous avez fait les mêmes études et ce, quel que soit le quartier d’où vous venez, quelle que soit la consonance de votre nom, ou la couleur de votre peau.

Vous voulez la justice et l’équité entre les générations parce que les générations qui vous ont précédés ont les créances et que vous aurez les dettes.



Je vous propose de relever le défi de la République.



Je suis de ceux qui pensent qu’elle ne fait pas assez de place à la diversité. Je vous propose une République plus respectueuse de la différence. Je ne veux pas d'une République de l'égalitarisme et du nivellement.

Je vous propose une République fondée sur le mérite et où chacun aura sa chance, où l'on ne craindra pas de compenser les handicaps économiques, sociaux, éducatifs par une discrimination positive qui sera l’autre nom du volontarisme républicain ou de l'égalité réelle, et qui témoignera de notre volonté de combattre les injustices.

Dans la République personne ne doit être laissé de côté. Mais il ne peut pas y avoir de solidarité sans contrepartie.

Je vous propose une République où les droits seront la contrepartie des devoirs.

Je vous propose une République qui renouera avec le civisme comme fondement d’une morale partagée et du lien social.

Je vous propose de réinventer la République en créant un service civique par lequel chaque jeune Français entre 18 et 30 ans donnera aux autres 6 mois de son temps. Ce service pourra être effectué en une fois ou fractionné, à temps plein ou à temps partiel, réalisé en France ou à l’étranger, dans toute activité revêtant un caractère d’intérêt général. Faut-il qu’il soit obligatoire ? Ce mot ne me fait pas peur. Je crois qu'après une expérimentation à grande échelle, car l'entreprise est ambitieuse et complexe, il faut qu'il le soit. Il n’y a pas de République sans obligations de chacun envers tous. Il y a dans l’obligation une pédagogie du devoir et une exigence morale qui permettront à la jeunesse de donner le meilleur d’elle-même et qui imposeront à toute la société de faire une place à la jeunesse. Mais dans sa mise en oeuvre cette obligation ne doit pas être un obstacle de plus pour les études ou pour l’entrée dans la vie active. Elle doit être adaptée aux situations, aux parcours, aux aspirations de chacun. Elle doit pour certains être l'occasion d'engager une formation qui a manqué. Elle doit offrir à chacun un enrichissement, une expérience, un moyen de se réaliser, une occasion de s’engager pour une cause qui lui tient à cœur.



Jeunes Français, la République est à vous. La République c’est vous.

Vous la trouvez austère et exigeante, intransigeante parfois, mais vous lui devez beaucoup. En lui donnant un peu de vous-même vous manifesterez votre appartenance à cette communauté d’hommes libres, égaux en droits et en devoirs.

Car la République est l’affaire de tous. Votre pays a besoin de vous. La société a besoin de vous. Soyez au rendez-vous de la France.



Ne vous y trompez pas, sans la République vous n’aurez pas plus de liberté individuelle, pas plus de justice et de démocratie. Vous aurez le communautarisme, la loi des tribus, chacun renvoyé à ses origines ethniques, à sa religion, vous aurez la citoyenneté à géométrie variable, vous n’aurez pas moins d’intolérance mais davantage.

La République n'est pas un choix. Pour chacun de nous, ce doit être une exigence et un devoir.



Avec vous je veux construire la République du 21ème siècle où sera reconnu le droit pour chacun de faire quelque chose de sa vie et non le droit pour tous de se laisser vivre. Pour cela je vous propose cinq droits nouveaux.



Le premier de ces droits est le droit à l’excellence dans l’éducation et la formation.



Vous voulez être libres ! Vous avez raison. Sachez que cette liberté se mérite. L’ignorant ne peut pas être libre.



L'éducation c'est d'abord la famille si fragilisée par la vie moderne, et pourtant si précieuse pour l'enfant par l'amour, par la protection, par la solidarité qu'elle lui offre, par les valeurs qu'elle est la seule à pouvoir transmettre. Dans le désarroi d'une partie de la jeunesse, il y a des familles désemparées qui n'arrivent plus à faire face à l'éducation de leurs enfants. Ces familles, il faut les aider. Il faut aider la jeune mère trop vite sortie de la maternité. Il faut aider les jeunes parents dans ces premières années d'éducation qui vont peser si lourd par la suite. Je propose qu'on fasse faire les devoirs à l'école pour que l'enfant dont les parents travaillent ne soit pas livré à lui-même. Mais le meilleur service que l'on puisse rendre aux familles c'est la qualité de l'école.



Contre l'angoisse des familles qui s'inquiètent pour l'avenir de leurs enfants, contre le nivellement par le bas, contre la dévalorisation des diplômes, je vous propose un projet éducatif fondé sur l’excellence.

Je ne veux pas installer une sélection qui ne serait que le paravent d’une politique malthusienne qui réserverait les études supérieures à une toute petite fraction de la jeunesse. Mais je ne veux pas non plus d'études supérieures qui soient synonymes d'échec, de déqualification et de chômage. Je veux qu'un nombre plus important de jeunes aient accès à l'enseignement supérieur. Mais je veux que ce soit pour accroître leurs chances de réussite.



Oui, je l'assume, je veux relever le niveau d’exigence de sorte que chacun soit incité à l’effort et au dépassement de soi, de sorte aussi, pourquoi ne pas le dire, que ceux qui n’ont pas envie de travailler ne puissent pas empêcher ceux qui veulent étudier de le faire.

Je propose d’en finir avec le passage en 6e d’enfants qui ne savent ni lire ni écrire, car c'est les condamner à un échec certain.

Je propose d’en finir avec le passage automatique dans la classe supérieure jusqu’en 3e des élèves qui n’arrivent pas à suivre, car c'est les condamner à en faire des exclus au sein de notre école républicaine.

Je propose que lorsque les handicaps sont trop lourds on organise des classes de 15 élèves et que soient créés pour les bons élèves issus de familles modestes des internats d’excellence, pour que chacun ait la chance de bénéficier d'un environnement favorable.

Je propose d’en finir avec l’abaissement du niveau du bac pour pouvoir le donner plus facilement à tout le monde.

Je propose d’en finir avec l’obligation pour l’université d’accueillir des étudiants qui ne sont pas suffisamment préparés aux études supérieures, au point que les deux tiers d'entre eux abandonnent avant la fin de la deuxième année. A l'amertume s'ajoute la perte de temps.

Je propose que l’Université reçoive davantage de moyens mais qu’elle soit plus autonome, plus proche du monde de l’entreprise, plus impliquée dans la recherche, qu'elle puisse réguler l’accès à certaines filières dont les débouchés sont faibles, pour qu’enfin tant d’étudiants ne se retrouvent plus engagés dans des voies sans issues.

Je propose de construire ensemble un projet éducatif qui aura pour finalité de faciliter le passage de la jeunesse à l’âge adulte, non de le retarder.

Je veux construire une école qui donne envie d’apprendre.

Je veux construire une école qui renoue avec une conception exigeante de la culture et du savoir.

Je veux construire une école capable d'être le creuset d’une culture commune.

Chacun est libre de mettre ce qu’il veut dans le mot « culture », libre de trouver son plaisir où il l'entend. Je n’ai jamais partagé l’idée selon laquelle la culture populaire serait une sous-culture, la chanson serait un art mineur, et la valeur d’une œuvre d’autant plus grande qu’elle serait ésotérique et confidentielle. Chaque génération invente des formes de pensée, d’art et de culture, des idéaux, des manières de vivre qui lui sont propres. Vous êtes en train d’inventer les vôtres.



Vous êtes la génération de la communication et des marques.

Vous êtes la génération d’internet, du portable, du rap et de la techno.

Nul ne refera le monde d’avant les SMS, les blogs et les jeux vidéo.

Nul ne refera le monde d’avant la société de consommation, d’avant la globalisation.

Mais il faut s’entendre sur le rôle de l’école. L’école n’est pas faite pour apprendre aux jeunes à être jeunes.

L’école est là pour vous donner les moyens de penser par vous-même, pour vous mettre en contact avec les plus grandes œuvres de l’esprit, pour vous apprendre à faire la différence entre Madame Bovary et un compte-rendu de fait-divers dans un journal, entre Antigone et Harry Potter. Après, vous lirez ce que vous voudrez.

La démocratisation de la culture c’est se donner les moyens de faire comprendre et aimer Sophocle, Shakespeare ou Racine au plus grand nombre. Ce n’est pas supprimer Sophocle, Shakespeare ou Racine des programmes pour qu’un plus grand nombre d’élèves puisse suivre plus facilement. Ce n’est pas alléger le programme de mathématiques pour faciliter la vie de ceux qui doivent faire un effort. C’est faire aimer et comprendre les mathématiques même à ceux qu’elles rebutent.

La démocratisation de la culture c’est qu’un nombre de plus en plus grand de jeunes s’engage dans la vie avec dans la tête des notions de science et d’humanité qui leur permettront de se comprendre et de comprendre le monde.

C’est qu’un nombre de plus en plus grand de jeunes affrontent l’existence avec l’esprit ouvert pour accueillir toute la beauté du monde et les moyens d’exprimer ce qu’ils éprouvent.



Les maîtres qui ont enseigné à ma génération nous ont fait un cadeau dont alors nous n’imaginions pas le prix en nous faisant réciter les fables de La Fontaine et quelques vers de Verlaine ou de Victor Hugo.

C’est le drame d’une partie de la jeunesse actuelle de n’avoir pour s’exprimer que la violence ou le repli sur soi parce qu’on ne lui a pas donné la culture.

Vous ne perdrez jamais votre temps avec les grandes œuvres de l’esprit. Elles auront toujours quelque chose à vous inspirer.

Vous ne perdrez jamais votre temps avec les peintres, les poètes et les musiciens parce que les peintres, les poètes et les musiciens vous feront voir la beauté des choses. Ils vous apprendront à exprimer l’indicible.

Vous ne perdrez jamais votre temps avec les savants et les philosophes. Ils vous apprendront à chercher votre vérité.

Mais je veux construire une école qui n’opposera pas le corps et l’esprit et qui ne confondra pas le sport avec l’éducation physique. Je veux construire une école où le sport sera considéré comme une discipline fondamentale parce que le sport est une morale de l’effort et une éthique. Parce que le sport c’est le dépassement de soi et le respect des autres.

Je veux construire une école où la culture technique sera partie intégrante de la culture générale et qui fera découvrir aux élèves les cultures et les métiers de l’artisanat pour que chacun puisse choisir sa voie en fonction de ses goûts et pas seulement à travers la sélection par l’échec. Je veux que l’apprentissage soit une vocation et non un pis aller. Au fond je veux que l’apprentissage devienne une filière d'excellence





Vous voulez trouver un emploi ! C'est une juste revendication. Et ma plus grande ambition c'est que dans 5 ans le taux de chômage soit tombé dans notre pays à 5 %.

Vous voulez vivre de votre travail ! Ce doit être un droit pour chacun.



Alors je vous propose de relever le défi du chômage de la seule façon possible, en revalorisant le travail parce que c’est le travail qui crée le travail. Je vous propose de moins taxer le travail pour enrichir le contenu en emploi de la croissance. Je vous propose de gagner plus si vous travaillez plus. Je vous propose de ne plus payer aucun impôt ni aucune charge sur les heures supplémentaires. Je vous propose d’encourager l’embauche en sécurisant les parcours professionnels plutôt que les emplois, c'est-à-dire en faisant en sorte que chacun ait un emploi, tout en acceptant que l'emploi change.

Je vous propose de remplacer la logique du partage par celle de la croissance, car il faut créer la richesse avant de la distribuer.

Je vous propose de relever le défi de la société de la connaissance.

Dans la société de la connaissance c’est la formation qui fait la compétitivité.

Dans la société de la connaissance c’est le capital humain qui fait la croissance.

Dans la société de la connaissance on ne peut pas s’arrêter d’apprendre.

Dans la société de la connaissance on ne peut pas vivre sur ses acquis.

Dans la société de la connaissance l’inégalité d’accès au savoir est la pire des inégalités.

Dans la société de la connaissance l’égalité des chances c’est donner à chacun tout au long de sa vie l’accès au savoir.



Le deuxième droit nouveau que je vous propose, c’est le droit à l’éducation et à la formation tout au long de la vie.



Je vous propose non un nouveau droit pour la jeunesse, mais un droit pour tous grâce auquel la jeunesse d’aujourd’hui pourra construire le monde de demain.

Je propose que soit reconnu à chacun un droit à l’éducation et à la formation, que chacun reçoive un compte épargne formation c'est-à-dire un capital initial de formation par exemple de 20 années qui s’épuisera au fur et à mesure des années d’études et qui se reconstituera au fur et à mesure que les années d’activité professionnelle amèneront de nouveaux droits.

Je propose que ces droits soient librement transférables, qu’ils soient applicables à tous les types de formation qu’elles soient intellectuelles ou professionnelles, sous forme scolaire, sous forme de stages ou en alternance.

Je propose qu'en même temps que seront améliorées les bourses et les facilités de logement des étudiants, l'on crée pour eux un système de prêt à taux zéro garanti par l'Etat.

Il s’agit d’opérer une véritable révolution culturelle. Il s’agit de changer les mentalités et les comportements. Il s’agit de passer entre la société et les jeunes qui veulent étudier, qui veulent se former, un contrat qui comporte des droits et des devoirs. Le droit à la formation tout au long de la vie va du reste obliger toute la société à une réflexion en profondeur sur l'autonomie de la jeunesse étudiante.



Il faut que soit reconnu un véritable droit à la deuxième chance.

C’est le troisième droit nouveau que je vous propose.

Je propose que soient étendues et multipliées les formules comme le Conservatoire National des Arts et Métiers ou la capacité en droit qui permettent à n’importe quel âge de poursuivre les études supérieures sans le bac. Je propose que le compte épargne formation comporte un volet qui soit un capital deuxième chance. Je propose que soit développé sur une grande échelle le système de l’école de la deuxième chance. Marseille a créé avec succès la première d’entre elles. Le moment est venu de tirer les leçons de cette expérience réussie et de la généraliser avec le soutien de l’Etat. L’objectif devrait être de créer au moins une école de la deuxième chance par département en cinq ans et une par bassin de 100 000 habitants en dix ans.



Le quatrième droit nouveau que je vous propose, c’est le droit à la première expérience professionnelle.



Je propose que chaque jeune puisse utiliser son droit à formation pendant les six premiers mois de sa première expérience professionnelle. Je propose que le service civique obligatoire contribue à rendre effectif ce droit à la première expérience pour tous. Ce droit aura pour contrepartie le devoir pour la société en particulier pour l’Etat, les collectivités locales, les associations qui reçoivent de l’argent public et les entreprises qui bénéficient de la commande publique d’offrir une place à tous les jeunes qui veulent se confronter au monde du travail.



Le cinquième droit nouveau que je vous propose, c’est le droit à la création.



Vous voulez être des créateurs ! Je veux vous donner les moyens de réaliser vos projets parce qu’ils portent en eux le monde de demain. Je vous propose de construire une société de créateurs et d’entrepreneurs.



Je vous propose que chaque université soit dotée d’un dispositif d’aide à la création d’entreprise.

Je vous propose que les projets à buts non lucratifs soient autant soutenus que les projets à buts lucratifs.

Je vous propose que des écoles de projets vous aident à réaliser vos ambitions.

Je vous propose de développer le micro crédit pour financer les micros projets.

Je vous propose des prêts aux jeunes créateurs à taux zéro, parce que l’intérêt c’est le prix du temps, parce qu’un taux zéro c’est un acte de foi dans l’avenir.

Malraux voulait créer partout des Maisons de la culture pour mettre la culture à la portée de chacun. Dans notre époque où c’est l’intelligence collective qui enfante l’avenir, où c’est le métissage des cultures et des idées, le mélange, le brassage qui est la principale force de création dans tous les domaines, je propose de créer partout des Maisons des créateurs où se retrouveront tous ceux qui aspirent à inventer, à créer, à entreprendre dans tous les domaines, où ils pourront trouver des soutiens, des conseils, des formations, des aides, mais aussi où ils échangeront, où ils croiseront leurs expériences, leurs idées, leurs projets, où ils formeront des projets communs, où ils inventeront ensemble l’avenir.



Vous voulez être citoyens du monde.

Vous le serez par votre engagement dans le combat contre la dégradation de la planète.

Il faut sauver la planète des conséquences d'une suractivité humaine. Chaque être raisonnable et responsable peut et doit partager ce constat. Car la Terre est menacée de mort lente par asphyxie, par épuisement des ressources, par disparition des espèces. Quand la moitié des forêts primitives ont déjà disparu de la surface du globe, quand les glaces du Groenland fondent, quand on prévoit que les émissions mondiales de gaz carbonique vont augmenter d’au moins

75 % dans les 25 ans à venir alors que la situation est déjà critique, vous sentez bien qu’on ne peut plus attendre. L’effet de serre, la pollution des océans, le pillage des ressources naturelles n’auront pas pour effets que le changement climatique, la désertification, l’appauvrissement de la biodiversité, la dégradation de la santé ou la mise en péril de la vie des plus fragiles comme ce fut le cas lors de la canicule il y a 3 ans. Les guerres de la faim et les guerres de l’eau qui menacent le monde à venir pourraient bien être les plus terribles que l’humanité ait connues parce que ce seront des guerres désespérées.

Pour éviter demain une société de privation, il nous faut organiser aujourd’hui une société de modération.

Vous sentez bien que le problème de l’environnement n’est plus seulement désormais le problème de la qualité de la vie mais le problème de la vie tout court. Votre génération ne doit pas refaire les erreurs que nous avons faites.

C’est à vous qu’il appartient en priorité de sauver l’avenir.

C’est à vous qu’il appartient de faire la leçon aux générations précédentes et de faire triompher le point de vue de la vie.

En matière d’environnement, ce sont les jeunes qui font l’éducation de leurs parents. Quand le tri sélectif réussit à s’imposer, c’est grâce aux enfants. Quand il s’agit de sauver des espèces animales menacées de disparition ce sont les enfants qui poussent leurs parents à s’engager.

Vous héritez d’un monde au bord de la catastrophe. Ce monde vous voulez le sauver parce qu’il est déjà le vôtre et parce qu’il sera celui de vos enfants et de vos petits-enfants. Mais personne ne sauvera la planète sans l’effort de chacun. Pour préserver l’avenir il faut cesser de préempter toutes les ressources des générations futures au profit des générations présentes. Il faut que chacun d’entre nous cesse de tirer des traites écologiques sur les générations à venir. Car cette dette a ceci de tragique qu’elle n’est pas remboursable. La vie détruite ne ressuscitera pas. L’équité entre les générations est une nécessité vitale et morale. Elle exige que chacun paye ce qu’il consomme. Elle exige que chaque génération supporte entièrement le coût des décisions qu’elle prend.



Vous voulez sauver la planète et vous avez raison !

Vous ne la sauverez pas avec les idéologues du retour à la nature.

Vous ne la sauverez pas en reniant l’économie, la science et le progrès mais en les mettant au service d’un développement durable.

Le développement durable ce n’est pas la fin du travail, c’est l’emploi durable.

Ce n’est pas la croissance zéro, c’est la croissance durable.

Ce n’est pas le rejet de la technique, c’est la technologie propre.

Ce n’est pas l’abolition du marché, c’est le principe pollueur-payeur.

Ce n’est pas la frilosité, c’est la responsabilité.

Tous les partis ont failli. Nous avons tous failli.

Il est temps de réagir.

Je vous propose d’accomplir ensemble quatre révolutions.

La première, c’est que le libre-échange ne puisse pas s’affranchir de la responsabilité écologique.

Je propose que la France défende l’idée qu’à côté du droit international du commerce qui veille au respect du libre échange il doit exister avec la même force juridique un droit international de l’environnement, un droit international du travail, un droit international de la culture et de l’éducation ou encore de la santé, de sorte que la logique marchande ne soit pas la seule à prévaloir et que la loi de la concurrence et du profit ne soit pas la seule loi du monde.

Chacun de ces droits doit avoir sa juridiction, et chacune doit avoir l’obligation de soumettre aux autres sous forme de question préjudicielle les questions qui ne relèvent pas de sa compétence. En attendant, la France, pour elle-même, doit donner l’exemple au monde.



La deuxième révolution que je vous propose, c’est de faire du développement durable le critère de toutes nos politiques publiques.

En changeant nos modes de décision, de production, de transport.

En mettant des objectifs environnementaux dans la politique de la commande publique.

En consacrant deux jours du service civique obligatoire à expliquer le développement durable à tous les jeunes.

En investissant massivement dans la recherche et le développement des énergies renouvelables en des énergies nouvelles.

En investissant dans le nucléaire qui ne produit pas de gaz à effet de serre.



La troisième révolution que je vous propose, c’est de réformer en profondeur notre fiscalité.

Puisque la délocalisation de l’emploi oblige à chercher des alternatives à la taxation du travail, je propose que l’on se décide enfin à substituer en partie la taxation des pollutions, en particulier de l’énergie à effet de serre, à la taxation du travail.

Je vous propose enfin, et c’est la quatrième révolution, qu’en matière d’environnement la responsabilité des personnes morales ne soit plus limitée mais illimitée de sorte que chaque maison-mère soit pleinement engagée par le comportement écologique de ses filiales.



Il faudra aussi que la démocratie progresse. Ce sont les régimes les plus antidémocratiques qui ont été responsables de la plupart des grandes catastrophes écologiques du siècle dernier. Il n’y a pas de place pour le débat sur l’environnement dans les dictatures.

Il faudra surtout que le problème du sous-développement soit résolu. Il est bien difficile de se projeter dans le futur quand on meurt de faim.

Mais on ne résoudra pas le problème du sous-développement seulement par la compassion et la charité. On ne le résoudra pas non plus en développant les uns au détriment des autres. On ne nourrira pas le Tiers Monde en détruisant l’agriculture européenne mais en assurant l’autosuffisance alimentaire de chaque région du monde. On ne sauvera pas la planète en faisant du Tiers Monde la poubelle industrielle de l’Occident.

Le vrai défi c’est celui du co-développement.



Je vous propose que le service civique offre la possibilité à toute la jeunesse qui le souhaite de s’engager dans les grandes causes humanitaires du monde et dans le co-développement.



Ce qui est sûr c’est que ce monde qui change a besoin d’un nouvel humanisme.

Ce nouvel humanisme nous allons contribuer à le construire ensemble.

Il ne peut pas avoir seulement pour but de rendre supportable à l’homme moderne sa condition tragique.

Il ne peut pas être seulement une forme de consolation.

Il ne peut pas être non plus une forme réactualisée du remords. Et encore moins de la bonne conscience.

Mais il doit être ce par quoi nous allons pouvoir repenser le monde en termes de liberté et de volonté, ce par quoi nous allons penser l’avenir non en termes de précaution mais de responsabilité, ce par quoi nous allons penser notre rapport aux autres non en termes de charité mais de fraternité.

Au fond c'est cela la noblesse de la politique : porter le débat démocratique vers le plus haut et tourner le dos à tout ce qui le rabaisse, le rapetisse, l'avilit.



Mais vous ne serez pas d’autant plus citoyens du monde que vous serez moins citoyens français.

Vous serez d’autant plus citoyens du monde que vous serez davantage citoyens en France.

C’est la fierté d’être Français qui rendra à la jeunesse française la force d’écrire sa propre histoire. C’est elle qui portera l’élan collectif par lequel vous redeviendrez capables de transformer le monde.

La France est votre pays, c'est votre nation, c'est votre patrie et vous n’en avez pas d’autre, même si vos parents ou vos grands-parents sont venus d’ailleurs.

Haïr la France c’est se haïr soi-même. Manquer de respect à la France c'est perdre sa dignité. Ne pas aimer la France quand on est Français c'est se renier soi-même.

Aimez la France ! Elle le mérite. Donnez-vous les moyens de la transformer si vous trouvez qu’elle n’est pas à la hauteur de l’idée que vous vous faites d'elle. Prenez vos responsabilités, mobilisez-vous, agissez pour l’élever jusqu’à l’idéal que vous souhaitez la voir incarner.

Battez-vous pour construire, non pour détruire.

On ne change pas le monde en brûlant la voiture du voisin, en renversant la table, en insultant son professeur. C'est une lâcheté qui finit par devenir une complicité, que celle qui consiste à excuser l'inexcusable. Je n'ai pas l'intention de me taire devant des comportements inacceptables.

La France est à vous. Elle est votre héritage. Votre bien commun. Ne lui demandez pas d’expier ses fautes. Ne demandez pas aux enfants de se repentir des fautes des pères. Ne réécrivez pas l’histoire et ne jugez pas le passé avec le regard du présent.

Après la guerre De Gaulle n’a pas dit à Adenauer : « expiez d’abord, nous verrons après ». Il lui a dit : « De tant de sang et de larmes, rien ne doit être oublié mais, chacune renonçant à dominer l’autre, la France et l’Allemagne ont discerné ensemble quel était intérêt commun ». Et à la jeunesse allemande il n’a pas dit : « vous êtes coupable des crimes de vos pères ». Il lui a dit : « je vous félicite d’être de jeunes Allemands, c’est-à-dire les enfants d’un grand peuple qui parfois, au cours de son histoire, a commis de grandes fautes ».

Je ne vous propose pas l’oubli des origines, le reniement de soi, l’uniformité. Je vous propose de prendre en partage un extraordinaire héritage de langue, de pensée, d’histoire, d’art, de science, de musique, de mœurs et de le faire fructifier.

Ce que je vous propose c’est quelque chose en plus, pas quelque chose en moins. Ce que je vous propose c’est de retrouver les raisons d’être fiers d’appartenir à un grand peuple qui a quelquefois commis des fautes…

Ce que je vous propose, c’est d'apporter votre pierre à cette culture commune qui se définit elle-même non comme un particularisme mais comme l’héritière de la raison universelle et de toutes les civilisations qui ont apporté quelque chose à l’idée d’humanité.

Une culture qui depuis des siècles oppose l’universalité de ses principes au déterminisme des généalogies et des racines, ne devrait avoir aucun mal à s’accommoder d’identités multiples pourvue que la volonté de participer à une communauté de destin et de pensée soit réelle.

Et si vous doutez alors écoutez, jeunes de France ce que disait Senghor le poète de la négritude : «Nous, politiques noirs, écrivains noirs, nous nous sentons, pour le moins, aussi libres à l’intérieur du Français que dans nos langues maternelles. Plus libres, en vérité, puisque la liberté se mesure à la force de création».

Les enfants des Etats-Unis, qui sont une nation d’immigrés, écoutent l’hymne américain et saluent la bannière étoilée la main sur le cœur. Pourquoi les jeunes Français ne devraient-ils être fiers de leur pays que lorsque l’équipe de France marque des buts ? Chanter la Marseillaise n'est pas ringard. S'émouvoir devant le drapeau tricolore n'est pas démodé. Aimer sa patrie n'est pas dépassé.

Je ne vous propose pas de défendre une exception française qui voudrait rester à l’écart des changements du monde.

Nous ne sauverons pas le français face à l’anglais en interdisant à nos enfants d’apprendre l’anglais mais en leur faisant apprendre une troisième langue et en exigeant de tous nos partenaires que dans leurs trois langues il y ait le français.

Nous ne retiendrons pas la jeunesse en essayant de l’empêcher de partir mais en la faisant voyager et en lui offrant la possibilité de réaliser ses rêves ici ou ailleurs.

Je vous propose d’inventer un nouveau modèle français.



A la jeunesse qui a voté non à la constitution européenne malgré le formidable travail de préparation du Président Giscard d'Estaing, je veux dire :

L’Europe est votre avenir parce que l'Europe est un projet de paix et de civilisation.

L'Europe ne doit pas rester la propriété des spécialistes. Je vous propose de construire une Europe où les peuples se reconnaîtront dans les décisions qui sont prises en leur nom.

Je ne veux pas d'une Europe condamnée à devenir une simple zone de libre-échange, je veux rester fidèle au projet d'Europe politique des pères fondateurs. Je vous propose une Europe qui se dotera de frontières car tous les pays n'ont pas vocation à intégrer l'Union. Une Europe qui ne craindra pas d'affirmer sa volonté d'établir une préférence communautaire. Au fond ce que je veux pour vous c'est une Europe qui soit une puissance pas une virtualité.

L’Europe ne doit pas subir. L'Europe doit agir.

L’Europe a besoin d’un souffle nouveau, d’une vision neuve de son avenir.

L’idéal européen agonise ? Eh bien, ressuscitons-le !

Parce que s’il meurt, c'est l’humanisme européen qui mourra aussi. L’homme européen, l’idée qu’il se fait de la dignité humaine, son attachement à la liberté de l’esprit, ses valeurs spirituelles seront alors menacées de disparaître parce qu’aucune nation européenne ne sera par elle-même assez forte pour les opposer valablement à l’uniformisation du monde et pour faire entendre sa voix avec assez de force dans le dialogue des cultures.

Malraux avait raison : « l’Europe ne sera pas un héritage, ce sera une volonté ou la mort ». Cette volonté, s’il doit y en avoir une ce doit être la vôtre.



Jeunes d’aujourd’hui on vous dit que les jeunes d’hier étaient heureux et que vous seriez condamnés au malheur. Mais souvenez-vous, elle n’allait pas très bien la jeunesse française en 1815, en 1918, ou en 1940.

On dit que les jeunes sont égoïstes et qu’avant vous la jeunesse était généreuse. Mais jamais jeunesse ne s’est montrée aussi concernée par les grands problèmes humanitaires, jamais autant de jeunes ne se sont sentis aussi concernés par les grandes causes du monde qu'aujourd'hui.

On dit que les jeunes n'ont pas de conscience politique. Mais la jeunesse étudiante de 68 qui célébrait Mao et Castro, tyrans du monde, en avait-elle davantage ?

On dit que les jeunes d'aujourd'hui ont peu de culture. Mais jamais autant de jeunes ne sont allés aussi longtemps à l’école. Jamais jeunesse n’a su autant de choses que ses parents ne savaient pas. A qui la faute si pour une grande partie de la jeunesse la transmission s’est arrêtée ?

On dit que les jeunes ont perdu leur âme. Mais jamais depuis des siècles la quête spirituelle pour autant de jeunes n’a été aussi intense et jamais jeunesse n’a exprimé autant d’exigence morale. Jean Paul II était et restera une référence pour la jeunesse du monde. Parce que sans complaisance, sans hypocrisie, sans lâcheté il a su lui parler.

