La Poste est un service public et doit le rester.
La privatisation de La Poste répond à un dogme idéologique, qui se fait passer pour rationnalité économique. Rationnalité qui nous a mené au formidable marasme économique que le monde connait actuellement et qui devrait quand même nous faire ouvrir les yeux sur l'hallucinante pétaudière qu'est la finance internationale - qui, soyons en sûr, "investira" à un niveau ou à un autre dans le capital de La Poste.
La Poste est un service public qui appartient à l'ensemble des français et qui devrait avoir leur mot à dire sur l'avenir que lui réserve le gouvernement.
Petit rappel : La privatisation de La Poste est prévue depuis longtemps, et tout a été fait pour rendre ce capital attractif. Diversité des activités, transformation de La Poste en "banque postale", fermeture de bureaux en milieu rural jugés peu rentables, etc...
Il y a encore quelques années les usagers que nous étions avions un service de qualité. Peu d'attentes aux guichets, le courrier acheminé en 24 heures... La Poste faisait son boulot. Et c'était du bon boulot. Dans les campagnes, le postier, notamment auprès des personnes âgées et isolées, jouait un rôle très important.
Et puis ces dernières années, La Poste a diversifié ses activités, développé ses services financiers, s'est transformé en banque, en assurance, en organisme de crédit. Elle s'est mise à vendre des cartes téléphoniques, des livres, des cahiers, du café, des confitures, des crayons, des sacs, du vin, bref des tas de trucs inutiles pour une Poste qui ressemble de plus en plus à un comptoir Auchan. Avec ce developpement d'activités (strictement sans aucun intérêt), les queues et les files d'attente se sont mises à enfler au fil des ans - à conjuguer avec une diminution d'effectifs (évidentes dans mon quartier en tout cas). Bref aujourd'hui, quel que soit l'heure : 3/4 d'heures de queues pour aller retirer un colis (de plus en plus mal acheminé) ou envoyer une lettre AR. Grogne, énervements - qui se dirigent souvent contre les guichetiers, victimes d'un management abruti et d'être en sous-effectifs...
Un jour excédé, j'ai parlé avec une responsable de mon bureau, en lui demandant si la vocation de La Poste, c'était vraiment de vendre des confitures et des cahiers. Elle m'a répondu "Ah, mais monsieur, La Poste, c'est fini : nous sommes une entreprise et nous devons gagner de l'argent"... Nous devons gagner de l'argent pour rendre notre capital attractif auprès des investisseurs qui vont rafler la mise, nous devons gagner de l'argent pour que l'usager perde son temps, nous devons gagner de l'argent pour que celui-ci excédé appelle la privatisation de ses voeux.
La Poste a été sabordée pour préparer cette privatisation. Il s'agit encore une fois du rapt d'un bien collectif pour le bénéfice de quelques-uns.