Bonjour
La violence à l'école est la représentation d'un mal être.
On oblige des enfants ou des jeunes à poursuivre des études lorsqu'ils n'en ont ni l'envie, ni les capacités (pas intellectuelles, n'est-ce pas... un défaut de mémoire est suffisant)... en les méprisant ouvertement.
Un jeune ne devient pas violent lorsqu'il réussit dans une matière, ou lorsque le prof est intéressant (= sait s'intéresser à la personne devant lui, sait déborder ses cours pédagogiques pour s'adapter à son public – et tant pis pour le programme).
A défaut d'être intéressant, un prof devrait être encourageant, comprendre ce qui ne va pas avec un élève et tenter une autre approche pédagogique (et il en existe, la coopération en est une, la méthode Freinet par exemple a fait ses preuves.
Cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9lestin_Freinet pour plus de détails.
Seulement voilà, la coopération n'est pas notable comme le reste (ce n'est pas juste ou faux)... et à l'école on n'apprend pas à noter une coopération.
Dommage, le travail dans une entreprise n'est pas autre chose que de la coopération pure et simple.
La seule chose que l'on apprend à l'école, c'est à être le meilleur. (et combien de fois mes profs m'ont bassiné avec le mot élite : vous êtes en Terminale C, vous êtes l'élite de la nation ! Ouais, super... et les autres sont quoi ? ai-je pensé tout bas.)
Le meilleur pour ne pas être le plus nul... soit le souffre douleur des autres.
Ce qui me ramène à ta question.
Suppose que je sois le souffre douleur des autres, pendant un an, deux ans, trois ans... et quoi que je fasse, que je m'applique et que je bosse comme un malade, le prof continue à me saquer parce que je viens de la cité, ou parce que je suis interne !
(oui, j'ai été interne, et c'était connu dans mon établissement, les internes n'étaient pas bons, donc deux points de moins au minimum, que tu rendes un devoir de la même qualité que le copain qui est externe, tu as deux points de moins... à la gueule du client. En plus, je l'ai vécu devant toute la classe !... Alors j'imagine sans peine ce qu'il en est de gens qui n'ont pas la bonne gueule de l'emploi, et pas le bon quartier d'habitation)
Et c'est un fait connu dans l'éducation, quand on projette quelque chose sur ses élèves, en bien ou en mal, les élèves s'y conforment automatiquement et de manière inconsciente. (Il y a eu des expériences scientifiques menées à ce sujet. Un prof qui croit en ses élèves les amène toujours à de meilleurs résultats que celui qui n'y croit pas !)
Donc pendant trois ans, quatre ans, cinq ans, tu es le souffre douleur, tu fais partie des nuls. Tu redoubles, tu triples. Etc.
Tu fais partie des nuls.
Faire partie des nuls, c'est une violence quotidienne... et tu voudrais qu'à une violence quotidienne les jeunes ne deviennent pas fous à leur tour, qu'ils n'en aient pas plus rien à foutre de l'école, et qu'ils ne rendent pas la monnaie de leur pièce à ceux qui les méprisent.
Parce que ça change quoi au final ?
On ne se penche pas sur le cas des nuls, ça prendrait trop de temps, et puis il y a les bons dont il faut assurer les chances, et le programme à terminer.
Reste dans ton coin le nul, et crève. (pas de boulot à la sortie de tes études = crève)
Voilà ce que lui dit inconsciemment le prof au bout de la troisième banane.
Crève !
Oui, c'est dur à entendre et à lire, mais c'est la réalité.
Et si seulement ça s'arrêtait à l'école, mais ça continue plus tard dans les entreprises et dans la vie. Que de mépris pour la femme de ménage, ou pour l'éboueur, ou même pour la caissière que l'on considère comme une machine, à peine différente de sa caisse (combien ne disent jamais bonjour à la caissière ou seulement la regardent ?)
Tu veux moins de violence à l'école ?