On dit que les jeunes sont blasés et désenchantés. Mais qui le dit ? Ceux qui empêchent de croire, de rêver, d’imaginer, empêtrés qu'ils sont dans une aigreur désabusée.

Ne vous laissez pas décourager.

Ne vous laissez pas dévaloriser.

Ne vous avouez pas vaincus.

Jeunes d’aujourd’hui vous êtes semblable à toutes les jeunesses d’hier.

Comme elles vous aspirez à un monde meilleur.

Comme elles vous avez soif d’absolu.

Comme elles vous portez en vous le ferment des révolutions à venir.

Comme elles ont pleuré leurs premières amours, vous pleurerez à votre tour. Et ces blessures intimes vous feront grandir.

Comme elles ont vécu l’angoisse de partir vers leur propre destinée, vous la vivrez à votre tour.

Jeunes de France ce qu’ont fait vos parents vous pouvez le faire aussi.

Jamais le monde n'a donné à sa jeunesse autant d'opportunités.

Ce qu’ont accompli les hommes de la Renaissance à partir du jour où ils se sont mis à croire que tout était possible, vous pouvez l’accomplir aussi.

Comme la jeunesse de la révolution a balayé le vieux monde, comme la jeunesse de la Résistance a mis un terme à la guerre civile européenne. Comme la jeunesse tchèque a pris sa revanche sur le printemps de Prague. Comme un jour la jeunesse chinoise finira par effacer Tien-An-Men, vous changerez le monde si vous ne laissez personne vous voler vos rêves.



Tout est possible. Tout est possible si on le veut. Et ici à Marseille je suis venu vous dire que nous le voulons plus qu'ailleurs. Plus que jamais. Plus que quiconque ne l'a jamais voulu !

Ca se passait comme cela...

Par Eolas, lundi 9 octobre 2006 à 10:55 :: Actualité du droit :: permalien #442



La cour, après en avoir délibéré conformément à la loi, vu les articles 296, 297, 298 et 302 du Code pénal... Messieurs les avocats, ces articles peuvent-ils être considérés comme lus ?



Acquiescement silencieux sur les bancs de la défense et de la partie civile, l'avocat général opine aussi du chef.



A la question « Quidam est-il coupable d'avoir volontairement ôté la vie à Olibrius ? », il a été répondu « Oui » par la majorité de huit voix au moins. A la question « Quidam a-t-il agi avec préméditation ? », il a été répondu « Oui » par la majorité de huit voix au moins. A la question « Quidam bénéficiait-il de circonstances atténuantes ? »...



Le coeur de l'avocat de la défense s'emballe, une prière muette résonne, assourdissante, en son for intérieur.



Il a été répondu « Non » par la majorité de huit voix au moins.



Un frisson glacial descend le long de son échine. Il sait. L'avocat de la défense sait. L'avocat général sait. Le public ne le sait pas encore, il faut que le président prononce les mots. L'avocat, lui, n'ose pas se tourner vers Quidam, assis derrière lui entre deux gendarmes. Comment lui dire ? Comment affronter son regard ?



En conséquence, la cour condamne Quidam à la peine de mort.



La salle semble exploser. La mère de Quidam pousse un hurlement, un long « Non ! » guttural, tandis que des amis de la famille Olibrius applaudissent. Le président appelle fermement au silence. La presse se bouscule pour sortir de la salle et se précipiter vers les téléphones de l'association de la presse judiciaire, à l'autre bout de la galerie de la Sainte Chapelle.



Monsieur Quidam, vous avez un délai de cinq jours francs pour vous pourvoir en cassation. L'audience pénale est levée, le jury est remercié. L'audience civile aura lieu après une suspension de quinze minutes.



Les gendarmes passent les menottes à Quidam. Son avocat lui tient la main. « Je vais me pourvoir en cassation dès demain. Et après, il y aura toujours la grâce du président. Ne perdez pas espoir. »



« Merci, Maître. j'ai confiance en vous. » lui dit Quidam, d'un air simple qui transperce le coeur de son avocat.



L'audience civile se passe comme dans un rêve, et dure à peine dix minutes. La famille Olibirus réclame trois cent mille francs, la défense s'en rapporte, la famille Quidam n'a pas les moyens de payer, et il est douteux que les Olibrius les poursuivent si leur fils est exécuté.



L'avocat va ensuite parler avec son client dans la salle où l'accusé est emmené lors des suspensions d'audience. Sa mère peut brièvement l'embrasser avant que les gendarmes ne les séparent. En retrait dans le long couloir, l'avocat jette un oeil sur sa gauche. Au fond, la porte de la salle des délibérés est entr'ouverte. Une odeur de papier brûlé flotte. Il faut aller saluer le président et l'avocat général, et supporter leur regard mêlant commisération et bonne conscience d'avoir fait son travail. Pour eux, c'est fini. Pour lui, tout reste à faire.



Le lendemain est consacré à la rédaction du pourvoi. La procédure a été parfaitement respectée, le président est un routard des assises, il connaît le code de procédure pénale comme sa poche. Tant pis, il se contentera de la déclaration de pourvoi, et fera appel à la SCP Plume & Doie, avocat au Conseil. Il va falloir demander à Madame Quidam de s'endetter un peu plus pour son fils. Elle a déjà vendu la maison que lui avait légué ses parents, hypothéqué sa maison actuelle, mais elle devrait pouvoir emprunter un peu plus. Et chez Plume & Doie, ils sont compréhensifs, et abolitionnistes convaincus, il lui feront un traitement de faveur. Et puis, si la chambre criminelle a envie de casser, elle cassera. Elle semble être de plus en plus hostile à la peine de mort. Enfin, c'est ce qu'on raconte.



Trois mois plus tard, un coup de fil vient briser cet espoir. C'est Maître Doie, de la SCP Plume & Doie. La chambre criminelle a rejeté le pourvoi. Une de ses secrétaires est en train de taper une copie de l'arrêt, et il enverra un coursier la lui déposer.



Il ne reste que la grâce présidentielle. La demande partira aujourd'hui même.



Une semaine plus tard, l'avocat se présente rue du Faubourg Saint Honoré. Pour les peines capitales, il est d'usage que le président reçoive l'avocat du condamné. L'entretien dure une demi heure dans le Salon Doré, avec un conseiller du président. Le président ne pose pas de questions, se contente de hocher la tête aux propos de l'avocat. L'avocat oublie vite l'aspect intimidant de l'entretien et est vite habité de sa plaidoirie. Il rappelle le parcours, difficile, de Quidam, de la douleur de sa mère, qui voit la république vouloir couper son fils en deux, du fait que Quidam est un débile léger, pas assez pour le rendre irresponsable, mais assez pour rendre sa mise à mort profondément insupportable et injuste. Le président le remercie, et, en se levant, lui dit qu'il lui fera connaître sa décision. En traversant la cour gravillonnée, l'avocat ne peut s'empêcher de ressentir une bouffée d'espoir.



Le lendemain, il est conforté par sa lecture de la presse : Le Matin de Paris affirme qu'une source proche du président aurait laissé entendre que le président allait commuer la peine de mort en réclusion à perpétuité, information reprise sur Europe n°1 et RTL.



Trois jours après, alors qu'il discute avec son collaborateur sur un épineux dossier de succession, son téléphone sonne.



« Martine, nous sommes sur le dossier Découyousse, j'avais demandé qu'on ne me dérange pas. »



« C'est le parquet général, Maître, ils disent que c'est urgent. »



« Passez les moi » dit-il, en faisant signe à son collaborateur de prendre le combiné rond au dos de l'appareil.



« Bonsoir Maître. Je vous appelle pour le dossier Quidam. C'est pour cette nuit, à quatre heures. »



« Comment ? Mais... Le recours en grâce a été rejeté ? »



« Cet après-midi, nous venons de le recevoir. Nous voulons procéder avant que ça ne se sache à la Maison d'Arrêt. Ca met toujours les détenus dans un état de nerf terrible. Soyez rue de la Santé à trois heures. »



Un silence de plomb s'abat dans le bureau.



« Pouvez-vous me laisser ? Je dois appeler Madame Quidam. »



La conversation durera deux heures. Comment expliquer à une mère qu'il n'y a plus rien à faire, qu'elle s'est presque ruinée pour sauver son fils et que cela aura été en vain, qu'elle n'a même pas le droit d'aller le voir une dernière fois, que demain matin, elle n'aura plus son enfant, que la République l'aura coupé en deux ? Oui, son fils pourra lui écrire une dernière lettre. Oui, il peut lui transmettre un message, qui après beaucoup d'hésitations, de reformulations, aboutira à un simple et bouleversant « maman t'aime, et elle t'aimera toujours. ».



La traversée du cabinet est lugubre, toutes les conversations se taisent sur son passage, les regards de ses associés, collaborateurs et secrétaires le suivent sans pouvoir se détourner. Il ne lui reste qu'à rentrer chez lui et attendre.



Le sommeil ne viendra pas cette nuit. Il passe la soirée et le début de la nuit avec son épouse, qui refuse de le laisser seul en ces circonstances. Cafés après cafés, l'heure tourne, et il sursaute quand son épouse lui dit « Mon amour... Il est deux heures quarante ».



Il enfile son manteau, passe l'écharpe que son épouse lui tend avec insistance : « Il fait si froid la nuit... ». La traversée de Paris au volant de sa D.S. se passe sans incident, tout Paris est endormi à cette heure-ci, noyée dans le teint blafard que lui donnent les ampoules blanches des lampadaires.



Il se gare dans la contre-allée du Boulevard Saint-Jacques, et va à pied jusqu'à la porte de la Maison d'arrêt. Quelques journalistes sont là, qui le prennent en photo tandis que d'autres, un monumental magnétophone en bandouillère, lui mettent un micro sous le nez pour recueillir une déclaration. Peine perdue, il n'en fera pas. Il n'a même pas à présenter sa carte professionnelle au guichet, la poterne s'ouvre dès son approche. Il était attendu.



On le conduit dans le bureau directeur d'établissement. En traversant la cour, il voit la guillotine déjà dressée. La bascule, la planche ou on attachera Quidam, est relevée. Un seau carré en métal, est posé devant la lunette, là où on passera la tête. Une grande corbeille en osier est posée à gauche de l'engin. Souvenir d'une époque révolue, elle peut contenir jusqu'à quatre corps. Devant le guichet, un paravent en bois est posé, face à la guillotine. Au dessus de la cour, un dai a été tendu, pour protéger des regards.



Le directeur d'établissement se lève à l'arrivée de l'avocat. « Nous n'attendions plus que vous. » dit-il maladroitement, en faisant ainsi de l'avocat le signal déclencheur. Dans le bureau sont présent l'aumônier de la prison, le chef d'équipe des exécutants, le gardien-chef, et un représentant du parquet général.



« Allons-y. »



Guidés par le gardien-chef, le petit groupe se rend dans l'aile isolé qui accueille les condamnés à mort, escortés de deux gardiens supplémentaires. Ainsi, pas de risque de réveiller les autres ailes du bâtiment, ce qui était l'émeute assurée.



Le gardien-chef s'arrête devant la porte de la cellule de Quidam, tourne la clef et ouvre la porte en s'effaçant. C'est donc l'avocat qui entre en premier. Quidam est réveillé en sursaut, et ébloui par la lumière. Il reconnaît son avocat et lui sourit. « Alors, ça y est ? Je suis gracié ? ». L'avocat ne trouve pas de mots. Quidam voit dans le couloir le directeur d'établissement et l'aumônier, et son sourire s'efface. Il devaient très pâle et est saisi de tremblements. « Ne fais pas d'histoires, lui dit le gardien chef d'un ton ferme, et tout se passera bien. Habille toi. ».



Mécaniquement, Quidam enfile son pantalon et une chemise blanche, lace ses chaussures. Le cortège se met en route et s'arrête dans une petite pièce, où l'aumônier s'entretient seul avec Quidam. Au bout de quelques minutes, l'aumônier trace un signe de croix devant Quidam et lui donne l'absolution. Puis le gardien chef lui tend une feuille de papier et un stylo, pour écrire, s'il le souhaite, à sa mère. L'exercice est difficile pour Quidam, qui s'applique en tirant la langue. Puis l'exécuteur entre avec une paire de ciseaux et découpe le col de la chemise de Quidam et les cheveux qui recouvrent la nuque. Il lui tend ensuite une cigarette, qu'il accepte, et lui propose un verre de cognac, qu'il accepte également. Sa main tremble de plus en plus. Il le boit très lentement, essayant de retarder l'inévitable. Dans le couloir, personne ne dit un mot, les regards s'évitent, le directeur d'établissement regarde régulièrement sa montre.



Il finit par faire signe au gardien chef, qui entre avec ses deux hommes, qui prennent chacun fermement un bras de Quidam. Le gardien chef lui lie les poignets dans le dos.



« Non... » dit-il d'une voix étranglée. Les gardiens le sortent de la pièce, font une pause devant l'avocat.



« Votre... Votre maman me fait vous dire qu'elle vous aime. Elle vous aimera toujours. » Sa voix se brise à cause de l'émotion. Les yeux de Quidam s'emplissent de larmes, et il dit « Merci... Dites lui que je l'aime aussi » en souriant. Sur un signe de tête du directeur d'établissement, les gardiens conduisent Quidam dans la cour, où attendent les deux assistants de l'exécuteur.



Tout le monde sait qu'à partir du moment où le prisonnier voit la guillotine, il faut aller très vite. Les gardiens le plaquent contre la bascule. L'exécuteur se place à côté du montant droit, près du déclic, le levier qui libèrera le mouton, le poids où est fixé le couteau. L'un des assistants se place face à la lunette, derrière le paravent de bois, qui le protègera des éclaboussures. Le troisième, voyant tout le monde en place, fait pivoter la bascule et la pousse sur des roulements qui amènent la tête au-delà de la lunette. L'exécutant en chef laisse tomber la partie haute de la lunette, qui en écrasant la nuque étourdit le condamné. L'assistant situé en face du condamné, qu'on surnomme le photographe, saisit la tête entre ses mains. L'exécuteur en chef abaisse le déclic. Un bruit de roulement, puis comme un coup de marteau sur une planche, suivi de deux bruits d'éclaboussure : deux jets de sang ont giclé de chaque côté sur les pavés de la cour.



L'assistant soulève un côté de la bascule à peine le couteau tombé et fait chuter le corps dans la corbeille. Le photographe y dépose la tête et referme le couvercle. Le gardien chef présente au chef d'établissement le procès verbal d'exécution, qu'il signe puis remet au représentant du parquet.



« C'est terminé. Merci, messieurs. » conclut le chef d'établissement. L'avocat serre rapidement la main des personnes présentes par courtoisie irréfléchie, puis se dirige aussitôt vers la sortie, n'ayant pas le coeur de dire un mot. Les assistants ont déjà commencé le nettoyage de la cour qui précède le démontage.



C'est un visage fermé que l'avocat présente aux journalistes présents sur le trottoir, un peu plus nombreux, la nouvelle s'étant répandue. Il ne desserre par les lèvres et marche d'un pas rapide vers sa voiture. Jamais Paris, dans le jour qui se lève lentement, ne lui a paru aussi gris.



Le 9 octobre 1981, il y a 25 ans aujourd'hui, était signé le décret de promulgation de la loi portant abolition de la peine de mort. La dernière exécution remonte au 10 septembre 1977. C'est la dernière exécution, à ce jour, de toute l'Europe occidentale.





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Ce récit est inspiré des récits de plusieurs avocats ayant assisté leur client jusqu'au bout, notamment bien sûr Robert Badinter (L'Exécution, Ed. LGF, 1976) et des récits d'anciens exécuteurs, tels André Obrecht[1]. Le fait que les détenus apprenaient au dernier moment qu'ils allaient être exécutés est attesté notamment par le récit de l'exécution de Christian Ranucci (qui, réveillé en sursaut, a crié qu'il allait le dire à son avocat) et de Roger Bontems. C'est ce dernier qui a cru un instant, en voyant Robert Badinter, que son recours en grâce avait été accepté.



Notes

[1] Le Carnet Noir du Bourreau, avec Jean Ker, Ed. Gérard de Villiers, 1989



Trackbacks

1. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:52, de Cogitations Peckiennes



25 ans...



Ca se passait comme cela...(Journal d'un avocat) et on est heureux qu'aujourd'hui cela fait 25 ans que ça ne se passe plus comme ça. Et à ceux qui croient que la peine de mort à un effet dissuasif, je leur conseillerais, une fois de plus, de relire...



2. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:26, de L'épicosmoblog



Et pour la dernière fois, la lame se releva...



Aujourd'hui encore, un protocole attend la ratification pour bannir de manière définitive la peine capitale en France. Il y a vingt-cinq années, la loi abolissant la peine de mort était promulguée, mettant fin ainsi à l'ère de la guillotine....



3. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:38, de synapse - le bloc-notes



Robert Badinter, il y a 25 ans.



Texte extrêmement bien écrit, par Eolas, pour célébrer l'abolition de la peine de mort en France, ça se passait comme cela. C'était il y a juste 25 ans. C'est maintenant une des valeurs de l'Union européenne. Mais la peine capitale existe encore...



4. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:41, de Diner's room



Tout condamné à mort aura la tête tranchée.



Si vous voulez, aujourd'hui, lire un billet long comme un sanglot et profond comme une tombe, allez donc faire un tour chez Eolas. Et si bons lecteurs, une conscience murmure que le crime était horrible,



5. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:35, de droit(s) sans détours



"La peine de mort est une amputation barbare"



- Le titre est de Victor Hugo… Le reste de Robert Badinter : Loi n° 81-908 du 9 octobre 1981 portant abolition de la peine de mort, (Journal officiel 10 octobre 1981) : « L'Assemblée nationale et le Sénat ont adopté, Le Président de la



6. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:47, de Mur blanc



Relativiser



Maître Eolas nous rappelle dans un texte magnifique qu'aujourd'hui est le 25ème anniversaire de l'abolition de la peine de mort en France. Peu importent, l'espace d'un instant, les soucis, peines et malheurs quotidien. Le temps d'une longue



7. Le lundi 9 octobre 2006 à 17:30, de De Lege Ferenda



Comment se justifie(ait) la peine de mort?



A la lecture du talentueux récit de Maître Eolas, l'impression se dégage que c'était hier et l'on y assiste...impuissant! Attention, la lecture de ce billet peu créer des émotions fortes, mais il en vaut la peine. La peine de mort, éternel...



8. Le lundi 9 octobre 2006 à 20:01, de w3c's blog, et voilà.



"Further on up the road..."



Aujourd'hui, neuf octobre deux mille six, cela fait exactement vingt cinq ans que la peine de mort a été abolie. Remercions Robert Badinter et François Mitterand. Un long billet de Mait...



9. Le lundi 9 octobre 2006 à 20:57, de Ma vie au Mans



Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir



Le blog de Maître Eolas, au delà de l'émotion, appelle à une sérieuse réflexion que je souhaite à ceux qui se rangent derrière les idées de le Pen ou de de Villiers. Les mêmes qui sont les premiers à hurler au scandale quand la justice se



10. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:11, de Blog personnel de Bertrand Lemaire



25 ans, c'était hier



Maître Eolas sait faire jouer les cordes sensibles comme seul un avocat sait le faire (c'est la raison essentielle pour laquelle, bien que j'ignore son identité, je crois qu'il est effectivement avocat et non plombier). Son récit du parcours d'un...



11. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:19, de (les) Nains Portent Nawak



Joyeux anniversaire !!!



25 ans déjà... Le 9 octobre 1981, le gouvernement socialiste tout juste en place abolit, malgré l'opposition d'une majeure partie de la population, la peine de mort. En se basant sur des récits d'avocats et de spécialistes, Maître Eolas fête cet...



12. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:29, de Blogitude



Il y a 25 ans, la peine de mort



C'était il y a 25 ans, c'était il y a 25 ans qu'on décidait d'abolir la peine de mort, et il y a un peu moins de 30 ans, qu'on exécutait le dernier condamné à mort en Europe occidentale.



13. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:39, de Au fond du galetas



25 ans déjà...



À l'heure où en Europe, certains relents politiques de haine et d'intolérance, que l'on croyait définitivement appartenir au passé, ressurgissent de plus belle, il est bon de rappeler qu'il y a 25 ans, la France sortait enfin d'une ère de...



14. Le lundi 9 octobre 2006 à 23:40, de Amphi Duguit



Alors, ça y est ? Je suis gracié ?



Cela fait seulement 25 ans que la peine de mort est abolie. Pour “commémorer” cette violence d’Etat, vous trouverez sur le blog d’Eolas l’incroyable reconstitution du parcours de l’avocat d’un condamné à mor...



15. Le mardi 10 octobre 2006 à 01:09, de Jack's games



10 octobre 1981 - Decret signé par François MITERRAND de la loi n° 81-908 du 9 octobre 1981 portant abolition de la peine de mort



Le 10 octobre 1981 paraissait au Journal Officiel de la République Française le décret d'abolition de la peine de mort, signé par François Mitterrand.



16. Le mardi 10 octobre 2006 à 02:03, de Le blog-notes



Ca se passait comme cela...



Il y a tout juste 25 ans, la peine de mort était abolie en France. 25 ans, ça paraît tellement peu. Peu avant ma naissance, des gens étaient encore guillotinés en France, le pays des Lumières paraît-il...



17. Le mardi 10 octobre 2006 à 19:14, de Ashram de Swâmi Petaramesh



Pourquoi je ne serai jamais juré d'assises



Quiconque a travaillé pour une boîte américaine, en relation étroite avec d'amers ricains, s'est à maintes reprises entendu répondre au téléphone ou à l'e-mail que Mr. John Smith n'était pas joignable cette semaine car il était "on jury duty"...



18. Le mardi 10 octobre 2006 à 20:38, de Utopia en Haute Garonne



Cela se passait comme ça...



Un texte émouvant à lire sur Le site de Maître Eolas. Il y a 25 ans était abolie la peine de mort....



19. Le mardi 10 octobre 2006 à 22:32, de Ma petite parcelle d'Internet...



Les billets des autres...



On "fêtait" hier les vingt-cinq ans de l'abolition, le 9 octobre 1981, de la peine de mort en France. Vingt-cinq ans donc que notre société a décidé de ne plus céder à une barbarie qu'elle se disait combattre...



20. Le mardi 10 octobre 2006 à 23:22, de aleatoire



Peine de mort



Par ces temps troublés, où tout semble pouvoir arriver et où l'on n'est jamais sûr de ce que l'autre pense, voici un très beau texte à lire et faire lire. Merci



21. Le mercredi 11 octobre 2006 à 23:46, de .:Miaou Prod:.



Il y a 25 ans la fin de la peine de mort en France



Voici un texte diablement bien écrit, narrant l'histoire d'un condamné. glurp .... via guim...



22. Le jeudi 12 octobre 2006 à 00:59, de S-L:OW



Maître Éolas parle de la peine de mort



Si, dans vos diverses lectures bloguesques, vous n’avez pas encore suivi de lien vers le billet d’Éolas, empressez-vous de le faire illico-presto. Et après ça, je vous recommende tout aussi vivement l’apostille. ...



23. Le jeudi 12 octobre 2006 à 15:28, de Benoît Courtine



Peine de mort



Certes, la peine de mort a de quoi effrayer. Cependant, bien que je ne sois pas militant de son rétablissement, je ne trouve pas qu'elle soit si absurde que ça. Bien sûr, je pense que cette peine exceptionnelle nécessite des dispositions vraiment...



Pour faire un tracback sur ce billet : http://www.maitre-eolas.fr/tb.php?id=442&chk=j2myt3



Commentaires

1. Le lundi 9 octobre 2006 à 12:59, par Geo



Réveillé en sursaut, avec l'espoir d'être gracié encore la veille, c'étais ignoble tout cela: l'age de pierre.





2. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:03, par aymeric



Très ému...



3. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:05, par Swâmi Petaramesh



Ouch. Lourd.



4. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:12, par Jarod



Un article de grande qualité.



Je suis contre la peine de mort. Définitivement.



Merci pour nous avoir fait partager ça.



5. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:14, par g--



Dieu s'il existe et les hommes fassent que ce texte ne demeure qu'un témoignage du passé. Magnifique récit, Maître.



6. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:15, par ana



cela fait froid ds le dos ....j'en frissonne encore...un billet remarquablement bien ecrit.....

il va s'en dire que l'abolition de la peine de mort est un progrès pour l'humanité.....n'est ce pas?



7. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:27, par Franck



Un billet d'utilité publique qui devrait être lu et relu.



Merci d'avoir raconté.



8. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:27, par sileo



merci pour ce beau texte



9. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:28, par Guignolito



Rassurez-moi : il y a encore des gens qui veulent la rétablir ?



10. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:30, par koz



Et pas de recours contre la mort.

La poisse.



11. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:31, par Chandon



Une bonne chose que cette abolition, cela ne fait aucun doute...

D'autant plus qu'au moins, en cas d'erreur judiciaire, on peut revenir en arrière plus facilement...

Avez vous des infos sur le nb de condamnés à mort et exécutés aux etats-unis qui seraient en fait innocents ? Je crois me rappeller que c'était tout sauf négligeable.



12. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:31, par edgar



plus faim moi. j'aurais dû lire après déjeuner...



13. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:32, par Thesa



Merci ! C'est dur, mais ça rappelle combien l'abolition est une bonne chose.



Sinon, en rapport avec la peine de mort et son abolition, l'émission de vendredi de là-bas si j'y suis (France Inter) était le témoignage du dernier exécuteur de France : www.la-bas.org/article.ph...



14. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:32, par Irène Delse



J'ouvre mon navigateur, et... La claque.



"Le dernier jour d'un condamné", vu par l'avocat...



Très beau billet. Je ne sais plus si c'est Badinter qui disait que même les partisans de la peine de mort n'aimaient pas connaître la réalité des exécutions.



15. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:34, par un lecteur



Merci maître.



16. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:37, par Aymeric Jacquet



Et dire que je trouvais que la journée avait mal commencé.



Il ne faut pas mettre ce genre d'articles à portée des coeur d'artichaud comme moi.



17. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:53, par yyaann



Bravo pour ce billet, j'en frissonne encore. J'aime comme dans ce texte, quelques mots seulement disent parfois tellement de choses. Je pense notamment à “ « Nous n'attendions plus que vous. » dit-il maladroitement ” et surtout le terrible “ « Allons-y » ”.



18. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:54, par imnrao



n'empêche que c'est essentiel pour comprendre un peu... Quel que soit le crime, doit on souffrir de cette manière ? La seconde avant l'exécution est si rapide ! (Une super manière d'être convaincu de cette horreur est de rêver soi-même qu'on va se faire exécuter... Testé/désapprouvé pour les réveils en panique)



19. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:54, par nouvouzil



@ Chandon



La réponse à votre question se trouve (en partie) sur le site du DPIC, à l'adresse ci-après:



www.deathpenaltyinfo.org/...



Depuis 1973, 123 condamnés à mort de 25 Etats ont été soustraits à la peine de mort grace à des preuves de leur innocence.



Il n'y a pas de statistique relative à des innocents éxécutés, les cas ayant été jugés définitivement, mais il existe une liste de cas d'éxécutions en dépit de sérieux doutes sur la culpabilité.





La consultation de ce site a quelque chose de terrible dans sa froideur factuelle, mais en fait,est-il un meilleur plaidoyer contre la peine de mort que de montrer les faits dans leur brutalité?





20. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:55, par Thalamos



Terrible récit.

Les proches de la victime n'assistaient donc pas à l'éxécution ? Aucun caractère public ? Différent donc des procédures américaines, où, je crois, les familles et quelques journalistes assistent à la scène macabre...



► Les exécutions étaient publiques jusqu'en 1939, où un décret loi du 24 juin mettra fin aux éxécutions publiques, à la suite du scandale qui suivit l'exécution d'Eugène Weidmann à Versailles. L'exécution devant la porte de la maison d'arrêt (l'actuel tribunal de grande instance, entrée par la place André Mignot, elle est encore visible et sert d'entrée aux véhicules) devait avoir lieu aux aurores, mais elle eu près d'une heure de retard ce qui fit qu'une grande foule s'était réunie, et la lumière du jour a permis aux photographes de prendre des clichés repris par la presse. De plus, à peine l'exécutio nterminée, des élégantes de Versailels forcèrent le cordon des gendarmes pour aller tremper leur mouchoir dans le sang de Weidmann (qui avait 31 ans et était très beau). Face à l'immense scandale, les exécutions ne furent plus publiques. Notons que pour les crimes politiques, qu'on appelle aujourd'hui terrorisme, la peine de mort était exécutée par fusillade. Le dernier fusillé fut Bastien-Thiry le 11 mars 1963.



Eolas



21. Le lundi 9 octobre 2006 à 13:58, par YR



Encore un billet d'anthologie, Eolas. Merci.



PS : @ Guignolito (9) : Oui, il y a des gens qui veulent la rétablir :

www.assemblee-nationale.f...

et aussi, mais personne ne l'ignore :

www.frontnational.com/doc...

"14. Rétablir la peine de mort pour les crimes les plus graves"



YR





22. Le lundi 9 octobre 2006 à 14:17, par Vicnent



Merci.



23. Le lundi 9 octobre 2006 à 14:21, par fred



@Chandon

Quand le FBI a pu disposer de tests fiables d'enpreintes genetiques, il ont decidé de reverifier les preuves d'affaires deja closes ( affaires jugées et condamnés en prison ). Tout le monde s'attendait a disons 5% d'erreurs peut etre un peu plus. Surtout dans les cas de viols où la victime avait vu et reconnu le coupable.



Si mes souvenirs sont bons le chiffre trouvé tourne autour de 20% d'erreur. Un sur cinq.



PS : c'est d'autant plus terrible que les innocents qui ont toujours nié avoir commis le crime ont ete condamnes a des peines plus fortes que les vrais coupables qui ont avoué tout de suite...



24. Le lundi 9 octobre 2006 à 14:31, par Swâmi Petaramesh



@Eolas (réponse dans le #20 de "Thalamos") : Ajoutons que, quand les exécutions capitales étaient publiques, une place aux balcons de certains particuliers à l'appartement bien placé pour assister au "spectacle" se louait fort cher... L'homme reculant rarement devant l'ignominie, et encore plus rarement devant une occasion de mettre du beurre dans les épinards, fût-il quelque peu sanguinolent...



