Cindy
2011-01-13 07:15:06 UTC
Slate.fr
Le Parisien
«Faites vous plaisir, louez une petite amie!» C'est ainsi que le site Loueunepetiteamie.com rameute le chaland avant son ouverture officielle fin janvier 2011. Filiale de E-loue, une entreprise de location sur Internet, il propose de louer une femme pendant une heure, une soirée, une nuit ou même un week-end. Un concept qui ressemble beaucoup à un service d'escort-girl, voire tout bonnement à de la prostitution...
Le site présente ses services comme un remède à «la pression sociale du célibat», pour ne plus se retrouver sans petite copine aux repas de famille, par exemple. Le président de la société, Alexandre Woog, assure qu'il s'agit avant tout de discussion et de tendresse. Sur Twitter et dans Le Parisien, il dément les soupçons de prostitution et il dit que on ne veut pas dévoiler le principe même de la location, mais c'est de la location.»
Alors que le site clame être «100% légal», le site Les Nouvelles News s'est demandé si la législation française tolérait vraiment ce genre de services. La réponse reste assez floue, et peut seulement être tranchée par un juge. En France, la prostitution n'est pas interdite en soi, mais le proxénétisme oui. Selon l'article 225 du code pénal, il s'agit du fait :
«1° D'aider, d'assister ou de protéger la prostitution d'autrui;
2° De tirer profit de la prostitution d'autrui, d'en partager les produits ou de recevoir des subsides d'une personne se livrant habituellement à la prostitution;
3° D'embaucher, d'entraîner ou de détourner une personne en vue de la prostitution ou d'exercer sur elle une pression pour qu'elle se prostitue ou continue à le faire»
En cas de condamnation, c'est le webmaster qui serait sanctionné, comme cela a déjà été le cas pour un site d'escort-girl. Mais selon Jérôme Benzimra Hazan, juriste au centre des droits de l'Homme d'Assas, un juge ne condamnerait pas Loueunepetiteamie :
Il dit que dans l'état actuel de la jurisprudence française, ils devraient s'en tirer. En outre, les gérants annoncent qu'il n'y aura pas de relations sexuelles. Mais une fois entré dans la chambre, dans la sphère privée, le juge n'intervient pas.
En effet, des relations sexuelles entre petite amie louée et loueur ne sont pas répréhensibles en soi. Si elles sont consenties dans un cadre privé, la loi ne les condamne pas clairement. Le site se défend ainsi grâce à l'article 16 du code civil, qui laisse le champ libre à l'interprétation. S'il établit qu'il «ne peut être porté atteinte à l'intégrité du corps», il ajoute que «le consentement de l'intéressé doit être recueilli préalablement». De plus, en Chine et au Japon, ces services existent déjà.
D'après Jérôme Benzimra Hazan, si le service de location de petite amie peut échapper à des sanctions, c'est parce que la loi n'est pas appliquée à la lettre en France ou il dit que la France est en retard sur la répression de la prostitution. Aujourd'hui, les sites Internet d'escort devraient être punis, comme les hébergeurs et tous ceux qui servent de relais aux filles pour vendre leurs charmes. Il n'en est rien.
Un blog a répliqué à cette initiative par la dérision, le 7 janvier. Loueunbeaufdecanape.com propose de louer les services d'un homme ventripotent accro à la bière et à la pizza.
Le site de location bidon contre-attaque sur les formules d'accompagnement, avec notamment un «pack 1h+bière+pizza+rot», ou encore un «pack un mois entier avec frigo rempli». De quoi combler l'absence d'offre masculine sur Loueunepetiteamie.com, au moins pour de faux.