Dans l'état actuel de notre système éducatif, ce n'est pas possible.
Ou alors on remet en place les systèmes de sévices corporels qui ont fait leur preuve par le passé : le bonnet d'âne pour les plus petits, les coups de règle sur les doigts, des proviseurs, censeurs et directeurs durs comme le fer : tolérance zéro !
Exclusion !
Dommage, c'est exactement ce que souhaite certains jeunes : être rejetés une bonne fois pour toute pour ne plus aller "souffrir" à l'école, pour rien. Donc pour eux, il s'agit d'une sanction salvatrice et non pas d'une sanction pénible. (valeur éducative ? Zéro.)
Dommage aussi pour la société, puisqu'on sait pertinemment ce que des enfants élevés dans la rue deviennent.
Dommage une troisième fois, puisqu'on le sait, là encore, sans respect des uns et des autres, il ne peut y avoir aucun respect du tout.
Sans espoir, avec le mépris par dessus, tu ne peux obtenir que la révolte ou le suicide. (les infos ne te montrent que la révolte, parce qu'elle fait du bruit, les suicides beaucoup moins, parce qu'ils ont lieu ailleurs et pourtant ils sont en hausse)
http://www.u-bourgogne.fr/ode/_dl.php?file=1157035368&name=Resultats_Enquete_Sante_LMDE_2005.pdf
"D’autres signes sont remarquables: 15 % des étudiants ayant répondu à notre enquête ont eu des idées suicidaires au cours des douze derniers mois, ce qui dépasse le chiffre donné par le Baromètre santé(3) sur la population jeune en 2000. 50 % de ces étudiants n’en ont parlé à personne.
5 % des étudiants ont déjà fait une tentative de suicide, et là encore pour près d’un étudiant sur deux, les proches n’en ont pas eu connaissance. Le recours aux professionnels de la santé mentale à la suite de cette épreuve ne concerne qu’un tiers des étudiants.
[...]
50% ont peu ou pas confiance du tout en l’avenir."
Bref, on sort de ces systèmes répressionnaires. Y retourner ne paraît pas la bonne solution. Parce que la répression sans but n'apprend rien, si ce n'est la peur.
Et la peur engendre la contre peur : pour avoir moins peur, je dois te faire encore plus peur, disait l'Abbé Pierre.
Alors il n'y aurait pas de solutions ?
Si.
Car que nous apprend le Net, que nous apprend Q/R ?
Que tout le monde a sa place, que tout le monde peut apprendre quelque chose aux autres et que plus nous coopérons, plus nous sommes intelligents.
Si l'école reprenait la structure d'apprentissage du Net, même les élèves les plus indisciplinés y reviendraient parce qu'ils ont quelque chose à dire, parce que tout le monde est fort dans un domaine, même si ce n'est pas un domaine "académique".
Et parce qu'il est possible d'obtenir de bonnes notes quelque part, on peut accepter d'en recevoir de mauvaises ailleurs...
Et la coopération a l'avantage suivant :
Face à un prof, un élève est face à une autorité. Avec tout ce qu'il y a de négatif dans le mot autorité. Lorsque la coopération oblige chaque membre du groupe à agir et à participer... C'est encore plus vrai quand les groupes sont choisis par le professeur.
Si ça marche dans les équipes sportives, dans les entreprises, pourquoi ça ne marcherait pas dans les classes ?
Quand on entendra nos enfants dire : "Nous" avons réalisé ceci, plutôt que "j'ai", alors notre société aura fait un grand pas.
Parce que le monde de demain est un monde de coopération
Parce que je ne vais pas insulter ni agresser celui qui demain va m'aider
Alors la violence tombera d'elle-même.
Personne n'agresse ses amis en permanence.
Seulement ses ennemis.
Mais si demain l'ennemi vient m'aider, est-il encore un ennemi ?
Bien Amicalement
L'Amibe_R Nard