25. Le lundi 9 octobre 2006 à 14:37, par Octavo



Merci.



26. Le lundi 9 octobre 2006 à 14:38, par Zouille



Que dire maitre sinon merci.



27. Le lundi 9 octobre 2006 à 14:45, par Bob



Pourriez vous s'il vous plaît Maître faire un billet, avec le même incroyable talent, décrivant par le détail les derniers moments de la victime de ce condamné à mort ?



► Le crime de Quidam, que je qualifie volontiers d'abominable, a une différence de nature profonde. Il est commis par Quidam et pour son compte. Pas froidement, collectivement et pire que tout, au nom du peuple français parmi lequel j'ai l'heur de me trouver. Vous aurez noté au passage que je n'ai jamais mis en doute dans mon récit la culpabilité de Quidam. Je n'ai pas voulu donner dans la facilité. Essayons d'éviter de le faire en commentaires, voulez-vous ?



Eolas



28. Le lundi 9 octobre 2006 à 14:45, par Chandon



@ nouvouzil et fred :

Merci pour vos précisions.



29. Le lundi 9 octobre 2006 à 14:54, par Swâmi Petaramesh



@Bob (#27) : Tiens, le premier troll n'a mis "que" 27 commentaires à arriver...



Cher Bob, comme si vous ne saviez pas que les derniers moments des "victimes" sont ausi variés qu'il y a eu de crimes d'une part, mais surtout, comme si l'on pouvait comparer un acte _criminel_ commis par un criminel, avec un acte aussi barbare prétendument commis de manière rituelle _au nom de la justice_ par une société qui s'affirme civilisée.



Que certains puissent se comporter en barbares (et soient donc considérés comme des criminels) ne donne nulle excuse à la société pour en faire de même (devenant par là elle-même criminelle)... suppliciant au passage quelques innocents au petit bonheur la chance.



La loi du Talion n'est pas la justice qu'adoptent les pays civilisés. Justice n'est pas vengeance. Et Gandhi a dit "Oeil pour oeil finira par rendre le monde aveugle."



Cher Bob, en fait, cette réponse ne s'adresse pas à vous, car il ne sert à rien de répondre à un troll. Elle s'adresse plutôt aux lecteurs de bonne volonté qui n'auraient pas ces arguments présents à l'esprit.



30. Le lundi 9 octobre 2006 à 14:55, par kagou



Des frissons, une angoisse, une larme. Entre empathie et contagion émotionnelle je suis complètement retourné.



Si le récit avait pu insinuer/suggérer qu'il n'y avait pas de preuve formelle, qu'un doute était permis.



Et s'il était innocent ?!... je ne veux même pas y penser.



31. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:07, par Bob



@ Swami Petaramesh



Vous avez raison, il ne sert à rien de discuter avec des contradicteurs : ils sont par définition débiles puisqu'ils ne sont pas d'accords avec vous, les salauds.

A part ça j'imagine que vous avez déjà mis le pied dans une maison centrale, vu des condamnés à de très longue peine, entendu un directeur de maison centrale vous dire en désignant un Jésus de 2 mètres à la mine patibulaire : "celui-là il a tué 3 personnes à la hache. Il vient de faire 20 ans de détention. Il sort dans un semaine; je pense qu'il est encore plus fou qu'en entrant ". Moi j'ai vu tout ça.



L'argument abolitionniste qui me touche le plus : la probabilité non négligeable de tuer des innocents. C'est ce qui avait déterminé des gouverneurs Républicains outre-Atlantiques à ordonner un moratoire sur les exécutions, en partant du principe que le système judiciaire pénal aux Etats-Unis était tellement inéquitable (vis-à-vis de la communauté noire notamment) que la peine de mort était impraticable. Je pense être un peu de leur avis.



Mais de toute façon je ne cherche à convaincre personne, surtout pas ceux qui ne pensent pas comme moi, comme dirait Swani.





32. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:08, par François



Merci.



Dire que vingt-cinq ans après certains rêvent encore du retour de cette peine d'un autre âge. Merci aussi à Maître Badinter.



Cordialement.



33. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:11, par princesse sarah



Maintenant que la peine de mort est abolie, en quoi consiste la grâce présidentielle? En effet un condamné à perpétuité ne pouvant au maximum ne faire "que" 30 ans quelle serait la nature de la grâce?

Cela revient au même qu'une dispense de peine qui est quant à elle décidé par le tribunal?



exellent article maître !!



34. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:14, par Akynou



J'étais à l'Assemblée nationale, dans le public, quand Robert Badinter a demandé de voter l'abolition de la peine de mort aux députés. C'était un grand jour, empreint d'émotion. Tant avaient promis de le faire. Et s'étaient retrancher derrière l'opinion publique.

Le 9 octobre, il ne faudrait jamais oublier, non.

Cela dit, très beau texte…



35. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:22, par Swâmi Petaramesh



@Bob : Ah, si c'est un "Jésus", c'est différent : Il faut le crucifier et non le guillotiner ! Vous avez donc raison.



Mais quand bien même vous l'aurez crucifié que vous n'aurez toujours pas répondu à la question : D'où une société tire-t-elle le droit moral d'assassiner un être humain, si cela n'est pas strictement nécessaire à la survie de cette société (Autrement dit, du point de vue de la société, l'assassinat ne saurait être considérée comme légitime défense tant qu'il existe d'autres solutions possibles, et que la survie de la société n'est pas menacée dans la même mesure que celle de l'individu qu'elle envisage de mettre à mort).



Votre argument "On va libérer un dangereux criminel de 2 mètres qui tue à la hache" est un argument affectif, et non pas un argument qui s'adresse à l'intelligence.



L'intelligence vous rétorquerait que le fait qu'il ne faille sans doute pas libérer de "dangereux criminel de deux mètres" n'implique nullement qu'on aurait du tuer cet homme fictif, cet exemple commode que vous prenez.



Le fait qu'une peine ou une libération (imaginaires je le répète) puissent être inadaptés n'implique nullement qu'il n'y ait aucune autre solution que le meurtre.



(Et votre directeur de prison fictif lit-il dans les boules de cristal ? Quand bien même, cela ne démontrerait-il pas plutôt que la peine qui a été appliquée à cet individu a été inadaptée à l'amender, ce qui n'est pas nécessairement de la faute du condamné, mais peut-être bien le problème de l'inefficacité de la prison, surtout les nôtres, si belles qu'elles font la honte de l'Europe...)



C'est une méthode réthorique bien connue que de créer une fausse alternative "C'est ça ou ça !" pour "démontrer" la validité de son choix, alors que cette alternative n'existe que dans l'esprit de celui qui la pose. Ce type d'argumentation fallacieuse ne mérite guère plus de réponse que de souligner la manière dont elle pêche.



36. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:25, par slu



Bonjour,



de mémoire, le condamné signait également sa levée d'écrou avant d'être exécuté.

Juridiquement, on exécutait un homme libre ...



37. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:25, par loz



"Un saut carré en métal". J'ai relu quatre fois la phrase. C'est un sceau, un sot, ou un seau ?



Sinon récit émouvant, et surtout, bien plus important, qui est juste, qui n'en fait pas trop.

Je suis abolitionniste convaincu depuis longtemps, d'abord à cause de mon milieu ("culturellement"), puis émotionnellement ("c'est pas cool de tuer quelqu'un"), puis de façon éclairée (la profonde inhumanité, inutilité, contre-productivité de la peine, les jeux de pouvoir qui s'y jouent).

Je rencontre parfois, surtout sur des forums internationaux où l'auto-censure française (européenne ?) sur le sujet n'existe pas, des partisans (de la peine de mort). Ils sont partisans culturellement (certains pays pratiquent encore la peine de mort), émotionnellement (émotion orientée à la fois vers la victime et vers le "monstre criminel"), et de façon éclairée (certains sites expliquent que les abolitionnistes manipulent les chiffres pour faire croire que la peine de mort est inefficace alors qu'elle l'est).

Bref ces rencontres sont une bonne école de l'humilité, mais je suis assez désarmé pour expliquer mon point de vue à des gens qui, au fond, sont tout aussi persuadés que moi d'avoir raison (!).

Si quelqu'un a des techniques, des stratégies, ça m'intéresse.

D'ailleurs, maître, autorisez-vous la traduction de ce billet ? J'essaierai de traduire ce billet moi-même en anglais, mais je suis ouvert à toute aide, sachant que mon niveau moyen d'anglais va rendre l'entreprise longue et pénible.



En tout cas merci.



38. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:26, par nouvouzil



@fred



Je n'arrive pas à retrouver les chiffres dont vous faites état.



Sur le sujet, il y a l'article récent:



www.democracyinaction.org...



39. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:36, par Amazone



@Bob : Il a été prouvé que la peine de mort n'était en rien dissuasive et que les états américains qui la pratiquent encore ont un taux de criminalité plus élevé que ceux qui l'ont abolie! Par ailleurs la société ne peut pas pratiquer ce qu'elle interdit à ses citoyens, n'est-ce pas ? Il faudrait que tu lises "De sang froid" de Truman Capote, peut-être changerais-tu d'avis...





40. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:37, par Fred



c'est émouvant ce papier.

Il y a des choses qui méritent en effet d'être redites, à l'heure où certains (présidentiables?) prétendent remettre en cause la suppression de la peine de mort.



merci



"Ne fais pas d'histoires, lui dit le gardien chef d'un ton ferme, et tout se passera bien"



ben dis donc...



41. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:40, par JJL



Votre texte est boulversant. J'en ai les larmes aux yeux.



Merci





42. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:41, par AntoineD



Intensément ému, à croire que la pièce se joue encore… oui, ça se joue encore. Dur de croire que ça n'appartient pas encore au passé. Dur.



43. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:42, par Bob



Vous avez raison, cher Swami. Je suis partisan moi aussi de veritables peines à vie. Je suis également intimement convaincu que ce n'est pas moins inhumain que la peine de mort (comme disait Céline "c'est pas toujours la mort ; c'est parfois pire ..."). - Et pas qu'en France bien sûr (trop facile d'avancer sans preuve qu'ailleurs on sait comment passer une détention à vie dans la joie et l'espérance).



Sur l'inefficacité de la peine de mort, je n'en sais foutre rien. Comme disait cette fois-ci Bruno Carette dans "Objectifs nuls" : "les chiffres ont leur fait dire ce qu'on veut". J'imagine instinctivement que l'existence de la peine de mort a une véritable influence sur certaines catégories de criminels, les plus sensés, les plus accessibles aux raisonnements rationnels (en gros plus sur le braqueur prêt à tuer pour arriver à ses fins que sur l'assassin d'enfants).



► Las, tout criminel commet son forfait dans l'espoir secret d'être impune. Dès lors, la peine de mort n'est pas plus dissuasive que la perpétuité puisque dans les deux cas, il envisage d'y échapper. Quant au fait que la deuxième serait moins souhaitable que la seconde, donc que la gravité du risque ferait réfléchir, je n'y crois pas, puisque dans les deux cas, les chances de sa survenance sont les mêmes. Au XVIIIe siècle, en Angleterre, une recrudescence des pickpockets conduisit les Communes à voter une loi punissant les tire-laines de mort par pendaison. Au bout de quelques mois, cette loi dut être retirée, du fait qu'on constatait une recrudescence des pickpockets au cours des exécutions. Voilà pour le caractère dissuasif.



Eolas



44. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:42, par Rémy



Il y avait un des films du Décalogue de Kieslowski qui parlait très bien de ça. "Tu ne tueras point" me semble-t-il. L'assinat commit par le condamné à mort était tout aussi sauvage que son exécution, avec l'infime différence que son exécution était un acte prémédité.



45. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:45, par Harlay



attention à ne pas tomber dans l'anathème systématique ,et parfois un tantinet méprisant ,à l'égard du posteur qui sort un peu de l'hagiographie ambiante ...les effets de manche ternissent alors un peu la beauté et la pertinence ,indiscutables,du texte..."l'humilité est l'antichambre de toutes les perfections" ,cher Eolas...

Prochain sujet ,qui devrait passionner vos lecteurs :les conclusions de l'Avocat Général (infortuné Lafortune!) peuvent -elles être mises au ...tapis par le très secret Conseiller rapporteur ...et la Cour de Cassation



► Et qui ai-je ainsi anathémisé, je vous prie ?



Eolas



46. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:46, par Neville



@ Bob, commentaire 27.



Connaissez-vous le film " Tu ne tueras point " de Kieslowski ?



Bien sûr, c'est de la fiction, mais on y assiste successivement à l'assassinat gratuit d'un chauffeur de taxi, étranglé par son client qui a choisi cette victime par pur hasard, puis l'exécution capitale dudit assassin, par pendaison, à l'issue de son procès d'assises.



On peut donc être révulsé par l'exécution du criminel sans pour autant perdre de vue le sort de la victime, dont aucune n'a du reste ressuscité par l'effet de la mort infligée à son meurtrier.



Et la pendaison, telle que décrite par Kieslowski, n'a rien à envier à la guillotine dépeinte admirablement dans ce billet, du point de vue du sordide et du dégoût.



A part celà, un petit détail mais il me semble que la phrase habituelle pour réveiller le condamné, le matin de son exécution, était " Votre recours en grâce a été rejeté... Ayez du courage ! "



Quant au fait que le condamné pouvait espérer jusqu'au bout la grâce présidentielle et que donc il était réellement surpris lors du réveil anticipé, l'histoire criminelle française nous en donne un exemple : le Président de la République avait refusé la grâce à un condamné, qui devait donc être exécuté le 7 mai 1932 mais la veille, ce Président, Paul DOUMER, a été victime d'un attentat et agonisait au moment de l'exécutuion prévue, vers 4h00 du matin, qui a de ce fait été reportée pour permettre au condamné de bénéficier jusqu'au bout d'une possible grâce, par changement d'avis du Président, que son état médical le rendait alors incapable de formuler.



Son successeur, Albert LEBRUN, grâcia ultérieurement ce condamné, qui était donc passé à 45 minutes de l'exécution capitale.







47. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:49, par Ouf



Bien sûr, c'est un billet émouvant. Mais ce genre de billet on les lit toujours avec la présupposition, dans un coin de notre conscience que l'accusé est innocent et que la peine est d'autant plus injuste.



Mais pour faire bonne mesure, peut-être pourriez-vous nous concocter un billet autour des souffrances endurées par des torturé(s), violé(e)s, assassiné(e)s par un tueur en série, ou un violeur d'enfant, par exemple...



Ce n'est pas que je sois POUR le rétablissement de la peine de mort, mais ce genre de billet ou l'émotion prime toujours sur le raison m'exaspère. D'autant plus que je ne comprends pas bien le but du propos, puisqu'à ma connaissance, le rétablissement de la peine de mort ne fait pas débat aujourd'hui en France.



► Déjà fait, vous contefaites l'argument de Bob. Comme à lui, je vous rpondrai que je n'ai jamais, dans ce billet, fait ne serait-ce qu'une allusion à l'éventuelle innocence de Quidam. Jamais cet argument n'est employé par son propre avocat. C'est à dessein, pour ne pas tomber dans cette facilité, et parce que j'entends montrer que la peine de mort est horrible même appliqué à des coupables (c'est d'ailleurs le cas de le dire avec la guillotine).



Eolas



48. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:49, par Bob



@Remy



L'autre légère différence c'est que la victime du condamné à mort avait une forte chance d'être innocente de tout crime.

Mais je m'égare : pardonnez moi Maître dans tomber dans la facilité et dans l'émotion, tellement absentes des autres commentaires.



► Je vous accorde et la culpabilité de Quidam et l'innocence d'Olibrius. Mais que Quidam ait pu l'occir révèle un manquement de la société à son devoir de protection de ses membres. En mettre un autre à mort ne répare pas la perte du premier, ni la faute de la société, elle ne fait qu'ajouter le malheur d'une famille à celui d'une autre famille, comme si les douleurs se compensaient entre elles par une curieuse et bien abjecte vision de l'équité.



Eolas



49. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:50, par Rémy



La peine de mort n'a aucun impact sur la criminalité.

Ca en aurait peut-être sur la délinquence en col blanc, qui est peut-être le seul type de délinquence où l'on est très bien renseigné sur ce que l'on risque et où l'on pèse très bien le rapport gain / risque avant de commettre ses méfaits. Mais bon, si on se mettait à couper la tête aux gens comme Juppé, il n'y aurait plus d'enseignants dans les universités canadiennes, ce qui nuirait à nos relations avec ce beau pays.



Sinon, le genre de crime qui était puni de la peine de mort, faisait rarement l'objet d'un bénéfice personnel auprès du coupable qui justifierait de risquer de passer 30 ans en prison.









► Pour mémoire, les crimes punis de mort étaient : l'assassinat (c'est à dire le meurtre avec préméditation : le meurtre simple n'a JAMAIS été puni de mort), l'empoisonnement, le parricide, l'infanticide sauf celui commis par la mère, le meurtre accompagné d'un autre crime (viol, enlèvement) ou commis pour faciliter une infraction, faciliter la fuite des auteurs ou assurer leur impunité (abattre un témoin...). Ce sont les seuls qui me reviennent à l'esprit, mais peut être y en avait-il d'autres : je n'ai jamais exercé à l'époque où on coupait les gens en deux.



Eolas



50. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:55, par LtR



Comme l’on songe souvent aux Etats-Unis, je me permets de suggérer la visite d’un site : www.answers.com : taper ensuite Capital punishment in the United States. D’intéressants détails sur l'application de la peine capitale, les décisions de la Cour Suprême des USA, et des liens vers des sites contre ou en faveur de la peine de mort.







51. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:56, par Swâmi Petaramesh



@Fred (#40) : « "Ne fais pas d'histoires, lui dit le gardien chef d'un ton ferme, et tout se passera bien" ben dis donc... »



Tout se passera bien... Pour ceux qui rentreront chez eux sur leurs pieds. Le supplicié était censé ne pas faire d'histoires, un "bon supplicié" étant un supplicié courageux, et un supplicié "courageux" étant un supplicié docile et soumis, surtout pas un qui aurait tenté de résister à ses bourreaux par la force ou par les cris... Etrange retournement.





Quant à la position de notre civilisation vis-à-vis de la peine de mort, j'aurai toujours de grandes réticences à considérer commme neutre et saine la position d'une civilisation basée sur une religion dont l'objet d'adoration le plus élevé, reproduit à des millions d'exemplaires de toutes tailles, représente un homme cloué à l'instrument de son supplice capital, long et cruel pour que ce soit plus drôle, et dont les églises détaillent jusqu'à plus soif les multiples "stations" dudit supplice tranformé en légende.

J'aurai toujours de sérieux doutes à propos d'une civilisation basée sur une religion fondée sur le concept de "péché originel" aussitôt suivi d'une "punition divine" dont nous exécuterions soi-disant encore aujourd'hui la peine de "perpétuité réelle" en l'occurrence.

l'avocat qui a plaidé ce dossier était une vraie buse...

Mais bon. moi, je dis ça, je dis rien...





► Sur ce dernier point, vous péchez par ignorance. Le symbole du christianisme n'est PAS le crucifix mais la seule croix, vide : ce vide rappelle la résurection du Christ et la croyance en la vie éternelle. Le crucifix est le symbole de la Passion du Christ et de son sacrifice pour le rachat des péchés. Il est arboré lors des messes qui commémorent ce sacrifice conformément aux instructions laissées par le patron, et aposé sur les morts en symbole de la foi en leur résurection, et au dessus des lits, pour conjurer la peur de mourir dans son sommeil.



Eolas



52. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:57, par Rémy



@Bob,



je crois que le but de la justice pénale n'est pas de punir le condamné au prorata de la souffrance qu'il a infligé à autrui (sinon rendre quelqu'un paraplégique dans un accident de voiture pourrait valoir de belles peines de prison), mais plutôt de le punir au nom de la société proportionellement à la façon dont il a enfrein la loi. certes, c'est pire de tuer quelqu'un en le torturant que de le tuer simplement, mais lorsque l'on juge au pénal, c'est pas la victime que l'on cherche à indemnisé, c'est la société qui sanctionne pour le coupable d'avoir enfreint la loi.







53. Le lundi 9 octobre 2006 à 15:59, par Pangloss



J'avoue être etonné de voir un billet comme celui-ci sur ce blog. Etonné dans le bon sens, je précise pour les mauvaises langues.



Enfin quel que soit le crime ou la raison invoqué en faveur de la peine de mort, les deux choses que l'on sait avec certitude est que le condamné est mort pour de bon alors que la justice est faillible.

On peut annuler une peine de prison à vie. Pas recoller des têtes.



54. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:05, par Bob



Je m'incline cher Swami devant votre analyse d'une petrtinence hors du commun consistant à présenter la vision chrétienne de la crucifixion du Christ comme une apologie de la peine de mort. Vous pensez sans doute que les chrétiens disent "Si Dieu lui-même est mort sur la croix, c'est que l'exécution public est une bonne chose"... C'est profond. Cela dénote juste une méconnaissance absolue de la portée que les croyants donnent à cet acte, qui serait plutôt un formidable plaidoyer contre la peine de mort (la victime innocente, l'erreur judiciaire, la cruauté de l'exécution, l'inefficacité de l'acte sur le long terme (cf. le développement de l'Eglise ...).





► J'abonde, cher Bob. Le récit de la Passion est aussi le récit d'une erreur judiciaire, et l'épisode de Barabas invite à la réflexion sur la justice populaire et la passion (sans majuscule) de la foule...



Eolas



55. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:10, par Wolverine



C'est une question qui me touche pas mal car j'avoue que je désire fortement que la peine de mort ai pu être appliquée à la personne qui m'a poignardé il y a maintenant 6 ans de cela. J'ai eu la chance de m'en sortir mais il ne s'en est fallu que d'un cheveu. J'ai depuis perdu mon emploi, j'ai des douleurs constantes et surtout j'ai toujours peur de recroiser mon agresseur qui me tiens responsable de son séjour en prison.

Alors oui on peut s'indigner de la peine de mort mais la société n'est pas parfaite et si on veut absolument trouver des excuses à ses gens qui dérivent, il faut aller au bout en leur donnant leur chance de se réinsérer réellement et pas faire ce contenter de geste de clémences qui seront payés par des innocents.

Je sais que le débat n'est pas simple et j'étais moi aussi par principe opposé à la peine capitale. Mais depuis que je suis confronté a une réalité différente, je suis beaucoup plus pratique et je me dis mieux vaut lui que moi.

De plus ma vie a été réellement abimé par cette agression et personne ne se préoccupe de manière concrête des victimes, on doit se contenter de compassion et de sympathie pour refaire sa vie.



PS: Désole pour les fautes mais je suis un peu trop fatigué pour me relire ( j'en entends dèjà pour dire que la fatigue me fait sûrement dire des conneries...)



► Et croyez vous que du temps de la Veuve, les victimes avaient droit à plus de compassion ? On leur disait « Cessez de vous plaindre, on l'a coupé en deux. Vous avez des douleurs perpétuelles, les cauchemars n'ont pas cessé ? Reprenez-vous ». La peine de mort donnait bonne conscience à la société. Les psychothérapeutes vous le diront : la destruction de l'agresseur n'a jamais apaisé une névrose post-traumatique.



Eolas



56. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:12, par Pouet-pouet



Le contraste entre le bureaucratisme et ses conséquences concrètes est quelque chose qui fait vraiment très peur. On a l'impression que pour l'administration, l'exécution serait, inconsciemment, quelque chose d'abstrait et de froid, comme remplir un formulaire. Excellent billet.



► Grande leçon de l'histoire :la bureaucratie exécute tous les ordres, sans remettre en question leur moralité. Raflez moi les juifs, coupez moi cet homme en deux, etc. C'est effrayant : celui qui donne l'ordre n'a pas les mains salles, celui qui a les mains salles obéit aux ordres.



Eolas



57. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:12, par YR



@ Ouf (47) :

Vous n'avez pas lu l'ensemble des commentaires, puisque votre demande (et la discussion qui a suivi) sont à partir du commentaire 27.



D'autre part, s'il n'y a pas débat sur le retour à la peine capitale, il y a quand même des députés qui y songent :

www.assemblee-nationale.f...



Et aussi, puisque finalement certains l'ignorent, l'extrême-droite est à la pointe de ce combat qu'on croyait trop vieux. :

www.frontnational.com/doc...

"14. Rétablir la peine de mort pour les crimes les plus graves"



Si on pense que 5 millions de citoyens français ont voté Le Pen en 2002 et que des élections approchent, il y a de quoi frémir, malgré l'absence de débat...



YR



58. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:17, par YR



Les liens manquants dans le commentaire 57 :

www.assemblee-nationale.f...

et

www.frontnational.com/doc...



YR



59. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:23, par Mily



Aller, mon grain de sel: que BOB et que toute victime ou parent de victime s'indignent et réclament la peine exemplaire, c'est normal. Il s'agit d'une réaction épidermique, physique, liée à la douleur ressentie. Je suis contre la peine de mort, mais si quelqu'un touchait un cheveu de mon neveu, je réclamerai peut-être sa mort. Et c'est justement parce qu'une telle réaction est normale et compréhensible que la justice existe. Justice qui ne doit pas, quant à elle, juger d'après un sentiment de révolte ou de vengeance sans risquer de devenir arbitraire ou inhumaine.

En outre, que dire d'une justice qui s'abaisse au même niveau que le criminel?...



60. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:32, par Neville



@ Eolas, sa réponse au commentaire 43



Souvenir de fac de Droit, pour abonder dans votre sens : mon professeur de Droit pénal nous citait également la cas, c'était avant l'Euro du temps des billets en Francs, des faux-monnayeurs : ceux-ci conaissaient nécessairement l'article qu Code pénal réprimant l'activité à laquelle ils se livraient, puisqu'ils le reproduisait scrupuleusement sur leurs billets contrafaits par souci de ressemblance avec les vrais. Et çà ne les dissuadait pas de commettre ce crime, puisque seul le semtiment d'impunité, ou l'espoir d'impunité, leur faisait ne pas craindre la peine lourde encourue.



61. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:35, par Johann



Je crois - non, je suis sûr - que tu as chamboulé ma conscience pour longtemps.



Merci du fond du coeur.



62. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:41, par Pierre



Merci Maître pour ce très beau texte.



Un excellent film sur le sujet : "Nous sommes tous des assassins", d'André Cayatte (1952), avec notamment Mouloudji. Dommage que nos chaînes de télévision n'aient pas profité de cet anniversaire pour le rediffuser... Ceci dit il a été réédité en DVD par Studio Canal en mai dernier.



63. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:45, par Bob



Pour résumer ma position, je ne vois pas l'intérêt de rétablir aujourd'hui la peine de mort en France, dont l'efficacité en terme d'ordre public n'est pas très grande, j'en conviens volontiers. Mais je persiste à ne pas voir un mal absolu dans le fait de mettre à mort une personne qui a menacé la société (en tuant l'une de ses parties) et qui est suceptible de le refaire. Ce n'est qu'une question d'opportunité et d'efficacité ; si la mort est la seule manière de mettre fin à une menace grave, elle me semble légitime (ce genre de sutuation est évidemment plus fréquente en temps de guerre).

Voyez cher Swami que je suis finalement fort peu chrétien, lesquels (lorsqu'ils sont cohérents) voient dans toute vie humaine une histoire sacrée à laquelle on ne peut attenter volontairement, qu'elle soit bonne ou mauvaise ...



Sur ce je me retire du débat ; j'ai trop de travail au bureau pour représenter à moi tout seul sur ce blog la barbarie contre l'humanité.







► "Opportunité", "efficacité". Brrr... Vous me faites frémir.



Eolas



64. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:45, par Lucasblog



Merci pour ce splendide texte.

J'en ai profité pour inviter les lecteurs de mon blog à venir ici.



Récit extraordinaire d'une terrible réalité...



65. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:48, par la langouste



Très beau texte, on «y est», c'est tout juste si on ne sent pas le froid et l'humidité de la prison (et l'odeur des champignons batifolent probablement le long des murs).



A lire les derniers moments de l'exécution, l'empressement quasi obsessionel «d'en finir» le plus rapidement possible, j'ai vraiment l'impression que la justice (ou l'administration carcérale) ne s'assumait pas. En comparaison, l'exécution à l'américaine me parait presque plus «humaine», du moins un poil moins hypocrite à ce niveau-là, en permettant au condamné de partager un repas et ses derniers instants avec ses proches. Et dieu sait ce que je pense de la peine capitale aux Etats-Unis (et ailleurs).



Pas mal, le «dossier Découyousse», j'ai du le relire deux fois à voix haute.



66. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:51, par Marco Polom



Pfffiooouuu... Je me sens tout vide...

Récemment sur France Inter, Patrice Gélinet évoquait l'affaire Ranucci. On y entendait le commentaire de Maître Lombard après l'exécution :



<<

C'est la première fois de ma carrière d'avocat que je vois un tel spectacle. Celà dépasse en horreur tout ce que je pouvais imaginer. J'ai vécu ce matin avec les jeunes confrères qui m'accompagnaient la journée la plus dure, la plus inhumaine de notre existence professionnelle. Je ne voudrais pour rien au monde revivre des heures aussi atroces. Vous savez je n'emploie pas de grands mots mais je vous dit simplement ce que je pense et ce qu'aurait pensé tout homme à ma place quelque soit son rôle, quelque soit son métier, quelque soit la participation que son métier lui impose à cette inhumaine cérémonie.

>>



A noter par ailleurs la rediffusion récente chez Daniel Mermet sur France Inter (émission "Là-Bas si j'y suis", podcastée) d'un document sur le dernier exécuteur français.





67. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:53, par jules (de diner's room)



Vous n'êtes, bob, pas plus moraliste ou juriste que chrétien. La peine vise à punir, et non à prévenir, comme vous semblez le poser.



Mais s'il ne s'agit que de prévenir les risques, pourquoi s'encombrer dun crime initial, et ne pas procéder par anticipation ?



Qu'est-ce qui, du reste, justifie votre préférence pour la mort, alors que les mesures de sureté diverses existent.



Ma foi, on pourrait vider quelques hôpitaux psychiatriques, avec vos critères.



68. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:56, par deuzeffe



Merci de m'avoir fait pleurer pour une bonne raison. Parce qu'il y a pire que la peine de mort. La perpétuité, la vraie. Où ai-je lu/entendu que des condamnés à perpétuité réclamaient à être exécutés tant leur mise à mort serait une délivrance ?



