Ils sont restés dans leur maison, au sud d'Alger, et les corps ont été retrouvés trois semaines après l'indépendance. Voilà ce qui est arrivé à ceux de ma famille qui sont restés là-bas.
Après les accords d'Evian, l'OAS avait fait le coup de feu, détruit des écoles et autres établissements à l'explosif, appliqué la politique de la terre brûlée pour ne rien laisser aux Arabes.
Après le départ des troupes françaises, des dizaines de milliers de harkis, abandonnés par Charles de Gaulle, ont été massacrés par le FLN. Les harkis et leurs descendants qui ont réussi à s'installer sur le sol français sont toujours mal vu par certains Arabes, qui après la décolonisation ont immigré...
En général (je dis bien en général) il y avait trop de règlements de compte, trop de haines, trop de murs entre les Européens et les Arabes. Vous avez lu l'Etranger de Camus ? Tout est là-dedans. Difficile de cohabiter avec l'ennemi d'hier, celui qui avait été spolié de ses terres au XIXe siècle parce qu'on imagineait qu'il était inférieur - et certains pieds-noirs le pensent toujours.
Dans ma famille, on aimerait rentrer en Algérie ; mais avec l'armée française, et le drapeau tricolore. Et en attendant, on vote front national pour "mater" les Arabes. Voilà la vérité toute crue. Les métropolitains qui n'ont pas connu de près les attentats à Alger, les combats en Kabylie, qui n'ont pas vécu dans la Mitidja ou à Maison-Carré, par exemple, peuvent difficilement comprendre cette mentalité pour laquelle ils ont trouvé un pauvre mot : "la colonisation de papa".