69. Le lundi 9 octobre 2006 à 16:56, par Zouille



@Mily,



Je suis parfaitement d'accord avec vous. c'est précisément pour éviter les vendettas interminables et les vengeances personnelles que nous payons des magistrats.



70. Le lundi 9 octobre 2006 à 17:12, par bayonne



il y a quelques années sur une émission de radio, il y avait un débat racontant les derniers moment de vie des condamné a mort en France.



un condamné mettait quelques difficulté a se laisser emmener, un gardien lui dit pour le convaincre de se laisser emmener: N'aggravez pas votre cas





71. Le lundi 9 octobre 2006 à 17:15, par la langouste



@deuzeffe, je l'ai entendu à propos de détenus en Sibérie. Mais l'instinct de survie étant ce qu'il est, il suffit probablement d'accéder à leur demande pour les faire changer d'avis...



72. Le lundi 9 octobre 2006 à 17:19, par Neville



@ deuzeffe, commentaire 68

" Où ai-je lu/entendu que des condamnés à perpétuité réclamaient à être exécutés tant leur mise à mort serait une délivrance ? "



Ici, peut-être, dans le paragraphe " plaidoyer pour la peine de de mort "

fr.wikipedia.org/wiki/Pei...



73. Le lundi 9 octobre 2006 à 17:24, par Marc



Sans doute vais-je m'attirer les Foudres des lecteurs avisés de ce Blog;



J'ai la conviction que le Mal existe; Que certains individus, auteurs conscients d'actions atroces, ne méritent plus d'être considérés comme des êtres humains, mais comme des prédateurs nuisibles - et traités comme tels.



Respectueusement,



Marc



► Et qui êtes vous pour leur dénier leur humanité ? Je croyais que c'était passé de mode depuis soixante ans... Si le Mal existe, attaquez vous au Mal, alors, et pas à ses manifestations. Car ils restent des êtres humains, depuis leur naissance et il n'est sur terre nulle puissance apte à le leur retirer. C'est le fondement de toute civilisation.



Eolas



74. Le lundi 9 octobre 2006 à 17:29, par Jean-Marie Le Ray



Bonjour,



Merci pour ce rappel à la mémoire. J'ai une pensée émue pour Jacques Fesch ( fr.wikipedia.org/wiki/Jac... ), exécuté l'année de ma naissance.

Jean-Marie Le Ray



75. Le lundi 9 octobre 2006 à 17:30, par Jean-Marie Le Ray



P.S. Je pense que cet article devrait d'ores et déjà rejoindre la liste des billets notables.

JML



76. Le lundi 9 octobre 2006 à 17:42, par sbriglia



...je dirais même d'un billet ...capital



77. Le lundi 9 octobre 2006 à 17:43, par Julien



Rien qu'avec votre plume et la force de vos mots, vous m'avez touché. Je suis né 2ans après l'abolition de la peine de mort et heureusement je n'ai pas connu cette honte de la justice française. Et dire que certains de nos députés présentent régulièrement des textes pour rétablir la peine de mort pour certaines catégories de personne sans parler des déclarations de l'exécutif polonais.

Merci pour ce billet



78. Le lundi 9 octobre 2006 à 18:00, par Swâmi Petaramesh



@Bob (#54) : « Je m'incline cher Swami devant votre analyse ... consistant à présenter la vision chrétienne de la crucifixion du Christ comme une apologie de la peine de mort. »



Vous déformez mon propos. Je ne présente pas la crucifixion du Christ comme une "apologie de la peine de mort", mais je m'interroge sur une société dont la religion fondatrice a fait d'une exécution capitale son symbole central, quel que soit le sens qu'on veuille bien lui donner et le symbolisme qu'on veuille y voir, et sur lesquels je ne suis pas aussi ignorant que ce que vous semblez croire. Car après tout, le christianisme naissant aurait pu retenir quelque autre symbole central de la vie et de l'oeuvre de son héros, plutôt que sa mise à mort qui nous incite à battre notre coulpe pour les siècles des siècles (et accessoirement à faire porter le chapeau à d'autres dans les plus sombres moments de notre histoire). Tout ceci de plus sous les plus grandes réserves que quoi que ce soit là-dedans ait une réalité historique.



Ne vous méprenez pas non plus : Mon propos n'est pas d'insulter les chrétiens ni de lancer un interminable troll digne de fr.soc.religion, mais il me semble qu'on ne peut pas considérer la question de la peine de mort dans notre société sans également évoquer le symbole central de la religion principale dont elle est issue (historiquement), et des notions très particulières et indissociables de cette religion, de Dieu / Diable / Bien / Mal / péché / rédemption / punition ET SURTOUT "Vie Éternelle" qui sont en jeu dès qu'on évoque le système pénal en général, et la peine de mort en très particulier.



Car le sens de la peine de mort est entièrement différent selon que l'on est athée ou croyant, et selon que l'on pense que l'on met un terme total et absolu à une vie, ou qu'on ne fait qu'expédier "l'âme" de son temporaire propriétaire vers une vie plus "éternelle" et l'éventuel jugement d'une Entité Supérieure capable de corriger pour l'éternité dans un sens ou dans l'autre une erreur éventuelle.



Ainsi, au-delà de l'aspect monstrueux d'une exécution capitale, le sens même que celle-ci revêt ne peut être séparé de l'optique religieuse ou a-religieuse selon laquelle on considère cette mise à mort.



Ceci valait d'être noté, puisqu'il me semble qu'aucun des 75 commentaires précédents n'aborde la question sous cet angle...



> « Vous pensez sans doute que »



Cher Bob, je me crois tout-à-fait capable d'exprimer moi-même ce que je pense de manière assez claire, plutôt que de vous laisser vous livrer à des extrapolations saugrenues que vous présentez comme ce que vous supposez être ma pensée. Exprimez donc la vôtre plutôt que de tenter de déformer la mienne, je vous en saurai gré.



79. Le lundi 9 octobre 2006 à 18:23, par Oxygène



Quelle émotion ! Me permettez-vous de la faire partager à mes élèves en leur faisant étudier ce billet ?



► Avec plaisir.



Eolas



80. Le lundi 9 octobre 2006 à 18:30, par ano et nyme



j'ai lu une fois un argument disant..." l'etat ne m'a pas donné la vie, il n'a pas a me la prendre"....

Je ne dirais pas que c'est simpliste, c'est tout a fait juste mais tronqué....

Je ne dirais jamais etre pour ou contre ce genre d'acte, je suis juste mitigé comme beaucoup qui refusent d'admettre le bien fondé et l'argumentation adverse......

Je réfute simplement toutes les théses simplistes qui me parlent de droits fondamentaux ( humaine, religieuse, républicaine ...? ), comme l'irréversibilité du traitement, la faillibilité, la violation du droit a la vie, l' erreur toujours possible, et que sais je encore...., la dissuasion, la prévention, le cout économique ( soyons terre a terre), la punition, la loi du talion....and so on....

Mon esprit synthétique est pour, mais ma conscience est contre...allez donc faire le ménage là dedans, et je ne ferai pas de cas par cas...ce raisonnement est aussi trés simpliste....

Je n'aime pas les avis tranché qui sont sur d'avoir raison, peut etre les mathématiques ou l'on peut démontrer à juste titre le bien fondé, ou l'électronique qui est plus de ma partie...quoique... meme Einstein a ses détracteurs....

La réponse de normand est la plus adéquate " p'tet bien oui, p'tet bien que non", sera ma seule pierre poreuse a l'édifice, ce n'est qu'un avis sauf si on me demande de modifier la loi...



Cordialement de continuer a tout lire..



► Vous n'aimez pas les avis tranchés ? Merci pour cet humour involontaire.



Eolas



81. Le lundi 9 octobre 2006 à 18:36, par Tristram



D'après Sofres, 42% des français seraient pour le rétablissement de la peine de mort et seulement 52% seraient contre.



Regardez autour de vous. Une personne sur deux que vous croisez ne trouve pas ça abominable....



www.tns-sofres.com/etudes...



► Je vous signale que l'échantillon interrogé a accordé à la question un temps de réflexion égal au temps de lecture de la question. Prenez les mêmes sondés et mettez les dans un jury d'assises. Vous verrez s'ils voteraient à 42% la peine de mort.



Eolas



82. Le lundi 9 octobre 2006 à 18:42, par frol



"tandis que des amis de la famille Olibrius applaudissent"

Je n'ai jamais ete dans ce cas (et je ne l'espere pas) mais de telles rejouissances de la famille de qq qu'on a assassiné ou la violence de leur propos lorsque l'accusé est innocenté, m'ont toujours glacé le sang. Je ne nie pas la souffrance des victimes mais je pense pas que les proces d'assises aient pour vocation de les vengés.







83. Le lundi 9 octobre 2006 à 18:44, par Swâmi Petaramesh



Maître Eolas, je me rends compte du point auquel j'abuse de l'hospitalité de votre espace de commentaires, si vous trouvez que j'exagère au-delà du raisonnable, n'hésitez pas à me le dire...



Je voulais ajouter avant de me taire que la peine de mort à ceci de particulier qu'elle est la seule peine _métaphysique_ et qui n'ait pas le même sens pour chacun.



10 ans de taule, c'est 10 ans de taule. Ca a en gros le même sens pour tout le monde.



Mais la _mort_ voilà bien qui n'a pas le même sens pour tout le monde, ni pour les juges qui l'infligent, ni pour celui qui la subit, ni pour ceux qui y prennent part en quoi que ce soit. Selon que l'on soit chrétien, bouddhiste, musulman, athée... le sens de la mort et de ce qui la suit ou non est totalement différent. Ainsi la peine de mort est-elle profondément inégalitaire - dans le coût psychologique qu'elle inflige à chacun - et donc inacceptable.



C'est d'autre part la seule peine qui ne laisse aucune chance à celui qui la subit de pouvoir s'amender dans cette vie... La seule punition qui ne laisse aucun souvenir, dont on ne puisse donc, en tant que "puni", tirer aucune leçon ni aucun profit d'aucune sorte.



C'est la négation du simple _droit à être_.



Je terminerai par une phrase de Danton...:



« C'est singulier, le verbe "guillotiner" ne peut pas se conjuguer dans tous ses temps. On peut dire : "Je serai guillotiné, "Tu seras guillotiné", mais on ne peut pas dire : "J'ai été guillotiné. »



...Prémonitoire, sans doute.



84. Le lundi 9 octobre 2006 à 18:45, par Irène Delse



@Bob: "si la mort est la seule manière de mettre fin à une menace grave, elle me semble légitime"



Le problème, dans cette phrase, c'est qu'elle repose toute entière sur le "si"...



85. Le lundi 9 octobre 2006 à 18:50, par mimi



Je n'ai pas voté Mitterrand, mais je lui suis reconnaissant d'avoir fait abolir cette peine de mort.

Et pourtant quelqu'un de très proche de moi a été assassiné.



86. Le lundi 9 octobre 2006 à 18:52, par La Faucheuse



Typique presentation des oppposants a la peine de mort : on prend le cas d'un condamne un peu simplet, on ne presente que la defense en ignorant la souffrance des victimes et la gravite du crime.



J'aimerais rappeler que l'abolition de la peine de mort a ete decidee au mepris de l'opinion de la majorite qui y etait encore favorable.

Qu'on soit contre est une chose, mais la procedure pour l'abolir eut ete de convaincre l'opinion afin qu'une majorite contre s'en degage.



L'abolition de la peine de mort restera pour toujours une gifle aux principes democratiques et a l'opinion de la majorite, tres typique de la gauche.



Suivant les memes principes, on pourrait facilement imaginer un parti enclin a la pedophilie ( cf Pays Bas ) decider dans son coin apres avoir ete elu d'abaisser la majorite sexuelle a 8 ans peut etre, au mepris de l'opinion de la majorite.



► Et la palme de l'élégance est attribuée à La Faucheuse, pour son assimilation des abolitionnistes aux pédophiles, on la félicite bien fort. Et la palme des clichés rabattus est attribué à... La Faucheuse, décidément, pour son invocation des victimes comme justification sans justifier d'où lui vient son mandat de réclamer la mort d'autrui en leur nom, sans expliquer en quoi la mort pouvait réparer la mort. Et la palme de l'incompréhension démocratique est attribuée à ... La Faucheuse, quel festival, pour ne pas comprendre qu'un président de gauche fraichement élu qui avait mis l'abolition dans son programme la fasse voter par une assemblée fraichement élue et majoritairement à gauche qui avait dans son programme le soutien au dit président fraichement élu, et faire abstraction du fait que le RPR et l'UDF ont majoritairement voté ce texte, soutenu par Philippe Séguin, président du groupe RPR, tout ça au nom de "l'opinion publique", qui l'emporte à coup de sondages sur le scrutin national. Quel triomphe, je suis pantois.



Eolas



87. Le lundi 9 octobre 2006 à 19:07, par ano et nyme



@Swâmi Petaramesh

je vais oser un paralléle quelque peu déplacé, mais en lisant votre derniére phrase attribuée a danton, je me souviens d'un certain " oumar m'a tuer"... Bon c'est trés incorrect et je m'en excuse...

Je veux juste preciser que vos arguments concernant l'obédience religieuse sont tout ce qu'il y a de plus leger de quelque soit la place ou l'on se trouve.... feuilletez un peu la bible ou le coran pour simplifier, vous trouverez des exemples de punition divine assez explicite, ainsi que des interprétations actuelles assez retord.

La justice est laique, enfin je l'espére, mais le politiquement correct veut que l'on soit contre la peine de mort..... Les pourcentages donnés par tristam également sont sujets a caution, il serait facile de trouver des pourcentages inversés en fonction de faits divers ou de questionages posés différemment....

Enfin, juste histoire de poser ma pierre poreuse a l'edifice et de troller, ce dont je m'excuse...



Cordialement de continuer a tout lire..



88. Le lundi 9 octobre 2006 à 19:10, par Zouille



@ La Faucheuse.



Je ne sais si vous êtes pour ou contre la peine de mort, et quelque soit votre opinion je la respecte.



Mais il n'est pas vrai de dire qu'elle fut abolie contre une majorité de français. En effet, Mitterand inscrivit à son programme son abolition. Lorsqu'un journaliste lui demanda, lors d'une interview peu avant les élections s'il l'abolirait et s'il gracierait tous les condamnés à cette peine avant de promulguer son abolition, il répondit par l'affirmative. On peut donc affirmer que, avant de poser leur bulletin dans l'urne, les électeurs savaient que s'ils élisaient Mitterand, la peine de mort ne serait plus pratiquée. Il fut élu tout de même. Qu 'un sondage prétende, à partir d'un échantillon soit disant représentatif que les Français restaient attachés à cette peine n'a donc aucune importance; Au moment de voter Mitterand, ils savaient que la peine de mort serait abolie et ils votèrent tout de même pour lui.



89. Le lundi 9 octobre 2006 à 19:37, par ano et nyme



Maitre, et je m'en excuse, vous insultez mon saupoudrage de traits d'humour, mal placé j'en conviens, mais toujours volontaire....

Cela dit, hormis ce texte vieillot, qui ne m'a tiré aucunes larmes ni dégout comme certains lecteurs ( je plaide coupable pour mon insensibilité ) , il serait interessant d'avoir l'avis d'une personne plus a meme de cotoyer les arcanes de la justice et des justiciables....



Cordialement de continuer a tout lire



90. Le lundi 9 octobre 2006 à 19:37, par Zouille



oups, une prochaine fois, je rafraichirai la page avant d'écrire mon commentaire, désolé...



91. Le lundi 9 octobre 2006 à 19:38, par snif snif



Merci Eolas de nous avoir rappelé la mémoire de Nicole Comte, infirmière, égorgée de sang froid par Quidam, et de Guy Girardot , le gardien entravé par Olibrius , qui se fera trancher la gorge proprement, c'est à dire avec la tête qui tient encore en place, ce qui est mieux que la guillotine qui coupe en 2 et qui multiplie les frais d'obséques.



sincérement , merci pour eux, c'était trés émouvant...



snif...



► Note aux lecteurs : Les noms cités ici sont les victimes de Georges Buffet, lors d'une prise d'otage à la centrale de Clairvaux avec son complice Roger Bontems. Pour ces faits, les deux accusés seront condamnés à mort et exécutés alors même que l'instruction avait établi que Bontems n'avait tué ni Comte, ni Girardot. Mais Snif snif, dans sa hâte à verser dans la commisération morbide, a accusé ce pauvre Quidam à la place de Buffet, et surtout a accusé Olibrius d'un crime alors qu'il n'était que la victime de Quidam dans mon billet. Vous voyez, quand on est assoiffé de têtes tranchées, on commet vite une erreur judiciaire.



Eolas



92. Le lundi 9 octobre 2006 à 19:44, par Garfieldd



pendant longtemps j'ai pensé que la peine de mort appliquée à des assassins...

Jusqu'au jour où j'ai compris que la force et la grandeur de l'état ou de la justice, c'était d'être capable de juger avec le recul et la sérénité qui permettent d'aller au delà de la réaction viscérale, animale ou humaine, cette réaction qu'on appelle la loi du talion.



Ce jour là je suis devenu abolitionniste.

Et aujourd'hui je dis merci à Badinter d'avoir osé et réussi à changer la face de notre société.



93. Le lundi 9 octobre 2006 à 19:45, par probatio



Imaginez que Quidam est l'auteur d'un horrible meurtre sordide ayant touché un de vos proche et ayant brissé votre vie, et la lecture passera mieux.



Ceci étant dit, dans le cas contraire, on est heureux d'être après 1981.



► Depuis que j'ai revétu la robe, on me l'a faite mille fois, celle là. Imaginez que celui que vous défendez vous a fait du mal à vous ou à vote famille, et blablabli et blablabla, patron, un Ricard. Alors pour mes amis mal comprenants : je n'imagine rien dans mes dossiers, je me contente des faits et des pièces. Ou alors, j'exige qu'en retour on imagine que mes clients n'ont rien fait et sur la fois de cette chimère, qu'on les acquitte. Y'a pas de raison que ça ne marche que dans un sens. Secundo, si mes clients m'avaient fait du mal à moi ou à ma famille, je ne serais pas leur avocat. En même temps qu'on a abrogé la loi du Talion, on a décidé qu'on ne serait pas à la fois juge et partie. C'est ce qui distingue la justice du lynchage, à part le port de la robe. On la confie à des gens neutres. Tertio, il est insultant à l'égard de vos intelrocuteurs d'iumaginer que leur opinion soit aussi contingente. Ils sont contre parce qu'ils n'ont jamais imaginé qu'ils pourraient être victimes. Genre vous avez le monopole de la réflexion avancée. Et bien figurez vous que si, la plupart y ont pensé et ont la faiblesse de croire qu'en des temps de grande douleur, leurs instincts ne prendraient pas le dessus sur leur raison, et qui cela arrivait, ils auraient tort. Il est des vérités objectives, le prisme de la victime est nécessairement déformant. Le prendre comme référence est une ruine pour l'intelligence.



Eolas



94. Le lundi 9 octobre 2006 à 19:47, par Bob Marcel



Robert Badinter fait partie avec Simone Veil (car on lui a mené la vie dure quand elle a autorisé l'IVG) des rares politiciens que j'admire. Ils ont pris des décisions guidées par leur conscience et un idéal de civilisation aux heures ou sonnaient des trompettes vindicatives populistes.



95. Le lundi 9 octobre 2006 à 19:48, par snif snif



je suis très mal élevé et je ne suis pas chez moi ici.



► Commentaire modifié



Eolas



96. Le lundi 9 octobre 2006 à 19:54, par Swâmi Petaramesh



@Ano et nyme (#87) : A lire la réponse que vous me faites dans votre commentaire #87, je pense que vous n'avez pas saisi le sens réel de mon propos.

Par souci de symétrie, permettez-moi de n'avoir rien compris au vôtre.



@snif snif (#95), courageusement caché derrière un pseudonyme sans adresse de site : Que répondre à quelqu'un qui pense que l'insulte ad hominem brute est un argument ? Et en plus, un argument suffisant, en l'absence de tout autre ?

Ne rien répondre, certainement. Ca ne mérite pas de réponse. La caravane passe.



97. Le lundi 9 octobre 2006 à 20:01, par snifsnif



[Bip]



98. Le lundi 9 octobre 2006 à 20:01, par Teo



Merci pour les larmes que m'a tiré ce texte.



99. Le lundi 9 octobre 2006 à 20:16, par probatio



Maître, je voulais juste exprimer la dualité de l'être. Excusez la vacuité de mes propos basés sur un sentiment d'ambivalence largement partagé parmi les gens (qui peuvent boire du ricard).



100. Le lundi 9 octobre 2006 à 20:23, par probatio



Permettez moi d'ajouter que l'état des prisons françaises serait de nature à assouvir mes hypothétiques pulsions de vengeances de façon encore plus certaine que la peine de mort, bien que je revendique encore par ces propos la dualité d'un être qui est, dans le fond, quand les sentiments sont loin (ou est-ce le contraire ?) contre ce chatiment.



D'ailleurs à ce propos, une plus grande prise de conscience de l'état lamentable de nos prisons serait plus bénéfique que la périodique autocongratulation de l'avancée humaniste de 1981.



101. Le lundi 9 octobre 2006 à 20:35, par La Faucheuse



Lors de l'election de 1981, Mitterand fut elu avec 51,76 % des suffrages EXPRIMES. Avec 17,2 % de bulletins blancs et d'abstention, soit 82,8 % de suffrages exprimes, cela correspond donc a 42,86 % des voix des electeurs. L'abolition de la peine de mort a donc ete votee suite a un vote d'une MINORITE de Francais ( 42,86 % < 50 % = une minorite).



Il semble tout de meme que l'abolition de la peine de mort est une chose suffisament importante pour meriter un referendum.



Je ne tergiverse pas sur le fait qu'il ne faille pas l'abolir, je pense egalement qu'on en a abuse avant 1981. Je dis seulement qu'encore aujourd'hui, pour des assassins d'enfants, une ecrasante majorite de Francais sont favorables a la peine de mort. On peut donc tout a fait imaginer une peine de mort en France lorsque les circonstances sont claires ( par exemple : aucun doute possible sur la culpabilite, danger de recidive et crime odieux )



Enfin, pour affirmer que j'ai assimile les pedophiles aux abolitionistes, il faut etre tres fatigue ou de tres mauvaise foi: j'ecris seulement qu'il est facile a une minorite, qu'elle soit inspiree par des sentiments ethiques ou odieux, de fouler aux pieds LE principe democratique de base : le Peuple est souverain, et les decision des gouvernements doivent emaner du Peuple. Il n'est pas besoin de sortir de la cuisse de Jupiter pour comprendre que toute decision reniant la volonte de la majorite du Peuple est en contradiction avec nos principes fondamentaux. Les gouvernements doivent craindre le Peuple, pas le contraire.



Enfin Maitre, sachez que j'ai un tres grand respect pour vous, je vous lis avec beaucoup de plaisir, mais lorsque vous ecrivez "et blablabli et blablabla, patron, un Ricard", vous agissez en bobo parisien rive gauche qui n'a que mepris pour la plebe, autrement dit le provincial qui ne pense pas comme la gauche bien-pensante. Sachez qu'en dehors de cette gauche bien pensante eclairee dont le Destin est de guider le Peuple ignorant qui ne sait pas et qui ne peut pas prendre de decisions tout seul en vue de lendemains qui chantent, il y a des gens instruits erudits en science politique et en histoire.



► Ce qui est génial avec votre raisonnement, c'est qu'il marche pour tout. Ainsi, vous pouvez démontrer qu'aucune décision n'a JAMAIS été prise à la majorité absolue des Français, donc que la France n'est pas une démocratie. Là où ça devient hilarant, c'est que le texte mettant en vigueur la peine de mort n'a lui même jamais été soumis à l'aonction populaire, et n'a jamais été pris par une assemblée élue, mais décidée par un premier consul qui venait de se couronner empereur (le code pénal est entré en vigueur par décret). Alors quelles que soient vos réserves pour la démocratie, vous êtes obligé d'admettre que l'abolition de la peine de mort est mille fois plus démocratique que son instauration. Et qu'en réalité, c'est la peine de mort qui a toujours été illégitime.



Eolas



102. Le lundi 9 octobre 2006 à 20:39, par probatio



Je crois que les gens avaient des sujet plus importants en tête en 1981 que la peine de mort qui reste un sujet symbolique plus que pratique eut égard au nombres d'éxécutions depuis 1945.



103. Le lundi 9 octobre 2006 à 20:44, par Swâmi Petaramesh



Maître Eolas, permettez-moi de vous remercier pour la décision que vous avez prise à propos de #95 et #97, qui poussaient franchement pépé dans les orties.



Par ailleurs, vous m'apprenez dans votre réponse à mon #51 qu'une guillotine sans guillotiné est symboliquement très différente d'une guillotine avec guillotiné, ce qu'en toute honnêteté j'ignorais.

J'ai pu cependant constater depuis ma tendre enfance que notre beau pays était plein de croix partout avec ou sans supplicié, des carrefours routiers aux intérieurs et extérieurs d'églises ou aux intérieurs de quelques (rares) amis très catholiques (mais j'en ai toutefois eu accidentellement quelques-uns la présence ou l'absence du "découyousse" m'ayant jusqu'ici paru davantage aléatoire que délibérée (genre : "ils on eu assez de pécunes (ou pas) pour faire sculpter un Christ pour mettre sur la croix (ou pas)"), ou dépendant de considérations d'ordre météorologique.

Je suis heureux que votre commentaire m'ait appris un point de dogme de cette religion que je méconnais (et le fait d'avoir été marié par un diacre ne semble pas m'avoir suffi à mieux la connaître), toutefois je redoute que ce subtil distingo n'échappe également à quelques autre âmes simples à l'entendement aussi grossier que le mien, ceci incluant sans doute bon nombre de catholiques estampillés d'origine...



Permettez-moi, pour détendre un peu l'atmosphère, de conclure en citant Coluche :



« On met des croix au-dessus des lits parce que Jésus a été crucifié.

T'imagines s'il avait été noyé ?

Tu nous vois avec un bocal au-dessus du lit ? »





104. Le lundi 9 octobre 2006 à 20:51, par krysalia



Quand j'entends parler de peine de mort et de guillotine, je repense toujours à cette leçon de chose en primaire ou on nous avait expliqué son fonctionnement.

On nous avait dit en outre qu'elle constituait pour l'époque une formidable avancée et aussi un confort (sic) non négligeable pour les condamnés, par comparaison avec la hache et le billot.



j'ai toujours bien voulu le croire, mais ça n'a jamais empêché cette sensation désagréable de me tordre l'estomac, et même dans ma petite tête, je trouvais insensé le paradoxe qui veut que 1: tuer quelqu'un soit la chose la plus innacceptable au monde, et qu'en conséquense de cette action 2: on allait soi-même être tué. Cette nouvelle mort étant censée être plus respectable, l'expression ultime de la justice... et retour au point 1.



"Confortable" ou pas, j'avoue, en tant que citoyenne française "je suis heureuse de savoir que mon pays ne pratique plus cet acte en mon nom ni en celui de mes compatriotes", si Eolas me permet de reprendre à mon compte la formule qu'il a utilisé un peu plus tôt.





► Reprenez, reprenez. Mais la hache et le billot n'ont jamais été en vigueur en France. C'était en Angleterre qu'on décollait ainsi. En France, la décollation, réservée aux nobles, était appliquée à l'épée, le condamné débout. Les vilains étaient pendus, à Paris au gibet de Montfaucon.



Eolas



105. Le lundi 9 octobre 2006 à 20:59, par probatio



l'autocongratulation qui continue... "génial, je suis fière d'être dans un pays abolutioniste, on va feter ça un fois de plus" et pendant ce temps en prison : www.amnesty-international...



106. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:02, par flo



Je suis opposée à la peine de mort, pour plein deraisons, inutiles à détailler ici. Pour autant, votre billet me dérange profondément, car il est fondé sur de l'affectif. Or, sur le registre de l'affectif, le contre-argument du sort de la victime à une force et une prégnance au moins égale. Raisonner sur l'affectif pur, c'est d'une certaine manière mimer la logique argumentative du talion. Donc ce n'est pas par des arguments ou des récits d'ordre affectif que l'on peut le mieux argumenter contre le rétablissement de la peine de mort, si tant est qu'il soit réellement à l'ordre du jour.



Pourquoi le débat revient-il sur la scène ?



>Parce que l'échelle des peines et leur application n'a pas été correctement repensée. Le débat sur la peine de mort ne se circonscrit pas à la seule peine de mort, mais porte sur l'ensemble des peines. Il s'étend aussi aux conditions de détention et à ce qu'on fait des détenus. Et là, c'est sûr, ça devient compliqué.



>parce que le traitement des victimes et de leurs familles n'a pas été repensé. Vous allez sans doute me dire que le soutien ne relève pas de la justice. de facto, non. Mais dans la logique, cela est à envisager. Une justice qui ne s'occupe que d'un seul "versant" du crime est-elle complète ? Personnellement je ne le pense pas.



>parce que le public a le sentiment que le jeu des remises de peine, et que les peines prononcées, aboutissent à une réponse inadéquate. Et pas par soif de sang (quoique, dans certains cas...). Je crois qu'il y a un besoin d'équité. Je crois que quand quelqu'un dit "il faudrait rétablir la peine de mort", la plupart du temps il veut surtout exprimer une exigence de peines qui répondent au crime commis, et pas la volonté de re-tuer.



En abolissant la peine de mort, on a enlevé un élément de l'écosystème des peines, et ce n'était pas suffisant. Il aurait fallu le rééquilibrer plus avant, et modifier les autres peines, introduire de nouveaux dispositifs (notamment vs les familles, les victimes). on a laissé un tiroir vide, là où il aurait convenu de proposer carrément un nouveau meuble.



Et puis il y a aussi une chose que l'on ne souligne pas assez (vous l'avez évoqué il est vrai) : on fait payer la famille du meurtrier. Financièrement et moralement. Là non plus, ça ne va pas. Pour personne.



Personnellement, je serais ok pour payer des impôts afin que les meurtriers fussent maintenus à vie en détention, dans des conditons de dignité et de vie correctes (car la prison est privation de liberté, pas de dignité), afin que l'Etat lui-même indemnise les familles et finance les dispositifs de soins psychologiques et de protection lorsque cela est nécessaire. Mais je ne me contente pas d'une argumentation qui se contente de zoomer sur le malheur du condamné pour dire "la peine de mort quelle horreur". Si on veut éviter un retour en arrière, il faut aller davantage en avant dans la réflexion sur l'échelle et l'application des peines, aller plus avant en réfléchissant à l'échelle des compensations.



On ne rejette pas la peine de mort "parce que c'est barbare". c'est créer un vide argumentatif que de raisonner ainsi. On la rejette parce qu'elle est elle-même un vide de sens, mais il ne faut pas se contenter de la supprimer pour rajouter du sens à la justice.



107. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:02, par .



[Bip.]



108. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:06, par lamia



Voici une intervention bien anecdotique, eu égard à ce dont il s'agit ... Néanmoins, je vous décourvre ce soir, et je reviendrai. Votre texte m'a beaucoup émue.



109. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:07, par Gascogne



Vos billets sont toujours si bien écrits (à quand un livre ?) que ça en devient lassant de vous féliciter...

Sinon, mon corporatisme primaire (vous commencez à me connaître) fait que je ne peux totalement rester insensible à votre présentation simpliste de ce qui se passe pour les magistrats de votre billet. Un peu de pitié et de bonne conscience, et chacun rentre chez soi. Mais sans aller jusqu'à la caricature de Marcel Aymé dans la tête des autres, imaginez un instant que le président ne soit pas particulièrement pour la peine de mort (je vous assure que l'on trouvait autant d'abolitionnistes chez les magistrats que chez les avocats) et imaginez un instant notre bon président rentrant chez lui après avoir été mis en minorité...

Même s'il était d'accord avec la décision, pensez-vous vraiment qu'il est rentré chez lui en se disant qu'il avait accompli son devoir et qu'il pouvait dormir sur ses deux oreilles ?

Pour avoir déjà mis mon bulletin de vote dans une urne, je peux vous assurer que même en ayant le sentiment d'avoir accompli son devoir, on ne dort pas nécessairement sur ses deux oreilles.

Et encore, je vous parle d'un temps que les moins de cinquante ans ne peuvent pas connaître, et je crois sincèrement que je n'aurais pas pu siéger en Assises à cette époque. Car il est une chose que de dire qu'il faut tuer tous les horribles assassins, il en est une autre que de mettre dans l'urne un bulletin sur lequel est inscrit "en mon âme et conscience, ma réponse est : la mort".



► Tiens, c'est vrai, cela m'avait échappé. Je suis victime de ma conviction que le président des assises joue un rôle tellement puissant qu'il m'est difficile d'imaginer un jury qui aille à contre-courant de son opinion. Cela a bien dû pourtant arriver. Mais quelle discrétion de leur part, je ne me souviens pas avoir lu de propos abolitionnistes de la part d'un président d'assises. De fait, les seuls propos de magistrats qui me reviennent à à l'esprit sont les redoutables réquisitions d'avocat généraux comme Viala au procès Ranucci. Je reconnais avoir été maladroit sur ce point, et en suis désolé.



Eolas



110. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:11, par probatio



"maintenus à vie en détention, dans des conditons de dignité et de vie correctes"



Le problême de ce concept c'est qu'on frise le club med...



On peut se satisfaire d'une chambre proprête, climatisée, avec le télé (et canal+), une bonne blibothèque, des cours de temps en temps, un atelier et un terrain de sport payé par le contribuable et une connexion ADSL...



C'est tout le problême de la prison à vie, alors que pour les peines plus courtes, le même genre de structure parait nécéssaire car il sert à réeduquer (réinsérer) le délinquant dans un environnement non criminogène.



Enfin on en est loin dans tous les cas...



► Proprette, déjà, ce serait bien. Quant à la télé, vous n'imaginez pas le nombre de vies qu'elle a sauvé en prison, et pas seulement des détenus.



Eolas



111. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:13, par Yogi



Très belle intervention de flo#106 je trouve.



Les (grosses) ficelles sentimentalistes du billet me semblent contre-productives ... mais il semble que ce sentiment soit peu partagé jusqu'ici.



► Peut être que les ficelles en questions n'existent que dans vos yeux, alors ?



Eolas



112. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:16, par flo



Probatio, arrêtez avec les conneries s'il vous plaît (Eolas, excuse my french). La prison n'est pas le club med, et dire qu'elle ne doit plus jamais être le lieu de la privation de dignité et de l'apprentissage de la logique de meute, ce n'est pas livrer le système carcéral à l'industrie touristique.



113. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:21, par probatio



Avant de critiquer, apprenez à lire... ma description était ma vision d'une

"vie en détention, dans des conditons de dignité et de vie correctes" j'aimerai bien savoir comment vous voyez ça, après tout c'est votre concept.



114. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:28, par Dominique



Le corps qui chute dans la corbeille (!) et la tête qui est ensuite déposée par le photographe (!) qui referme le couvercle d'on ne sait quoi. La tête tombait dans la corbeille ou bien parfois à côté et il fallait alors la remettre dans le panier, mais le corps (sans la tête) ne tombait pas lui dans la corbeille.



► Mais si. Il y avait une grande corbeille à côté de la bascule ou le corps tombait aussitôt le couteau tombé. C'est le couvercle de la corbeille qui était refermé. Allez sur wikipédia, vous aurez la photo de la guillotine de 1907 avec sa corbeille à côté. Les rares images qu'on a des exécutions publiques montrent bien la corbeille juste à côté et le corps qui y tombe aussitôt sectionné.



Eolas



115. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:32, par nouvouzil



@Gascogne



Au moment de l'abolition de la peine de mort, les jurés français ne prononçaient plus que rarement la peine capitale, alors même que l'opinion publique censée tirer le juge par la manche restait majoritairement pour.



Et donc cette tension entre l'opinion publique et la pratique, qui se reflète dans le problème moral que vous soulignez, a probablement aidé Me Badinter à obtenir l'abolition.



116. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:36, par Fred



@La Faucheuse (101)



Le peuple est souverain c'est vrai, mais cela n'est pas synonyme de régime populiste.



On ne vote pas pour une liste de commisions, mais pour élire un responsable politique. Son boulot, et c'est pour cela qu'il est élu, consiste à diriger, prendre des décisions. cela veut donc dire avoir raison (parfois), se tromper (souvent), et encore plus souvent faire des choix difficiles, voire impopulaires.



Le chef de l'état n'a pas pour fonction de défendre une clientèle (en tout cas normalement), mais de défendre les intérêts de l'Etat dont il est le garant.



On a le droit d'estimer qu'il fait les mauvais choix, c'est pour cela que tous les 5 ans on élit un nouveau président.



La grandeur d'un chef d'Etat n'est pas de faire des sondages d'opinion, mais de savoir arbitrer et faire les bon choix lorsqu'ils ne sont pas évidents. S'il n'en été pas ainsi, autant élire directement un institut de sondage et la question serai réglée.





117. Le lundi 9 octobre 2006 à 21:48, par flo



Probatio, oui, j'ai bien lu. Mon "concept" est simple, voici comment je vois ça (c'est rapide, voici simplement des trucs basiques) : sanitaires (un détenu doit pouvoir prendre une douche, aller aux toilettes en privé, avoir du PQ...), espace propre, salubrité, suivi médical. Promiscuité zéro. Pas d'exposition à la violence, qu'elle vienne des autres détenus ou des gardiens. Quand on aura fait ça, on aura fait beaucoup. On est dans le minimalisme du bon sens, pas dans l'imagination d'une invitation au Plazza Athénée.



Maintenant, il est vrai que j'ai été bien vive avec vous, et je vous présente mes excuses pour mon écart de langage.



Mais mon "concept" va plus loin aussi : un détenu selon moi a le droit de lire, d'étudier, d'avoir une activité manuelle ou intellectuelle. Est-ce du confort ? le débat n'est pas là. On laisse la vie pour mettre en prison ? ça veut dire que la vie est différente, et qu'elle est toujours là. La prison-cercueil-symbolique doit disparaître autant que la peine de mort. (j'ajoute que les réductions de peine et les temps de détention parfois ridicules au regard des crimes commis me révoltent tout autant que les conditions de détention telles qu'elles sont).



Mieux vaut garder en prison à vie un meurtrier comme celui de Sohane par exemple dans des conditions sanitaires correctes et en laissant la possibilité de faire marcher son cerveau et son corps, que de mettre 25 ans de dépotoir et relâcher au bout de 10 ou 15.



Pour en revenir à la peine de mort : en l'abolissant, on a fait une bonne chose, pour de très mauvaises raisons et dans les pires conditions. Donc forcément, ça ne pouvait pas tenir, et le fait que le débat revienne est un symptôme de la paresse à remettre tout le biniou à plat.



118. Le lundi 9 octobre 2006 à 22:04, par Paul TOTH



ouf ! 112 commentaires !



et je trouve tout de même une chose à répondre :D



@39 "Par ailleurs la société ne peut pas pratiquer ce qu'elle interdit à ses citoyens, n'est-ce pas ?"

la séquestration ne me semble pas autorisée par notre société...faut-il fermer les prisons ?



Quand à la peine de mort, je refuse tout simplement de m'y soumettre :D



119. Le lundi 9 octobre 2006 à 22:04, par karaba (la vraie!)



Chaque année, la deuxième semaine d'octobre, je commémore avec mes élèves l'abolition de la peine de mort. Ils ont quinze ans et sont majoritairement pour la peine capitale. Ils ont dans l'ensemble les mêmes arguments que ceux que je lis dans certains commentaires. A ceux qui, comme " La faucheuse" réclament la peine de mort pour les assassins d'enfants, je donne la réponse de monsieur et de madame Russo, les parents de Mélissa qui refusent que la peine de mort soit appliquée pour Dutroux! Je ne ménage pas ma peine pour en faire de bons abolitionnistes. Je choisis des exemples qui les émeut, des textes qui les font réfléchir. Demain, pourrai-je distribuer à chacun d'eux, une photocopie de votre billet? Merci Maître!



► Faites, faites, je vous en prie, mais de grâce : n'essayez pas d'en faire de bons abolitionnistes. Fournissez leur mon billet comme élément de réflexion, apprenez leur à argumenter leur point de vue, démontez les arguments les plus simplistes, y compris contre la peine de mort, et respectez leur opinion une fois qu'elle est argumentée solidement. Ils changeront d'avis peut être un jour : ils n'ont que quinze ans. Mais ne leur dites pas quoi penser : vous êtes enseignante, pas bourreuse de crâne.



Eolas



120. Le lundi 9 octobre 2006 à 22:06, par A.Smith



Cher Monsieur,

en vous priant de m'excuser pour une question qui n'a qu'un rapport fort ténu avec le sujet du jour, j'aimerais savoir si le Droit Français dit quelque chose sur des souhaits contrefactuels, comme par exemple dire à X qui a 80 ans : "Dommage que la Gestapo t'ait raté" ?

Il ne s'agit clairement pas d'une menace, ni à proprement parler d'une voie de fait ou d'une injure.

En vous remerciant d'avance , je reste votre dévoué

A.Smith



P.S. Je n'ai pas besoin de vous rappeler que Dieu lui-même ne peut pas

changer le passé. C'est d'ailleurs pour ça qu'il a créé les historiens.



► De tels propos ne sont ni diffamatoires ni injurieux, puisqu'ils ne sont pas outrageants envers la personne. Ils constituent des violences volontaires de droit commun, à mon sens. Si elles n'ont pas entraîné d'ITT, c'est une contravention de la 4e classe.



Eolas



121. Le lundi 9 octobre 2006 à 22:19, par probatio



flo --> "une chambre proprête, climatisée, avec le télé (et canal+), une bonne blibothèque, des cours de temps en temps, un atelier et un terrain de sport payé par le contribuable et une connexion ADSL..."



Ce n'était pas ma description des conditions actuelles de détentions (je connais la triste réalité, j'ai lu le rapport du Sénat sur nos prisons, et celle de la ville où j'habite sont d'ailleurs parmi les pires), mais c'était la description de ce que j'entendais pour ma part, par "conditions de détention *à vie* digne etc."



Ors si l'on compare ce statut ( *fictif* je précise car ici les gens dégainent vite) avec d'autres (sdf, suqatteurs etc.) , il peut sembler enviable malgré même la privation de liberté (finalement on voayge avec des livres, Thalassa et le net). Alors, ces conditions de détentions pourraient sembler éloignées du principe coercitif lié à toute peine, d'autant plus si on le réserve aux crimes. Que penseraient alors les familles des victime (et par la même occasion les associations de contribuables, à moins que les détennus autofinances leurs peines ce qui semble discutable tant sur le fond que sur la forme mais je m'égare) ?



C'est le problême (théorique il est vrai tant la situation actuelle en prison est désastreuse) de la "condition à vie dans des conditions humaines" : où mettre le curseur entre "condition humaine et digne" et le principe de "déntention punitive à vie". Au contraire on pourrait imaginer le strict minimum du style : chambre propre avec WC et douche, repas à heures fixes, visites médicales, pas de visites, pas de télé et pas de lecture, mais là me semble-t-il ça serait assez inhumain.



Bref, c'est le problême particulier que pose la "prison à vie" alors que dans un monde parfait, ce problême ne se poserait pas pour les peines temporaires qui seraient de riches périodes d'apprentissages, de rencontres et de reflexion.



Bref je dis qu'il faut doubler le budget de la Justice pour ne pas incarcérer plus mais incarcérer mieux. Comme disait Victor Hugo : "Quand on ferme une école, on ouvre une prison". Alors autant transformer les prisons en école.



122. Le lundi 9 octobre 2006 à 22:21, par yves



Il me plait à penser que le peuple français, en élisant François Mitterand et en lui envoyant une majorité absolue à l'assemblée, a choisi l'abolition de la peine de mort; François Mitterand n'avait pas fait mystère de sa volonté d'abolir.



Rappelons aussi que le sénat a également voté pour l'abolition.



Giscard a refusé la grâce trois fois (un mineur, un débile, et un handicapé). Il restera comme le dernier président a avoir fait tuer des condamnés.





123. Le lundi 9 octobre 2006 à 22:22, par probatio



désolé pour les fautes d'orthographe / de frappe.



124. Le lundi 9 octobre 2006 à 22:23, par Epicosme



Je vous remercie de votre commentaire précisant mes propos cher maître mais je faisais bien entendu allusion au protocole n°13 (abolition de la peine de mort en toutes circonstances) et pas au protocole n°6 de la CESDH.

Ce protocole (n°13) a été signé par la France le 3 mai 2002 et a fait l'objet il me semble d'un avis du Conseil constitutionnel (mais qu'est ce qu'une révision constitutionnelle, maintenant, il suffit d'un lundi de libre...)



J'en profite pour vous remercier pour ces nombreux billets rigoureux, précis et toujours pertinents que je lis avec délectation à chaque fois.



125. Le lundi 9 octobre 2006 à 22:32, par JaK



@flo (106) "Pourquoi le débat revient-il sur la scène ?"

Euh... c'est écrit dans le billet: parceque l'abolition a 25 ans, et que c'est un sujet assez sérieux pour se souvenir du jour anniversaire de 'abolition de la peine de mort.

Ce n'est donc pas suffisant comme raison?



PS: j'abhorre la peine de mort parceque c'est barbare, je ne vois pas pour quelle raison cet argument serait mauvais. Oui, il y a plein d'autres raisons d'être contre, mais la barbarie est une raison suffisante (au sans logique du terme: si la barbarie est prouvée, je n'ai plus besoin d'autres arguments ni dans un sens ni dans l'autre cet argument suffit à condamner la proposition initiale.)



126. Le lundi 9 octobre 2006 à 22:33, par ano et nyme



@ flo 106

Je n'avais jamais pensé a cet argumentaire, bien que je sois mitigé si vous avez vaguement lu mes quelques élucubrations.... Tres bien écrit... Si quelqu'un ayant une autre opinion avec le meme genre de plaidoirie je veut bien boire jusqu'a plus soif... Je coupe court a mes commentaires je commence a sentir le troll venir en moi en lisant malheureusements certains ecrits simplistes non constructifs...



Cordialement de continuer a tout lire....



127. Le lundi 9 octobre 2006 à 22:38, par Swâmi Petaramesh



@Probatio : Rappelons s'il en est besoin (on dirait qu'il en est besoin) qu'une peine de prison est _exclusivement_ une peine de privation de liberté, et que la privation d'autre chose que de liberté n'est pas prévue dans le code pénal (privé de vie privée, privé de confort, privé de télé, privé de dessert, privé d'ADSL, privé de douches, privé de chiottes qui ferment, privé de rapports familiaux, privé de vie sexuelle...).

Toutes les privations additionnelles sont soit (en théorie) rendues nécessaires uniquement pour des raisons de sécurité, soit causées par l'insuffisance des budgets, des locaux, des personnels, ou des limites pratiques des possibilités de l'organisation.

On peut ajouter à cela les "régimes disciplinaires" internes à l'administration pénitenciaire (cachot, privation de certaines choses, etc.) à propos de la réglementation desquels je ne sais rien.



Le code pénal ne prévoit pas que le matelas d'un détenu soit nécessairement plus dur que le vôtre, ni que sa cellule soit moins bien chauffée que votre chambre. Et c'est heureux. La privation de liberté est déjà une peine bien suffisante, sans qu'il y soit ajouté d'autres _sévices_ qui ne sont que l'expression d'un désir de vengeance, d'un désir pas bien propre de "faire payer la note".



Si la société s'estime fondée à détenir une personne contre son gré, qu'elle le fasse au moins dans des conditions respectueuses de sa dignité et de son humanité.



128. Le lundi 9 octobre 2006 à 22:42, par flo



Probatio> en fait, la question est de savoir à partir de quel moment/degré la préservation de la dignité et le maintien de la santé physique et psychique devient confort. Un "confort" que l'on estime "immérité". Je pense que la privation de liberté et le passage à un statut "non-citoyen" sont des marqueurs forts. Et s'il faut offrir un peu de confort pour permettre à un détenu de rester ou de redevenir un être humain, même enfermé, eh bien oui à ce confort. Ce n'est pas cela qui coûtera le plus cher à la société.



C'est très troubalnt ce type ediscussion, parce que de proche en proche on est amené à se demander : "mais ça doit être quoi et signifier quoi la détention ?", et puis : "ça veut dire quoi, punir ?"



La "peine" face au meurtre ou à un crime barbare est quelque chose de très difficile à penser et à mettre en oeuvre, parce qu'elle à une fonction impossible : compenser l'incompensable, tenter de remédier à un irrémédiable, répondre avec du sens à un truc dont le sens nous échappe. Mais on ne peut pas rester sans rien faire. On ne peut pas faire bien. mais on peut faire moins mal, de loins en moins mal.



129. Le lundi 9 octobre 2006 à 22:56, par Ida



Maître Eolas,





N’étant qu’une simple étudiante en droit (2emme année) je ne peux avoir vos connaissances et encore moins votre sagesse.

Votre texte a chamboulé toute ma vie et toutes les idées fixes qui confortaient mon esprit .Il n’y a pas a dire je revis.



Je m’explique



Votre texte réduit la raison a néant par l’émotion qu’il suscite. Cela dit, ayant un passé moi-même assez douloureux (réfugiée politique dont un membre de la famille est toujours porté disparu) je ne peux souhaiter pour les criminels de guerres qui courts en liberté toujours et encore, une peine digne des tribunaux révolutionnaires…je ne peux que regretter le fait que l’Europe démocratique est allergique à la peine de mort et si et si…. on infligeait cette peine seulement a ceux qui m‘ont fait du mal… et si et si je cessais de rêver.





Cher maître Eolas, vous avez raison de signaler l’absurdité de la peine de mort.

En lisant votre texte on se dit " oh ! C’est triste !! " Vous vous rendez compte, que en infligeant la peine de mort a un criminel on transforme celui-ci en victime, on fini par le regretter…et avoir de la compassion pour lui. Et c’est ça qui me rend encore plus triste.





Maître Eolas je vous remercie pour ce texte. Je suis définitivement contre la peine de mort, j’espère que les auteurs des crimes commis envers ma nation et famille seront un jour arrêtés mais oh combien non exécutés ….je serai anéantie de lire un jour un texte ou on décrit leur exécution avec autant d’émotion et que l’idée de compassion frôle les esprits des lecteurs. Pour moi c’est impensable



Au plaisir de vous relire





130. Le lundi 9 octobre 2006 à 22:57, par Swâmi Petaramesh



@Flo (#128) : Non, la peine, au pénal, n'a pour rôle ni de "compenser" ni de "remédier". Ces choses-là, vis-à-vis donc de la victime, sont du ressort de l'audience civile, qui a lieu après l'audience pénale.

La peine est infligée par la société et en regard de la violation des règles de celle-ci, et non pas en rapport avec la victime. La peine a pour but de PUNIR (nébuleux concept judéo-chrétien au sens et au but toujours flous et discutables), de protéger la société des agissements nuisibles du délinquant/criminel détenu pour la durée de sa peine - dans l'espoir que celle-ci lui aura permis de s'amender et qu'il ne risquera plus de récidiver en sortant, soit par peur d'y retourner, soit parce qu'il se sera véritablement amendé, ce qui est une vaste blague dans le cadre du système pénitenciaire actuel.



Mais il convient de rappeler encore et toujours ce fait : Ce n'est pas au nom des victimes que l'on condamne, c'est au nom de la République, du peuple dans son ensemble. La condamnation pénale n'a pour but ni de "venger" les victimes, ni de compenser le préjudice qu'elles ont subi, encore moins d'y remédier. A la limite, en droit, ceci ne concerne pas les victimes.



131. Le lundi 9 octobre 2006 à 22:58, par probatio



Juridiquement c'est vrai, et je suis d'accord avec le fond.



[même si j'ai l'impression de passer pour le beauf de service, avocat du diable, fachiste du coin, meilleurs amis de George W, suppot de Kim Jong Il (rayez la mention inutile)].



Au passage, la loi est d'ailleurs elle même cynique avec la fameuse disposition qui donne en gros "une cellule par détennu, sauf il n'y a pas de place..."



Après, il y a privation de de liberté en résidence surveillée et privation de liberté à St Luc.



Désormais, la prison semble être devenue "la vengeance de la société". (www.senat.fr/rap/l99-449/...





132. Le lundi 9 octobre 2006 à 23:08, par probatio



flo --> "en fait, la question est de savoir à partir de quel moment/degré la préservation de la dignité et le maintien de la santé physique et psychique devient confort. Un "confort" que l'on estime "immérité"."



Parfaitement.



flo --> "je pense que la privation de liberté et le passage à un statut "non-citoyen" sont des marqueurs forts."



Je crois pour que certains criminels, la notion de citoyenneté ne vaut pas son pesant de cacahouètes.



flo --> "ça veut dire quoi, punir ?"



En fac de droit, on m'appris que la Justice était un service public de la vengeance et permettait d'éviter les vengeances privées. Ca m'a paru peu clair alors j'ai fait du droit public, c'est plus pépère mise à part les questions relatives aux droits de étrangers.



Je vais parler d'un truc qui vais énerver Eolas... mais la peine est là pour la victime quoi qu'on en dise, et aussi les victimes fictives choquées par le 20h de TF1. Le rôle de protection de la société ne passe pas forcement par une punition (on pourrait imaginer un bannissement ou un exile, en Guyane de péférence ;-))



133. Le lundi 9 octobre 2006 à 23:11, par flo



Swâmi : au delà du statut de la peine et de l'organisation des instances, il y a sa fonction symbolique profonde, et c'est une dimension qu'on ne peut négliger. Les règles et les institutions, les fonctionnements, trouvent leur fondement dans un logique d'institution plus profonde. Sans la logique de réponse et de compensation, il n'y aurait pas d'organisations collectives. Avec tel ou tel système judiciaire, il y a une logique de l'échange qui sous-tend ce système. Le simple concept de punition, le mécanisme de la poursuite, relèvent d'une logique de l'échange et correspondent à une grammaire inscrite plus en profondeur. Si le besoin de rétribuer tel acte par telle peine n'était pas, il n'y aurait pas d'institutions pour cela. C'est cette logique profonde qui, au delà du détail de la façon dont elle s'institue dans la société et avant lui, est mise en question quand on se demande comment punir par exemple.



J'ai lu, il y a bien longtemps, "Surveiller et Punir" de Foucault. eh bien je crois que je vais le relire !



134. Le lundi 9 octobre 2006 à 23:18, par flo



Probatio : oui, on est là dans le rôle symbolique du système judiciaire dont s'équipe une société. Il y a un transfert le l'individuel vers une instance supra-individuelle. Ainsi dans le passage de la notion de vengeance à celle de pénalisation. Façon de gérer la "compensation". On est dans un type d'échange, le circuit est modifié par rapport à un échange entre individus. Pour autant, l'attente individuelle n'est pas inexistante, elle est gérée et contenue. La vengeance est sans fin, la justice place un point de "fin". Et c'est paradoxal, parce que du point de vue de la victime ou de sa famille par exemple, ça ne met pas forcément fin à. Mais matériellement et temporellement parlant, cela achève le process de rétribution.



135. Le lundi 9 octobre 2006 à 23:26, par probatio



Je crois que nous dépassons le cadre de ce billet... Je vous signale au passage le site officiel de la Corée du nord (en français) si vous voulez avoir des cauchemars, un petit article sur un tribunal improvisé : www.kcckp.net/fr/periodic...



136. Le lundi 9 octobre 2006 à 23:30, par krysalia



à Eolas à propos de mon #104 : Merci pour cette précision que j'ignorais totalement. Soit la leçon dont je me souviens était incomplète, soit elle était orientée, soit plus probablement je n'ai retenu que ce qui me retourne encore aujourd'hui l'estomac en laissant le reste.



137. Le lundi 9 octobre 2006 à 23:33, par Fred



apparemment vous êtes plutôt nombreux à penser ici que la prison c'est un peu comme le Club med.



Ecoutez c'est bien simple, pourquoi vous priver d'un des plaisirs de la vie? Soyez épicuriens, dès demain allez braquer le commissariat de votre ville et vous jugerez sur pièce plutôt que par ouïe dire.

A vous la belle vie tous frais payés par le contribuable!!!



Et puis vous pourrez continuer à lire les billets de maître Eolas depuis votre ligne ADSL haut débit, pas cool la vie?





138. Le lundi 9 octobre 2006 à 23:34, par probatio



Fred, sais-tu lire autrement qu'en diagonal ?



139. Le lundi 9 octobre 2006 à 23:48, par flo



Je veux bien braquer un commissariat, mais je refuse d'aller au Club Med. Ils font des buffets où il faut aller se servir soi-même et impossible d'obtenir une suite avec jacuzzi.



140. Le mardi 10 octobre 2006 à 00:29, par D.



«Merci maitre ...»



141. Le mardi 10 octobre 2006 à 00:33, par Ezechiel



Ne vous inquiétez pas, on y reviendra à notre bonne vieille guillotine.



► Après vous, alors...



Eolas



142. Le mardi 10 octobre 2006 à 00:48, par Thalamos



Petite précision (de détail, je le confesse, sur un sujet aussi grave). Vous dites : les crimes politiques impliquaient la fusillade, en prenant l'exemple de Bastien-Thiry. La fusillade n'était-elle pas la conséquence du statut militaire de condamné ? Je pensais que c'était le seul cas où l'on pouvait "échapper" à la guillotine pour la fusillade.

Sinon, je dois dire que je partage le point de vue de Gascogne : cela devait être terrifiant d'être juge dans de telles circonstances pour de nombreux magistrats.

A tous ceux qui ne l'ont pas vu : "Douze hommes en colère" avec Henri Fonda !

Mille mercis pour ce post.



143. Le mardi 10 octobre 2006 à 00:53, par Thalamos



PS : pourquoi pas un petit "soyez le juge" avant 1981 ? (peut être une fausse bonne idée...)



144. Le mardi 10 octobre 2006 à 01:26, par Polydamas



@ JaK (Commentaire n°125):



Je ne vois pas en quoi la barbarie est un argument.



Un état, pour se défendre, peut et doit, dans certains cas, enclencher une guerre. N'est-ce pas barbare, et pourtant, n'est-ce pas légitime? Et la bombe atomique, n'est-elle pas barbare?



Par ailleurs, nos ancêtres étaient-ils des barbares, eux qui ont vécu jusqu'au XXème siècle avec la peine de mort?



Enfin, il semblerait que certains dans nos prisons trouve la perpetuité encore plus barbare que la peine de mort. Et pourtant, ne sont-ils pas les premiers concernés?



Si c'est le côté sanglant de la chose qui vous choque, il y a désormais des méthodes moins brutales, qu'on va probablement bientôt utiliser pour une autre peine de mort (l'euthanasie), cette fois, à grande échelle...



145. Le mardi 10 octobre 2006 à 01:28, par celine



juste pour ajouter des "références" il y a "le dernier jour d'un condamné" de Victor Hugo texte de 1829 (pour entre autre la personne qui estime que M.Quidam n'était pas un "bon argument pour les abolitionnistes" car déficient mental post 86) et le film "12 hommes en colère" avec Henry Fonda de 1957 (entre autre pour les personnes sensibles ou pas encore à l'argument des possibles erreures judiciaires)



merci Maître Eloas pour ce texte





146. Le mardi 10 octobre 2006 à 01:50, par Yogi



@Polydamas

Ah non par pitié ne lancez pas le sujet de l'euthanasie dans de tels termes, sur ce blog qui ne vous a rien fait, et sur un billet qui n'a aucun rapport ! Pourquoi pas l'avortement tant que vous y êtes ??



147. Le mardi 10 octobre 2006 à 01:54, par Polydamas



@ 145 Celine:



Je ne sais ce qu'en pense Maître Eolas, mais le problème de l'erreur judiciaire est, à mon sens, indépendant de la peine prononcée. Ce n'est pas le problème de la peine de mort, c'est le problème de la justice.



Si il y a erreur judiciaire, c'est que la justice n'était pas assez fiable, qu'il y a eut emballement des opinions, que l'enquête a été baclée, etc. Evidemment, c'est impossible à réparer pour un innocent condamné à mort. Mais dans ce cas, c'est qu'il faut modifier le processus pour rendre justice, pas obligatoirement la peine.



En toute rigueur, l'erreur judiciaire ne peut être invoquée pour l'abolition de la peine de mort. C'est finalement reconnaître que la Justice est inefficace, ce qu'elle ne peut pas se permettre.



► Pas inefficace : faillible. Quant à l'argument de : on ne peut pas se permettre de reconnaître que la justice est faillible, donc n'invoquons pas cette faillibilité pour contester une peine irréparable, permettez mo ide penser qu'il ne convaincra que vous. Et encore, même ça, je n'en suis pas certain.



Eolas



148. Le mardi 10 octobre 2006 à 02:00, par Polydamas



C'est curieux, j'ai déjà rencontré un Yogi sur un autre blog, serait-ce le même? Si vous souhaitez qu'on évoque l'avortement, pas de problèmes...



Plus sérieusement, je ne faisais qu'affirmer que les moyens de donner la mort sont maintenant des plus communs, rien de plus....



Si on ne peut même plus se permettre d'être taquin..... :D



149. Le mardi 10 octobre 2006 à 02:11, par Yogi



@Polydamas : Je suis bien certain que nos positions sur ces sujets seront radicalement divergentes, on attendra que des billets y soient consacrés ...



Sinon parmi les nombreux arguments avancés plus haut contre la peine de mort, figure justement le fait que la justice, nécessairement humaine, est nécessairement faillible. Le nier ne me semble pas une voie raisonnable.



150. Le mardi 10 octobre 2006 à 02:24, par Polydamas



Le fait que la justice soit faillible est justement ce contre quoi il faut lutter, se résigner n'est pas une solution...



Je dis juste qu'il y a de nombreux arguments contre la peine de mort, celui-ci ne me semble pas pertinent, rien de plus.







► Il n'est pas pertinent ? Le jour où vous serez accusé d'un crime capital que vous n'avez pas commis, vous le trouverez diablement pertinent !



Eolas



151. Le mardi 10 octobre 2006 à 04:52, par Thomas Martin



J'habite à Hanoi, au Vietnam. La prison construite par la France à l'époque coloniale existe encore et a été transformée en musée. Il est d'ailleurs toujours écrit, au dessus du portail "Maison centrale"...

Ce musée abrite une guillotine. C'était la première fois que j'en voyais une et je dois dire que ça fait froid dans le dos, de même que les conditions de détention mises en oeuvre dans une telle prison.



Je suis né deux ans avant l'abolition. Je n'ai donc pas connu la peine de mort. Je suis fondamentalement contre la peine de mort. J'ai la faiblesse de croire - ou plutôt d'espérer - que je saurais raison garder si l'un de mes proches venait à être assassiné. Je n'ai aucune certitude, c'est juste une sorte de pari que je fais avec ma conscience.



Je suis par contre d'accord avec Flo sur le fait qu'abolir la peine de mort ne suffisait pas et qu'il fallait repenser le système des peines et le système carcéral.



► Ce grand ménage a été fait en 1992, lors du vote du nouveau code pénal, entré en vigueur le 1er mars 1994. Oubli réparé. Comprenez que l'urgent était d'abolir. D'où un texte court. La réflexion que nécessitait un régaménagement du droit pénal nécessitait du temps et surtout un consensus avec l'opposition pour éviter que l'ouvrage ne soit remis en cause à la prochaine alternance. Sage décision, puisque le nouveau code pénal, voté par une assemblée de gauche, est entré en vigueur sous une assemblée de droite... et pas un peu à droite.



Eolas



152. Le mardi 10 octobre 2006 à 05:46, par Wolverine



@Maitre Eolas



"Reprenez-vous", "demenagez" ,"arrangez-vous pour ne plus jamais croiser votre agresseur" combien de fois j'ai pu entendre ces conseils.

Cela fait maintenant 6 ans que j'ai ete agresse et je n'ai pas attendu qu'on me tende la main pour essayer de remettre ma vie sur ses rails.

J'ai aussi perdu pas mal de temps avec des medecins qui me disaient qu'ils comprenaient parfaitement mes douleurs et que cela passerai une fois le jugement rendu que tout cela etait psychologique.

J'ai pourtant encore mal 6 ans apres mon agression et 3 ans apres le jugement. J'ai ete jusqu'a voir un medecin de la douleur qui m'a conseille du Doliprane.

Ensuite pour en revenir au sujet de cette note, je conteste le fait que l'on puisse relacher un etre potentiellement dangereux, car mon agresseur est desequilibre et que l'on met alors ma vie en danger pour des principes.

et la non plus ce n'est pas psychologique car meme s'il y a peu de chance qu'il s'en reprenne a moi ou a un membre de ma famille, il est hors de question que je laisse cela aux probabilites.







153. Le mardi 10 octobre 2006 à 05:55, par Melencolia



"En fac de droit, on m'appris que la Justice était un service public de la vengeance et permettait d'éviter les vengeances privées".

Ah bon ? Incroyable... Je pensais que la notion de "vengeance" n'avait rien à voir avec la Justice. Je pensais qu'il s'agissait avant tout de protéger la société des individus dangereux.

Moi je le dis de suite si on touche à un de mes gosses la peine de mort ce sera moi qui la donnerai et je promets que ce sera encore plus long et douloureux que la guillotine. La tête coupée ça va pas nan ? le saignage goutte à goutte c'est pas mal. ça c'est de la vengeance.



Merci pour ce billet Maître Eolas, qui est assez spectaculaire... Ambiance oppressante, larme obligatoire, maman je t'aime, puis cette immonde machine à trancher les têtes se dressant au petit matin gris, ce monstre mécanique qui habite si bien notre inconscient collectif français que nous avons tous une idée du bruit tranchant du couperet.



Mais comme l'a fait remarquer quelqu'un, et si demain tout se passe dans une ambiance cliniquement acceptable, sous anti-dépresseur, et que l'assassin soit exécuté dans le coton par injection alors qu'on lui passera une musique zen et "neuro-reposante" ? Y aura-t-il toujours autant de protestations ?

Comment alors pourre-vous convaincre que la Justice ne doit pas donner la mort ?



Et une pseudo-mort ? Dans le style lobotomie ? (individu vivant mais quasi-légume ?)



Est-ce le fait que la Justice donne la mort qui choque, ou les conditions environnantes ?



Il y en a pour vous dire que la mort est trop douce pour certains odieux criminels.

D'un côté on brandit la souffrance des victimes, de l'autre celle de la pauvre maman du coupable.

D'un côté "vous savez bien qu'on les relâche au bout de 15ans" ou encore "ils sont encore mieux qu'avant en prison c'est un hôtel 4 étoiles"... de l'autre "on exécute trop d'innocents" ou encore "la peine de mort c'est pour les sauvages et nous on est des civilisés" (barbarie et tutti quanti hahaha)...



Est-ce que celà signifie que les citoyens veulent VRAIMENT la JUSTICE ?

Pourquoi alors n'ouvrent-ils pas leur porte aux sans-logis qui meurrent de froid ? (par exemple)



Si on a du mal à trouver la justice, on peut tous constater l'injustice partout. Ce monde est injuste, la vie est injuste, tout est injuste !

Tout le monde s'est accomodé de l'injustice dans notre société. On nous la déverse quotidiennement sur le petit écran et tout le monde sait qu'on crève de trop bouffer alors qu'ailleurs on crève de faim. C'est comme ça.

Y a-t-il des endroits, des peuples, où l'injustice est réellement honnie ?

Je suis persuadée que oui, mais je ne sais pas où.



Prétention toute humaine, et bien vaine, de penser "rendre justice" par le biai d'une lourde institution (comment punir comme il faut - "humainement" comme on dit - un assassin tout en protégeant la société).

Dès qu'il y a besoin de sévir c'est déjà le merdier total.



Et la recherche du gène de l'assassin potentiel chez le foetus ? Avortement obligatoire en cas de détection. C'est pas de la peine de mort propre ça ? Ouais ok c'est de la science-fiction...



Touchez pas à mes gènes laissez les vivre.



Où sont les êtres humains ?





► J'ai perdu votre fil en cours de route, mais pour votre question initiale, oui, même une mort aseptisée me répugne tout autant. Le flegme de l'infirmier en combinaison blanche qui injecte le produit est le même que celui de l'exécutant qui abaisse le déclic. Cette machine à tuer en mon nom m'est insupportable. Je refuse fermement à l'Etat le droit de tuer qui que ce soit.



Eolas



154. Le mardi 10 octobre 2006 à 07:43, par Swâmi Petaramesh



@Polydamas (#144) : « nos ancêtres étaient-ils des barbares, eux qui ont vécu jusqu'au XXème siècle avec la peine de mort? »



On peut espérer qu'ils l'étaient plus que nous, et que par rapport à eux, nous avons progressé dans notre "humanisation".

A lire certains commentaires de ce fil toutefois, je regrette d'avoir beaucoup de mal à m'en persuader.



Vous dites d'autres part (en #147) : « le problème de l'erreur judiciaire est, à mon sens, indépendant de la peine prononcée. »



Cela le devient dès qu'il s'agit d'une peine irréversible, car aucune erreur ne peut être corrigée une fois la tête tranchée, alors qu'un prisonnier peut toujours être libéré. Mais c'est un tellement vieil argument que je m'étonne qu'il ne coule pas de source (sauf à invoquer la mauvaise foi probable de ceux qui le méconnaissent).



@Melencolia : « Mais comme l'a fait remarquer quelqu'un, et si demain tout se passe dans une ambiance cliniquement acceptable, sous anti-dépresseur, et que l'assassin soit exécuté dans le coton par injection alors qu'on lui passera une musique zen et "neuro-reposante" ? »



Vous lire me fait froid dans le dos. Reprenez-vous l'argument de Polydamas qui mélange allègrement peine de mort, euthanasie, tout et n'importe quoi ?



Si vous parlez de l'injection létale telles qu'on la pratique aux Etats-Unis, vous ignorez peut-être qu'elle est de plus en plus considérée comme un châtiment extrêmement cruel et douloureux (seul le fait que le condamné soit paralysé par le curare l'empêchant d'exprimer sa douleur) et que ce mode d'exécution est de plus en plus remis en cause.

N'avez-vous pas entendu parler de ce condamné, Joseph Clark, dont l'exécution par injection létale a été "ratée", et qui a mis plus d'une heure et demie à mourir le 3 mai de cette belle année 2006 ?



Quelques liens à ce propos, pour ceux qui auraient passé les six derniers mois dans une cave :



- Wikipedia, "Injection létale" : fr.wikipedia.org/wiki/Inj...

- peinedemort.org : Plus d'une heure et demie pour une exécution www.peinedemort.org/docum...

- Deepsound blog "Contre la peine de mort" blog.deepsound.net/?2006/...



Exécuter son prochain dans le coton de manière "neuro-reposante" dites-vous ? Votre proposition me semble encore plus monstrueuse que notre bonne vieille guillotine. Au moins cette dernière a-t-elle l'honnêteté de montrer sans équivoque l'horreur de l'acte dont il s'agit.

Mais si la manière "neuro-reposante" vous sied, je vous répondrai comme Me Eolas à d'autres : Après vous !



Il y a des moments où le fait d'appartenir à l'espèce humaine me fait passablement horreur.



155. Le mardi 10 octobre 2006 à 07:53, par Delio



Pourquoi suis-je opposé à la peine de mort ?



Parceque le prononcé de la sentence est "Au nom du peuple français",

dont je fais partie, donc en mon nom, et je m'y refuse.



Lâchement, je suis heureux d'avoir atteint la majorité peu après la dernière exécution capitale dans mon pays, on n'a donc pas guillotiné en mon nom (ouf !).



► Navré de vous décevoir. La citoyenneté est acquise dès la naissance. Seul le droit de vote nécessite d'attendre 18 ans. Le peuple français, c'est vous dès les couches. Vous étiez né le 10 septembre 1978 ? Alors on a guillotiné en votre nom.



Eolas



156. Le mardi 10 octobre 2006 à 08:07, par yves



Rappelons aussi que les assassins n'étaient pas les seuls à encourir la peine capitale: Roger Bontems n'était que complice, il n'avait pas tué lui-même. Il fut pourtant coupé en deux de son vivant, lui aussi.



Quand à ceux qui souhaitent une peine de mort "douce", rappelons que la guillotine a été instaurée pour adoucir le supplice parfois long des pendus. "Tout condamné à mort aura la tête tranchée par des moyens mécaniques".



"Rendez-nous la potence" criait la foule après la première exécution capitale par guilltotine. Le spectacle devait être jugé trop bref.







► Que la guillotine fût un progrès en 1789, j'en conviens. Mais en 2006, j'en doute. La même remarque s'applique aux locomotives à vapeur.



Eolas



157. Le mardi 10 octobre 2006 à 08:31, par welf



En ce qui me concerne, j'ai une remarque à faire sur ces exécutions abjectes, à la sauvette, dans un coin de prison, de la part d'une justice qui ne s'assume pas vraiment :



Où sont les jurés qui, en rejetant les circonstances atténuantes, ont scellé le destin de cet homme ? Où sont les juges qui l’ont condamné ? Où est l'avocat général de la République qui a requis, au nom de la France, la mort d’un homme pour Talion d’un autre ? (il y a un représentant du parquet, mais je doute que sa sainteté le procureur général soit là en personne, il a mieux à faire à astiquer sa légion d’honneur).



On obligeait par contre l'avocat du condamné à "veiller à ses intérêts" une dernière fois en assistant à l'exécution (hé quoi ? Si le col lui est tranché de biais, il a droit à un recours chez un tailleur ?), mais ceux qui l'avaient condamné à la mort, point.



Le système était donc tellement conscient de ses failles et du nombre d'innocents qu'il assassinait avec préméditation ; les juges et jurés à ce point honteux de l'acte qu'ils défendaient pourtant avec tant de rage dans les salons, les bistrots, les prétoires et les bancs des assemblées, qu'ils refusaient de voir dans le blanc de l'oeil l'homme au moment ou sa vie bascule dans un seau de fer ?



Ou peut-être est-ce parce que les juges avaient peur de souiller leurs cols d'hermine au sang du condamné ?





► Aucun texte n'obligeait les avocats à être présents. La police n'allait pas les chercher de force à leur domicile. C'était pour eux un devoir moral. On assiste nos clients jusqu'au bout, on ne les laisse pas seuls, ils ont droit de voir un dernier visage ami au moment de la fin.



Eolas



158. Le mardi 10 octobre 2006 à 08:33, par Gascogne



@ Eolas : "Mais quelle discrétion de leur part, je ne me souviens pas avoir lu de propos abolitionnistes de la part d'un président d'assises."

Peut-être est-ce à cause d'un "machin" qui s'appelle, je crois, le devoir de réserve...La partialité d'un tel président aurait nécessairement était soulignée lors du procès suivant.



159. Le mardi 10 octobre 2006 à 08:39, par Swâmi Petaramesh



@Eolas (réponse au #104 de Krysalia) : « Mais la hache et le billot n'ont jamais été en vigueur en France. C'était en Angleterre qu'on décollait ainsi. En France, la décollation, réservée aux nobles, était appliquée à l'épée, le condamné débout. Les vilains étaient pendus, à Paris au gibet de Montfaucon. »



Gibet de Montfaucon qui existait déjà au XVe s. Pourtant, comme Krysalia, on m'a appris à l'école primaire que la guillotine constituait un progrès par rapport à la hache et au billot (n'est-ce pas ainsi, d'ailleurs, que finirent les bourgeois de Calais ?), le bourreau devant parfois s'y reprendre à plusieurs reprises pour trancher correctement une tête... Et je ne crois pas que la longue hache à lame courbe du bourreau n'ait existé qu'au Royaume-uni.



De fait, le manant était généralement pendu (ou roué, écorché, bouilli, écartelé, brûlé, en ces temps-là, on savait s'amuser !), mais il ne semble pas que le noble ait toujours été décapité debout (à l'épée, donc). Il y a certainement eu des exceptions...



Et c'est bien à la révolution que le manant, par souci d'égalité, a acquis le "privilège" d'être décapité tout aussi bien que le noble. L'invention du docteur Guillotin tombait à point nommé.



Les aspects historiques de tout ça sont assez bien décrits dans l'article de Wikipedia consacré à "la veuve" : fr.wikipedia.org/wiki/Gui...





► Les bourgeois de Calais ont été graciés à la demande de Philippine de Hainaut. Mais ils étaient effectivement promis à la hache du bourreau... anglais, puisque Calais veanit de tomber aux mains de la perfide Albion et y restera jusqu'en 1558.



Eolas



160. Le mardi 10 octobre 2006 à 08:54, par popaul



"Exécuter son prochain dans le coton de manière "neuro-reposante" dites-vous ? Votre proposition me semble encore plus monstrueuse que notre bonne vieille guillotine. Au moins cette dernière a-t-elle l'honnêteté de montrer sans équivoque l'horreur de l'acte dont il s'agit."



on dirait Arlette Laguiller refusant d'aménager le capitalisme.



Oui à la peine de mort pour les monstres certifiés.





► Ha ? Et à quand un label AOC pour les monstres ?



Eolas



161. Le mardi 10 octobre 2006 à 09:10, par A.Smith



Merci de votre prompte réponse.

Votre reconnaissant,

A.Smith



162. Le mardi 10 octobre 2006 à 09:11, par Swâmi Petaramesh



@Popaul (#160) : « Oui à la peine de mort pour les monstres certifiés. »



Ca, c'est de l'argument "à la Popaul" ou je ne m'y connais pas !



Et qui se charge de la "certification de monstres" ? Faut-il créer un label ISO 900x ?



163. Le mardi 10 octobre 2006 à 09:37, par popaul



Et qui se charge de la "certification de monstres"

la Justice, comme elle se charge également de la certification des voleurs, des escrocs, des conducteurs en état d'ivresse, etc.



Un type qui viole et massacre à coup de cailloux des gamines de 7 ans à la chaine(preuves indiscutables à l'appui) pour moi, c'est un monstre certifié.



je présume que pour toi, c'est une victime de l'enfer capitalisme, de la société de consommation et de l'oppression sexuelle, hein?



ben moi, Popaul, je m'en fout .

et pas la peine de me sortir les grosses ficelles habituelles, j'ai pas dit qu'un pull-over rouge, c'était une preuve indiscutable, ni qu'un meurtre passionnel méritait la mort.



Descend un peu de ton nuage doré, Petard à méche.



► Ha ben voilà, l'organisme certificateur, c'est Popaul. Y'a jamais à chercher loin, en fait. PS : Popaul, il n'y a jamais eu de massacreur à la chaine de gamines de 7 ans à coup de cailloux. Votre monstre certifié, il vient de vos fanstames certifiés. Si vous avez des pusions de meurtre à l'égard d'individus issus de vos fantasmes, vous ne seriez pas un monstre certifié, vous ?



Eolas



164. Le mardi 10 octobre 2006 à 09:42, par Yogi



@Welf #157 : A l'époque où les exécutions étaient publiques, elles étaient un spectacle prisé et couru par la foule. Vous avez raison, il faudrait y revenir.



165. Le mardi 10 octobre 2006 à 09:55, par Swâmi Petaramesh



@Popaul : Je ne vois pas ce que vos considérations sur "l'enfer capitaliste" et la "société de consommation" viennent faire dans le sujet en cours ; vous me les prêtez, je vous les laisse (pourquoi n'évoquez-vous pas, tant que vous y êtes, mon goût pour le chocolat et ma récente pratique de la bicyclette ?), mais je remarque que, comme l'un de vos collègues le fit en #54, vous "présumez pour moi". Je vous fais donc la même réponse que je lui fis en #78 :



« Cher X, je me crois tout-à-fait capable d'exprimer moi-même ce que je pense de manière assez claire, plutôt que de vous laisser vous livrer à des extrapolations saugrenues que vous présentez comme ce que vous supposez être ma pensée. Exprimez donc la vôtre plutôt que de tenter de déformer la mienne, je vous en saurai gré. »



Les lecteurs de ce fil jugeront de la qualité de votre argumentation qui a pour seul contenu la déformation de mon pseudonyme sur laquelle vous concluez.



L'ennui, c'est que le manque d'arguments, cela se voit, et que remplacer l'argument par la déformation et l'insulte, cela se voit aussi.

Le gens qui débattent comme vous le faites trouvent en eux-mêmes leur meilleur contradicteur. Continuez, je vous en prie.



166. Le mardi 10 octobre 2006 à 09:58, par hp



@popaul : et on pourrait aussi trouver des peines de mort graduées en fonction de l'horreur du crime. Par exemple:

- viol ou meurtre d'adulte: injection létale

- viol ou meurtre d'adolescent: pendaison, décapitation

- viol ou meurtre d'enfant: écartellement, bûcher

Mais il faudrait introduire un peu d'aléatoire pour que les foules ne se lassent pas ... peut être que le condamné pourrait tirer au sort sa mort, c'est une option aussi, genre une grande roue façon roue de la fortune.



Vivement le retour au moyen-age j'ai toujours rêvé de porter une cote-de-mailles.







► On pourrait faire voter le public par SMS, dont les bénéfices seraient reversés en partie à la famille de la victime ?



Eolas



167. Le mardi 10 octobre 2006 à 10:15, par popaul



hp, je vous avais prié d'éviter les grosses ficelles, je vois que je vous en demandais visiblement trop.

En tout cas, heureux d'entendre SP me dire qu'il ne considère pas les inhumains massacreurs d'enfant comme des victimes de la société.



moi, j'ai plus de pitié pour le poisson pané innocent que je vais manger à midi.





168. Le mardi 10 octobre 2006 à 10:19, par Pierre



Juste un mot pour l'auteur: bravo



169. Le mardi 10 octobre 2006 à 10:20, par François



Il y a 25 ans j'avais 23 ans et je rentrais à l'ENM, merci Monsieur Badinter



170. Le mardi 10 octobre 2006 à 10:30, par hp



popaul: vous voulez donner un droit aux victimes ... à la vengeance

donc il n'y a pas à débattre avec vous. D'ailleurs vous instrumentalisez les exemples les plus horribles qu'ils soient pour justifier votre point de vue. Alors que la question c'est quelle justice voulons nous... et vous voulez la loi du talion. Vous considérez qu'une vie humaine peut avoir moins de valeur qu'un poisson pané, que certains humains sont des monstres. Ce sont les gens comme vous qui font le plus de mal à l'évolution humaine et qui font honte à l'intelligence. Et après vous exigez qu'on vous parle comme à un être humain ...



171. Le mardi 10 octobre 2006 à 10:39, par popaul



hp: je n'instrumentalise pas les exemples les plus horrible, je suis pour la peine de mort POUR les crimes les plus horribles, nuance.



et oui, effectivement, j'ai plus d'estime pour mon chat que pour Marc Dutroux, et entre la vie de mon chien et celle de Francis Haulmes, je n'hésiterais pas une demi-seconde.Désolé si ça choque tes valeurs, mais j'assume.







► Tiens, c'est marrant. Vous faites passer la vie d'un etre humain après celle d'un animal. Vous n'êtes pas si différent de Heaulme, finalement.



Eolas



172. Le mardi 10 octobre 2006 à 10:41, par Alain



Etre pour la peine de mort, c'est devenir le criminel à qui on veut l'appliquer!

Son abolition est peut-être la plus belle chose qui soit arrivée à la France au 20ème siècle.



173. Le mardi 10 octobre 2006 à 10:48, par popaul



Bien sur Alain.

et mettre des sequestrateurs en prison, c'est devenir le criminel à qui on veux appliquer la sequestration.

et faire payer une amende à un escroc, c'est devenir le voleur à qui on veut piquer les sous.

CQFD



174. Le mardi 10 octobre 2006 à 10:49, par Raphael



Bravo pour ce billet, et rappelons quand même que c'est M. Mitterrand qui contre l'opinion publique de l'époque, a voulu abolir la peine de mort. Heureusement que l'on ne suis pas "l'opinion publique", sinon on aurait encore droit à des pendaisons publiques.



175. Le mardi 10 octobre 2006 à 10:51, par GeoTrouvetout



Billet profondément émouvant, j'en avais la gorge serrée.

C'est une pratique d'un autre âge. Atroce.



Merci pour ce texte

Bien à vous





176. Le mardi 10 octobre 2006 à 10:53, par Raphael



@popaul :



La peine de mort, à par attiser la violence et la haine cela ne résoud rien. Il faudrait que le système carcéral français ait de l'argent pour faire une vrai réinsertion, ensuite, en ne confondant pas maladie mentale et être humain foncièrement mauvais. Mais surtout, il faudrait une société plus juste.. mais ca.... c'est une belle utopie.



177. Le mardi 10 octobre 2006 à 11:00, par popaul



raphael: tout à fait d'accord avec toi ( a part pour l'atisage de haine), mais va falloir attendre longtemps , parce que depuis 40 ans, quelque soit les gouvernements et l'état des finances ......



178. Le mardi 10 octobre 2006 à 11:17, par popaul



mais Eolas, bien sur que je ne suis guère différent d' Heaulmes.

(y'a que vous à vous croire supérieur à la plèbe).

et je suis aussi pour ma propre peine de mort, si jamais je devais devenir exactement le même.



tu raconte un peu n'importe quoi, quand même, j'ai dit :certificateur=la Justice, et ensuite j'ai donné mon avis personnel.



j'aime pas quand tu fais semblant de pas comprendre, ça se vois que tu triches.



► Donc vous êtes pour la peine de mort, à condition qu'elle soit ordonnée par la justice. Vous êtes décidément trop profond pour moi.



Eolas



179. Le mardi 10 octobre 2006 à 11:38, par Swâmi Petaramesh



A l'attention des personnes "visuelles" à qui de vilaines images de quelques assassinats d'état sont plus utiles que de longues phrases pour se rendre compte de quoi l'on parle au juste :



* "Avant" : Monsieur Anatole Deibler et ses aides, venant de couper en deux Monsieur Pierre Berruyer, et s'apprêtant à couper en deux Messieurs Octave David et Urbain Liottard, exécution publique, Valence (Drôme), 22 septembre 1909 :

home.att.net/~boisdejusti...

home.att.net/~boisdejusti...



* "Pendant" : Monsieur Henri Desfourneaux et ses aides, en train de couper en deux Monsieur Eugène Weidmann, 17 juin 1939, Versailles, Yvelines, dernière exécution publique ayant eu lieu en France. (Seul "le gratin" a été admis à approcher si près du lieu de l'exécution, une foule de plusieurs milliers de "fêtards" est retenue par la police à des barrières érigées deux rues plus loin. Ils viendront ensuite tremper leurs mouchoirs dans le sang pour rigoler) :

home.att.net/~boisdejusti...

Même instant, close-up : home.att.net/~boisdejusti...



* "Après" : Les deux morceaux de Monsieur Albert Fournier, sur une paillasse de la morgue, après qu'il ait été coupé en deux par Monsieur Anatole Deibler et ses aides, Tours, février 1920 :

(ATTENTION : Image fortement déconseillée aux personnes sensibles)

home.att.net/~boisdejusti...

(ATTENTION : Image fortement déconseillée aux personnes sensibles)



« Un petit dessin vaut mieux qu'un long discours »



180. Le mardi 10 octobre 2006 à 11:46, par michel



tuer une personne de sang froid est le crime absolu. c'est nier l'autre, soit même, autoriser l'irréparable.



---

animaux etc. dans l'absolu, toute vie devrait être appréciée et on ne devrait jamais débattre stérilement de la valeur de l'un ou l'autre. la réalité fait que les hommes se nourrissent des autres animaux qu'ils dominent. à vous de trouver votre place dans cela.



181. Le mardi 10 octobre 2006 à 11:50, par vanverde



le débat sur la peine de mort, 25 ans après son abolition, n'est toujours pas terminé et ne le sera jamais.

ne nous voilons pas la face, et évitons le parisianisme : plusieurs millions de français sont pour la peine de mort. c'est un fait, c'est comme cela. avec des raisonnements plus évolués que ceux de popaul, certes, mais ils sont pour. et ces raisonnements m'ont été donnés dans tous les milieux sociaux-professionnels.



alors, je suis contre la peine de mort, mais je n'oublie pas que mon voisin est pour. et dans certains cas, je n'ai pas de réponse et je ne vais sûrement pas avancer l'argument de l'avancée de l'humanité et autres généralités philosophiques devant une famille en pleurs. ce n'est pas que je ne crois pas en ces principes, mais avant toute chose, il faut respecter la douleur, y compris dans ses propos les plus extrêmes.

les grands principes ne sont rien face à la vengeance, la violence, la douleur.

nous sommes des animaux. un peu évolués, mais des animaux quand même.

la peine de mort peut revenir. elle sera même votée par une assemblée générale démocratiquement élue.

parce que, à ce moment, c'est le peuple qui le décidera, qui le voudra.

l'homme a ces deux faces. il les a montré en 2002. je n'ai pas oublié.

le combat de robert badinter a été magnifique et juste.

votre article aussi est magnifique.

mais comprenez que certains ne soient pas d'accord.

comprenez qu'ils sont tout aussi humains que vous.

comprenez qu'en réalité, il n'y a pas de réponse franche à ce sujet.



182. Le mardi 10 octobre 2006 à 11:54, par asteroid257



"Bien sûr, c'est un billet émouvant. Mais ce genre de billet on les lit toujours avec la présupposition, dans un coin de notre conscience que l'accusé est innocent et que la peine est d'autant plus injuste."



Nul besoin de penser qu'un individu est innocent pour considèrer qu'executer un homme aussi monstreux soit-il est toujours la preuve d'un échec de notre société à "gérer" ce type d'individu.



Lafaucheuse@ "L'abolition de la peine de mort restera pour toujours une gifle aux principes democratiques et a l'opinion de la majorite, tres typique de la gauche".



Vous oubliez un peu vite que l'abolition de la peine de mort n'a pas été décidé par un simple décret mais par une loi laquelle a été votée par les représentants élus du peuple français à une majorité confortable.



Un peu de lecture pour un rappel des chiffres:

asteroid257.free.fr/index...



Alors le coup de la gifle au principes démocratiques .... Cela étant j'ai conscience que si un référundum avait été organisé, il aurait surement à l'époque abouti à un vote négatif. Mais que voulez vous, on a les élus qu'on mérite



Votre reflexion amène une question autre: Nos élus doivent-ils systématiquement suivre le vent de l'opinion ? Certains sont des précurseurs, tant mieux, d'autres de simples opportunistes tant pis.



183. Le mardi 10 octobre 2006 à 12:47, par vanverde



A popaul,



trop de bile nuit à la santé.



quand vous comprendrez que votre violence, insultante de surcroît, ne donne vraiment pas envie de discuter avec vous, on aura (un peu), avancé...



► Ce monsieur est parti.



Eolas



184. Le mardi 10 octobre 2006 à 12:48, par asteroid257



"ah, d'accord, le problème est donc qu'il ne faut pas laisser de preuve de l'échec de notre société à cet égard?"



Qui a dit cela ? J'ai simplement dit qu'à mon sens, la peine de mort est toujours une solution d'échec. Et vos propos me confortent puisque vous reconnaissez qu'on a du mal à gérer les criminels dangereux justifiant ainsi le recours à la peine de mort.



En gros, j'ai un problème, je ne trouve pas de solution idéale donc j'élimine le problème de la surface de la terre.



....



Et désolé ne pas developper de raisonnement hautement scientifique pour justifier mon opposition à la peine de mort. Mon raisonnement est simple voire naif mais j'estime qu'un homme (ou une société) quelqu'il soit n'a pas le droit de s'arroger le droit de mettre fin à la vie d'un autre homme même au nom de la justice.



Si on suit votre raisonnement, on en revient à oeil pour oeil dent pour dent et dans 200 ans on vivra encore comme on vivait au far west.



Vous dites ne pas avoir été opposé aux exécutions de dirigeants de camps de concentration, c'est votre droit, mais puisqu'il faut argumenter, pouvez-vous m'expliquer ce que ces exécutions ont apporté de positif ?



oeil pour oeil dent pour dent



185. Le mardi 10 octobre 2006 à 13:18, par Grimbert



Bon récit du Maître, mais attention à l'émotionnel et à la victimisation outrancière. La peine de mort est conforme à un certain point de vue de la justice pure, du droit naturel - hélas, ce n'est pas une solution, puisqu'elle ne répare rien et n'a même pas un effet dissuasif.



Pour moi qui m'intéresse avant tout à la philosophie du droit plutôt qu'au droit tel qu'il existe, le droit pénal m'a toujours paru marqué par un certain arbitraire, cherchant une position moyenne entre les positions extrêmes : loi du talion stricte, ou pardon chrétien (car au nom de quoi peut-on s'arroger le droit de punir) ?



186. Le mardi 10 octobre 2006 à 13:36, par Alexandre92



Votre billet me rappelle "Deux hommes dans la ville" de Jose Giovanni avec Alain Delon et Jean Gabin, qui est un vibrant plaidoyer contre la peine de mort... que l'on comprenait d'autant mieux quand on connaissait le passé de José Giovanni.



Il fut condamné à mort, gracié puis réhabilité grâce à l'obstination de son père, mais sans que le fils condamné ne le sache... et José Giovanni a eu le temps de rendre hommage à son père à qui il doit deux fois la vie dans son livre puis son dernier film "Mon père il m'a sauvé la vie".



Chers amis qui cherchez à rétablir la peine de mort, regardez donc ces deux films et revenez nous en parler après.... (et si vous n'êtes pas convaincus, la fin de "Nous sommes tous des assassins" est insoutenable elle aussi...)



Et maître, merci d'avoir fait allusion dans une de vos réponses au plaidoyer de Robert Badinter ("couper un homme vivant en deux morceaux").... et merci de ne pas y avoir fait allusion dans votre récit, qui se suffit à lui même...



Bon je vais boire un petit cognac pour me remettre moi... (Oups, contravention à la Loi Evin)



187. Le mardi 10 octobre 2006 à 14:00, par Gascogne



Il est revenu sous un autre pseudo, GCX ?



► Absolument, c'est le modèle Trollicus Je-me-barrus-par-la-portus-pour-protestus-et-je-rentrus-par-la-fenetrus-car-je-peux-pas-me-tairus. Comme je ne supporte pas qu'on ne tienne pas sa parole, je l'aide à le faire en karcherisant ses commentaires.



Eolas



188. Le mardi 10 octobre 2006 à 14:00, par Jean



Hem! je vais faire un commentaire que je souhaiterai ne pas voir mal interprété. Je suis régulièrement le blog d'Eolas, avec beaucoup d'intérêt. Les billets sont de bonne qualité, et les commentaires (hormis les trolls) ouvrent souvent des discussions intéressantes.



Cependant je suis un peu géné parfois par le caractère démesurément laudateurs de certains lecteurs de ce blog. La critique tombe surement au mauvais moment, dans la mesure où j'adhère à 100% au fond de cette note (je conseille d'ailleurs sur le même thème les "Sentiers de la gloire" de Kubrick et "12 hommes en colères" de S. Lumet).



Pour autant, Eolas n'est pas pour moi Dostoievski, ni même Dumas! Il écrit bien c'est vrai (mieux que moi en tout cas c'est certain)... mais que diable lisez Hugo, Balzac, Hess si vous voulez vous goberger de belles lettres! Cette note, par exemple, est bien écrite mais voila tout (pas "extrêmement bien écrit" comme le souligne le 1er trackback).



Non Eolas! Vous serez le chantre de la diffusion du droit (et je vous salue et vous remercie pour cela) mais vous ne serez pas Goncourt (enfin pas tout de suite)...



Cela dit... continuez (je suis paradoxale me dites vous???)



PS: bon ce commentaire tiens sans doute au fait que si j'e pense que le blog est facteur de diffusion de l'information et de certains messages je trouve qu'il reste un outils assez rudimentaire pour la vraie réflexion et la vraie concentration (pour diverses raisons, et entres autres: les bloggueurs ont tendance à suivre beaucoup de blogs, les commentaires - voir cette note - sont très, trop nombreux... bref cela va un peu trop vite à mon goût)



► Vous n'avez pas forcément tort, mais les compliments sont des friandises trop rares pour que je les boude. Et la langue française est assez maltraitée quotidiennement pour que des lecteurs se réjouissent de lui trouver un asile en ces lieux. Qu'ils recourrent pour cela à l'hyperbole, ce n'est pas bien méchant. Et non, je ne serais pas Goncourt, mais pas tant à cause de l'insuffisance de mon style que de mon incapacité à passer la rhubarbe si on me passe le séné.



Eolas



189. Le mardi 10 octobre 2006 à 14:03, par Flolivio



Bonjour,



Ci-dessous, un petit extrait du discours de M. Badinter lors de son intervention à l'Assemblée Nationale pour l'abolition de la peine de mort:

"Je n'ai pas besoin non plus de vous rappeler, mesdames, messieurs les députés, que la sanction pénale de l'avortement aussi bien que de la peine de mort se trouvent inscrites dans les lois pénales qui, aux termes de la Constitution, relèvent de votre seul pouvoir.

Par conséquent, prétendre s'en rapporter à un référendum, ne vouloir répondre que par un référendum, c'est méconnaître délibérément à la fois l'esprit et la lettre de la Constitution et c'est, par une fausse habileté, refuser de se prononcer publiquement par peur de l'opinion publique."



Voila pour répondre à ceux (dont la bien nommée Faucheuse) qui critiquent la façon dont la loi portant abolition de la peine mort a été votée.



Ensuite, je souligne qu'il n'est plus question d'abolitionnistes depuis ladite loi: ce serait trop simple. La peine de mort a été supprimée. Il ne saurait y avoir d’abolitionnistes.

A ceux qui sont pour la peine de mort de se trouver un nom (j’en vois plusieurs, mais ils sont tous désobligeants). Toujours est-il que la balle est dans leur camp : à eux d’avoir une attitude active. Mais alors, qui d’entre eux se sentirait capable de voter pour une loi visant réintroduire la peine de capitale dans le Droit Pénal Français ou du moins de la soutenir activement? C’est une chose de vouloir empêcher son abolition, c’en est une autre que de vouloir provoquer sa réintroduction. Pesez bien le pour et le contre…





190. Le mardi 10 octobre 2006 à 14:10, par vanverde



A popaul,



je suis peut être avocat mais mon père et mon grand-père étaient ouvriers.



ils n'ont jamais causé comme ça. vous vous enfoncez vous-même dans le cliché.



► Ce monsieur est parti.



Eolas



191. Le mardi 10 octobre 2006 à 14:27, par Emmanuel de Sancte



Bouleversant...



192. Le mardi 10 octobre 2006 à 14:44, par Wolverine



Je rejoins un peu Popaul en survolant les commentaires en général.

C'est tout de même relativement facile de vivre dans un monde de principe et de s'ériger contre la barbarie d'une execution de sang-froid. Mais comme il le souligne la réalité est bien différente car après l'abolition de la peine de mort on n'a rien fait de concrêt pour s'assurer que l'on remettait en liberté des gens équilibrés et avec une réelle volonté de s'insérer.

L'emprisonnement à vie reste aussi une solution.

On ne vit pas dans un monde principe il y aussi de tristes et injustes réalités, il faut savoir doser le tout.







► Ha, parce qu'avant 1981, la récidive criminelle était un phénomène inconnu ? Et aucune loi répressive, allongeant la période de sureté voire prévoyant une perpétuité réelle n'a depuis été votée ? Vous êtes sûr de ce que vous dites ?



Eolas



193. Le mardi 10 octobre 2006 à 14:50, par Wolverine



Ce que je veux dire c'est que maintenant et pas plus qu'avant on ne relâche des gens dont on est certain qu'ils sont sans danger pour la société!

et cela oui j'en suis certain!



194. Le mardi 10 octobre 2006 à 14:53, par Ouf



à swami Petaramesh : "Votre argument "On va libérer un dangereux criminel de 2 mètres qui tue à la hache" est un argument affectif, et non pas un argument qui s'adresse à l'intelligence."



Parce que le texte proposé par Eolas n'est pas un "argument affectif" peut-être ?



On a aujourd'hui la malheureuse impression que les criminels ont beaucoup plus de droits à l'empathie, voire de droits tout court, que les victimes.



195. Le mardi 10 octobre 2006 à 14:56, par SB



@celine (145)



Au texte lui-même, j'ai tendance à préférer son admirable préface de 1832 :



lettres.ac-rouen.fr/franc...

lettres.ac-rouen.fr/franc...



Extrait :



"[...]



Ceux qui jugent et qui condamnent disent la peine de mort nécessaire. D'abord, – parce qu'il importe de retrancher de la communauté sociale un membre qui lui a déjà nui et qui pourrait lui nuire encore. – S'il ne s'agissait que de cela, la prison perpétuelle suffirait. À quoi bon la mort ? Vous objectez qu'on peut s'échapper d'une prison ? faites mieux votre ronde. Si vous ne croyez pas à la solidité des barreaux de fer, comment osez-vous avoir des ménageries ?

Pas de bourreau où le geôlier suffit.



Mais, reprend-on, – il faut que la société se venge, que la société punisse. – Ni l'un, ni l'autre. Se venger est de l'individu, punir est de Dieu.

La société est entre deux. Le châtiment est au-dessus d'elle, la vengeance au-dessous. Rien de si grand et de si petit ne lui sied. Elle ne doit pas "punir pour se venger" ; elle doit corriger pour améliorer. Transformez de cette façon la formule des criminalistes, nous la comprenons et nous adhérons.



Reste la troisième et dernière raison, la théorie de l'exemple. – Il faut faire des exemples ! il faut épouvanter par le spectacle du sort réservé aux criminels ceux qui seraient tentés de les imiter !



Voilà bien à peu près textuellement la phrase éternelle dont tous les réquisitoires des cinq cents parquets de France ne sont que des variations plus ou moins sonores. Eh bien ! nous nions d'abord qu'il y ait exemple. Nous nions que le spectacle des supplices produise l'effet qu'on en attend. Loin d'édifier le peuple, il le démoralise, et ruine en lui toute sensibilité, partant toute vertu. Les preuves abondent, et encombreraient notre raisonnement si nous voulions en citer. Nous signalerons pourtant un fait entre mille, parce qu'il est le plus récent. Au moment où nous écrivons, il n'a que dix jours de date. Il est du 5 mars, dernier jour du carnaval. À Saint-Pol, immédiatement après l'exécution d'un incendiaire nommé Louis Camus, une troupe de masques est venue danser autour de l'échafaud encore fumant. Faites donc des exemples ! le mardi gras vous rit au nez.



Que si, malgré l'expérience, vous tenez à votre théorie routinière de l'exemple, alors rendez-nous le seizième siècle, soyez vraiment formidables, rendez-nous la variété des supplices, rendez-nous Farinacci, rendez-nous les tourmenteurs-jurés, rendez-nous le gibet, la roue, le bûcher, l'estrapade, l'essorillement, l'écartèlement, la fosse à enfouir vif, la cuve à bouillir vif ; rendez-nous, dans tous les carrefours de Paris, comme une boutique de plus ouverte parmi les autres, le hideux étal du bourreau, sans cesse garni de chair fraîche. Rendez-nous Montfaucon, ses seize piliers de pierre, ses brutes assises, ses caves à ossements, ses poutres, ses crocs, ses chaînes, ses brochettes de squelettes, son éminence de plâtre tachetée de corbeaux, ses potences succursales, et l'odeur du cadavre que par le vent du nord-est il répand à larges bouffées sur tout le faubourg du Temple. Rendez-nous dans sa permanence et dans sa puissance ce gigantesque appentis du bourreau de Paris. À la bonne heure ! Voilà de l'exemple en grand. Voilà de la peine de mort bien comprise. Voilà un système de supplices qui a quelque proportion. Voilà qui est horrible, mais qui est terrible.



Ou bien faites comme en Angleterre. En Angleterre, pays de commerce, on prend un contrebandier sur la côte de Douvres, on le pend pour l'exemple, pour l'exemple on le laisse accroché au gibet ; mais, comme les intempéries de l'air pourraient détériorer le cadavre, on l'enveloppe soigneusement d'une toile enduite de goudron, afin d'avoir à le renouveler moins souvent. Ô terre d'économie ! goudronner les pendus !



Cela pourtant a encore quelque logique. C'est la façon la plus humaine de comprendre la théorie de l'exemple.



[...] "





Autrement, sur le processus d'adoucissement des peines et le passage de l'ère des supplices à celui de l'incarcération massive, une référence à conseiller reste Surveiller et Punir de Michel Foucault, aux éditions Gallimard, Col. Tel. Ce texte de 1975 (avant l'abolition, donc) indique avec force à quel point ce mouvement n'a que peu à voir avec un quelconque gain en humanité. En effet, il semble que les réformateurs de la Révolution -- quelques années avant que la punition habituelle ne devienne l'emprisonnement -- avaient pensé beaucoup de supplices raffinés devant solidariser chez le citoyen l'image du crime et celui de sa punition (et ainsi bloquer le passage à l'acte).



@Eolas



Je ne suis pas très versé dans le sujet, mais ne manque-t-il pas dans le rendu de la sentence de votre billet la citation du très petit et très sadique article : "Tout condamné à mort aura la tête tranchée." (art 12)



www.ladocumentationfranca...



196. Le mardi 10 octobre 2006 à 15:02, par nouvouzil



Le pire, côté sadisme, c'est l'article 17.



197. Le mardi 10 octobre 2006 à 15:03, par Jean



loin de moi l'idée de vous priver d'en profiter



une certaine mesure des commentaires (dans tous les sens d'ailleurs) permettrait de briser la mauvais réputation des avocats sur leur ego si petit!!!



198. Le mardi 10 octobre 2006 à 15:08, par Patrick



Une réflexion, sans doute pas originale, mais bon...



Il est curieux de constater que les tenants de la peine de mort sont généralement contre l'avortement alors que ceux qui sont contre la peine de mort y sont bien souvent favorables.



Mais est-ce véritablement paradoxal?



199. Le mardi 10 octobre 2006 à 15:27, par Le Parcheminé



Il y a de nombreux arguments contre la peine de mort avec lequels je suis entièrement en accord, et je ne reviendrais pas dessus.

Je souhaite cependant ajouter ceci. Dans quel état d'esprit peut vivre un juge qui à prononcer cette sentence ? J'imagine ce sentiment de culpabilité en rentrant chez lui après le jugement.

Je connais assez peu la justice, mais les hommes qui l'exercent doivent être assez peu différents de nous. Un juge ne doit pas échapper à ce sentiment d'avoir un jour prononcé la mort, même du pire des criminels. Du procureur qui devra demander cette peine parce que c'est inscrit dans les textes. Et que dire des gardiens de prison qui vont éxécuter cette peine. De l'avocat qui doit rentrer chez lui en se disant qu'il n'a peut être pas tout fait pour sauver son client, qu'il à peut être raté un élément dans le dossier qui aurait permis de le sauver, etc...



C'est également pour cela que je suis contre la peine de mort. Parce qu'elle est prononcée par des hommes et qu'ils sont faillibles. Demander à des hommes de prononcer la mort au nom d'une justice qui fait abstraction de la conscience, est quelque chose d'aussi ignoble que les crimes jugés dans ces circonstances.



J'estime qu'il ne faut pas sombrer dans l'excès en ôtant la vie à ces criminels.



Quand à tous ceux qui sont pour le rétablissement de la peine de mort, imaginez vous à avoir à prononcer ces peines, et à devoir passer le reste de votre vie avec ce jugement sur la conscience. Il est bien facile de demander aux autres de prononcer ces peines sans avoir à s'impliquer au fond de son canapé. Aussi, soyez rassurés, la perpétuité doit être certainement bien pire comme peine, que la peine de mort, "qui n'est qu'un mauvais moment à passer".



Et désolé si je suis considéré comme un troll.



Maître. Au plaisir de vous lire.



200. Le mardi 10 octobre 2006 à 15:53, par Neville



@ nouvouzil, commentaire 196



Le plus sordide, c'est l'article D 501, qui prévoit qu'un gardien doit surveiller en permanence le condamné à mort pour l'empêcher de se suicider.



Je n'ai aucune sympathie envers les collaborateurs de l'Occupant entre 1940 et 1944, et encore moins envers le premier d'entre eux, Pierre Laval, mais je trouve peu honorante pour la France la manière dont il a été exécuté, assis sur une chaise et maintenu en vie coûte que coûte quelques heures après sa tentative de suicide, simplement pour que Justice puisse passer : c'est un vivant qu'il fallait fusiller, fût-ce un moribond, donc on lui a prodiqué les soins les plus acharnés à cet effet pour qu'il restât en vie jusqu'à l'heure prévue.



201. Le mardi 10 octobre 2006 à 16:00, par SERDAN



Merci EOLAS



202. Le mardi 10 octobre 2006 à 16:06, par paupol



[Bip.]



203. Le mardi 10 octobre 2006 à 16:28, par yves



Laval n'a pas vraiment eu droit à un procès équitable. C'est le président de la ldh qui racontait ça un jour sur France Inter en parlant de la réaction de son père.



Même le pire salaud a droit à une défense, un billet du maitre des lieux a expliqué ça il y a longtemps.



Cela étant dit, ce n'est pas le premier: Babeuf passe pour avoir été guillotiné mort ou quasiment mourant, il me semble.





► Robespierre aussi a été guillotiné dans un sale état.



Eolas



204. Le mardi 10 octobre 2006 à 16:46, par Mafio



A mon sens, le fait que la peine de mort sois aussi présente dans les esprits c'est que l'on n'a pas trouvé un moyen (hormis mourir en prison) pour empêcher le criminel de recommencer, pour diverses raisons, mais je dirai le manque de moyen de la jsutice.



Alors oui dans la tête des gens, avec la peine de de mort on n'est sur que il ne reviendra pas.

Il faut trouver une autre solution pour réussir à réinsérer ces gens.



205. Le mardi 10 octobre 2006 à 16:56, par Gastiflex



@La Faucheuse :

Parce qu'un referendum avec 20% d'abstention serait plus légitime qu'un assemblée majoritaire ?

Mitterrand annonce clairement qu'il est contre AVANT d'être élu et il est élu quand même. Je pense que ça vaut autant qu'un referendum. Et ça veut dire quoi l'opinion publique est contre l'abolition "? Tu penses qu'un sondage fait sur un échantillon de 1000 personnes est plus représentatif qu'une élection présidentielle, même avec 20% d'abstention ?

Mais après on peut aller super loin :

- Mitterrand a été élu avec les voix de la droite qui est pour l'abolition donc ça compte pas

- la motié des 82% de Chirac de 2002 vient de la gauche donc tout ce qu'il fait depuis 5 ans est anti-démocratique

etc...



206. Le mardi 10 octobre 2006 à 17:47, par celine



merci SB d'élargir mes connaissances, je vais de ce pas me procurer ces textes

merci Maître Eloas d'avoir répondu à polydomas de manière si concise, j'aimerais pouvoir écrire ainsi

comment ne pas s'interroger sur mes compatriotes quand je me rends compte que le seul argument de tuer en leur nom un innocent ne les fait pas frémir. j'admire les personnes qui lancent l'argument d'une justice "parfaite", j'aimerais avoir autant confiance dans l'infaillibilité de l'homme et donc de sa justice. Pourtant les erreurs judiciaires ne sont pas si loin dans le temps en France, combien d'innocents aurions nous tués à Outreau ? c'est quoi le secret pour être aussi sûr de l'être humain ?



► Techniquement, nous n'aurions tué personne dans l'affaire d'Outreau : tous les innocents ont été acquittés, et en faisant abstraction de l'audience d'appel qui n'était pas possible à l'époque, aucun des faits poursuivis n'était avant 1981 passible de mort ; les sept innocents condamnés eussent purgé une peine de réclusion criminelle.



Eolas



207. Le mardi 10 octobre 2006 à 18:14, par Zub



Terrible et effrayant.



Plus jamais ça.



Merci pour ce rappel en mémoire.



208. Le mardi 10 octobre 2006 à 18:50, par abns



Question naïve pour les partisans du rétablissement de la peine capitale :

Quel argument avanceriez vous pour m'interdire de demander l'exécution des jurés ayant fait condamner un de mes proches ?

Le rôle de la loi est d'organiser la société et de protéger ses membres, et au premier titre la vie de ces derniers. Elle est, par essence, opposée à la vengeance, puisque née de l'abandon de celle-ci comme règle de fonctionnement.

La justice (au sens des règles que nous nous choisissons ET de l'institution à laquelle nous demandons d'appliquer ces règles) ne peut pas être "un peu" vengeresse, basée sur le principe de l'oeil pour oeil, ni même sur celui du cil pour l'oeil.

Soit nous appliquons le principe de la vengeance (seul moi, victime, peut dire ma souffrance, et donc seul moi peut décider ce que je veux en contrepartie, et je suis par conséquent fondé au regard de tous de faire à autrui ce qui me semble équivalent), soit celui de la justice (moi, victime, me soumet à ce qu'ensemble nous avons fixé comme la meilleure règle permettant de nous protéger communautairement).

Si la loi se plie au principe de réciprocité, alors il n'y a pas justice, il n'y a qu'un principe de vengeance institutionnalisé et reservé à un petit nombre.



L'argument du "pensez à la victime", "vous seriez pour la peine de mort si vous étiez concerné" est aussi fatal à une société que l'était le principe de vengeance, puisqu'il aboutit irrémédiablement au même résultat : l'éradication de l'ensemble de la société. Si je peux me venger, alors les proches de ma victime à moi en ont aussi le droit.

Vous nous demandez de penser à la victime et non au coupable, alors vous êtes vous même contraints de penser aux enfants de celui que vous souhaitez exécuter. Certes, cet homme a tué. Et il recommencera peut-être, il ne regrette peut-être rien, il est peut-être un monstre. Vous estimez donc être en droit de le priver de sa vie. Mais quel principe moral, et surtout quel principe de précaution ou de défense de la société vous autorise à guillotiner le père de ses enfants, le fils de sa mère ?

Vous souhaitez que la société se donne le droit de mettre à mort l'assassin, alors pourquoi ne pas rester fidèle à ses convictions et prévoir le bourreau qui devra violer les enfants du violeur pédophile ?



Introduire ne serait-ce qu'un soupçon de vengeance dans la justice la dénature totalement dans ses fondements même, et fait tourner le dos à l'idée même de société organisée.



209. Le mardi 10 octobre 2006 à 20:35, par marie



Cher Maître Eolas, vous m'aviez habituée à mieux...

Que vous soyez contre la peine de mort, c'est un choix (que je partage).

Que vous nous décriviez les prétendus derniers moments d'un condamné à mort, je n'en vois pas l'intérêt. J'ai l'impression de lire le scénario d'un énième feuilleton juridico-policier diffusé sur TF1. Certes, vous avez du style, mais, pour une fois, vous ne faites guère avancer le débat.

Est-ce à l'aune de la douleur morale ressentie par le coupable que l'on doit juger l'opportunité d'une peine ? Si oui, pourquoi, une fois prochaine, ne pas nous parler de la douleur d'un condamné à 5 ans ou d'un contrefacteur démasqué ?



► Si seulement je croyais en vos larmes de crocodiles, je dirais que je suis profondément affecté, car mon ambition secrète, quand j'écris un billet est de vous plaire, et votre froncement de sourcils, s'il n'était aussi chattemite, assombrirait à lui seul tous les compliments qui m'ont été faits aujourd'hui. Las, sachant ce que vous pensez vraiment, votre commentaire, je m'en tape.



Eolas



210. Le mardi 10 octobre 2006 à 20:47, par bayonne



@188 jean :mais que diable lisez Hugo, Balzac, Hess si vous voulez vous goberger de belles lettres!



le problème c'est que ces auteurs ne sont pas vivant, et n'ajoute pas de notes sur mes commentaires dans leurs livres, a mon grand regret.



ici nous avons quand même une star, qui prend du temps pour nous sensibiliser avec des articles rarement impertinent, voir amuser avec quelques commentaires plein d'humour, avec des écrits plus que correct et permet a plein de personnes anonymes de débattre en toutes liberté.



211. Le mardi 10 octobre 2006 à 20:59, par mmenfin



"La dernière exécution remonte au 10 septembre 1977"



le jour où je suis né.

ben merde, ça me fait tout drôle.

:/







212. Le mardi 10 octobre 2006 à 21:15, par rêveur



Maître, si tous vos cauchemards vous inspirent des billets aussi émouvants et sages, faites-en également part au plus grand nombre !



Je vous souhaite néanmoins de n'avoir aucun autre cauchemard à raconter.





213. Le mardi 10 octobre 2006 à 22:32, par Gascogne



Je rêve ou nous avons eu droit à plus de 200 commentaires sans qu'aucun, sur un sujet pourtant extrêmement (c'est le cas de le dire) sécuritaire n'évoque NS ?

A y'est, j'ai droit à mon point pseudo Godwin ?



214. Le mardi 10 octobre 2006 à 23:03, par Polydamas



@ Celine (206):



C'est vrai que j'ai la faiblesse de croire qu'il ne faut pas cesser de tenter d'améliorer la justice. Sur la peine de mort, je ne la pense pas inutile dans certains cas trés précis, bien qu'il est clair que je n'en sois pas un militant et que ce soit le cadet de mes soucis.



Ca ne me fait pas frémir, car bien des atrocités, autrement plus contestables, peuvent être commises en mon nom ou avec mon argent, au travers des impôts, j'ai déjà entamé la liste plus haut....



Et oui, c'est de la vengeance, c'est la loi du talion. Est-ce nécessaire? Je ne sais pas, mais j'ai plutôt l'impression que dans certains cas, ça soulage tout de même un peu les victimes, bien que ça ne résolve rien, nous sommes d'accord.



Je reste persuadé qu'il y a des criminels qui, malgré toutes les circonstances atténuantes que l'on puisse trouver, et qui font indéniablement partie de notre société (ce ne sont pas des monstres, en effet) la méritent.



Enfin, Maître, je vous rejoins sur un point: sauf circonstances exceptionnelles, la peine capitale est définitivement abolie en France.



215. Le mercredi 11 octobre 2006 à 03:17, par Pseudo.



Cher maître,



Je lis assidument votre blog depuis que je l'ai découvert, et m'y exprime pour la première fois. Permettez-moi donc de vous remercier pour la qualité de vos billets en général et de celui-ci en particulier.



Je voudrais juste réagir sur certains points précis, en espérant ne pas faire de doublons (je n'ai lu qu'en diagonale rapide les derniers commentaires).



- Concernant le fait que la barbarie de la peine de mort ne serait pas un argument suffisant. Je ne vois pas d'autre raison de refuser, par exemple, la pédophilie, que son caractère barbare. Ou en d'autre termes, moralement inaceptable. La barbarie est donc à mon sens un excellent argument.



- Sur le thème de la peine de mort "dans du coton", inversons les rôles : un assassin tue sa victime "sans douleur", mettons en lui faisant ingurgiter à son insu une large dose de somnifères... on le relaxe ? Je ne pense même pas que ce soit ça compte comme circonstance atténuante, alors restons sérieux.



- Pour la personne qui préfère son chat à, je crois, F. Heaulme, j'ai une mauvaise nouvelle : votre chat, à moins que vous soyez citadin forcené, est un dangereux serial killer (de souris). Je n'ai pas de preuves, mais j'ai de sérieuses raisons de penser qu'il a l'habitude de torturer longuement ses victimes avant de les achever car il s'amuse plus ainsi. Plus généralement pour les personnes qui se complaisent à préférer les autres animaux aux hommes, j'aurais tendance à paraphraser (était-ce Churchill ?) sur la démocratie : "L'espèce humaine est la plus barabare qui ait existé, à l'exception bien sûr de toutes les autres."



216. Le mercredi 11 octobre 2006 à 05:48, par Melencolia



Si j'ai évoqué la peine de mort douce "dans du coton", sans douleur et sans conscience, ce n'était pas du tout pour la préconiser mais pour réfléchir à la notion de "barbarie".



Beaucoup semblent rétorquer que c'est aussi affreux que la guillotine ou l'écartèlement en place publique (voire même pire ! ça fait froid dans le dos d'entendre parler de mort "douce").

Pourtant je suis certaine que si on leur donnait le choix ils n'hésiteraient pas une seconde. Entre les principes et la réalité il y a un tel décalage ! (Un décalage qui fait froid dans le dos).



Moi je trouve qu'entre ces deux façons d'ôter la vie il y en a une qui est mille fois plus "barbare" que l'autre. C'est pourquoi je pense que la barbarie n'est pas un argument suffisant.

La torture est barbare et pourtant elle impose de veiller à ne pas tuer.



Enfin bref, d'accord pour refuser à l'Etat le droit de tuer qui que ce soit et de quelque manière que ce soit.



Je voudrais donc poser une question : si on traficotte le cerveau des criminels afin de leur ôter leur volonté, afin de les transformer en légumes pacifiques (et bienheureux évidemment !), sans les tuer "pour de vrai", est-ce que celà convient aux personnes ici présentes ?

Ne serait-ce pas moins barbare que de les laisser en prison toute leur vie durant, conscients de leur enfermement sans autre issue que... la mort, et parfois rongés par la culpabilité ?



217. Le mercredi 11 octobre 2006 à 07:52, par Swâmi Petaramesh



@Melencolia : « si on traficotte le cerveau des criminels ... afin de les transformer en légumes pacifiques ... sans les tuer ... est-ce que celà convient aux personnes ici présentes ? »



Niet.



218. Le mercredi 11 octobre 2006 à 08:08, par Bonobo



Très sensible plaidoirie de Maître Eolas pour cet anniversaire, gagnée d'avance. Qui aujourd'hui peut réclamer encore cette chose ignoble, quand on sait les erreurs commises sur des innocents, rien que pour cette raison, déjà.

Mais s'il advenait un jour qu'on "touche un cheveux" de mon enfant, je serai certainement sourde à n'importe quelles "cellules psychologiques", je ne demanderai pas justice à la justice, je ne réclamerai pas que la société des hommes se transforme en criminelle. je deviendrai un animal féroce. Je sais c'est pas bien.



219. Le mercredi 11 octobre 2006 à 09:06, par Melencolia



Niet mais pourquoi Swâmi Petaramesh ? On pourrait même ainsi leur rendre la "liberté" physique (plus aucun risque de violence plus de menace pour les citoyens). Ne serait-ce pas la moins barbare des solutions, soit la plus " humainement évoluée" ? Pourquoi laisser quelqu'un dans la souffrance mentale quand on a les moyens de faire autrement ?



► Niet, parce que vous vous voilez la face. En faisant cela, en détruisant une partie du cerveau, vous le tuez. Certes, le coeur bat encore, le corps bouge, mais la personnalité est détruite. Et vous en faîtes en plus un handicapé à 100%, à la charge de la société, sans possibilité de réinsertion. C'est une peine de mort light : vous croyez qu'elle vous pèsera moins sur l'âme à cause des édulcorants que vous y avez mis.



Eolas



220. Le mercredi 11 octobre 2006 à 09:07, par SB



@celine

"merci SB d'élargir mes connaissances, je vais de ce pas me procurer ces textes"



De rien, vraiment. J'ai été heureux de voir cité Hugo. Sa préface au dernier jour d'un condamné a été pour moi la fin de toute adhésion résiduelle à la peine capitale.



Pour "Surveiller et punir" ne vous laissez pas rebuter par son début (le rapport du supplice de Damien par un prévôt laisse dans la même solitude navrée que le présent billet). L'analyse qui suit est passionnante (boulversante, en ce qui me concerne) et après ça vous n'entendrez (j'espère) jamais plus les criminologues de la même oreille.



@Jean (197)

Oui, désolé pour la longueur. Quand on me parle de préface, je suis généralement pris de baîllements. Celle-ci est une des... deux exceptions à cette règle. Il fallait donc montrer qu'elle différait des autres... et puis elle reflète parfaitement ma pensée dans ce débat. J'y ajouterais seulement la question du libre arbitre qui n'est que je sache pas une donnée mais juste le présupposé nécessaire au rendu de la justice telle que nous la concevons (les guillotines pas plus que les textes de loi ne poussent dans les arbres).



@Patrick (198)

Vous m'évoquez cette terrible phrase qui clôt le film "Une affaire de femmes" de Chabrol :



"Pensez aux enfants de ceux qu'on tue."



221. Le mercredi 11 octobre 2006 à 09:43, par Swâmi Petaramesh



@Melencolia : "Niet mais pourquoi Swâmi Petaramesh ?"



Parce que tu ne parles pas de "soigner" quelqu'un que tu estimerais "malade", mais de "légume-pacifier" quelqu'un que tu estimes dangereux.



Le faire sans son accord est lui voler son humanité, et n'est pas très différent de le tuer. Tu n'en as pas davantage le droit moral.



> "Pourquoi laisser quelqu'un dans la souffrance mentale quand on a les moyens de faire autrement ?"



Mais qui te dit que :



1/ Toute personne criminelle est nécessairement "dans la souffrance mentale" ?

2/ Qu'on a "les moyens de faire autrement" ?



Si "les moyens" sont d'en faire un zombie, je ne vois pas trop la différence avec en faire un mort. C'est peut-être même pire.



222. Le mercredi 11 octobre 2006 à 10:32, par Melencolia



Swami Petaramesh en effet je parle de protéger la société des criminels dangeureux ce qui me semble la mission de la Justice. Je réfléchis à un moyen de le faire qui serait non barbare, et qui causerait le moins de souffrance possible au criminel, parce qu'il me semble que l'enfermement à vie, la privation de liberté pour une très longue durée, sont en effet assez douloureux.

Tu parles de lui demander son accord. S'il est d'accord pour être partiellement lobotomisé tu trouves que celà devient moralement acceptable de le faire ?



Je ne sais pas si nous avons "les moyens" mais je crois que nous les recherchons activement, et que la compréhension des mécanismes du cerveau et de la fonction de certains gènes sont tout à fait à l'ordre du jour, y compris pour expliquer violence et la criminalité.



Faire un zombie est pire que de faire un mort ?

Pourquoi alors prescrire anti-dépresseurs et inhibiteurs divers aux suicidaires et dépressifs, jusqu'à les transformer en quasi-légumes ? N'est ce pas aussi leur ôter une partie de leur humanité ?



N'hésitez pas à me dire de me taire si je suis hors sujet et confuse au point de ne plus être cohérente.



223. Le mercredi 11 octobre 2006 à 10:59, par Nico2312



merci pour ce poignant et édifiant récit qui nous rappelle pourquoi l'abolition était nécessaire en 81 et pourquoi il nous préserver cet acquis face aux nauséabondes tentatives de revenir dessus.



224. Le mercredi 11 octobre 2006 à 11:01, par Swâmi Petaramesh



@Melencolia : Je n'ai pas forcément de réponses à toutes ces questions, beaucoup n'admettent pas nécessairement une réponse absolue, blanc ou noir. Certains aspects méritent profonde méditation. Mais pour autant :



- Quand tu parles de barbarie, je me demande si tu cherches à rendre une "peine de mort" (ou son équivalent pratique) plus acceptable "moins barbare"... pour celui qui doit la subir, ou pour la société qui l'inflige ? Pour moi, la barbarie est dans la chose en soi, plus encore que dans la manière dont on la commet. Camoufler la chose dans un environnement bien douillet et peint en blanc hôpital me semble surtout être, pour une société, une bien lâche façon de ne pas assumer ce qu'on fait en tentant de le déguiser. Au moins les jets de sang de la guillotine sont-ils sans ambigüité.



Quand tu parles de la souffrance occasionnée par une longue détention, elle est évidemment réelle : c'est un humain qui souffre. Je pense monstrueux de proposer d'abolir cette souffrance en le rendant "partiellement" non-humain, c'est-à-dire, comme dit si bien Eolas, en le tuant. La seconde solution me paraît infiniment pire que la première.



> « Tu parles de lui demander son accord. »



En l'occurrence, je pensais à des hypothèses comme la castration volontaire de certains délinquants sexuels récidivistes. Je n'ai pas d'idée très arrêtée sur la question car je n'ai, encore une fois, ni réponse à tout, ni réfléchi à tout. Je pense simplement que la chose est monstrueuse sans l'accord de l'intéressé, comme le serait toute atteinte à son physique ou à sa psyché. Avec son accord, je ne sais pas. Reste également à savoir, cas par cas, si l'intéressé peut ou non être considéré comme "malade" devant ou pouvant être "soigné", et s'il se définit lui-même ainsi. Il ne me semble pas admissible de "soigner" quelqu'un qui ne serait pas "malade", n'est-ce pas. Je n'ai pas de réponse générale, il faut savoir de quoi l'on parle au juste, dans le vague, on ne peut donner que des réponses vagues...



> « S'il est d'accord pour être partiellement lobotomisé »



Je me demande si tu as les moindres connaissances en neurosciences, et la moindre idée de ce que peut signifier un terme comme "partiellement lobotomisé". Cela ne veut tout simplement rien dire. Il n'existe aucune opération "partielle" qui rende un gros méchant un tout petit peu moins méchant tout en sauvegardant sa personnalité et son humanité.



> « compréhension des mécanismes du cerveau et de la fonction de certains gènes sont tout à fait à l'ordre du jour, y compris pour expliquer violence et la criminalité. »



Le père Noël et sa baguette magique sont aux abonnés absents. Il faut arrêter de lire des romans de science-fiction, ça attaque



Quant aux causes génétiques de "violence et criminalité", cette idée fout les jetons à tous les scientifiques, mais il faudrait en parler au Petit Nicolas : il adore. Classifier les gosses en futurs criminels dès la maternelle, c'est son truc.



> « Faire un zombie est pire que de faire un mort ? »



C'est mon avis.



> « Pourquoi alors prescrire anti-dépresseurs et inhibiteurs divers aux suicidaires et dépressifs, jusqu'à les transformer en quasi-légumes ? »



Tu trolles, ou tu dis juste n'importe quoi pour de vrai ?



225. Le mercredi 11 octobre 2006 à 11:06, par schloren



Frères humains qui après nous vivez

N'ayez les cœurs contre nous endurciz,

Car, ce pitié de nous pauvres avez,

Dieu en aura plus tost de vous merciz.

Vous nous voyez ci, attachés cinq, six

Quant de la chair, que trop avons nourrie,

Elle est piéca devorée et pourrie,

Et nous les os, devenons cendre et pouldre.

De nostre mal personne ne s'en rie:

Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!



Se frères vous clamons, pas n'en devez

Avoir desdain, quoy que fusmes occiz

Par justice. Toutefois, vous savez

Que tous hommes n'ont pas le sens rassiz;

Excusez nous, puis que sommes transsis,

Envers le filz de la Vierge Marie,

Que sa grâce ne soit pour nous tarie,

Nous préservant de l'infernale fouldre

Nous sommes mors, ame ne nous harie;

Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!



La pluye nous a débuez et lavez,

Et le soleil desséchez et noirciz:

Pies, corbeaulx nous ont les yeulx cavez

Et arraché la barbe et les sourciz.

Jamais nul temps nous ne sommes assis;

Puis ca, puis là, comme le vent varie,

A son plaisir sans cesser nous charie,

Plus becquetez d'oiseaulx que dez à couldre.

Ne soyez donc de nostre confrarie;

Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!



Prince Jhésus, qui sur tous a maistrie,

Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie:

A luy n'avons que faire ne que souldre.

Hommes, icy n'a point de mocquerie;

Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre.



François Villon



226. Le mercredi 11 octobre 2006 à 12:13, par abns



@ Swami (224)

> « Pourquoi alors prescrire anti-dépresseurs et inhibiteurs divers aux suicidaires et dépressifs, jusqu'à les transformer en quasi-légumes ? »



Tu trolles, ou tu dis juste n'importe quoi pour de vrai ?"



Sur ce dernier point, je ne suis vraiment pas convaincu que nos hopitaux psychiatriques soient moins indignes que nos prisons, ne serait-ce que parce que ces dernières sont largement utilisées pour vider le trop plein des premiers...



227. Le mercredi 11 octobre 2006 à 19:39, par Neuromancer



Merci pour cette note, Eolas. Et puis aussi pour les commentaires de commentaires, que je me suis régalé à lire. Vraiment, vous êtes un génial bretteur de la langue française, c'est toujours un plaisir de vous lire. A quand un livre de chroniques, et de brèves, avec ce ton humaniste mais cynique et impitoyable qui vous caractérise?



Ceci dit, mon opinion sur la peine de mort est aujourd'hui celle de la majorité de mes citoyens: je suis contre, mais j'ai du mal à savoir consciemment pourquoi... Sans doute l'influence délétère de l'opinion publico-médiatique?



228. Le mercredi 11 octobre 2006 à 20:30, par Pseudo.



@ Melanciolia (#216) :

Pour la barbarie, simple problème de vocabulaire. Pour moi un acte n'a pas besoin d'être sanglant pour être barbare. A ce titre, tuer sans douleur, ou légumifier est barbare même si d'apparence "propre" et technique. Pour la simple raison que nombre d'actes criminels peuvent se faire de cette manière "douce" et n'en sont pas moins réprimés à juste titre.

Pour le dernier paragraphe : Clockwork Orange powa ?



Après, l'état des prisons et hopitaux psy, largement déplorables, ne me paraissent pas une bonne raison de revenir à la peine de mort. Ce serait revenir à mal plus grave pour éviter un problème au lieu de s'atteler à le résoudre.



229. Le mercredi 11 octobre 2006 à 22:10, par yves



Il fut une époque et des lieux ou le prix du sang pouvait être payé par l'assassin ce qui lui évitait le chatiment. Le dédommagement des victimes comme remplacement de la peine.



Ça a existé vraiment ou c'est une légende littéraire?





► Le wergeld a bien existé en droit germanique archaïque. Il existait un barème en fonction du sexe, de l'age, du statut social et de la gravité de l'atteinte (bras cassé, coupé, vie...). Le non paiement du wergeld permettait à la victime et à son clan d'exercer une vengeance illimitée. Une réserve totuefois : cette loi ne nous est connue que par l'intermédiaire des historiens romains.



Eolas



230. Le jeudi 12 octobre 2006 à 01:36, par meik



tres bon texte dont j'ai reconnu immediatement l'inspiration assez "Badinterienne". D'ailleurs autre bouquin

(du meme): _L'abolition_ qui raconte grosso modo son combat contre la peine de mort.





231. Le jeudi 12 octobre 2006 à 06:11, par Vicnent



C'est un français, un belge et un anglais qui ont commis des crimes absolument monstrueux, et qui, de fait, sont condamnés à mort. La guillotine étant lourde est chiante à placer, à nettoyer et à remiser, il est donc convenu que nos trois criminels seront exécutés à la suite, le même jour (enfin, la nuit).



Le français s'avance, fier comme un coq :

- "Voyez comme je ne tremble pas !"

mais bientot, le voila en position, les préparatifs étant terminés, le couteau s'abat et s'arrête à juste quelques millimètres du cou !

- "Incroyable" s'exclament les personnes autours de la guillotine.

- "Ça ne peut être qu'une intervention divine !!" dit le bourreau. Et ajoutant qu'il n'avait jamais vu cela en 40 ans de carrière, il propose la grace.

Après un courte réfléxion, tout le monde consent qu'effectivement, il faut gracier.



Puis vient au tour de l'Anglais :

- "Voyez comme je ne tremble pas non plus !" hurle l'Anglais.

mais bientot, le voila en position, les préparatifs étant terminés, le couteau s'abat et s'arrête à juste quelques millimètres du cou !

- "Incroyable" s'exclament les personnes autours de la guillotine.

- "Ça ne peut être qu'une intervention divine !!" dit le bourreau. Et ajoutant qu'il n'avait jamais vu cela en 40 ans de carrière, à part à l'instant, il propose la grace.

Après un courte réfléxion, tout le monde consent qu'effectivement, il faut gracier encore....



Puis, vient le tour du belge :

- "Voyez comme je suis belge !" indique le belge.

mais bientot, le voila en position, les préparatifs étant terminés, le couteau s'abat et s'arrête à juste quelques millimètres du cou !

- "Incroyable" s'exclament les personnes autours de la guillotine.

- "Ça ne peut être qu'une intervention divine !!" dit le bourreau. Et ajoutant qu'il n'avait jamais vu cela en 40 ans de carrière, à part à l'instant, il propose la grace.



Et là, le belge dit :

- "dites, au moins, une fois, vous êtes sûr que ce ne serait pas ce petit clou là qui gène, hein, une fois ?"



232. Le jeudi 12 octobre 2006 à 06:43, par Melencolia



@ Pseudo : "Barbare". En effet c'est une question de vocabulaire mais les mots sont importants n'est ce pas ? Surtout ici. Barbare est "inhumain, d'un grande cruauté" (dans mon dico).

Or l'humain est d'une grande cruauté (c'est mon sentiment si je regarde l'état de l'ensemble de l'humanité).

Il sera donc difficile de ne pas être barbare, peine de mort abolie ou non.

Swâmi Petaramesh dit plus haut qu'il y a pire que la mort.

Je suis bien d'accord.

Il faut constater aussi le nombre de suicides en prison.



Swâmi Petaramesh, je dis n'importe quoi pour de vrai. Je ne "trolle" pas je ne sais pas trop ce que c'est... Ou bien je "trolle" inconsciemment, en toute "innocence".

Ne faites pas tomber le couperet de votre jugement trop rapidement.

Enfin Maître Eolas ne m'ayant pas intimé l'ordre de me taire je continue.



En effet transformer les gens en légumes ou en zombie est tout à fait à la mode. Nous sommes il me semble le premier consommateur au monde d'anti dépresseurs et d'anxiolytiques. La norme est de rigueur et tout manquement au comportement adapté risque d'être médicalisé. "Soigner" et "prévenir". Bien joli ça ne sonne pas barbare. En réalité légumifier et surveiller la norme. Vous-même évoquez la tendance à vouloir dépister les graines de criminels dès la maternelle. Il y a de très sérieux experts en "sciences du comportement" qui travaillent de cette manière à la "prévention". Ce n'est pas du Clockword orange ça peut-être ? Camisole chimique, guillotine chimique.



Il faut se réjouir de l'abolition de la peine de mort, dans notre petite France, sans pour autant oublier que le système de répression n'en est pas pour autant moins "barbare" que les autres. Chacun a sa façon de l'être. Il s'agit d'avoir un état barbare évolué, au lieu d'archaïque. ça sert à ça la science.



Comme cette histoire de dédommagement financier en remplacement de la peine. C'est archaïque mais celà a le mérite d'être clair. T'as des sous, tu payes et t'es libre. Que vaut la vie humaine ? de l'argent. Dites-moi que celà a changé (?)



J'ai lu dans ce fil que l'humanité avance vers moins de barbarie et que c'est merveilleux. Où y-a-t-il le plus de condamnés exécutés ? aux USA et en Chine... Ce ne seraient pas les deux premières puissances mondiales par hasard ? ça fait beaucoup de gens en tout cas. Alors il ne faudrait pas confondre notre position "privilégiée" et l'avancée de l'humanité vers moins de barbarie.



Et puis l'abolition de la peine de mort comme beaucoup expriment on trouve ça tout naturel. On est contre l'exécution capitale sans même savoir pourquoi. C'est comme ça.

Y'a pas de quoi en faire tout un fromage.



Si je suis intervenue ce n'était que pour exprimer ces quelques réactions personnelles à la lecture de tout le fil... et non à l'article initial seulement. L'article est très bien et j'ai aussi lu l'autre, l'apostille. Belle plaidoirie. C'est vrai que les avocats parlent bien...

Je vous salue.



233. Le jeudi 12 octobre 2006 à 12:24, par Melencolia



Juste pour embêter Swâmi maintenant.

C'est ça "troller" ?

(après tout il y a eu une histoire belge un peu plus haut ! Quelle légèreté... )



@ "En l'occurrence, je pensais à des hypothèses comme la castration volontaire de certains délinquants sexuels récidivistes. (...) Je pense simplement que la chose est monstrueuse sans l'accord de l'intéressé, comme le serait toute atteinte à son physique ou à sa psyché. Avec son accord, je ne sais pas."



Scénario :

"Tu signes là et tu seras libre. Juste une petite intervention médicale à faire, et c'est pour ton bien, avec les bons docteurs qui savent tout. Tu verras tu te sentiras bien."

Il signe.

"Allez maintenant coupez lui les c...."



ça ne vous semble pas d'une grande cruauté ?

Et en plus ça fait franchement barbare.

A moins qu'on ne se sente effectivement beaucoup mieux sans ces attributs. Je ne suis pas en mesure de faire la comparaison. Il aurait été intéressant d'avoir un témoignage.



234. Le jeudi 12 octobre 2006 à 14:55, par manuel marchès



Comment peut-on ne pas être révulsé à l'évocation de cette ignominie? Comment peut avoir assez de haine pour aussitôt argumenter? Pour ma part et depuis que je sais de quoi il s'agit, je suis nauséeux et glacé à l'idée que cela existe tout les jours ou presque. Et je me dis que je ne comprends décidement pas beaucoup de mes frères humains.



235. Le jeudi 12 octobre 2006 à 18:54, par Suricat



Et les dommages collatéraux ?



La prise de bec forcément contre productive de pour ou contre ne m'emeut pas. En revanche, ce qui m'a le plus touché dans ce texte - sans verser dans le lyrisme - c'est l'émotion de l'avocat : son rôle de messager de l'horreur en entrant le premier dans la cellule, en recevant les dernières paroles du condamné, et assistant jusqu'au bout à son impuissance de n'avoir pu le sortir, d'être témoin direct d'un échec professionnel sanglant...



Et on ne parle que de l'avocat. Celui qu presse le bouton, ramasse la tête, balaye la cours...



La peine de mort fait bien plus qu'une victime, même coupable.





236. Le jeudi 12 octobre 2006 à 19:26, par Dayom



Merci ... juste merci.



237. Le vendredi 13 octobre 2006 à 08:38, par ah le bon vieux temps de la peine de mort !



c'était une bonne justice. Le fautif est exclu de la société qu'il avait lui-même rejeté avant en commettant son crime.



La société le condamne. l'équilibre est rétabli.



Aujourd'hui, on fait pourrir dans une cellule un patrick henri qui n'a plus envie de vivre et a refusé de se réinsérer. C'est le système actuel qui est insupportable.



► J'adore l'argument "tuons les par pitié, la prison c'est trop horrible, ils n'ont plus envie de vivre". Vraiment, vous êtes trop gentil, ça vous perdra.



Eolas



238. Le vendredi 13 octobre 2006 à 11:07, par DB



Connaissez-vous la magnifique chanson de Julien Clerc: "L'assassin assassiné"?



239. Le samedi 14 octobre 2006 à 23:36, par Mhraya



La peine de mort est barbare ? Il en pense quoi Olibrius ? Ah, il ne peut pas, il est mort. On aurait du garder la peine de mort au moins pour les crimes les plus abjectes.



240. Le dimanche 15 octobre 2006 à 22:39, par valentine



maître, rajouterez-vous ce texte aux "quelques billets notables" ? Je pense qu'il le mériterait.



241. Le lundi 16 octobre 2006 à 01:34, par Dang



Un bien beau billet qui m'aurait donné à réfléchir si je n'avais déjà été persuadé de la barbarie de la peine capitale. Je suis néanmoins sensible à certains commentaires qui s'interrogent sur l'échelle des peines et la peine alternative à la peine de mort. Un aumônier de prison de mes amis disait que la "bonne" peine était celle acceptée par la famille de la victime, par l'opinion publique et par le condamné. Autant dire qu'aucune peine n'est "bonne". On peut cependant essayer de s'en rapprocher. Pourquoi par exemple avoir de facto remplacé la peine de sûreté de 30 ans par une peine de 22 ans. D'aucuns me diront que 30 ans en prison c'est horrible mais si on examine le crime du dernier comdamné à mort exécuté en France (Hamid Djaudoubi) on ne peut que se dire qu'une libération après 22 ans aurait été insupportable pour la famille. Savoir que le monstre qui a torturé dans des conditions atroces votre enfant est en liberté doit être dur à accepter. La peine de 30 ans aurait eu le "mérite" de laisser un espoir au condamné tout en réajustant l'échelle des peines.



► j'ai du mal à comprendre pourquoi la famille des victimes serait indignée d'une libération au bout de 22 ans et satisfaite d'une libération au bout de trente ans. Toute libération l'indignera si elle n'a pas réussi son deuil. Enfin, vous vous méprenez sur le sens de la période de sureté. Il s'agit d'une période pendant laquelle AUCUNE mesure d'aménagement ne peut être prise. Pas même de permission de sortie pour deuil dans la famille, par exemple. Une fois cette période achevée, le juge d'application des peines peut envisager de prendre une telle mesure. Elle n'est pas de droit (Oh, non, croyez moi) et suppose de bâtir un dossier solide, notamment d'avoir un travail, un logement, et d'avoir fait preuve au cours de son incarcération d'un comportement montrant une vraie re-socialisation. Quelqu'un comme Bertrand Cantat n'aura aucune difficulté à obtenir une libération conditionnelle dès la fin de sa période de sûreté, en juillet prochain. Mais le record de détention pour un condamné à perpétuité est de 41 ans, pour le meurtrier d'un enfant de onze ans. 41 ans. Il est entré en prison en juin 1964, à 29 ans. Sa période de sureté de 15 ans s'est achevée en 1979. Il n'est sorti que le 3 octobre 2005, à 68 ans. Et je vous laisse imaginer l'ambiance qu'a vécu le meurtrier d'un enfant pendant 41 ans. Vous voyez qu'entre la fi nde la période de sureté et la libération, il y a parfois un monde.



Eolas



242. Le lundi 16 octobre 2006 à 15:06, par evariste



Merci de cette note poignant cher Maître. L'occasion aussi pour moi de rappeler un texte qui a plus de 170 ans, écrit par Victor Hugo... Les derniers jours d'un condamné...



"Ceux qui jugent et qui condamnent disent la peine de mort nécessaire. D’abord, — parce qu’il importe de retrancher de la communauté sociale un membre qui lui a déjà nui et qui pourrait lui nuire encore. — S’il ne s’agissait que de cela, la prison perpétuelle suffirait. À quoi bon la mort ? Vous objectez qu’on peut s’échapper d’une prison ? Faites mieux votre ronde. Si vous ne croyez pas à la solidité des barreaux de fer, comment osez-vous avoir des ménageries ?

Pas de bourreau où le geôlier suffit.

Mais, reprend-on, — il faut que la société se venge, que la société punisse. — Ni l’un, ni l’autre. Se venger est de l’individu, punir est de Dieu.

La société est entre deux. Le châtiment est au-dessus d’elle, la vengeance au-dessous. Rien de si grand et de si petit ne lui sied. Elle ne doit pas « punir pour se venger » ; elle doit corriger pour améliorer. "

Victor Hugo (1802–1885), extrait de la préface de Le dernier jour d’un condamné, 15 mars 1832







243. Le lundi 16 octobre 2006 à 20:19, par Krukrukru



@Bob Marcel



"Robert Badinter fait partie avec Simone Veil (car on lui a mené la vie dure quand elle a autorisé l'IVG) des rares politiciens que j'admire."



Euh, j'ai du mal comment on peut respecter la vie d'un adulte tres probablement coupable d'actes horribles, et en meme temps approuver la mise a mort d'un embryon humain a qui on n'a meme pas laisse le droit de vivre a l'air libre.



Il faut choisir: Si on respecte la vie humaine, on la respecte completement, pas seulement a partir de T+3 mois.





► Un embryon meurt à l'air libre, droit à la vie ou pas. Et c'est T+4 mois actuellement, T+9 pour raisons thérapeutiques.



Eolas



244. Le mardi 17 octobre 2006 à 12:38, par Melencolia



La "mise à mort" de l'embryon vous n'avez pas à "l'approuver" ou non krukrukru. L'embryon est une partie physiquement dépendante de la mère que ça vous plaise ou non.

Si l'hôpital ne veut pas s'en charger les femmes le font elles-mêmes, malgré les risques que celà suppose pour elles. Et là il n'y a plus de T+4...

L'embryon est autant une promesse d'humain que le spermatozoïde. Il n'est pas encore un humain et il ne peut vivre.

Mais que vaut la vie d'une femme n'est ce pas ?



Celà n'est absolument pas comparable avec la peine de mort (ne l'aurait-on d'ailleurs pas appliquée aux avorteuses ?)



Si on parle de pur respect de la "Vie" krukrukru, la vie d'un brin d'herbe vaut autant que la vôtre, car il est aussi vivant que vous.

Que dire de la vie de tous ces pauvres mamifères que nous dévorons tous les jours... mamifères comme nous et capables de souffrance et d'angoisse ! Mangez-vous de la viande krukrukru ?

Moi j'adore le steak tartare, bien épicé.





245. Le mardi 17 octobre 2006 à 17:05, par adèle



je me souviens d'une histoire qui m'avait frappé, cela se passait au Canada, des jeunes c'étaient très mal conduit, attaques, voles... Il se trouve que ces jeunes appartenaient à la communauté indienne. Hors, non pas pour les faire échapper à la justice canadienne mais sur tout parce que leur clan avait été profondément indigné, ces jeunes avaient subi le jugement de ce même clan. Puisqu'ils n'étaient pas dignes de vivre dans la société des hommes, et de par le fait de profiter de ce qu'elle donne, on les avait mené sur un îlot désert, assez éloigné, avec de quoi survivre quelques temps, à eux de se débrouiller dans la nature sauvage, puisqu'ils se comportaient en sauvages, hors d'état de nuire donc mais aussi peut-être afin de développer une certaine "solidarité". On reviendrait les chercher un an ou deux plus tard.



246. Le mardi 17 octobre 2006 à 17:09, par Lucie



Billet poignant et douloureux.



J'arrive après le commentaire de Melencolia qui me fait bien rire (je partage son avis). C'est fou comme certains se mettent dans la peau d'un embryon plus facilement que dans celle d'une femme.



247. Le vendredi 20 octobre 2006 à 21:44, par Soleil



Qu'ajouter après tous ces commentaires? Que je suis contre le fait de retirer la vie à quelqu'un même si ce quelqu'un a lui même oter la vie d'un autre. Cela correspond à la définition du verbe "tuer" et à celle d'homicide... dictionnaire.tv5.org/dict...

Cela me questionnera toujours je pense...

Merci Maître



248. Le jeudi 26 octobre 2006 à 13:35, par Suricat



En tout cas la peine de mort n'a pas fini de faire débat...



Voici une magnifique proposition de loi des Sénateurs UMP dont l'introduction ne fait que référence à la peine de mort



































sa ma prix du temt
mémé léone
2007-08-14 16:19:30 UTC
Apprends la table de 7 ou investis dans une mini-calculatrice (solaire de préférence, pas de piles !)


Ce contenu a été initialement publié sur Y! Answers, un site Web de questions-réponses qui a fermé ses portes en 2021.
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